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Dans cette uchronie qui se passe eu XXème siècle, entre les années soixante et quatre-vint-dix (mais surtout soixante-soixante-dix), l'Algérie est bien redevenue libre mais pas certaines enclaves, en particulier la ville d'Alger, indépendante et lieu de toutes les expérimentations, convoitée par les deux pays, la France étant la proie d'une dictature.
L'auteur écrit sur ce qu'il connaît : l'Algérie de l'époque, la musique psychédélique et la drogue au temps des hippies (ici il s'agit des vautriens, nouvelle appellation, en référence - sans doute au mot vaurien).
Une incursion à Biarritz devenue une sorte de Woodstock est la date de référence pour tous ces musiciens déjantés.
Mais pourquoi donc ai-je choisi ce livre ? Je croyais retrouver ma jeunesse, mais j'en étais bien loin... J'ai eu beaucoup de mal à le terminer, cependant je mets un point d'honneur à toujours finir un livre commencé. Et qu'en est-il pour vous ? Voilà un bon sujet de discussion.
Chaque histoire est narrée à la première personne du singulier par plusieurs membres de deux familles (si je ne me trompe pas), on saute des uns aux autres sans explications.
Le seul point positif pour moi est l'idéologie pacifiste qui imprègne le récit (représentée par le prophète, un déserteur de l'armée français parti prêcher dans le désert).
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La guerre d'Algérie est terminée, seule reste française l'enclave algéroise. A partir de là, l'auteur invente les "Vautriens", des sortes d'hippies et l'on découvre la Californie des "sixties" à la mode Algéroise. C'est assez déroutant. Il semble que Roland C. Wagner nous parle de ce qu'il connait, les événements d'Algérie, le milieu des Hippies et qu'il se soit contenté de les transposer dans une Algérie futuriste, même si elle reste contemporaine. Quant au récit proprement dit, son manque de fluidité, sa polyphonie, ses changements d'époques, les méandres empruntés en font une lecture qui tend à semer son lecteur dans la Casbah. Malgré l'épaisseur du livre, j'ai la désagréable impréssion que l'intrigue se résume à peu de chose.



