Comme
Ocean Vuong, le narrateur de son roman, Little Dog, naît à Saïgon à la fin des années 1980. A l'âge de 2 ans, il arrive dans
le Connecticut grâce à l'Amerasian Act, une loi qui permet aux « sang-mêlé » de père américain d'émigrer aux États-Unis.
L'auteur peint son enfance entre une mère employée dans un bar à ongles, brutale et colérique, et une grand-mère charmeuse, conteuse née, schizophrène. Son récit prend la forme d'une longue lettre à sa mère. Lettre toujours recommencée, emplie de doutes. Mère qui ne la lira pas parce qu'elle est analphabète.
Il dit la souffrance du « yellow /white « celui qui a la peau trop claire pour un Vietnamien et pas assez pour un Américain." Sa détermination à ressembler au canon dominant – Si Little Dog s'intègre, c'est avec une joie coupable, incrédule. En sachant qu'il n'y parviendra jamais vraiment.
La première partie, essentiellement centrée sur la vie familiale de « Little dog » est très poétique et j'ai été embarquée dans cette vie chaotique et pleine de tendresse aussi, il y a des réflexions très profondes (et comiques en même temps) sur la difficulté de communiquer : « Nul objet n'est dans un rapport constant avec le plaisir, écrivait
Roland Barthes, cependant pour l'écrivain, c'est la langue maternelle. » Mais que se passe-t-il quand la langue maternelle est atrophiée ? », (…) « le vietnamien que je possède est celui que tu m'as transmis, celui dont la diction et la syntaxe ne dépassent pas le niveau élémentaire »,
Les deuxième et troisième parties sont plus centrées sur la découverte de son homosexualité, son éveil au désir. Ses premiers émois, dans un champ de tabac, avec le jeune Trevor. Et le père de Trevor, épave chargée d'alcool, parlant de Little Dog comme du « petit Chinetoque », l'un de ceux à qui l'oncle James « a mis une bonne raclée dans la jungle (…). Tu sais ça, Trev ? (…) Comment il en a cramé quatre dans un fossé avec de l'essence ? «
Ce livre est un peu inégal, les deux dernières parties sont trop longues, trop abruptes, trop violentes, écrites dans un style saccadé, haché. Mais rien que pour le début et certaines pages il vaut la peine d'être lu. C'est un mélange de cauchemar et de rêve américain, de délicatesse et de cruauté.