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Citations sur Chroniques du pays des mères (46)

Ce n’est qu’un mot, protesta Lisbeï.
-A force d’employer des termes inexacts, l’inexactitude finit par contaminer nos idées et par les transformer. »
Lisbeï n’était pas loin d’en convenir. (Qui mieux qu’elle connaissait la puissance des mots, elle qui s’était donné tant de mal pour ne pas prononcer certaines paroles avec Tula?) Mais sa tendance habituelle à soutenir « l’autre côté » dans une discussion refaisait surface : « Que les idées se transforment, ce peut-être pour le mieux, parfois, non ?
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D’ailleurs, une opinion sans cesse résurgente chez les Juddites voulait que la création même de la matière en général et de la race humaine en particulier eût été une erreur d’Elli et qu’en fin de compte, si la race humaine s’éteignait, ce ne serait pas forcément un mal : on avait vu, on voyait encore, ce qu’elle avait fait au monde où elle vivait, la race humaine !
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Elle eut un sourire sans joie : « Des choix imparfaits dans un monde imparfait, dit-elle. Apprends. »
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On change en inversant tout et on s’imagine que cela va résoudre mes problèmes. Nous n’en sommes plus là […]. Nous pensons autrement aujourd’hui.
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C’était une autre des certitudes de la garderie, une certitude majeure – un événement assez fréquent pour appartenir au tissu normal de la vie à la garderie. On tombait malade. On allait à l’infirmerie. Quelquefois, on en revenait. Plus souvent, on n’en revenait pas. Les gardiennes disaient alors : « Elle est allée rejoindre Elli » – quelque part au plafond, sans doute (mais plus haut que les nurseries), car la plupart des gardiennes levaient alors les yeux au ciel. C’était une de ces choses-qui-sont et qui sont normales ; toutes les mosta, et Lisbeï mieux que les autres, pouvaient le sentir : les gardiennes n’étaient pas vraiment tristes, elles acceptaient. C’était normal de « rejoindre Elli », d’» être avec Elli ». Elli était tout, partout, ce qu’on voit et ce qu’on ne voit pas, disaient encore les gardiennes avec ce léger chantonnement où Lisbeï apprendrait plus tard à reconnaître une réponse toute faite ; et les questions des mosta s’arrêtaient là.
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Elle commença à poser des questions et le cycle s’amorça : les gardiennes d’abord déconcertées puis secrètement agacées ; les autres mosta, promptes à saisir les indices donnés par les adultes, qui deviennent moqueuses, quelquefois hostiles… Lisbeï percevait plus ou moins confusément les émotions d’autrui (Tula seule, par contraste, était claire, sonore, vive) : cette faculté qui l’avait jusqu’alors si bien adaptée à la garderie devint cela même qui l’en détachait. Le déplaisir ou l’embarras des gardiennes quand elle les interrogeait n’étaient plus le signal habituel de se taire et d’oublier la question, mais au contraire celui de se la rappeler et d’y revenir, une autre fois, plus habilement.
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La gardienne Tessa arriva derrière Lisbeï, une vague d’indignation convaincue. C’était très, très vilain de parler ainsi, Lisbeï était une égoïste de vouloir garder Tula pour elle (l’égoïsme, une des fautes principales à la garderie !). « Elli sait ce qu’Elli fait et si Elli veut rappeler Tula, c’est parce qu’Elli sait aimer mieux que toi, Lisbeï ! »
Lisbeï mangea son petit déjeuner du bout des lèvres, en silence, et quitta le réfectoire avec les autres, le cœur lourd de culpabilité mais aussi d’une révolte qui refusait de s’éteindre. Non, Elli ne pouvait pas aimer Tula mieux qu’elle, ce n’était pas vrai, pas vrai.
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C’était pourtant défendu de quitter le dortoir la nuit autrement que pour aller aux toilettes. Et elle n’allait pas du tout dans la direction des toilettes : elle allait vers la sortie. Mais il n’arrivait rien. Pas de voix grondeuse, ni celle des gardiennes, ni celle d’Elli qui pourtant voyait tout, tout le temps, partout. Elle se retrouva dans le couloir. Tout était différent dans la pénombre des gazoles en veilleuse, plus grand, plus haut. Tout cet espace, vide et silencieux. Et elle toute seule au milieu. Curieusement, ce n’était pas une sensation désagréable. Plutôt le contraire, même. Puis la plaisante étrangeté de la découverte disparut : Lisbeï n’était pas trop sûre de savoir où se trouvait l’infirmerie. Elle n’y était pas encore allée à cet étage. (On soignait les bobos sur place ou au dortoir ; l’infirmerie était réservée aux cas sérieux.)
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N'est-il pas étrange de penser que ce qui nous a formée, et le plus profondément, nous l'oublions, peut-être justement parce que nous en avons pris la forme ?
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Mais ils étaient différents en ce temps-là, les hommes, comme des bêtes méchantes. Les femmes étaient des « esclaves ». Ça veut dire quelles étaient comme des objets, qu’elles travaillaient tout le temps et qu’elles avaient pas le droit de faire autre chose. C’est vraiment difficile à comprendre cette période.
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