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Il y a des années maintenant, quand RCW m'avait parlé de ce projet d'uchronie sur l'Algérie, j'avais été bluffé une première fois. L'idée me semblait incroyablement audacieuse. Oserais-je avouer que j'ai cru, à une certaine époque, qu'il n'en viendrait jamais à bout, et qu'il finirait par laisser tomber ? Et puis, j'ai dû me rendre à l'évidence : RCW est de la race des têtus, des opiniâtres (je le savais, pourtant). Et j'ai été bluffé une seconde fois.
Voilà, je viens de terminer Rêves de Gloire. Et je suis bluffé, une troisième fois. Jamais deux sans trois, rappelle la sagesse populaire.
Tout le monde a lu la 4e de couverture du roman, ou, déjà, quelques chroniques sur la toile, et donc je ne gâcherai le plaisir de la découverte à personne en rappelant que le fameux « point de divergence » uchronique semble être l'attentat de 1960 contre le général De Gaulle, attentat réussi dans Rêves de Gloire. Mais tout est dans le « semble », car on s'apercevra vite qu'il est possible de trouver des divergences un peu antérieures (l'une concerne les événements de Budapest en 1956). C'est ce qui fait l'analogie entre ce roman et le classique Maître du Haut-Château , analogie ouvertement assumée et revendiquée d'ailleurs — même s'il ne faut pas en exagérer l'importance : l'uchronie wagnérienne penche du côté des univers parallèles, mais reste cependant une uchronie dans la règle de l'art (si, si, il y a une règle de l'art de l'uchronie qui est : Arrgh….). Simplement (si j'ose écrire), elle évite le piège du trop visible et dictatorial point de divergence unique. On dira qu'il y a saupoudrage modéré de points de divergences, assez large pour surprendre le lecteur, mais suffisamment contrôlé, cependant, pour lui éviter de perdre pied. La compréhension — et l'interprétation, surtout — du mécanisme uchronique demeure un enjeu majeur du récit. Bref, on n'est pas dans le n'importe quoi (du genre de celui, parfois sympathique, mais qui commence à me gonfler sévère, du « steampunk » dans sa dérive superficielle et envahissante actuelle).
Le tour de force de RCW, c'est de profiter de cette uchronie pour bâtir une sorte de version alternative prodigieusement détaillée et vraie (on se comprend) de l'histoire des mouvements communautaires… alternatifs des années soixante-soixante-dix du siècle dernier, basés, en très très gros, sur la non violence, le rock, l'adoration des vinyles et le LSD… et de faire de la casbah d'un Alger uchronique, un des hauts lieux d'un de ces mouvements imaginaires ! Ou plutôt, le tour de force, c'est de rendre tout cela parfaitement plausible ! Je me demande qui d'autre que RCW aurait pu réussir une chose pareille !
Je sors de la lecture de Rêves de Gloire avec une culture toute neuve — et aux neuf dixièmes, au moins, imaginaire — sur le monde de la musique rock, qui va me permettre de me ridiculiser encore davantage en société sur ce sujet ! (1)
Comment un truc pareil peut-il tenir debout ?
L'astuce consiste à tisser la trame du roman à partir d'une foultitude de fils qui sont autant d'histoires personnelles, se déroulant à des époques différentes, sur une durée d'une quarantaine d'années environ. On est un peu perdu au début, mais RCW sait remarquablement caractériser ses personnages, et l'impression de confusion ne dure pas. Tout au contraire, on se met rapidement à attendre le retour de telle ou telle « voix » (et « voie »), qui va révéler tel détail éclairant (ou non, RCW a le sens du suspense..) l'ensemble. Et on s'y attache, à ces personnages… On en oublie presque que l'on est dans une uchronie… presque, seulement, car de temps à autre, on est obligé de recadrer dans son esprit l'image générale que l'on s'était fabriquée (attention, ce roman est un roman de SF, c'est-à-dire qu'il demande AUSSI de l'imagination à son lecteur…)
Je me rends compte qu'il serait un peu stupide d'en dire davantage (2) ; il faut s'immerger dans ce livre, qui est aussi, lâchons une expression un peu pompeuse, un roman philosophique s'interrogeant sur le sens de la vie. Sans apporter de réponse, fort heureusement, car il n'y en a pas (enfin... disons que la réponse, c'est la question).
Un chef-d'oeuvre, de mon point de vue, et l'uchronie française la plus originale et plus aboutie depuis… depuis… depuis…

Oncle Joe

(1) Par prudence – j'aime bien le rock écrit et décrit, mais il ne faut pas abuser de son son (hum…) — j'ai lu le roman en écoutant des tas de quintettes de Boccherini (9 volumes, ce qui fait 18 CDs, par La Magnifica Comunita, Brillant Classic (pas cher et sublime)).
(2) Tout de même… quelle fête que de repérer les innombrables et savoureux clins d'oeil… les citations cachées… les skorpis… qui fuient dans la nuit épouvantable…
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Magistrale uchronie, obsessionnelle et non dénuée d'humour...

Avec ces 700 pages publiées il y a quelques jours, Roland C. Wagner signe un roman magistral. Grâce à un magnifique double détour (l'utilisation en toile de fond d'une Algérie ayant évolué « très différemment » à partir de l'assassinat réussi du général De Gaulle en octobre 1960 – et le recours en narrateur « principal » à un acharné collectionneur contemporain de vinyls rock rares), l'auteur nous entraîne dans un dense tourbillon où l'on côtoiera toutes sortes d'activistes, de pacifistes, de musiciens, de drogués, de gourous, de juntes militaires ou de barbouzes, avec à l'occasion de singuliers personnages tels un cornélien adjudant-chef de la Légion, une égérie aussi permanente qu'anonyme, une coopératrice aussi généreuse que redoutable, une surprenante héritière, un guitariste antillais égal de Jimi Hendrix, et encore quelques autres..., tourbillon dans lequel un 45 tours mythique devient un enjeu aussi surprenant qu'essentiel.

