AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,62

sur 29 notes
5
2 avis
4
2 avis
3
5 avis
2
1 avis
1
0 avis
Un livre où l'on plonge dans le quotidien du peuple albanais, où la misère et la pauvreté sont visibles de toutes parts, où le peuple est surveillé et emprisonné pour si peu, un rien. le tout vu à travers les yeux d'une gamine de 13 ans qui aimait passionnément sa mère et haïssait totalement son père. Et c'est bien grâce à ce regard enfantin, parfois naïf, que les nouvelles défilent sous mes yeux avec de temps en temps un brin d'humour, une note d'espoir mais aussi et malgré tout beaucoup de grandes tragédies humaines.

Univers machiste, conflits conjugaux où l'homme gagne toujours, où les femmes sont considérées comme des objets, et celles qui ont la malchance d'être jolies comme des putes...

Alors, pour sortir un peu de cette misère, d'autant plus quand on est une adolescente, on s'évade par les rêves, par les livres. On se raccroche à des petits riens, du moment qu'ils nous apportent un peu de bonheur, des photos, des cartes postales de l'Italie...

Une découverte frappante de l'Albanie... Et dire que ce n'est qu'à quelques kilomètres d'ici...

Un autre monde...

Un autre temps...

Un autre peuple...

Un autre auteur : Ornela Vorpsi

Un autre roman : le pays où l'on ne meurt jamais
Commenter  J’apprécie          174
"Je dédie ce livre au mot humilité, qui est absent du lexique albanais. Une telle absence peut donner lieu à des phénomènes très curieux dans la destinée d'un peuple."

Par contre, dans le lexique albanais, on trouve pas mal de synonymes de putain, de traînée, de pervertie, de traître, de vendu, de tuerie, aussi... Eh oui, la "Mère-Parti" n'est pas si affectueuse que cela, sa terre se nourrit beaucoup plus du sang de ses filles lassées d'insultes que d'engrais. A croire que là-bas la Nature n'aime pas le beau, ne supporte pas la grâce surtout si elle est humaine, et qu'elle entame alors une lente procédure conduisant à l'auto-destruction de la beauté.

En effet, toute fille qui présente quelques traits avantageux mérite les marques du mépris, les lacérations de la cruauté... que ce soit dans la rue ou dans la maison... "certaines règles naissent ainsi dans l'esprit d'un peuple, tout naturellement comme les feuilles sur une plante. Elles se fondent en gros sur thèse unique : qui est belle est une pute, qui est laide - la pauvre! - ne l'est pas."

Un pays où les sentiments ne sont jamais tièdes, où l'extrême est roi, le coeur passionné... Je t'aime ou je te hais, mais jamais à moitié..

Votre seul espoir : la nuit. Seule la solitude de la nuit, la torpeur qui s'installe une fois glissée sous les couvertures permet le repos de ces âmes agrippées chaque jour par la haine.. A ce moment-là seulement vous connaîtrez un peu de ce mot qu'on prononce tout bas : liberté.

Sinon, il vous reste l'option du suicide. Et encore... : "le suicide ne fait pas partie des grandes aspirations du peuple albanais ; celui-ci, dans son perpétuel combat pour une vie décente, néglige le refuge que la mort peut offrir". Ah. Porte donc ta honte, même après ta mort. Après tout, une "baisée dans les buissons" ne peut rien faire de bon.

Et lorsque l'Albanais tente l'exil, lorsque l'Alabanais met le pied sur une autre terre que la sienne, il comprend alors qu'il est mortel. Il n'aspire donc plus qu'à une chose : retourner là d'où il vient, ce pays où l'on ne meurt jamais.

Un récit dur comme la boue séchée des briques ornant le toit du camp d'internement. Acéré, comme la haine envers celui qui respire. Ironique aussi, comme ces hommes qui forniquent et disent ensuite à leurs "brèves" compagnes d'aller se faire recoudre, pour le suivant. Sans pudeur, mais sans voyeurisme non plus. Cru, sans être obscène. Vrai.
Lien : http://www.listesratures.fr/..
Commenter  J’apprécie          90
J'ai déniché ce roman chez un bouquiniste et l'ai acheté sans trop savoir à quoi m'attendre. Jusqu'ici le seul auteur albanais que j'avais lu c'était l'excellentissime Ismaïl Kadaré, j'étais donc prête pour une nouvelle expérience.
Et c'est bien d'une expérience dont il s'agit ici. Je n'ai pas vraiment eu l'impression de lire un roman mais plutôt de discuter avec une inconnue ou de regarder à travers le trou d'une serrure.
Sans réel début, sans réelle fin, il s'agit d'un petit bout de vie d'un intensité déconcertante.
Comment moi, l'occidentale, en 2014, puis-je ne pas être écoeurée, choquée par les moeurs décrites dans cet ouvrage? Je bondissais d'indignation à chaque phrase, chaque page m'a soulevé le coeur.
Le problème c'est que l'écriture est assez redoutable d'efficacité et qu'il est difficile de ne pas vouloir en savoir plus.
Était-ce une expérience agréable? Pas vraiment! Lecture intéressante? en revanche oui!

