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Ô toi qui a lu le « Nostromo » de Joseph Conrad, tu rentreras de plein pied dans la boue de ce roman. Et même si tes sabots ne sont pas encore crottés par cette première aventure, le regard neuf porté vers cet imaginaire, tu t'engouffreras dans cette « Histoire secrète du Costaguana » comme certains enfouissent leur tête dans un tonneau de vieux rhum colombien. Vierge ou presque de Conrad (au coeur des ténèbres), je suis. Vierge ou presque de Vasquez (le bruit des choses qui tombent), je suis également. Mais parce qu'il faut vivre, je m'enfonce dans la forêt vierge, moite, humide, boueuse, des moustiques aussi gros que des éléphants. Dans cette jungle verdoyante et hurlante, des cris de détresse, animal ou humain, je pars à la grande Aventure, celle qui transporte une âme, transforme un pays. Aux prémices, il y a deux hommes, don Miguel Felipe Rodrigo Lázaro del Niño Jesús Altamirano et Teodor Józef Konrad Korzeniowski, plus communément appelé Miguel Altaminaro et Joseph Conrad, le journaliste détenteur de la vérité face à l'écrivain-marin usurpateur, car n'allez pas croire un traitre mot de ce Nostromo

Je te parle d'un temps bien lointain, dans une lointaine Colombie, à l'époque même de la Grande Colombie où des diplomates français, Ferdinand de Lesseps à sa tête, tentèrent de percer l'isthme de verdure, le fameux canal de Panama et relier ainsi les deux océans. Fiasco total, Panama n'est pas Suez. Mais alors que les engins sont laissés à l'abandon comme des dinosaures dans un parc à thème, la vie continue, la Colombie se bouscule, le rhum coule et le Panama fait sécession, prenant son indépendance de la Grande Colombie qui du coup ou de fait deviendra plus petite. Tu me diras que j'écourte l'histoire mais écoute, cette histoire elle ne s'écrit plus, elle se lit, elle est là devant tes yeux sur ces quelques pages, la grande vérité celle d'Altaminaro, celle de Conrad. Il y a de l'amour, il y a de la fièvre – souvent jaune, des orgasmes et le grand savoir de l'ingénierie française. Bien sûr, elle est exigeante, ne va pas croire que creuser la roche dans ce pays-là sera de tout repos, elle nécessite du temps, de la compréhension et des digressions. L'auteur digresse énormément, avec amusement, avec curiosité, sa manière à lui de t'interpeler et de te raconter son conte comme un mythe. du coup, pour garder le plaisir intact, je me tape un 12 ans d'âge, raffiné et généreux. Sorti de son contexte, je sens tes yeux révulsés d'horreur face à cet acte assumé de pédophilie. Alors je le replace dans son contexte, un Dictador de 12 ans, rhum colombien à la teinte topaze aux éclats ambrés. Des saveurs vanillées, florales, épicées et boisées… Belle vivacité, j'en attendais pas moins pour un 12 ans d'âge. Et voilà donc que moi aussi je digresse…

