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Citations sur La guerre des pauvres (93)

« Ce ne sont pas les paysans qui se soulèvent, c'est Dieu!» aurait dit Luther, au départ, dans un cri admiratif épouvanté. Mais ce n'était pas Dieu. C'étaient bien les paysans qui se soulevaient. A moins d'appeler Dieu la faim, la maladie, l'humiliation, la guenille. Ce n'est pas Dieu qui se soulève, c'est la corvée, les censives, les dîmes, la mainmorte, le loyer, la taille, le viatique, la récolte de paille, le droit de première nuit, les nez coupés, les yeux crevés, les corps brûlés, roués, tenaillés.
Les querelles sur l'au-delà portent en réalité sur les choses de ce monde.
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Ce n'est pas Dieu qui se soulève, c'est la corvée, les censives, les dîmes, la mainmorte, le loyer, la taille, le viatique, la récolte de paille, le droit de première nuit, les nez coupés, les yeux crevés, les corps brûlés, roués, tenaillés.
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Ils voient le petit homme sous le grand fardeau. Ils voient une homme comme eux, corps entravé. Que c'est petit un homme, c'est fragile et violent, inconstant et sévère, énergique et rempli d'angoisse. Un regard. Un visage. Un peau.
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Et il écrit lettre sur lettre, sa première guerre est d'écriture. Et il sait écrire, Thomas Müntzer, il a quelque chose de vif et de funeste, une haine attisée, le tour méchant, de la douceur aussi. [...]Mais Müntzer est un homme d'action, ce qu'il écrit l'emporte. Il ne méprise pas l'homme ordinaire, il ne méprise pas le commun.
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Oui, il est inspiré par Dieu, mais Dieu, alors, c'est la cicatrice réelle, c'est le commerce des vagues, "une liasse noircie de frustrations et de torpeurs".
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Ces mêmes mots qui changent de forme, de ton mais pas de cible, et qui, lorsqu’ils reviennent au monde, toujours s’acharnent contre l’argent, la force et le pouvoir [...] , ces mots vont petit à petit devenir les nôtres
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Ainsi, en trois ans, on en fit cent quatre-vingts, pendant qu’un seul moine, lui, n’en aurait copié qu’une. Et les livres s’étaient multipliés comme les vers dans le corps.
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On veut des histoires, ça éclaire dit-on ; et plus l’histoire est vraie, mieux on l’aime. Mais les histoires vraies, personne ne sait en raconter. Pourtant, on est fait d’histoires, on nous a tenus avec ça depuis l’enfance : “Écoutez ! Lisez ! Regardez !”, que notre vérité soit faite, qu’elle nous touche au plus près et nous repousse le plus loin possible avec des images et des mots.
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Mais ce fut d’abord en Angleterre, deux siècles plus tôt, qu’on fit le grand saut. John Wyclif avait eu une idée, oh ! une toute petite idée, une idée de rien du tout, mais qui devait faire beaucoup de bruit. John Wyclif eut l’idée qu’il existe une relation directe entre les hommes et Dieu. De cette première idée découle, logiquement, que chacun peut se guider lui-même grâce aux Écritures. Et de cette deuxième idée en découle une troisième : les prélats ne sont plus nécessaires. Conséquence : il faut traduire la Bible en anglais. Wyclif – qui n’était pas, comme on le voit, à court d’idées – eut encore deux ou trois autres pensées terribles : ainsi, il proposa qu’on désigne les papes par tirage au sort. Dans son élan, il n’était plus à une folie près, il déclara que l’esclavage est un péché. Puis il affirma que le clergé devait vivre désormais selon la pauvreté évangélique. Enfin, pour vraiment emmerder le monde, il répudia la transsubstantiation, comme une aberration mentale. Et, pour finir, il eut sa plus terrible idée, et prôna l’égalité des hommes.
Alors, il pleut des bulles. Le pape se fâche et quand le pape se fâche, il pleut des bulles. Traduire la Vulgate en anglais, quelle horreur !
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Surtout, il s’en prend au latin. Il oppose la simplicité du peuple au latin, et cette simplicité n’est pas vulgaire, elle peut être convertie. La boue, c’est de l’or. Et tandis que Luther traduit la Bible en allemand, Müntzer s’adresse dans leur langue à ceux qui ne savent pas lire.
Il va plus loin que Luther. Sa messe en allemand soulève un tollé. Les gens viennent des alentours d’Allstedt écouter la parole de Dieu, des foules se déplacent pour entendre un prêtre s’adresser à eux pour la première fois dans leur langue. Dans l’église d’Allstedt, Dieu parle allemand.
Aussitôt, des ennemis se dressent. Le comte Ernest de Mansfeld promet le fer à ceux de ses sujets qui se rendraient à Allstedt écouter Müntzer. Car les ouvriers, les artisans, toute une population ignare, les bourgeois même, se pressent. On veut entendre la Parole en allemand, on veut enfin savoir ce qu’on nous racontait depuis si longtemps dans cette langue étrange : on en a marre de répéter amen et ces couplets que l’on ne comprend pas. Et ce n’est pas insulter Dieu que de lui demander gentiment de parler notre langue.
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