Paul le charretier extirpe un bras de sous la couverture, s'étire, se retourne dans son lit puis se redresse. Et bâille. La pâle clarté du matin filtre à travers les fentes des volets.
"Il est encore bien tôt ", il murmure.
Il se frotte les yeux. Son regard décrit un cercle autour de la pièce froide et sombre. Les vitres sont couvertes de fleurs de givre et ça le décourage. Il lance vers le lit voisin :
"Glikè ! Glikè !"
Sa femme sursaute. Se réveille, se redresse sur son lit les yeux collés, la bouche grande ouverte.
" Quoi ?
- Regarde, il gèle encore."
Il montre la fenêtre, glisse ses mains sous le tricot de flanelle avec lequel il dort en hiver. De la main droite, il se gratte la poitrine avec délectation et, de la gauche, le haut du dos.
"Qu'est-ce que tu racontes ?"
Elle est assise. Elle mouille ses doigts, les passe sur ses paupières pour les décoller.
"Y a pas d'argent."
Oser Warszawski : On ne peut pas se plaindre
Olivier BARROT, filmé au
musée Marc CHAGALL parle du livre "on ne peut pas se plaindre".