L'exigence, le maître mot de ce récit, à suivre sur toute sa longueur. Sais-tu que je me suis aussi pris d'amour pour un certain Don Papa de Masskara. Là encore tout est dans le contexte, tu es maintenant prêt de m'accuser d'homosexualité, même si ce n'est pas dérangeant au regard de la pédophilie, mais là encore je m'égare dans le calamansi et le siling labuyo. Encore une de ces digressions, les Philippines sont si loin de la Colombie, pourtant j'imagine déjà le polonais Konrad voguer parmi quelques pirates de ces mers, peut-être pour quoi pas jusqu'à la route des Caraïbes… Et pendant que je suis affalé dans mon fauteuil en cuir taupe avec mes bouteilles de rhum, l'indépendance du Panama se joue pendant la guerre des mille jours qui dura mille cent trente jours, il faut toujours être précis en histoire, comme en statistiques, ou en contexte, même avec les digressions nécessaires à captiver l'auditorat ou en l'occurrence ici le lectorat. Des Aventures comme celles-ci, tu en vivras peu, alors n'oublie pas le rhum, nécessaire à toute histoire de Colombie.
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L'auteur crée le personnage de José Altamirano, Colombien de naissance qui va s'établir à Colón pendant la construction du canal de Panama.
En 1880, les travaux du canal interocéanique débutent sous la direction de Ferdinand de Lesseps et seront suspendus en mai 1889 suite à la vente des actions (Bourse de Paris) qui se solda par un véritable échec. Les ingénieurs Français et leurs familles quittent Colón et regagnent leur pays. Ce qui deviendra le canal de Panama ne sera ouvert à la navigation qu'en 1914.
Ce livre, très intéressant, m'a beaucoup appris sur le canal, sur les Colombiens et les Panaméens dont Théodore Roosevelt reconnaîtra l'Indépendance le 6 novembre 1903.
Juan Gabriel Vásquez raconte fidèlement des périodes de la vie de Joseph Conrad [j'en ai vérifié tous les éléments cités] ; à la fin du roman, Joseph Conrad et José Altamirano se rencontre à Londres et, de cette rencontre naîtra « Nostromo », chef-d'oeuvre de Joseph Conrad.
Avis personnel : Une lecture très intéressante, certains passages historiques un peu longs mais dans l'ensemble j'ai apprécié le roman et le style qu'a pris le narrateur de s'adresser d'une manière courtoise dans ces termes : chers lecteurs et jurés.
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Vous prenez Sarah Bernhardt, Paris, La science et la religion, Victor Hugo, le bourgeois gentilhomme, Panama, Les Winchester, la Colombie, les trois mousquetaires et j'en passe, vous mélangez bien (au shaker pas à la cuillère) et ça donne un truc qui, pour reprendre une image entendue dans une librairie en Espagne au sujet des oeuvres d'Orhan Pamuk: "Es infumable"!
Tout au plus cela peut séduire des adolescents fascinés par tout ce qu'ils ne connaissent pas en matière de voyages, d'histoire ou de littérature. Mais, pour un lecteur cultivé ou non, c'est ultra ennuyeux et sans intérêt. (simple opinion)
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José Altamirano, colombien de naissance, débarque à Panama ou il fait la rencontre de Joseph Conrad. Celui-ci lui demande de lui raconter l'histoire de son pays, que Conrad publiera sous le nom de "Nostromo". Vingt ans plus tard, le narrateur qui se dit avoir été trahis par le grand écrivain, nous conte l'histoire du Costaguana, sa version. Corruption des politiques, pays gangréné par la violence, militaires barbares, le portrait est saisissant. Roman à la fois historique, fictionnel, aventureux, le roman met aussi en avant l'incroyable tragédie du peuple colombien. D'autant plus que Vasquez mélange avec un savant dosage vérités et fictions. le style est nerveux et efficace. le deuxième roman de cet auteur se lit avec grand plaisir, une belle découverte.
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Pour écrire Nostromo, histoire qui décrit les remous politiques du Costaguana, petit état fictif d'Amérique centrale, Conrad s'est basé sur la connaissance superficielle qu'il y a acquise lors d'un bref passage en 1876, ainsi que sur de nombreuses lectures.
Juan Gabriel Vasquez, qui y lit la transposition de l'histoire colombienne, imagine qu'il s'est inspiré du récit que lui en fit le héros de son roman, José Altamirano, de la construction du Canal de Panama à la sécession du Panama. Seulement la « vérité » de Conrad n'est pas la vérité de José Altamirano - qui n'est pas non plus la vérité historique objective, mais l'image de celle-ci, vécue par un antihéros amoureux vaguement transparent .

