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Citations sur La part des nuages (101)

Qu'est-ce qu'on fout là ? [...] Impossible de répondre : en gros, on est des étincelles perdues, de la poussière d'étoile et de boue, l'espace entre deux doigts qui claquent, la distance entre le rien et le rien, éperdus et patraques, des dieux sans mode d'emploi, moins que des bêtes [...] Non, on ne peut pas vraiment répondre ça. Et puis un jour, Noé a donné la réponse avant de poser la question. Il a dit : "On est comme des poules. Des oiseaux qui ne savent pas voler."
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Je suis un peu comme Joseph. Je cherche des refuges, des planques, des chemins de traverse. Moi, je prends souvent la tangente d'un sourire, d'un fil de fumée bleue ou d'un livre. Je fais le mur, je saute par la fenêtre et déguerpis dans la forêt nocturne. Les livres sont des lettres qu'on plante comme des arbres.Et qui poussent dans le coeur des gens.
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« Le jour est une pente que tout le monde dévale. Les nuages cavalent dru dans le ciel. Le vent fouette leurs flancs. Leurs ombres galopent sur les collines, enjambent les plaines, avalent la lumière. Ça bouge au-dessus de nos têtes. C'est la grande lessive bleue et le créateur de l'univers est une femme de ménage. Il faudrait s'ouvrir le crâne comme une boîte de conserve. S'enfoncer l'horizon dans les yeux. Avaler les glaces du ciel. Il faudrait passer une serpillière de neige dans son ventre. Que la brise arrache les peaux mortes. Qu'on monte comme une particule d'eau stratosphérique dans la chaleur de l'aube. Comme une araignée dans une bulle. Qu'on passe son coeur au Karcher de la lumière, il faudrait retourner là-haut, dans les nuages. »
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Ses yeux se laissent mener en laisse par une longue ligne de fourmis qui longent le tronc de l’arbre. […] Elles travaillent dans l’ordre. Avec force et abnégation. Elles réparent ce que détruit l’orage. Elles résistent au ciel. À moins qu’elles ne s’attellent déjà à creuser le sentier immuable qui va du berceau au frigo et du frigo au tombeau. Certaines d’entre elles tombent en chemin. S’arrêtent épuisées. Blessées. Broyées. Mais l’élan général est imperturbable. Parfaitement solide. Et parfaitement vain.
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Les lauriers font de la vie un rond-point.
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La pluie ne tardera pas à tout remettre à sa place. C’est-à-dire au sol. À terre. Par terre. La pièce, principale et unique, est assez grande pour qu’il s’assoie ou s’allonge. Il ne peut se mettre debout que sur la petite terrasse, en planches de coffrage, assorties d’une balustrade vernie et clouée à deux palettes de chantier en guise de balcon. Il y a une grosse corde à nœuds pour descendre d’un côté et des barreaux cloués sur le tronc en guise d’escalier de l’autre. Ça c’est pour Noé puisque, le cerisier ne dépassant pas un mètre cinquante de hauteur, n’importe qui peut se hisser directement à l’intérieur. Il y a une fenêtre en plexiglas aussi. Une partie du toit est en goudron, l’autre en grillage. À l’intérieur, une caisse en bois sert de table et une autre de meuble, sur laquelle sont disposés coquilles d’escargots, lime rouillée, fil de fer, petit miroir de grand-mère, gobelets vides, lunettes de soleil sans verre, canif à tire-bouchon, briquets usagés et Playmobil amputés. Contre le tronc, des bâtons et bidules de toutes sortes sont entreposés. Douze clochettes ficelées ensemble tintinnabulent dès que quelqu’un tente de monter. Une fois à l’intérieur, mais croisées derrière la tête, il improvise un lancer de ronds de fumée autour d’une toile d’araignée, activité qui ne tarde pas à l’accaparer complètement dans un mélange d’intérêt paisible et de contentement joyeux auquel il n’avait pas goûté depuis bien longtemps.
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Quand on s'intéresse un peu objectivement à la question, le champ des possibles donne le vertige. Des castors qui arrêtent des fleuves. L'eau qui peut fragmenter la roche. Gandhi qui libère un continent sans prendre les armes. La transplantation d'un cœur humain. Ça, ç'a de la gueule. Mais pour ce qui est parfois d'atteindre le soir, ou le lendemain. Ou de trouver une raison de sourire. Ou un moyen de s'endormir un peu. Juste s'endormir un peu. Tranquillement. Paisiblement. Là, y a plus personne.
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Il est dégueulasse. Recouvert de crasse, de sable collant, de terre et d'eau croupie. Une balafre de chocolat lui donne des allures de pirate. [...] Son père le regarde se salir. La crasse est le costume de la liberté. La crasse est un cheval sauvage. Les adultes sourient en voyant leurs enfants se salir. C'est une procuration pour galoper à cru dans les plaines. Son père a les mains propres et il se sent minable.
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Sur un arbre d'un mètre cinquante de haut, on n'est pas beaucoup plus près du ciel. Pourtant la gravité change. Pour l'instant, il ne sait pas vraiment définir s'il se sent plus lourd ou plus léger, mais la gravité change. Le point de vue également, puisqu'il ne peut pas tenir debout sur ses pieds mais que, malgré cela, il est tout de même plus haut et peut donc voir plus loin que d'habitude.
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Son père le regarde se salir. La crasse est le costume de sa liberté. La crasse est un cheval sauvage. Les adultes sourient en voyant leurs enfants se salir. C’est une procuration pour galoper à cru dans les plaines. Son père a les mains propres et il se sent minable.
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