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Inspiré de sa propre expérience professionnelle, Elisa Vix se lâche à couteaux tirés pour dresser le portrait combien réaliste, du monde du travail sans pitié.

Chrystal était belle, souvent mélancolique quand les regards se détournaient de son joli minois, elle était pleine de talent et d'intelligence. Fraîchement diplômée après de longues études universitaires en neurosciences, elle peine, comme beaucoup de surdiplomés à trouver un job. Son seul entretien c'est auprès de l'entreprise Medecines qu'elle le décroche. À son grand damne. Emploi sous payé, heures sup à rallonge, surveillance constante, brimade, harcèlement,... Tout est mis en place pour donner le moins de place à ces salariés et surtout le moins de valeur possible. Open-space, travail harassant. Ils bossent comme des vaux parce qu'ils ont besoin d'argent. Chez Medecines, c'est marche ou crève. Tu t'en vas avant d'être broyé. Après, c'est trop tard.

Roman qui donne la parole aux protagonistes qui ont tourné de loin ou de près autour de cette brillante Chrystal. Ils donnent autant de réponses à cet enquêteur mystère pour cerner qui était Chrystal et comment s'est tissée cette toile d'araignée sur elle.

Quand le travail n'est plus que raison à payer ses traites, qu'il n'y a nul plaisir, nulle valorisation et que viennent s'ajouter un processus de destruction de ces brebis, bienvenue dans le burn-out, la dépression. Et dire qu'ils sont des milliers à être malheureux au travail, faute à un manager psychopathe, à ce terrible fléau qu'est la productivité. L'humain dans tout ça et bien, il finit par ne plus exister. Encore heureux que pour Elisa Vix la littérature l'aura sortie de ce cauchemar. Mais qu'en est-il de ceux qui seront broyés avant d'être sauvés...
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Remerciements de l'auteur en fin d'ouvrage :
« A tous mes employeurs, sans qui ce livre n'aurait pas été possible... On l'aura compris, ce roman est inspiré de ma désastreuse carrière professionnelle. »
Elle aurait pu sombrer, mais au lieu de cela :
« Face à l'adversité managériale, je me contentais de jubiler intérieurement en pensant : 'Le p... de bouquin que je vais écrire !' Viva la literatura ! »

En effet, 'Elle le gibier' est vraiment un p... de bouquin, un récit choral lapidaire, lapidant, laminant.
Si on (a) fait l'expérience de souffrance au travail, en tant que 'victime' ou témoin, on s'y retrouve, douloureusement.
On s'y retrouve autant qu'on s'y perd, d'ailleurs, car si certaines situations professionnelles et certains modes de management sont objectivement traumatisants, intolérables, il y a aussi le ressenti (subjectif) de ceux qui souffrent. Leur malaise vient-il vraiment du travail ? Sont-ils victimes ou bourreaux en accusant leur hiérarchie/collègue de les malmener ? Est-on lâche et/ou lèche-bottes si on ne prend pas parti pour eux ? etc.
Mais je m'égare avec des exemples casse-tête dans lesquels je suis trop engluée pour y voir clair…

Quoi qu'il en soit, ce livre d'Elisa Vix est à lire.
En ayant évidemment une pensée émue
- pour les victimes de France Téléc*m (procès pour harcèlement moral en cours) et d'ailleurs,
- pour ceux - notamment les sur-diplômés - qui ne trouvent pas leur place dans un marché du travail sans pitié,
- et ...
____

Sur le sujet : 'Les heures souterraines' (Delphine de Vigan), 'Les visages écrasés' (Marin Ledun), 'La chance que tu as' (Denis Michelis), 'Encaisser' (Anne Simon & Marlène Benquet, collection Sociorama)...
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Oh la claque !

Ce roman choral de la dépression et de la souffrance au travail est puissant, banal mais puissant, puissant parce que banal, peut-être...

C'est l'histoire de Chrystal, qui avait tout pour réussir, aussi belle qu'intelligente, et qui pourtant dérape. A cause d'une entreprise inhumaine qui ne l'emploie pas à la hauteur de ses compétences et la brime au quotidien. A cause aussi de l'individualisme indifférent de ses collègues, de sa solitude et de sa détresse...

C'est l'histoire de Chrystal, donc, racontée par son entourage : tour à tour une collègue, son ex, sa mère, un médecin, un voisin, une marginale... Cette diversité de points de vue enrichit le roman, d'autant plus que beaucoup des narrateurs essaient de se dédouaner de ce qui s'est passé et qu'on ne découvre qu'à la fin du roman.