«  (Oui, chers historiens scandalisés : la vie des autres, même des personnages les plus éminents de la politique colombienne, dépend elle aussi de la version que j'en donne. Dans ce récit, c'est ma version qui compte. Pour vous, chers lecteurs, ce sera la seule. J'exagère, je déforme, je mens et je calomnie à outrance ? Vous n'avez pas moyen de le savoir.) »


Trois axes donc, essentiellement,
Une relation historique avec en toile de fond les coups de force militaires, les dictatures alternantes, les guerres civiles qui opposent au fil des années conservateurs et libéraux, factions opposées mais inséparables de cette nation « schizophrénique » ; et en plat de résistance l'imposture magistrale de la construction du Canal de Panama, ouvrant la porte à la sécession de l'Etat, et à l'immixtion des Etats-Unis d'Amérique.
Un roman malin mêlant intimement réalité et fiction, où l'auteur, s'adressant directement à son lecteur, commentant son procédé d'écriture, se référant à d'autres écrivains, interroge sur les droits et devoirs de l'écrivain, le sens de l'adaptation romanesque.
Un hommage à Joseph Conrad, le Grand Romancier, dont on suit les épisodes de vie qui répondent à ceux d'Altamirano

Cela donne un ouvrage foisonnant, plein d'enseignements quoique ludique, souvent brillant, mais parfois aussi confus et qu'on lit donc avec un intérêt qui s'estompe par moment. Comme si d'en vouloir trop faire, Vasquez s'était interdit l'approfondissement.
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Charmée par le talent de Juan Gabriel Vásquez, j'enchaîne sur un second roman qui, cette fois, nous entraîne dans la Colombie du XIXe siècle. Miguel Altamirano, un personnage idéaliste et fantasque pris dans les remous des guerres civiles qui s'enchaînent en Colombie depuis l'Indépendance espagnole, décide de s'installer au Panamá, alors province colombienne, dans la ville de Colón où il fera la connaissance de son fils José, le narrateur parti à sa recherche. le choix d'Altamirano n'est pas fortuit. C'est qu'à cette même époque, le début des années 1880, les travaux du canal de Panama sont en plein essor sous l'égide du célèbre Ferdinand de Lesseps. Fasciné par ce Français et son projet grandiose, Miguel se fait par voie de presse le porte-parole du Progrès et des avancées du chantier, toujours positives, destinées à rassurer les actionnaires. Il n'hésite pas à falsifier la réalité jusqu'au scandale qui vit s'arrêter les travaux en 1889 et Miguel courir à sa perte. La communauté française est très présente et c'est en son sein que José rencontrera son épouse, Charlotte. La débandade française qui succéda au scandale, les catastrophes naturelles, les maladies, laissent la ville de Colón exsangue et peu à peu désertée. Seul, José persiste à y vivre alors que se déclenche en 1899 1a guerre des Mille Jours qui voit s'affronter une fois de plus les libéraux et les conservateurs. Elle prendra fin en 1902. L'année suivante, l'Indépendance du Panamá sera acquise à coup de dollars par les Etats-Unis qui lorgnent sur le canal qu'ils achèveront en 1914.

Voici donc l'histoire que nous livre José Altamirano. S'il tient à le faire, c'est surtout pour rétablir une vérité et révéler la trahison dont il s'estime victime de la part du célèbre romancier Joseph Conrad, trahison qui porte le nom de Nostromo, roman paru en 1904. Conrad y raconte l'histoire du Costaguana, un état imaginaire caribéen, qui lui a été inspirée par le récit d'un exilé colombien...

out au long de Histoire secrète du Costaguana plane l'ombre de Conrad, dont l'auteur nous distille des éléments biographiques répondant comme en miroir à ceux de José Altamirano. D'hypothétiques correspondances qui liaient inexorablement les destins des deux hommes jusqu'au dénouement final. Une jolie trouvaille littéraire de la part de l'auteur qui non seulement rend hommage au célèbre écrivain voyageur, mais se réapproprie son histoire et venge ainsi son héros, José Altamirano !

