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Dans la steppe ukrainienne ravagée par la guerre on pense avoir tout vu jusqu'au jour où des enfants sont sauvagement assassinés .
Un polar passionnant original sur une région oublié par les médias en pleine zone de conflit
L auteur est grand reporter et spécialiste du dombas et cela transpire a chaque page
Un polar assis sur une faille géopolitique.
Plaisir de lecture 9/10
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Retour sur le passé d'une province dont le nom nous est devenu tristement familier (encore une fois) dernièrement : le Donbass.
Et qui mieux qu'un journaliste de guerre émérite comme Benoît Vitkine, lauréat 2019 du Prix Albert Londres, pour nous présenter cette région minière ukrainienne, à la frontière russe, endeuillée par un conflit armé depuis 2014 entre le gouvernement pro-européen et les séparatistes russophones soutenus par Poutine.
C'est certes la toile de fond de ce roman mais aussi un véritable personnage dans ce roman policier, qui nous entraine dans l'enquête du colonel de police Kavadze pour retrouver l'assassin d'un enfant dans la ville Avdïivka tout près de la ligne de front.
Ce flic quelque peu désabusé par tant de violence, vétéran de la guerre en Afghanistan, nous permet de comprendre le quotidien en zone de guerre, la routine de la guerre, entre bombardements et déplacement de la ligne de front.
Une lecture passionnante!
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Journaliste spécialisé dans le domaine des pays de l'ex-URSS, Benoît Vitkine est correspondant au journal le Monde depuis de nombreuses années et a obtenu en 2019 le prix Albert Londres de la presse écrite pour toute une série d'articles dont quelques portraits de ces combattants du Donbass, une guerre méconnue, quasiment oubliée, qui sévit pourtant depuis 2014 dans l'est de l'Ukraine en opposant l'armée loyaliste ukrainienne aux séparatistes prorusses et dont le bilan fait état de pas moins de 13'000 morts. Parmi ces portraits de vétérans figure celui de Vladimir Vlasenko, un ancien de la guerre d'Afghanistan, qui pensait cultiver tranquillement son potager en Ukraine avant de reprendre les armes pour combattre les séparatistes. Après les reportages, c'est par le biais de la fiction que Benoît Vitkine a choisi de nous faire partager le quotidien d'une guerre qui s'embourbe dans les tréfonds de l'oubli tout en intégrant quelques caractéristiques des combattants qu'il a rencontré lors de ses entretiens dans les personnages qui animent son premier roman intitulé Donbass prenant l'allure d'un thriller sur fond de conflit armé.



A Avdiïdka, dans la région du Donbass, les bombardements journaliers ne troublent plus les habitants qui se sont accoutumés aux affres d'une guerre qui dure depuis quatre ans et dont on en aurait presque oublier les causes. Une terrible routine que le colonel Henrik Kadavadze, chef de la police locale, prend à son compte avec un flegme déconcertant alors que ce conflit s'enlise dans une succession de combats meurtriers touchant aussi bien les soldats que les civils tentant de survivre tant bien que mal dans cet environnement délétère. Mais à la découverte d'un jeune garçon poignardé, tous les membres de la localité s'agitent ainsi que le colonel Kadavadze qui ne va pas se contenter de rester les bras croisés pour découvrir le meurtrier. Ceci d'autant plus que l'on retrouve d'autres petites victimes dont les corps sont disséminés dans les environs de la bourgade.



