C’est l’habitude. Un chirurgien ne peut pas se permettre de craquer en plein milieu d’une intervention. Un pompier ne peut pas fondre en larmes alors qu’un incendie ravage un immeuble où se trouvent encore des habitants. Un policier ne peut pas s’attendrir sur le sort d’une victime de vol à la tire.
C’est la seule façon de faire ce métier. Comme pour les flics et les médecins, les avocats et les juges. Si l’on ne se blinde pas contre la douleur des autres, on se laisse détruire peu à peu.
En général, un tueur « normal » agit dans un accès de rage, par jalousie, ou pour dissimuler un crime moins important. Ce n’est pas prémédité.
Les criminels les plus intelligents commettent des erreurs : ils portent un parfum facile à reconnaître, laissent un mégot sur place…
Difficile d’imaginer cet homme insipide dans les bras d’une maîtresse, songea Ben. Mais après tout, l’eau qui dort…