Nostalgie, tendresse, ironie et réflexion socio-politique se partagent habilement ce petit monument de passion, passion de la musique bien entendu, mais aussi et peut-être surtout, malgré l'apparence, passion des humains décidés et cohérents, particulièrement dans ce qui semble leurs errances. La référence « Rock Machine / Little Heroes » du grand Spinrad de 1987 est ici largement éclipsée. Si l'on sourit beaucoup au cours de cette lecture (le destin musical de l'Algérois et les rusées francisations des mots anglais du rock ou de la géopolitique contemporaine, par exemple !), on y médite aussi beaucoup, jusqu'à son final pourtant effréné.

Seuls regrets à mon goût, qui empêchent cet excellent roman de rejoindre les absolus chefs d'oeuvre : une part « trop élevée » de références fictives pour collectionneurs maniaques, qui, si elle contribue clairement à installer et nourrir l'ambiance, pourra épuiser au bout d'un moment le lecteur qui ne partagerait pas à 100 % cette passion, et une polyphonie trop discrète, qui rend délicat le suivi des narrateurs et narratrices dont beaucoup parlent d'une voix trop similaire... Défauts toutefois mineurs qui ne gâchent que très peu l'ambition à l'oeuvre et le grand plaisir de cette lecture.

Et comme le dit l'exergue du roman : « C'est pour cela que je préfère maintenant des bouquins qui obligeraient les gens à prendre conscience. Mais c'est beaucoup plus difficile, parce que ce que les gens qui tiennent les leviers veulent, ce sont des livres qui apportent une certaine qualité de rêve qui permet d'éviter de donner une certaine qualité de vie. » (Louis Thirion)
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Dans l'Algérois resté français après la mort du général De Gaulle en 1960, un collectionneur de disques tombe sur un vinyle qu'il ne connait pas en consultant un site d'enchères sur internet. Intrigué, il cherche à en savoir plus, mais il se rend vite compte que ce disque porte malheur à quiconque l'a entre les mains. Mais cet album, "Rêves de Gloire" des Glorieux Fellaghas, a-t-il un lien avec les événements qui se sont produits dans le pays quelques années auparavant ? le mystère reste entier...

Le moins que l'on puisse dire, c'est que Rêves de Gloire n'est pas un livre facile à chroniquer.


Déjà, il y a l'émotion qui envahit le chroniqueur à chaque fois que celui-ci pense à l'auteur de ce merveilleux roman qui a reçu, entre autre, le prix Utopiales en 2011 (j'y étais !). En effet, est-il utile de rappeler que Roland C. Wagner, l'un des plus grands noms de la science-fiction francophone contemporaine, nous a quitté un satané jour d'août 2012 ?

Ensuite, il y a la difficulté de rendre compte d'un livre qui est tout sauf linéaire. Contrairement à ce que pourrait laisser penser le petit résumé qui introduit cette chronique, ce roman de près de 700 pages ne se focalise pas sur un seul personnage, ni sur une seule époque. Bien au contraire ! Dans Rêves de Gloire, plusieurs fils narratifs se croisent et s'entrecroisent sur plusieurs moments de l'histoire qui nous est narrée ici, ainsi que sur plusieurs moments de l'Histoire alternative qui nous est proposée. Comme on l'imagine aisément, tous les fils vont finir par se recouper. C'est d'ailleurs l'une des grandes forces de ce roman : laisser voir alternativement plusieurs morceaux d'un grand tout, un peu comme des pièces d'un gigantesque puzzle que l'on découvre au fur et à mesure. Et ce qui est le plus admirable encore dans ce livre, c'est que malgré l'hermétisme de l'intrigue (du moins au début) mise en place par l'auteur (qui connait parfaitement son sujet, étant né sur place en 1960 et ayant regroupé une documentation très importante), malgré la complexité de l'Histoire réinventée (parce que même (ré)inventée, L Histoire ne peut être que complexe), malgré la forme assez périlleuse, pour ne pas dire casse-gueule, choisie par Wagner (chaque protagoniste parle à la première personne du singulier et n'est jamais nommé), jamais le lecteur ne se trouve perdu dans cette accumulation de complexité qui pourrait, rapidement, devenir rédhibitoire. Bien sûr, le lecteur peut s'y perdre un peu lorsqu'il passe d'un personnage masculin à un personnage féminin, d'une époque à une autre. Je mentirais si je disais que j'ai tout compris, tout de suite... Cependant, au final, alors que toutes les pièces se trouvent enfin en place, que le lien entre tous les personnages s'est enfin établi, que la grande fresque uchronique est enfin déroulée sous nos yeux, on ne peut s'empêcher de pousser un "Waow !" de satisfaction. Car oui, pour une fois, la quatrième de couverture (je ne les lis même plus) n'est pas mensonger : "Rêves de Gloire" est un roman jubilatoire !