Crimes en série et enquêteur désabusé, on doit bien admettre que si Donbass présente certains codes du thriller, Benoît Vitkine prend soin de ne pas s'égarer dans les facilités du genre que ce soit au niveau du texte mais également de l'intrigue. Il y a même quelque chose de rafraichissant à lire un tel récit où l'auteur prend bien soin de planter le décor aussi détonant soit-il sans en abuser. C'est d'ailleurs l'une des grandes qualité de ce roman qui s'attarde sur le quotidien de ces habitants laminés par une guerre qui s'éternise et il faut bien reconnaître que l'on perçoit toute la maîtrise d'un auteur qui connaît parfaitement son sujet. Plongée abrupte au coeur de cette région dévastée, le lecteur ne manquera pas de ressentir toute l'atmosphère de cet environnement parfaitement restitué notamment dans le cours du quotidien de ces femmes de tout âge tentant de survivre aux affres des combats et de protéger du mieux qu'elles le peuvent, leur progéniture. Entre résignation et découragement des différents protagonistes, on prend ainsi la mesure des difficultés des civils, mais également des soldats de chaque faction pour survivre dans un tel cloaque où l'avenir se décline au jour le jour. Personnage central du roman, on suit les pérégrinations du colonel Kadavadze, chef de la police locale et vétéran de la guerre d'Afghanistan qui nous permet de découvrir toute les membres de cette communauté disparate en croisant des chefs mafieux qui tiennent les reliquats d'une industrie déclinante, des babouchkas usées par les privations et la souffrance, quelques soldats égarés et bien évidemment des officiers de police plus ou moins corrompus. Autant de portraits réalistes dont on devine quelques aspects de leur parcours ou certains traits de caractères que l'auteur a emprunté aux personnes qu'il a croisé lors de ses reportages dans le Donbass. Ainsi l'enquête de Kadavadze devient un prétexte pour découvrir cette belle galerie de personnages évoluant dans cette ambiance si particulière d'une guerre qui s'enlise, même si l'on peut regretter le fait que l'intrigue tournant autour de la disparition des ces jeunes enfants prend parfois un aspect bien trop secondaire nous donnant une impression d'inachevé voire de moins grande maîtrise comme si le journaliste l'avait emporté sur le romancier.



Premier roman de Benoît Vitkine, Donbass nous permet de saisir tous les aspects d'une guerre méconnue sévissant toujours dans cette région perdue à l'est de l'Ukraine tout en nous donnant l'occasion de découvrir, au détour d'une enquêtes somme toute assez classique, toute une série de personnages qu'il sera difficile d'oublier. Renversant.





Benoît Vitkine : Donbass. Editions Les Arènes/Equinox 2020.



