On plonge dès ce premier tome dans l'univers passionnant des fourmis.
Bernard Werber nous conte l'histoire de Bel-o-kan, la fourmilière mère d'une fédération comprenant 65 cités mais pas seulement, on s'intéresse également à la vie de la famille Wells puis à sa disparition. L'alternance entre la narration de l'histoire des fourmis et celle des hommes, même si elle peut être quelque peu déroutante au départ, nous tient en haleine tout au long de l'oeuvre. de surcroît lorsque les membres de la famille Wells disparaissent dans la cave de leur appartement, il devient pratiquement impossible de poser ce livre, tant on veut connaître le fin mot de l'histoire. Personnellement j'ai beaucoup aimé les passages de recherche des disparus qui donnent un côté polar à ce roman, mais aussi la « conquête du bout du monde » par
les fourmis qui est un grand récit d'aventure. Cependant, un élément qui est légèrement ambigu dans ce roman est l'appellation des fourmis. Ces derniers sont en effet nommées par des chiffres et il m'est donc arrivé au départ de confondre certains personnages à cause de cela. Ceci mis à part, on ne s'ennuie jamais lors de cette lecture notamment grâce aux passages tirés de
l'encyclopédie du savoir relatif et absolu, qui nous apprennent des faits véridiques et intéressants sur
les fourmis mais également à propos de la vie sur Terre en général.
Bernard Werber se sert de son oeuvre pour réfléchir à la place de l'homme dans l'Univers. En utilisant le regard des insectes, des êtres extérieurs à notre civilisation, il nous interroge sur plusieurs sujets, particulièrement quel regard et comportement adoptons nous face aux animaux ? Personnellement, j'ai trouvé absolument passionnant de remettre en question la façon dont nous nous considérons, cela permet de prendre du recul par rapport à nos actions : nous n'aimerions pas que « la terre soit un jour offerte en cadeau de Noël à un jeune dieu irresponsable » alors pourquoi imposerions-nous cela à d'autres êtres-vivants en les enfermant en cage pour notre plaisir. D'autant plus qu'après avoir lu ce roman il m'est impossible de penser que
les fourmis ne sont pas des êtres intelligents. Certes, elles sont dotées d'un génie bien différent du nôtre mais font indubitablement preuve d'ingéniosité, ce que ce livre m'a permis de réaliser. La narration du point de vue des fourmis a le mérite de nous faire descendre du piédestal sur lequel nous, êtres-humains, avons la fâcheuse tendance à nous placer. « 103 683e est amusée par cette vision. Dire qu'il existe des êtres aussi petits que les acariens et d'autres aussi gros que
les fourmis sur la même planète. » Cela donne une conscience aux fourmis, les humanise légèrement et m'a permis de m'identifier à ces êtres, pourtant bien différents de nous, sans jamais obstruer le fait que ce ne sont pas des hommes : leur mode de pensée reste différent du notre.
En définitive,
Les fourmis est une histoire d'insectes, d'hommes, de vie et d'aventure, qui par sa singularité, son originalité mais aussi son côté divertissant m'a instruit, questionné et emporté dans un autre monde. Désormais, lorsque j'aperçois des fourmis en sortant de chez moi, je ne peux m'empêcher d'imaginer que ce sont les êtres extrêmement intelligents, complexes et aventuriers que j'ai découvert dans ce livre. Alors, la prochaine fois que vous apercevrez un convoi d'ouvrières revenant de la chasse, n'hésitez pas à faire un petit détour et épargnez-les. On ne sait jamais, cela pourrait éviter un conflit diplomatique entre le peuple myrmécéen et les géants de la surface.