Enfin, il y a la confession que doit ici faire le chroniqueur par rapport à ce bouquin qu'il ne voulait pas lire, à cause du thème principal dans lequel baigne en permanence ce roman : le rock. Comme je le disais dans la chronique précédant celle-là, ce n'est pas vraiment ma tasse de thé, la musique, et ce livre ne parle que de ça. Pour les non-initiés, il faut dire que Roland C. Wagner avait deux passions culturelle dans la vie : la SF et le rock and roll (il fut même un temps le chanteur/parolier d'un groupe : Brain Damage). Les 700 pages de ce roman sont donc un vibrant hommage à ces deux pôles de l'immense culture de cet auteur aussi gouailleur qu'intelligent. D'ailleurs, et je ne m'attarderais pas trop longtemps sur ma vie privée rassurez-vous, les quelques mots que j'ai pu échanger avec Roland un jour aux Utopiales avaient un rapport avec le rock. Et pourtant, je ne peux pas dire que, personnellement, ça me passionne. Et c'est bien pour ça que, malgré le contexte (même revisité) de la guerre d'Algérie (à laquelle mon père a laissé une partie de sa jeunesse), je serais passé à côté de ce roman... s'il n'y avait eu Bifrost. Oui, le Bifrost n°69 dont le thème principal était les interactions entre la SF et la culture rock, où Rêves de Gloire avait une place de choix. Bon, Bifrost et aussi un peu la médiathèque de ma ville qui le proposait à l'emprunt (heureusement d'ailleurs car 25€, même pour un roman de cette taille, s'avère une sacrée somme pour un bouquin non traduit ; ce sera d'ailleurs la seule critique négative que je pourrais faire à Rêves de Gloire).

Voilà, vous l'aurez compris, je ne saurais trop vous recommander la lecture de ce formidable roman qui se révèle d'une beauté incroyable de bout en bout. Un grand oeuvre à lire de toute d'urgence !