A lire en écoutant : O, Panno Inno ! de Dakh Daughters. Album : Air. 2019 Dakh Daughters.
Lien : https://monromannoiretbiense..
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Ca y est enfin ! le Donbass tout un chacun connait cette région que se disputent les « méchants » russes et les « gentils » ukrainiens. Depuis deux ans, à grands renforts d'experts autoproclamés, il n'est pas un chaîne d'information en continu qui ne soit pas fait un devoir de nous « décrypter » les enjeux géopolitiques ou de nous décrire dans le détail (le détail étant souvent un envoyé « spécial » (s'il n'est pas spécial, ses commentaires perdent de leur valeur)) ce qui se passe à cinq kilomètres de l'endroit où il se trouve et dont il ne sait à peu près rien. Mais, coiffé d'un casque assez peu seyant, il a tout de suite une belle allure martiale, suffisante en tous cas pour évoquer l'évolution de la situation militaire sans trop risquer d'être contredit…
J'arrête ici mon persiflage pour vous dire que si vous vous intéressez vraiment à ce qui se passe là-bas depuis dix ans (et pas seulement deux), ce petit roman vous en dira, au-delà de l'enquête policière qui sert de fil conducteur, beaucoup plus que tous nos « envoyés spéciaux » casqués. Vous y trouverez (et c'est assez édifiant voire angoissant) les éléments culturels à l'origine d'une guerre civile, vous admirerez la résilience des veuves et l'angoisse des populations civiles qui ne savent pas quelles troupes sont le plus à craindre. Pris entre deux feux est assurément l'expression idoine. Vous comprendrez que les guerres sont plus faciles à débuter qu'à terminer car de nombreux profiteurs et trafiquants s'y taillent des fortunes pendant que le commun des mortels ne pense qu'à… ne pas mourir trop vite.
Vous en sortirez peut-être un peu nauséeux mais beaucoup plus éclairé car on sent que l'auteur connait son sujet. Cet excellent roman nous plonge au coeur de cette sinistre actualité.
« Combien de frères s'étaient déchirés aux premières heures du conflit ? de pères avec leurs fils ? de couples ? Pro-ukrainiens contre prorusses... Modernistes contre traditionalistes... Il n'y avait alors plus de place pour les tièdes et les nuances. Des questions nouvelles étaient apparues et subitement tout le monde se devait d'avoir un avis : se sentait-on russe ou ukrainien ? monde slave autoritaire ou Occident décadent ? oligarques aux commandes ou gay prides sur les boulevards ? La haine était au coin de la rue, dans chaque cage d'escalier ; on formulait ses réponses avec de plus en plus de prudence ; les passages à tabac étaient monnaie courante... Plus tard, la guerre avait en quelque sorte remis les compteurs à zéro. On avait enterré les grandes idées et les espoirs fous, les questionnements, les identités tourmentées. On avait cessé de se disputer puisque seules les bombes étaient capables de se faire entendre. On n'espérait plus que la survie. »
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Benoît Vitkine excelle à nous décrire l'ambiance paradoxale d'Avdiïvka, une ville du Donbass. Cette commune, occupée par les rebelles prorusses et libérée quelques mois plus tard par l'armée ukrainienne, est stratégiquement convoitée par les belligérants pour son usine à charbon. Les tensions entre pro-Maïdan et séparatistes, la prostitution, la corruption, les victimes collatérales d'une guerre injuste, ... le contexte trouble de cette contrée nous est fidèlement brossé. Malheureusement, la description rigoureuse et captivante de cet atmosphère se fait au détriment de l'intrigue. J'ai croisé le chemin des personnages de Benoît Vitkine sans pouvoir en explorer le potentiel prometteur. Dommage, mais tout de même encourageant pour une première fiction.
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Il y a déjà eu de très belles critiques! Je n'ajouterai que quelques mots: ma lecture suit celle des Abeilles grises de Kourkov.
Deux coups de coeur qui concernent la même tourmente avant l'invasion de l'Ukraine par la Russie; deux romans qui sont aussi de fameux documentaires sur la situation qui dure depuis au moins 2014. Une Ukraine meurtrie, déchirée entre des ukrainiens pro-européens et des pro-russes (russophones)
une zone grise, sorte de no man's land où vivent les deux survivants d'un village déserté selon Kourkov; on s'habitue un peu à la guerre, ses destructions, ses blessés, ceux qui reviennent du front en Afganistan déstabilisés mais c'est la mort de jeunes enfants qui va constituer le roman policier: qui les a tué et pourquoi? Donbass décrit la déchéance des uns et des autres, nous entraîne dans de fausses pistes, la bière, la vodka et le cognac ne font pas dissiper ce que ressentent les protagonistes. Les pots de vin ne manquent pas ni les incompétences. La fin m'a surprise.
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C'est l'actualité qui m'a poussée à lire ce roman de Benoit Vitkine. Je voulais, par le biais d'une fiction, comprendre mieux ce qui se passait en Ukraine, et cet enjeu du Donbass. Benoit Vitkine est journaliste au journal le Monde, spécialiste de la Russie et des pays de l'Est, et il a remporté un prix précisément pour ses enquêtes sur l'influence russe en Ukraine. Il sait donc de quoi il parle. Et le fond de ce roman donne une idée assez nette du Donbass de 2018, divisé entre séparatistes pro-russes et partisans de l'Ukraine, gangréné par la corruption généralisée, avec un reste de traumatisme du conflit afghan (lorsque l'Union Soviétique avait envoyé des troupes pour lutter contre les moudjahidines). C'est un roman très noir, dans lequel l'humanité tente de pointer le bout de son nez en plein coeur de la barbarie, mais il m'a effectivement permis de comprendre sur quel terrain pourri le nouveau Président Zelensky avait entrepris de jeter les bases d'une nouvelle Ukraine. Tellement loin de ce que l'on vit chez nous, mais tellement proche de nous à la fois…