Les processus sont très bien décrits, qu'il s'agisse de la dégringolade d'une jeune femme brillante ou de la façon qu'ont certaines entreprises de briser les individus à coups de mails, de vexations ou d'humiliations. Ce livre me fait réfléchir sur ce qui fait que, face aux mêmes souffrances, certains s'en sortent et d'autres plongent...
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Plusieurs personnages nous parlent de Chrystal, une brillante docteure en neurosciences qui, faute d'un poste dans la recherche publique, est d'abord confrontée au chômage puis à un emploi débilitant dans l'entreprise Medicines. Que s'est-il véritablement passé avec elle ? ● Ce bref roman se lit aisément mais son côté manichéen s'impose rapidement et agace. ● L'entreprise et les rapports sociaux qu'elle impose paraissent caricaturaux, que ce soit la start-up Medicines qui sert d'intermédiaire entre les labos pharmaceutiques et les médecins et usagers des médicaments ou bien le supermarché évoqué par Maria : l'entreprise est par nature inhumaine et vampirique. Au mépris même de la rentabilité, elle ne cherche que le harcèlement moral, ne vise que la destruction de ses salariés… Il faudrait peut-être nuancer le propos… ● Narrativement, en tout cas, ce manichéisme fait qu'il n'y a pas d'intrigue et que tout est annoncé dès le début. du coup, c'est plus un tract qu'un roman.
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« CEO », « process codifié », « call center », « open spaces », « tableaux Excel de reporting », « brainstorming » … Toutes ces expressions vous parlent ? Vous n'êtes donc pas complètement étranger au monde de l'entreprise ? Eh bien moi, je dé-cou-vre et FRANCHEMENT… ça fait PEUR, non ?
Bon, que je vous raconte : après de longues études en neurosciences s'achevant sur une thèse et trois ans dans un labo public de recherche, Chrystal s'est retrouvée au chômage et c'est comme cela qu'elle a été amenée à postuler pour un poste de chargée d'information médicale chez Medecines. Il s'agissait pour elle de répondre au téléphone à des professionnels de santé ou des patients qui s'interrogent sur tel ou tel médicament (effets secondaires, etc, etc).
Pas grand-chose à voir avec sa formation mais bon, faut bien gagner sa vie...
Le hic, c'est qu'il lui est visiblement arrivé quelque chose… Mais quoi ?
Et au fond, qui est responsable de tout ça ? Ceux qui ont vu et n'ont rien dit ?
Nous aurons différents témoignages sur cette jeune fille, notamment celui de Cendrine qui, après une thèse de biologie sur le ribosome du zebrafish (ah, ça ne vous dit rien?) et plusieurs mois de chômage, est entrée le même jour que Chrystal chez Medecines, entreprise qui venait d'obtenir le label « Great Place to Work ».
Ah ! ça donne envie Medecines : c'est 1984 (d'Orwell) en pire : le cauchemar, la surveillance de tous les instants, le viol de l'intimité, l'irrespect, l'humiliation, la dévalorisation, l'exploitation, la déshumanisation… J'arrête là mais je pourrais continuer longtemps !
QUEL MONDE, MAIS QUEL MONDE !!!
A la fin du livre, l'auteure avoue que tout ce qu'elle a écrit dans ce roman lui est venu de sa « désastreuse carrière professionnelle » : «Face à l'adversité managériale, je me contentais de jubiler intérieurement en pensant « Le p… de bouquin que je vais écrire ! » Viva la literatura! »
Pour du noir, c'est du noir ! Dans le roman, le système est résumé par un témoin, Jean-Christophe D., le médecin-conseil de l'entreprise : « ...la prestation est une belle saloperie. Les labos y ont recours pour ne pas prendre de risque et pour diminuer leurs coûts. Ils imposent des prix et des délais intenables, tout en passant leur temps à contrôler leurs preneurs d'ordres… Et tout ça retombe sur les salariés du prestataire : salaire de misère, surcharge de travail, validation chronophage à tous les étages, audits à n'en plus finir, stress… On leur impose une pression insupportable au nom du maître-mot : la rentabilité. Ou tu tiens le coup et tu es rentable ou tu te casses. En résumé, des labos brassant des millions (sur le dos de l'assurance maladie) aux ordres d'actionnaires pleins aux as (qui s'exilent au Portugal mais reviennent se faire soigner en France), mettent la pression sur des sous-traitants qui mettent la pression sur leurs salariés sous-payés (qui cotisent pour l'assurance maladie). »
CQFD
Le monde de l'entreprise décrit par Élisa Vix fait trembler. Mais le pire, c'est qu'il correspond à une réalité que je devine terrible : celle d'une machine qui broie les individus, les brise et les achève. le tout dans le silence de ceux qui ont peur.
Glaçant.
L'écriture précise d'Elisa Vix ne va pas par quatre chemins pour décrire un monde effrayant : 140 pages d'une efficacité redoutable qui mettent à nu un système monstrueux.
Une vraie réussite !
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Après plusieurs mois de chômage, la belle et brillante Crystal a enfin trouvé un travail. Pas celui de chercheuse auquel ses diplômes et compétences lui permettaient de prétendre, ni celui dont elle rêvait. Mais ce travail chez 'Medecines' devrait lui donner une première expérience dans le secteur médical. Cette entrée dans le monde du travail est brutale, avec surveillance constante, modes opératoires et tâches insensés, absence de cohésion d'équipe, heures supplémentaires non payées…
Chez 'Medecines', ça passe ou ça casse, comme le montre le turn-over important. Mais Crystal s'accroche, refuse de renoncer…

Les méthodes managériales pathogènes dont Crystal est victime sont très bien décrites, même si le harcèlement moral peut parfois prendre des formes plus insidieuses.
Un management par la terreur est ici à l'oeuvre, avec des brimades concentrées sur une personne, pour dissuader les autres d'agir (chacun préférant être à sa place qu'à celle du bouc émissaire). C'est généralement efficace pour maintenir la discipline, mais pas pour garantir les meilleurs résultats...

