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Juan Gabriel Vasquez : le Bruit des choses qui tombent
Traduit de l'espagnol (Colombie) par Isabelle Gugnon
A paraître au Seuil le 23 août
Voici une des pépites de cette rentrée. Un roman plein d'histoires (et d'Histoire) qui brasse avec virtuosité une matière foisonnante. L'art de Juan Gabriel Vasquez est de rendre toute la richesse de l'expérience vécue avec ses multiples niveaux et recoins d'une façon aussi immédiate et évidente que la vie même. Entre le présent anarchique, buissonnant, fait de hasards, d'incohérences, de surgissements, et le destin qui se dessine à l'échelle d'une vie, existe un hiatus qui turlupine tout romancier qui se respecte et que Juan Gabriel Vasquez semble avoir mis à jour !
Le narrateur, Antonio, jeune professeur de droit, est gravement blessé dans un attentat qui vise et tue le mystérieux Ricardo Laverde, rencontre évanescente faite quelques mois plus tôt dans un bar où il a quelques habitudes. Cet événement bouleverse Antonio dont l'existence perd désormais toute consistance alors même qu'il s'éprend d'une de ses élèves, lui fait un enfant et l'épouse. Il n'est plus que l'ombre de lui-même, hanté par la mort : la sienne, évitée d'un cheveu, et celle de Ricardo Laverde dont il a recueilli les derniers instants. Quel sens donner aux derniers instants d'une vie dont on ne sait par ailleurs presque rien ? Cette énigme habite Antonio comme un fantôme.
Cette idée d'une vie posée en énigme dont la résolution s'impose au narrateur, voilà déjà un beau dispositif !
Quelque chose se dénoue pour Antonio lorsqu'une certaine Maya l'appelle et se présente comme la fille de Ricardo Laverde. Ensemble, ils vont faire de grandes excursions dans le passé et reconstituer à partir d'indices, de lettres, de photos une vie emplie de drames, qui croise l'Histoire de la Colombie, notamment son armée et ses trafiquants de drogue (Pablo Escobar) etc. On découvre le père de Ricardo Laverde, héros national de l'aviation, puis sa femme, américaine idéaliste et très attachante venue en Colombie par une association humanitaire.
Dans son essence, la vie du défunt Laverde (une vie manquée, jusqu'au dernier rendez-vous), semble se confondre alors avec le récit que peuvent en faire Antonio et Maya, après coup.
On présent aussi, sans avoir mis les pieds en Colombie, que ce roman capte l'air du temps et appartient à la génération de l'écrivain né à Bogotà en 1973. Un roman qui mêle magnifiquement l'histoire de son pays, l'air du temps et le poids de quelques existences.
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Séduit par la couverture de l'édition espagnole (un gars dans la pénombre qui joue au billard sur tapis rouge) et par la 4ème de couverture, les premières pages m'ont séduit à cause du mystère qui entourait une narration qui laissait présager un univers sombre puis, au même moment où l'auteur a commencé à déblatérer "sa" culture, j'ai regardé la première page où il était question de l'auteur. Et c'était le même que "L'histoire secrète de Costaguana"!, ouvrage d'un ennui mortel selon moi (et pâle ressemblance avec "Boussole" de Mathias Enard. Après le coup du déballage culturel gratuit, ça a été les échographies du bébé, des phrases répétées à l'infini. Bref, je n'ai pas aimé du tout. Pour avoir une pleine mesure de la Colombie, je trouve que "Eva y las fieras" (Eve et les bêtes sauvages) d'Antonio Untar est plutôt parfait sur l'apport historique et documentaire comme sur le plan littéraire.
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Un grand plaisir de lecture pour un roman tout en nuance.

Le récit se situe en Colombie et fait revivre le passé d'enfants dont les parents on été mêlés au trafic de drogue.

Ce n'est pas un roman style reportage qui permet d'apprendre tout sur le quartel de Medellin ou la personnalité d'Escobar, mais à travers les questions que se pose le personnage principal on comprend peu à peu les différents drames de ce pays.

Antonio Yammara rencontre un homme qui a fait 20 ans de prison, celui-ci est victime d'un attentat au cours duquel il est lui-même grièvement blessé.


Sa vie en est totalement bouleversée et, pour s'en sortir, il veut comprendre qui était Ricardo Laverde.
Cette quête permettra à l'écrivain de nous décrire les années sombres de Colombie .


J ai apprécié toutes les réflexions sur la mémoire et les souvenirs.

La frontière entre le bien et le mal est assez difficile à tracer , à la fin du roman on ne sait toujours pas qui était vraiment Ricardo Laverde ni pourquoi exactement, il a été tué . Au fil des pages on se trouve pris dans une ambiance assez lourde et triste que je pense assez proche de la la réalité.

Le titre est très bien trouvé et à lui seul résume le roman,mais je vous laisse découvrir pourquoi.


Plusieurs fois je me suis dit que si j'avais vécu sur place , je n 'aurais pas mieux compris les différents enjeux de ce pays que les personnages du roman.