Une découverte surprenante.
Commenter  J’apprécie          80
Au fond du lac, c'est une autre histoire

A travers la vision d'une fillette, Ornela Vorpsi évoque ce pays où l'on ne meurt jamais, où « on ne plaisante pas », les imaginaires traditionnels prédominants.

La « tradition » se focalise sur l'interdit, les corps, le sexe des femmes, la virginité, omniprésent dans les récits de la locutrice. L'incompréhension de l'âge se mêle au poids des mots, des assignations.

L'auteure nous fais (re)sentir la présence du soleil, des regards, « Dans la rue, leurs regards te pénètrent jusqu'à a moelle des os, si profondément que ton être devient transparent. Une fois en toi, la fouille est méticuleuse ».

Les expériences de la fin de l'enfance, la relation aux autres, à la mère, à la famille et à ce père presque inconnu.

Surveillance des gestes, de la morale, des opinions, sous cette dictature qui enferme le père.

L'auteure rend somptueusement et simplement la présence de ces femmes, leurs beautés, la convoitise des hommes, les amitiés scolaires, l'enfance qui s'enfuit, et les livres comme ouverture, comme rêveries. Souvent de petits paragraphes comme autant de pointes de couleurs, de lumière.

Le lac, les noyades des femmes, car « les hommes ne vont pas se noyer dans le lac … ces messieurs ne tombent pas enceints – ainsi sont-ils préservés du pire ».

Et la terre promise au sortir de l'avion, là ou l'on peut mourir…
Lien : http://entreleslignesentrele..
Commenter  J’apprécie          60
Il Paese Dove Non Si Muore Mai
Traduction : Marguerite Pozzoli en collaboration avec l'auteur


Plus qu'un roman véritable, ce petit livre de cent-cinquante pages est une suite de scènes et de portraits ayant pour toile de fond l'Albanie communiste dans laquelle naquit l'auteur. Celui-ci appartenant au sexe féminin, le point de vue diffère sensiblement et met l'accent sur l'extraordinaire machisme qui caractérise la population mâle du pays, si policés que s'attachent à paraître ses membres les plus cultivés.

Ce machisme, certes, on le voyait déjà poindre son nez écoeurant ici et là, tant dans "Le Général de l'Armée Morte" de Kadare, dont l'essentiel de l'intrigue se déroule, il est vrai, dans l'Albanie rurale, que dans les romans de Fatos Kongoli, romans plus urbains certes mais dans lesquels le statut de la femme est loin d'être toujours facile. Vorpsi, elle, évoque le phénomène avec une franchise totale : son héroïne, Elona-Ornela-Eva, se voit tout de suite suspectée de "putinerie" dès lors qu'elle passe de l'enfance à l'adolescence.

Ce qui exaspère encore plus la lectrice, c'est que, comme d'habitude dans ce genre de sociétés, les femmes sont les premières à vouer la féminité au Diable et au péché. La mère de l'héroïne la menace de faire vérifier sa virginité par le médecin alors que la pauvre petite vient à peine d'atteindre ses treize ans et est par ailleurs si surveillée, tant à droite qu'à gauche, qu'elle aurait bien du mal à s'en aller courir une précoce prétentaine. En outre, comme le dit le proverbe albanais : "Un homme se lave avec un bout de savon et redevient comme neuf mais une fille, même la mer ne la lave pas."

Raisonnement pour le moins absurde, en particulier à mes yeux de Bretonne qui a tous les jours sous les yeux les millions de litres d'eau, bien froide et bien verte, de l'Atlantique. Raisonnement d'homme, ajouterai-je, et d'homme injuste et sournois, raisonnement sans doute repris et ressassé par la bonne vieille église chrétienne - Vorpsi est orthodoxe - et, de manière générale, par toutes les religions patriarcales dont nul n'ignore la haine profonde qu'elles vouent à la Femme.

Alors, bien sûr, on ne parle pas toujours sexe et virginité des filles dans "Le Pays Où L'On Ne Meurt Jamais". Certaines scènes sont plus légères et font sourire ou alors, comme tout ce qui touche à l'indifférence du père de l'héroïne, indignent et/ou attendrissent. Mais, en dépit de tous mes efforts, c'est avec un malaise certain et la volonté bien arrêtée de ne jamais visiter l'Albanie que j'ai refermé ce livre qu'il faut lire car si déjà les écrivains albanais mâles sont peu traduits chez nous, la situation est encore plus grave pour leurs homologues féminines. Ce qu'on ne peut que déplorer parce que, tant que la littérature albanaise s'exprimera essentiellement par la voix masculine, il lui manquera quelque chose de très important : l'autre moitié de son soleil. ;o)
Commenter  J’apprécie          40

En tentant de définir son peuple l'auteure albanaise tend à l'universel et nous parle à travers des souvenirs d'enfance sous la dictature de hoxha  de la condition humaine et féminine,  de la vie en dictature, de l'enfance à qui l'adulte n'explique rien... Avec sa narratrice aux 3 prénoms et son titre "orwellien" j'ai beaucoup aimé ce court récit que j'ai reçu comme un conte philosophique.