Je n'ai pas complètement adhéré à cette histoire dont l'issue semble s'annoncer dès le début.
L'alternance de témoignages est intéressante mais confère au récit une certaine lenteur ou monotonie.
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Amateur de polar, passez votre chemin. Certes, nous savons dès le début qu'il est arrivé quelque chose à Chrystal sans savoir quoi. Mais, même si vous avez emprunté, comme moi, ce roman au rayon polar de votre bibliothèque, il n'y a ni enquête, ni détective, ni crime à résoudre.
Ce roman chorale est un récit sur les dérives d'un management autoritaire, sur des jeunes gens que le chômage poussent à accepter des conditions de travail inacceptables, sur le repli sur soi et sur l'individualisme.
L'atmosphère est parfaite et le style impeccable.
Le suspense monte crescendo jusqu'au dénouement final.
Un petit roman percutant.
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Ouvrage bien écrit. Ceux qui attendaient un roman policier seront déçus. Il s'agit plutôt d'une peinture de société de type balzacien.
L'action se passe dans le cadre d'une entreprise qui donne le sentiment de se trouver dans un centre de détention. le choix limité amène effectivement certains salariés à accepter de pareilles conditions de travail. Cet état des choses n'est pas dû, comme semble le sous-entendre l'auteure, à la concurrence. La concurrence donnant à chacun la possibilité d'entreprendre. Mais, bien au contraire, à l'économie administrée. Fiscalisme qui empêche d'épargner et d'investir dans une affaire, réglementations qui freinent la libre-entreprise.
On a l'impression que l'auteure, s'inspirant de ses mésaventures, a parfois rêvé de la fin violente qu'elle donne à son récit. Heureusement, elle a préféré canaliser sa rage dans l'écriture.
C'est aussi l'option que j'ai choisie, en écrivant le récit de mes démêlées avec une véritable psychopathe, arrivée à la tête d'une petite entreprise par ses coups tordus, dans l'ouvrage « une sorcière blanche en Côte d'ivoire »
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Chrystal et Cendrine sont entrées le même jour chez Medecines, leader mondial de l'information médicale.

Excellentes élèves, toutes deux ont publié leur thèse, mais victimes de la raréfaction des crédits de recherche, elles ont  été contraintes de revoir leurs ambitions à la baisse et se retrouvent dans une hot-line haut de gamme à répondre aux questions de praticiens sur l'usage ou les effets indésirables de certains médicaments.

Mais surtout elles remplissent des tableaux Excel, des échanges qu'elles ont avec leurs interlocuteurs téléphoniques, éditent des états de reporting en respectant scrupuleusement la syntaxe et la mise en page imposées ... sous l'oeil scrutateur de leurs supérieure hiérarchique et du PDG au bureau judicieusement placé entre l'ascenseur, les toilettes et la machine à café ! 

Dans un roman où s'expriment à tour de rôle les personnes qui ont côtoyé Chrystal, on assiste à la lente mais inexorable montée de la pression jusqu'à la dernière goutte ...

Un roman sur l'entreprise, sur les mauvais côtés de l'entreprise, sur le management maladif, sur le harcèlement moral 

Un roman qu'il faut lire pour comprendre jusqu'où il ne faut plus accepter et quand il faut penser à se protéger.

Un roman de la même veine que Les heures souterraines de Delphine de Vigan, ou Tous ne mourraient pas mais tous étaient frappés de Marie Pézé 
Lien : http://les.lectures.de.bill...
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Un excellent roman choral, très court mais qui aborde de facon pertinente l'absurdité, la bêtise et la cruauté de certains hiérarchiques.
Le harcèlement moral est certes le thème principal de ce roman mais en 140 pages, Elisa Vix en aborde bien d'autres : la difficulté de trouver un travail à la hauteur de leurs études et de leurs sacrifices pour certains surdiplomés, la recherche de rentabilité à tout prix, l'asservissement des salariés qui n'osent pas se rebeller de peur de perdre leur travail, etc, ...
Et j'ai trouvé l'auteure très habile en montrant que ce type de comportement se produit aussi bien dans le milieu tertiaire que dans le milieu ouvrier en faisant un parallèle intelligent entre Chrystal et Maria.
Mais au delà de ce tableau sombre, voire abject, du milieu du travail, il y a une histoire très dure qui est parfaitement relatée par Elisa Vix.
Je ne serai pas étonné qu'un réalisateur se penche un jour sur ce superbe petit roman qui offre matière à une adaptation audiovisuelle.
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