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En cette rentrée littéraire, trois auteurs latino-américains, de la même génération, se penchent sur le passé récent de leurs pays respectifs, tumultueux et violent, qu'ils n'ont connu qu'enfant ou adolescent : le chilien Alejando Zambra (né en 1975), l'argentin Patricio Pron (1975) et le colombien Juan Gabriel Vasquez (1973). Trois romans qui ont en commun d'être à la fois une quête, existentielle, et une enquête, sur des événements qui symbolisent le legs sanglant d'une époque. Aucun n'affronte directement les faits qui, reconstitués, n'ont qu'une valeur symbolique pour compléter les failles de toute une génération dont l'héritage est trop lourd. Des trois romans évoqués, celui de J.G Vasquez est le plus touchant et le plus convaincant. Parce qu'il réussit le mieux la jonction entre deux périodes avec son personnage principal qui a souffert dans sa chair la barbarie d'un pays livré aux narco-traficants. Inutile de dire que cet homme ne s'est jamais remis de l'attentat qu'il a subi même s'il n'était pas directement visé. Tout l'art de l'écrivain colombien, qui signe ici son meilleur livre, est d'entrer dans l'intime, de plonger au plus profond dans la psychologie de ce trentenaire déboussolé, sur le point de gâcher sa vie, qui n'a de cesse de comprendre ce qui lui est arrivé. le style fluide et évocateur de l'auteur fait merveille et raconte avec une sérénité inquiète l'histoire de son pays. Il y a de très belles pages sur Bogota, cette incroyable ville haut perchée, sur son âme, ses habitants et leur fatalisme. le bruit des choses est bourré de détails qui font sens sans que jamais le romancier n'ait besoin de crier son désarroi ou son indignation. C'est un livre écrit mezza voce, qui a d'autant plus le pouvoir d'émouvoir.
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Colombie, début des années 2000. Un homme dresse le bilan de sa vie. Il a été traumatisé après le meurtre d'un homme, Ricardo, qui n'était pas encore son ami, meurtre au cours duquel il a été gravement blessé. Guéri physiquement, pour tenter de se libérer de son angoisse, il tente de résoudre l'énigme de la destinée de Ricardo. Qui était vraiment cet homme ? Quelle était sa vie ? Pourquoi a-t-il été assassiné ? L'auteur nous plonge dans une Colombie marquée par la violence, tente de comprendre comment les individus peuvent ou ne peuvent pas se défaire des traumatismes causés par L Histoire.
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En 1996, Antonio Yammara, jeune avocat et professeur d'université, se lie d'amitié autour d'une table de billard avec un certain Laverde, homme mystérieux et taiseux dont on dit qu'il sort de prison. Un soir, ce dernier est assassiné en pleine rue sous les yeux du narrateur qui, lui-même blessé, va tenter quelques années après d'en savoir plus sur ce Laverde tout en gérant ses propres angoisses post-traumatiques. Aidé par la fille de Laverde, il remontera peu à peu l'histoire de cet homme dont la mort s'enracine quelques décennies plus tôt quand Pablo Escobar régnait en parallèle sur une Colombie qu'il mit bientôt à feu et à sang. La mort de Laverde risque bien de changer la vie d'Antonio qui vient de devenir père.

Que voilà un roman intelligent comme je les aime, mêlant petite et grande histoire. Cette plongée dans les années 70-80 est abordée sous un angle intéressant, loin des épopées sanglantes des cartels de la drogue, celui du quotidien d'un homme, Laverde, qui se retrouve à réaliser un rêve, à fonder une famille et à devoir choisir comment faire perdurer le tout. Il y est question d'amour, de transmission, de choix de vie, de disparitions et de mort (je vous laisse découvrir à quoi se réfère le titre), le tout sur un fond historique passionnant dont mes seules connaissances se résumaient aux bulletins d'informations de l'époque concernant la guerre des narcotrafiquants. J'ai énormément apprécié le talent de l'auteur à conjuguer la banalité des hommes et la tragédie de son pays pour laisser en héritage, à ceux qui n'ont pas connu cette époque, le soin de transformer ce fardeau morbide et crapuleux en élan de vie. Une bien belle et émouvante histoire, avec en prime, une balade parfumée et colorée entre Bogotá la montagneuse et la moiteur de la vallée du Magdalena.
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Juan Gabriel Vásquez a une plume limpide et son roman, remarquablement construit, est à la fois l'histoire d'une famille et de tout un pays, depuis les glorieuses heures de son indépendance à la naissance des cartels et jusqu'à aujourd'hui.
Avec une facilité déconcertante, il aborde ici une multitude de sujets : l'attitude de pays colonisé qu'a pu garder la Colombie, l'amour paternel, le deuil, la perte des idéaux, l'essor du trafic de drogue et ses conséquences sur la population… le tout sans que l'on s'ennuie une seconde ou qu'on ait l'impression de lire un reportage. le bruit des choses qui tombent est au contraire extrêmement romanesque et très sensible. Je compte bien lire d'autres romans de cet auteur très prometteur.

https://des-romans-mais-pas-seulement.fr/romans/le-bruit-des-choses-qui-tombent-juan-gabriel-vasquez/
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A l'aube de ses quarante ans, Antonio Yammara se souvient de Ricardo Laverde, un homme très secret qu'il a fréquenté dans une salle de billard à Bogotá. Un soir, alors qu'ils marchent dans la rue, deux hommes à moto abattent Laverde et blessent grièvement Antonio.

