Ensuite, qu'on le veuille ou non, un trou de sept siècles.
L'optimisme marxiste nous interdisait d'y voir les preuves de graves défauts dans le patrimoine génétique de notre espèce, une attirance imbécile pour l'autodestruction, une passivité masochiste devant les prédateurs, et peut-être aussi et surtout une inaptitude fondamentale au collectivisme
Je choisis pas. Ça a jamais de titre ni de date. C'est une voix jaillie de l'espace noir. Elle appartient autant au présent qu'au passé. Ou même à l'avenir. Faut écouter ça avec son ventre plutôt qu'avec ses oreilles.
Oui, dit Vassilissa Marachvili. Peut-être qu'on est déjà morts, tous les trois, et que ce qu'on voit, c'est leur rêve.
Il lut quelques pages de La mendiante de Pokrovsk, se laissa captiver par l’intrigue qui était bien construite, mais dès que Maria Kwoll commença à s’épancher avec une verve acide sur les hommes et leur langage de queue, leur pensée de queue et leur monde de queue, il reposa le livre sur le plancher, à côté du lit au sommier grinçant, éteignit la lumière et s’endormit.
Cette recherche ferroviaire d’un havre concentrationnaire durait déjà depuis plusieurs mois, pour ne pas dire un temps bardique incalculable. Le tracteur Diesel ne tombait jamais en panne, la question de l’alimentation en carburant ne se posait pas, et, comme dans un cauchemar où tout sans cesse se répétait, le convoi avalait lentement les kilomètres, semaine après semaine, secouant et cahotant et malmenant jour et nuit sa charge humaine.
Solovieï, pensa-t-il avec dépit. Lui de nouveau. il m’était sorti de l’esprit. Ce nécromancien des steppes, le voilà qui revient. Cet ignoble marieur de kolkhoze, ce récupérateur de cadavres, cette mauvaise ombre, ce géant imperméable aux radiations, cette autorité chamanique de nulle part, ce président de rien, ce vampire à apparence de koulak, ce type bizarre installé sur un tabouret, cet abuseur, ce dominateur, ce type louche, ce type inquiétant, cette créature de réacteur nucléaire, ce magnétiseur sans dieu ni maître, ce manipulateur, ce monstre appartenant à on ne sait quelle catégorie puante
Samiya Schmidt prend sa forme de furie. [...]
Elle se couvre d'écailles très dures.
Elle donne des coups terribles.
Elle se déplace à une vitesse invraisemblable.
Elle transforme son cri en énergie.
Elle n'a plus de sang, ou plutôt elle n'a plus ni sang ni absence de sang.
Elle n'est ni morte ni vivante, ni dans le rêve ni dans la réalité, ni dans l'espace ni dans l'absence d'espace. Elle fait théâtre. [...]
Même en plein dans l'espace noir, on continue à fonctionner comme ça, dans l'espérance et dans les rêves... C'est notre destin de bêtes conscientes...
-Le marxisme-léninisme l'interdit,poursuivit le soldat en reprenant la gourde.
-il interdit quoi? Demanda Iliouchenko
-De manger de la viande humaine.
-Je sais bien dit Iliouchenko.
- Alors pourquoi tu nous l'as apportée?objecta le soldat.