C'est toujours derrière la porte
C'est toujours derrière la porte
que le poème a lieu
et l'on ne sait jamais
qui de la porte ou de
celui qui l'interroge
est condamné
Car nous ne voyons rien
nous imaginons mal
‒ le bois mort est mauvais
conducteur des nouvelles ‒
et nous mangeons en herbe
des mots francs qu'il faudrait
laisser mûrir pour le
contentement des ruches.
La raison du plus fort
L'arbre n'a rien à cacher
il peine à faire son ombre
c'est une longue patience
un très ancien métier
L'herbe compromet le rocher
les lichens lui font injure
un papillon le souille
un oiseau le calomnie
Alors les chemins abdiquent
des troupeaux passent au loin
dans leur poudroiement d'abois
de clarines de bêtise
Cependant le soleil foudroie
notre orgueil plus sûrement
que toute autre intransigeance
tels sont nos crêtes nos domaines
nous bâtirons