A la suite de cet épisode traumatique, Antonio n'est plus le même, il a peur de tout, du noir, de la ville. Deux ans plus tard, il reçoit l'appel d'une femme qui dit s'appeler Maya et qui serait la fille de Ricardo Laverde. Comprenant que pour pouvoir se débarrasser de son angoisse, il doit résoudre l'énigme Laverde, il décide de la rejoindre. Ensemble ils vont remonter le fil du passé et des souvenirs. A travers le témoignage de Maya et les lettres de ses parents, Antonio découvre peu à peu le passé de cet homme qui l'obsède tant.

Le titre énigmatique de ce roman m'a tout de suite attirée. En l'ouvrant, j'ai fait une plongée vertigineuse dans la Colombie à la fin des années 60, tiraillée par les trafics de drogue et la corruption. On suit le narrateur dans les ruelles de la Candelaria, au coeur de Bogotá, cette ville où la nuit tombe en quelques secondes, et sur les routes poussiéreuses de la Dorada, dans la vallée de Magdalena.

Dès les premières pages, j'ai été intriguée par cet homme, Ricardo Laverde : il parle peu, se confie rarement. le narrateur ne sait pas grand chose de sa vie et nous non plus. On a envie d'en savoir plus.

L'écriture de Juan Gabriel Vásquez est sensible, très évocatrice : les mots nous transportent immédiatement. J'ai été fascinée par sa façon de raconter les histoires, la puissance poétique de ses mots et la beauté de certaines réflexions sur la mémoire, le souvenir et l'être humain en général.
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J'avais peut-être trop d'attentes vis-à-vis de ce roman. J'avais surtout envie de quelque chose de plus linéaire, et sa construction en tiroirs gigognes ne m'a pas convaincue. J'ai fini le livre rapidement, mais sans m'être vraiment intéressée aux personnages, et sans y avoir été séduite par l'écriture. Seul le souvenir que les personnages ont du conflit armé à Bogota,dans les années 70-80 où ils étaient enfants, a retenu mon attention.
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La rencontre avec ce livre se fit d'abord par sa couverture. Elle m'évoquait un autre roman, policier celui là, de Tonino Benacquista Trois carrés rouges sur fond noir”. Hormis les boules, une rouge, une blanche et une queue de billard, la comparaison entre ces deux romans s'arrête à la couverture mais c'est quand même pour elle que j'ai choisi ce livre. Pour Benacquista, le billard était la raison de vivre de son personnage principal, pour Juan Gabriel Vasquez (normalement, sur Vasquez le a est avec avec accent aigu mais je ne sais pas le faire sur mon clavier - je sais, j'aurais pu chercher sur Internet mais je préfère m'en remettre à vous), c'est dans une salle de billard que se rencontre les protagonistes : le narrateur, Antonio, la quarantaine (mais seulement 26 ans lors de la rencontre), professeur d'université et Antonio, d'une bonne vingtaine d'années son aîné, homme secret et dont on pressent un lourd passé.

C'est en lisant dans la presse la mort d'un hippopotame ayant fait partie du zoo mégalo de Pablo Escobar qu'Antonio se remémore, quelques années auparavant, le germe d'une amitié qui le noua à Ricardo Valverde. Avant que celui ci ne soit assassiné en pleine rue de Bogota en compagnie d'Antonio qui lui, sera blessé. Les éléments pourraient être en place pour un roman policier mais cela n'intéresse pas l'auteur.

Il se penche sur le ressenti d'Antonio qui s'il se remet peu à peu de ses blessures sombre dans une dépression liée bien sûr à l'attentat qu'il vient de subir mais également à cette jeunesse dans laquelle la violence était partout, ses anniversaires marqués par les meurtres commis par Escobar et par la guerre des cartels. A travers son personnage, Vasquez s'interroge sur les répercussions subies par quelqu'un qui naît en même temps que le trafic de drogue. Antonio est persuadé qu'il doit comprendre la mort de Ricardo pour comprendre pourquoi il est si difficile pour lui de se remettre de cet acte terroriste. Avec Maya, la fille de Ricardo, qui cherche à réunir le maximum de témoignage sur son père, il va enquêter sur le passé, sur l'histoire de son pays pour essayer de décoder sa propre vie.
Les choses qui tombent ce sont avant tout les avions puisque Ricardo, pilote, est doublement touché par des accidents d'avions mais c'est surtout, pour l'auteur, les répercussions que le terrorisme lié au marché de la drogue, ont sur la vie privé des gens, sur l'éducation de leurs enfants pendant les années 80 en Colombie. Comment peut-on grandir, devenir adulte, dans un pays où la terreur est omniprésente ?
Lien : http://avelbre.fr/2012/10/le..
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