Commenter  J’apprécie          30
Je découvre Ornela Vorpsi, née à Tirana, puis émigrée à Milan, désormais installée à Paris. Elle a publié ce livre de souvenirs datant de son adolescence. L'Albanie, c'était un drôle de petit pays d'Europe, peuplé d'hommes fiers, machistes sans états d'âme et obsédés par les femmes. Les plus belles d'entre elles sont "nécessairement" des putains. Entre Albanais, on se hait réciproquement tout le temps qu'on vit et on aime les autres seulement quand ils sont morts. Le titre du roman prétend qu'on ne meurt pas en Albanie: ce n'est pas vrai, on y meurt, mais on ne veut surtout pas le savoir ! La pauvreté extrême touche tout le monde, sauf quelques privilégiés. Quand Ornela vivait à Tirana, le pouvoir était entre les mains de communistes fanatiques (qu'on disait "pro-chinois") qui gouvernaient d'une manière tyrannique. L'auteure mentionne les horreurs de cette dictature, mais sans jamais insister lourdement.

Le livre se compose d'un grand nombre de petits chapitres, tableaux de la vie quotidienne de l'adolescente qu'elle était alors. Ils font une peinture impressionniste de la vie familiale et de la société, sur un ton doux-amer. Pas de pathos, par exemple, dans l'évocation des emprisonnements (notamment celui de son père, qu'elle déteste) ou l'entraînement militaire obligatoire des très jeunes filles. La figure centrale, c'est celle de sa maman, une très belle femme convoitée par les hommes, en proie à une nervosité mal contrôlée, qui ne veut plus jamais revoir son mari. Les relations entre mère et fille sont parfois compliquées, mais essentielles pour Ornela.

C'est un joli livre de souvenirs sur la condition des adolescentes, mais dans le contexte particulier d'une dictature communiste.
Commenter  J’apprécie          30
L'Albanie est un pays méditerranéen, desséché par le soleil, où l'on mange des olives ; un pays enfermé où sévissait une terrible dictature et où n'importe qui allait en prison ou au bagne… et un pays où les femmes belles ne peuvent être d'office que de futures prostituées. En 14 chapitres qui sont autant de petites nouvelles, l'auteur nous décrit son enfance à Tirana. Avec humour, justesse, elle nous immerge dans la rudesse et la débrouillardise de cette vie jusqu'à son exil en Italie.
Commenter  J’apprécie          30
Lu en 2016. J'avais bien apprécié ce premier roman de l'auteure. Une écriture à la fois poétique et ciselée.
Un récit atemporel où les sentiments se dévoilent à travers la cruauté de la vie. L'on plonge au coeur de l'enfance et de l'adolescence à travers les souvenirs d'une poignée de femmes, dans l'Albanie communiste. Un régime répressif, des mentalités ancestrales machistes, où l'amour demeure un rêve inaccessible !...
Commenter  J’apprécie          10
Le pays où l'on ne meurt jamais qui a donné naissance au titre de ce livre d'Ornela Vorpsi est son Albanie natale. Son « Albanie bien-aimée » comme elle l'appelle parfois tendrement, mais aussi l'inquiétante « Mère-parti » du temps du communisme.

À travers des vignettes, de courts chapitres dans lesquels elle change de prénom, l'autrice nous raconte son enfance. Une enfance dans laquelle on caresse des fusils et joue avec des os, une enfance marquée par le poids des coutumes patriarcales, la vertu des femmes étant au coeur des préoccupations.

La plume d'Ornela Vorpsi non seulement décrit magnifiquement son pays natal, mais rend aussi parfaitement la naïveté propre à l'enfance qui se heurte à la violence pour la première fois. Une écriture fluide qui se déguste à voix haute.
Commenter  J’apprécie          10




Lecteurs (80) Voir plus



Quiz Voir plus

Grandes oeuvres littéraires italiennes

Ce roman de Dino Buzzati traite de façon suggestive et poignante de la fuite vaine du temps, de l'attente et de l'échec, sur fond d'un vieux fort militaire isolé à la frontière du « Royaume » et de « l'État du Nord ».

Si c'est un homme
Le mépris
Le désert des Tartares
Six personnages en quête d'auteur
La peau
Le prince
Gomorra
La divine comédie
Décaméron
Le Nom de la rose

10 questions
834 lecteurs ont répondu
Thèmes : italie , littérature italienneCréer un quiz sur ce livre

{* *}