A.C. de Haenne
Lien : http://les-murmures.blogspot..
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J'adore l'uchronie: cette possibilité d'intégrer un changement historique dans un roman est fantastique. Bon c'est dit.
Ici nous avons un roman polyphonique, c'est vrai. Un roman uchronique qui donne à Alger une situation à certains égards identique à San Francisco dans les années 60, c'est vrai. Des meurtres, c'est vrai. Un personnage servant de fil rouge et en quelque sorte l'enquêteur de service, c'est vrai.
Voyons ce qui sort de tout cela.
Beaucoup d'aller/retour présent/passés avec des petits chapitres (1 à 3 pages) dans lesquels le narrateur n'est pas directement nommé et souvent l'espace temporel non plus: pas facile de s'y retrouver et surtout de s'attacher aux personnages.
Le personnage central (mais y a t-il un centre) est collectionneur de disques: très bien. Mais alors cette profusion de discographies de groupes au fil des pages provoque la nausée: trop c'est trop. Surtout cela n'amène rien à la dramaturgie. Bien sur les noms choisis - les Cravates à Pois, Dieudonné Laviolette (sorte de Hendrix martiniquais), les Glorieux Fellaghas, les Fils de Mao... - sont pleins d'humour mais faire des pages sur leurs discographies est inutile et ennuyeux.
Certains évènements surgissent sans aucune explication: une bombe atomique tombe sur Karachi.... Pourquoi? Mystère.
C'est trop confus et cela est long, très long.
Jusqu'à la page 658 (sur 791) ou le collectionneur plonge enfin dans l'enquête. Le suspens prend le dessus.
Sur l'ensemble du livre, l'on ressent bien la volonté de l'auteur de mettre en avant sa passion de l'Algérie et de la musique, mais il laisse le lecteur au bord de son plaisir.
Un livre dont j'attendais depuis longtemps le bon moment pour m'y plonger: une grande déception.
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Chef d'oeuvre éternel.
Exceptionnel roman polyphonique aux ambitions démesurées mais à la réalisation parfaite. Organique, puissant, merveilleux, un roman aussi singulier que fabuleux.
Le genre à nécessiter un dictionnaire de synonymes pour pouvoir flagorner correctement à son propos.
Lien : https://syndromequickson.com..
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Un livre aussi personnel que “Rêves de Gloire” ne peut faire l'objet, me semble-t-il, que d'une chronique qui l'est aussi. Alors, c'est parti.
Rêves de Gloire” est un pavé de 700 pages dans lequel RC Wagner revisite et réinvente l'histoire de la guerre d'Algérie et de l'indépendance subséquente, ce non-dit central de l'Histoire contemporaine de la France, ce passé qui ne veut pas passer. Uchronique, “Rêves de Gloire” utilise un point de divergence principal : De Gaulle est mort dans un attentat en 61, tout ce qui suit sur le plan politique est donc très différent de ce que nous connaissons...
Lien : http://quoideneufsurmapile.b..
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Rêve de gloire est le genre de titre pour lequel je suis bien embarrassée de devoir donner un avis. Même s'il m'est tombé des mains à plusieurs reprises, j'ai voulu lui donner sa chance, regardé les avis d'autres chroniqueurs, tous très enthousiastes, et je me suis sentie un peu seule au monde, voire frustrée, d'échapper à toute la grandeur de l'oeuvre. Avec ses 800 pages et sa documentation, je ne doute pas un instant d'être confrontée à un travail conséquent, à des années d'écriture qu'il serait gênant d'insulter. le souci, c'est que je ne suis définitivement pas entrée dedans.
Il m'a semblé que, malgré un thème attirant, Rêve de gloire ne s'adressait pas à moi mais plus à la génération années 60, à laquelle appartient l'auteur, qui reste nostalgique des vinyles et d'une jeunesse passée, aujourd'hui peut-être un peu trop fantasmée. Je ne me suis jamais excessivement documentée sur la guerre d'Algérie, et, j'ai trouvé que les repères manquaient un peu pour faire entrer une personne peu instruite sur le sujet dans le roman. Pourtant, j'avais déjà apprécié sans aucun souci les peintures d'auteurs comme Camus ou Cossery, contemporains de cette époque. Sur la question du rock, même souci. Ce livre ne parlera qu'aux amateurs férus du genre et, plus spécifiquement, aux chineurs. Là, je suis un peu moins gênée, mais il n'empêche que la recherche d'un vinyle perdu m'a semblé bien vite insuffisante, et trop superficielle, pour maintenir l'attention du lecteur. Sans toutes ces conditions réunies pour apprécier le livre, il y a des chances pour passer totalement à côté du travail de Roland C. Wagner. de fait, je n'y ai pas vu un roman susceptible de survivre au temps, et de garder une forte puissance d'évocation dans une dizaine d'années. Trop centré sur ses goûts propre et ceux de ses amis, l'auteur en aurait peut-être oublié une large frange des lecteurs. Si le livre a néanmoins touché assez de cibles, tant mieux, en ce qui me concerne, j'ai fini par démissionner.

Comme je l'ai exprimé, l'intrigue est trop faible pour retenir l'intérêt. Non seulement on ne sait pas très bien dans quel genre de délire le personnage principal veut nous embarquer mais, surtout, le caractère polyphonique de l'ensemble brouille totalement les pistes. Plusieurs discours se mêlent, sur quelques pages seulement à chaque fois. Des personnages interviennent, sans se présenter, sans poser le moindre enjeu. On les lit trois pages, le temps d'une anecdote, puis on passe à autre chose. Comme la fragmentation de la narration n'est jamais annoncée, il est parfois compliqué de faire des raccords, surtout qu'en trois pages de textes, le personnage n'a pas le temps de devenir vraiment reconnaissable. Donc des voix se succèdent, sur 800 pages, et on ne sait jamais vraiment pourquoi on lit ça, quelle motivation y trouver. J'aime les narrations à plusieurs voix, mais là, le découpage m'a semblé profondément artificiel et donc agaçant. Ça ne faisait pas vraiment sens, j'ai fini par lire en diagonal faute de savoir pour quelle raison je continuais de tourner les pages.