Mêmes éloges de ma part que pour le précédent titre présenté. Un auteur qui tourne résolument le dos au réalisme magique sud-américain pour plonger sous les oripeaux d'une réalité historique où se dissimulent à la fois la force et la fragilité des personnages, de la Colombie et de son peuple. J'en redemande !
Lien : http://moustafette.canalblog..
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Après Les dénonciateurs, un premier roman prometteur, la lecture de Histoire secrète du Costaguana, nouvelle livraison de Juan Gabriel Vasquez, écrivain colombien de 36 ans, s'annonçait sous les meilleures auspices. Placée sous l'ombre tutélaire de Joseph Conrad, cette évocation de l'histoire colombienne au tournant du 20ème siècle ne pouvait être qu'échevelée et riche en rebondissements dans la plus pure tradition picaresque. Aux dires de la quatrième de couverture, c'est bien le cas, mais en réalité, si le roman galope à brides abattues, il n'en est pas moins fort confus et empêtré entre le destin d'un anti-héros (celui à qui Conrad a prétendument volé la mémoire pour écrire Nostromo) et la Grande Histoire, celle d'un pays schizophrène, la Colombie, qui finit par perdre sa province lointaine du Panama. Pour corser l'affaire, Vasquez conte avec force détails les déboires de Lesseps dans sa tentative de creuser le canal (de Panama) que les américains finiront par achever. Certes, le livre ne manque pas d'humour et de vivacité, mais il ressemble à une jungle où la chronologie est malmenée et où les personnages disparaissent aussi vite qu'ils sont entrés en scène, sans qu'on puisse s'y attacher. Devant la prose luxuriante de J.G Vasquez, que faire d'autre que déposer les armes ? Par lassitude, s'entend, pas pour saluer l'artiste. Pour plagier Salieri face à Mozart, on pourrait dire que ce roman a un gros défaut : il contient trop de mots.
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Dans ce roman, plusieurs histoires sont racontées simultanément, celles de la Colombie, celles du Panama et de son canal. On côtoie des aventuriers, des investisseurs accompagnant Ferdinand de Lesseps et des hommes politiques corrompus. On assiste aux retrouvailles d'un père fantasque avec son fils, José Altamirano, qui est le narrateur de ce récit. celui-ci a fréquenté l'écrivain Joseph Conrad qui l'a incité à raconter ses souvenirs, puis les a utilisés pour écrire son roman Nostromo. José Altamirano se sent "dépossédé de sa vie" et nourrit un sentiment de revanche.
Aurons-nous envie de lire Conrad ?
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Deux José/Jozef, celui de Colombie, narrateur, fils de Miguel Altamirano « Comprenez, je vous prie, que mon père était le récit de ma mère, un personnage, rien de plus que sa version des faits » et Jozef Teodor Konrad Korzeniowski (le futur Conrad).

Des rencontres, des souvenirs « le souvenir de Charlotte était devenu hermétique et antipathique », des écritures dont le Nostromo de Conrad, vrai faux récit de cette Costaguana.

Le coeur de l'Amérique centrale, la Colombie et son déchirement panaméen.

Des histoires, des contes, et toujours la violence, la guerre et le scandale du financement du canal de Lesseps.

Raconter, inventer, mêler des vies réelles et imaginaires, aimer en déraison et partir comme exil de soi « Mon pays brisé m'avait brisé de l'intérieur mais, à dix-sept ans, ma fille avait droit à une vie dégagée du poids de cette rupture, libre de l'ostracisme volontaire et des fantômes de l'exil (elle était de la chair de la chair de Colon, pas moi) » Confronter la création des histoires à l'invention de l'histoire nationale.

Troubles des rencontres improbables entre l'ange de l'Histoire, le journalisme aiguillonné par le progrès, les passions de Miguel et d'Antonia, de José et de Charlotte, de Conrad et des voyages. Un itinéraire dans le temps, d'autant plus réel qu'il s'ouvre aux inventions, aux interrogations et aux couleurs d'un grand écrivain.

Et pourquoi, comme l'auteur dans une note finale, ne pas reproduire une citation d'Une histoire du monde en 10 chapitre ½ de Julian Barnes « … nous inventons des fables. Nous racontons des histoires pour maquiller les faits que nous ne connaissons, ou que nous n'acceptons pas ; nous préservons un noyau de faits réels et nous brodons une nouvelle histoire. Notre panique, notre souffrance ne sont allégées que par des récits euphorisants. »
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