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Cet ouvrage journalistique, traité sous la forme d'un thriller, résonne d'un écho tout particulier lorsqu'on le lit en 2024, soit 5 ans après son écriture, et 2 ans après le déclenchement par la Russie de "l'opération militaire spéciale" en Ukraine.
L'intrigue policière se déroule dans la Donbass, particulièrement à Avdiivka, une ville située à proximité de la ligne de front, côté ukrainien à l'époque. D'une manière très documentée, Benoît Vitkine décrit une région frontalière, partagée depuis 2014 entre les séparatistes pro-russes et les sympathisants du régime de Kiev. Il plante le décor d'un pays minier, désormais sinistré depuis la fermeture de nombreuses mines et aciéries, mais qui avait été par le passé le fleuron industriel de l'ex- Union Soviétique. En mettant l'accent sur ce point dans le récit de l'histoire mouvementée du Donbass, l'auteur met en lumière les tragiques ferments d'une guerre "annoncée".
Le héros de ce roman, Henrik Kavadze, est né en 1966 à Donetsk. Sa jeunesse a été notamment marquée par sa participation à la guerre menée en Afghanistan, à la fin des les années 80, par les troupes soviétiques, et à ce titre il a été témoin de scènes dont il tente, sous des dehors placides, d'en cacher les traumatismes. Il vit actuellement à Avdiivka où il est devenu le chef de la police locale, et c'est à ce titre qu'il va être chargé de l'enquête sur le meurtre du petit Sacha, âgé de 6 ans, bientôt suivi de celui de Nikolai, 7 ans, deux jeunes garçons assassinés selon le même mode opératoire. L'auteur brouille habilement les pistes, en mêlant présent et passé, en faisant intervenir dans l'intrigue des personnages aussi divers que des "babouchkas" à l'allure débonnaire, des hommes quotidiennement alcoolisés, ou encore des trafiquants de drogue. Un suspens bien entretenu jusqu'à ce que finissent par s'emboîter les pièces de ce puzzle, et apporter au lecteur une issue tout à fait inattendue.
Au delà de l'enquête policière, et malgré un épilogue plus apaisé sur les bords de la mer d'Azov, ce livre, lauréat du Prix Albert Londres en 2019, est un document très noir. Il est toutefois intéressant pour comprendre la situation actuelle dans l'Est et le Sud de l'Ukraine.
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Un livre qui m'a été offert (merci Muriel), je n'aurais peut-être pas choisi cette lecture, mais parfois on fait de belles découvertes. Un roman noir dans tous les sens. Un roman policier ancré dans la réalité qui nous donne pleins d'émotions.
Une lecture qui ne m'a pas laissé indifférente.
Benoît Vitkine est un journaliste français, spécialisé dans les Pays de l'Est. Il a obtenu le prix Albert Londres en 2019 pour une série de reportages sur l'Ukraine réalisé pour le journal le Monde.
L'histoire se déroule en Ukraine, dans la ville d'Adviïvka, dans la région du Donbass.On est à la fin de l'hiver 2018. Henrik Kavadze, a le grade de colonel, il est policier et travaille au commissariat local. le corps d'un jeune garçon est retrouvé, il a été poignardé. Henrik va mener l'enquête.
Le Donbass est une région minière, qui se situe à la frontière entre l'Ukraine et la Russie, où il y a un conflit armé depuis 2014.
Au delà de l'intrigue policière, qui n'est qu'une toile de fond, l'auteur nous explique, nous raconte les enjeux géo-politique de cette région. En tant que lecteur, on est au coeur du conflit russo-ukrainien, et on découvre cette guerre à travers le personnage d'Henrik. Ce dernier est un flic cynique, désabusé, marqué par son passé personnel c'est un ancien militaire qui a participé à la guerre en Afghanistan, mais il a aussi perdu sa fille dans un accident quelques années plus tôt. La mort de ce petit garçon va le révolté, et réveillé le peu d'humanité qui lui reste. L'enquête, nous montre toute sa détermination et il va devoir jouer de toutes ses relations pour découvrir le coupable.
Le style d'écriture est fluide. Les descriptions, les explications n'alourdissent pas le récit. La guerre est au centre du récit, et cela nous montre la misère social et économique. A travers les différents personnages (dont certains sont très attachants), on voit des hommes, des femmes qui doivent survivre au quotidien dans des paysages, des habitations dévastés par cette guerre, affronter la peur, mais il y a aussi la solidarité. La corruption est présente à tous les niveaux hiérarchiques, de même que les trafics de drogue et d'armes.
Je vous conseille cette lecture amateurs de polars ou pas.


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A la lisière de l'Ukraine. 2018. Tectonique des plaques

Un roman noir, noir comme l'anthracite, la principale richesse du Donbass qui alimente une industrie sidérurgique jadis florissante, devenue ukrainienne à la chute de l'URSS. La Russie ne s'en est jamais remise.

Un roman gris, comme les personnages de ce policier dont Benoit Vitkine qui connait bien la région s'attache à nous montrer toute la complexité, avec une grande humanité, sans juger. Personne n'est tout blanc, personne n'est tout noir. Chacun tente de survivre à sa manière, avec son échelle de valeurs personnelles, dans un conflit encore larvé en 2018.

Un roman blanc comme l'innocence de ce petit garçon retrouvé littéralement cloué sur un tapis de neige tel un papillon sur un plateau. Qu'avait il vu?

Un roman rouge comme la tache de sang sur la neige immaculée, rouge comme cet avenir radieux à tout jamais perdu avant même qu'il n'ait jamais existé…

Une intrigue qui nous emmène à la rencontre de cette région, de ses habitants, avant l'enfer… Un récit très bien mené, un suspense haletant jusqu'au bout, prétexte surtout à nous exposer les forces en présence et les ressorts qui les animent avant la déflagration…
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