La découverte de toute une Afrique du Nord différente où le rock aurait pu émerger ? Bof au final. L'uchronie ne m'a pas convaincue. La simple modification d'un événement dans l'issue de la guerre d'Algérie n'est définitivement pas suffisante pour partir dans un délire d'évolution parallèle dans le rock. Si cette scène n'a pas émergée là-bas, les raisons sont bien plus profondes. Roland C. Wagner ne fait que gratter la surface et, au final, trouve un simple prétexte pour inventer une histoire du rock basée sur de faux témoignages. Mouais.
Pour m'être régalée avec des livres comme Acid Test, Las Vegas Parano ou Sur la route, je suis pourtant cliente pour des récits bien marqués par les excès encore nouveau des années 60/70. Sauf que dans ce livre, rien à faire, on sent que l'écriture se veut « à la manière de » sans y arriver vraiment, sans nous faire vibrer avec les personnages, sans nous donner envie de poursuivre au moins parce que l'ambiance, les expériences de vies sont à la fois terribles, géniales, et folles. Je n'ai pas accroché au style, que j'ai trouvé assez lourd, trop grammaticalement “correct”, sans rythme réel.

Je suis donc assez désolée pour cette critique très sceptique de Rêves de gloire. En un sens, je comprends que l'on puisse être admiratif de toute l'énergie dépensée par l'auteur pour faire vivre cette oeuvre. Mais cela n'a pas dépassé pour moi le stade de livre rêvé dans l'esprit d'un auteur, qui ne sera jamais plus qu'un pavé assez indigeste de 800 pages dont on serait bien en peine de savoir quoi en faire. Je préfère en retourner à de vrais témoignages du rock plutôt que perdre du temps sur des inventions qui ne réussissent même pas à avoir une résonance en moi.
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Difficile de faire la chronique de ce livre tant il est spécial.

En effet, la réussite de ce livre tient principalement à l'atmosphère qui s'en dégage. Cette impression de revivre une histoire qui aurait pu être est tellement dense qu'on se surprend souvent à se dire que L Histoire (avec un grand H) n'est pas loin.

Cette uchronie se définit à travers différents personnages, des témoins d'évènements ou bien des personnes faisant parti des rouages, qui font que le livre nous relate l'histoire à la manière dont la découvrirait un historien, à travers des témoignages qui éclairent (ou non) certaines zones de l'Histoire.

La force de ce livre provient de l'humanité des personnages décrits dont les motivations sont diverses et variées. du fasciste au nostalgique, du rêveur au militant, on y découvre une kyrielle de personnages plus vrais que nature. Pas de héros, pas de salauds. Juste des gens qui voulaient vivre leur vie, selon leurs préceptes (plus ou moins moraux, mais c'est une autre question).

À travers cette peinture humaine, on y découvre un roman humain, qui nous parle des utopies, du racisme, de la violence, de l'envie de vivre et de comment tout cela interagit et évolue... pour le meilleur... ou pour le pire.

Un roman humain donc, mais aussi de géopolitique. Un essai sur l'utopie et son évolution.

Au final, ambiance, valeurs humaines, immersion... Ce livre est à lire pour un voyage vers une France et une Algérie qui aurait pu être, et qui, quelque part, nous en apprend beaucoup sur celles qui sont.

Un livre que je conseille à tous, y compris ceux pour qui la SF n'est pas quelque chose qu'ils apprécient... Ici elle ne se voit que par les changements que L Histoire a effectué par rapport à notre version de la réalité.

Chronique complète : https://plume-etoiles.blogspot.fr/2015/06/reves-de-gloire.html
Lien : https://plume-etoiles.blogsp..
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