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Citations sur Comment voler une banque (Le Paquet) (39)

Kelp lui adressa un froncement de sourcils.
– Quoi ? Ça ne te ressemble pas de parler comme ça. Il y a un problème ?
La voiture de police, roulant toujours à toute allure, n’était plus qu’à deux pâtés de maisons. Dortmunder se prit la tête à deux mains.
– Hé là, qu’est-ce qui t’arrive ? demanda Kelp.
Puis il ajouta autre chose, mais la sirène hurlait si fort qu’elle couvrit sa voix. Elle culmina ensuite dans les aigus avant de redescendre tout d’un coup en mode mineur et de s’estomper.
Dortmunder releva la tête et regarda autour de lui. La voiture de police, à un pâté de maisons derrière eux, ralentissait enfin en approchant du pavillon que Dortmunder venait de quitter.
Kelp fronça les sourcils en regardant dans le rétroviseur.
– Je me demande après qui ils en ont.
– Après moi, répondit Dortmunder d’une voix légèrement tremblante. Maintenant, ça t’ennuierait qu’on parte d’ici ?
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Mais Kelp ne voulait pas se laisser distraire par la conduite. Il avait certes laissé le moteur tourner, mais il s’était mis au point mort et avait encore des choses à dire.
– Tu imagines, passer sa journée à sillonner le quartier en bagnole, à chercher un type qui, en réalité, ne se trouve même pas dans Ranch Cove ?
C’était bien une sirène. Et elle approchait.
– Eh bien, pourquoi est-ce qu’on n’irait pas maintenant ?
– Très drôle. Je ne sais pas si tu te rends compte, mais j’ai dû remettre un dollar d’essence de ma poche dans cette voiture alors que le réservoir était presque plein quand je l’ai prise.
– Je te rembourserai, répondit Dortmunder, si tu veux bien en utiliser un peu pour nous emmener loin d’ici.
Au bout de la rue, il aperçut un minuscule clignotant rouge qui venait à leur rencontre.
– Je ne veux pas de ton argent. (Kelp s’était un peu adouci, mais il était encore en colère.) Tout ce que je veux, c’est que quand tu dis que tu seras à Ranch Cove, tu y sois réellement.
Il y avait une voiture de police sous le clignotant rouge. Elle s’approchait à toute vitesse.
– Excuse-moi, dit Dortmunder. Dorénavant, je ferai attention.
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– Alors, te voilà, dit Kelp.
– Me voilà. Tirons-nous d’ici.
– Je t’ai cherché partout, reprit Kelp, visiblement en colère.
– Tu n’es pas le seul, rétorqua Dortmunder. (Il tourna la tête pour regarder par la lunette arrière ; toujours rien.) Partons d’ici, tu veux bien ?
– Hier soir, répondit Kelp, toujours aussi en colère, tu m’as dit que tu serais dans le quartier de Ranch Cove toute la journée.
– Je n’y suis pas ? demanda Dortmunder qui semblait soudain intéressé.
Kelp pointa un doigt sur le pare-brise.
– Ranch Cove s’arrête à trois pâtés de maisons, là-bas. Ici, on est sur les Hauteurs de la Vallée des Ormes.
Dortmunder regarda alentour, mais ne vit ni orme, ni vallée, ni hauteur.
– J’ai dû passer la frontière sans m’en apercevoir, dit-il.
– Je n’ai pas arrêté de faire des allers-retours, encore et encore. Tel que tu me vois, je venais de laisser tomber, certain que je ne te retrouverais jamais, et je rentrais en ville.
Était-ce une sirène au loin ?
– Bon, maintenant que tu m’as trouvé, on peut aller ailleurs ?
.
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D’autant que dix dollars représentaient le montant idéal. Pour moins, le jeu n’en aurait pas valu la chandelle. Et, au-delà de cette somme, on entrait dans une zone où les femmes voulaient soit en discuter d’abord avec leurs maris, soit payer par chèque. Dortmunder se voyait mal essayer d’encaisser un chèque établi à l’ordre d’une société qui vend des encyclopédies. Même pour dix dollars, il récoltait parfois quelques chèques qu’il se contentait de jeter à la fin de sa tournée.
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En tablant sur dix ou quinze minutes par client potentiel, bien que les plus réticents nécessitent généralement moins de temps, et sur seulement un sur cinq qui se laisse convaincre, cela donne dix dollars de l’heure. En travaillant six heures par jour et cinq jours par semaine, on atteint trois cents dollars hebdomadaires, ce qui est largement suffisant à un homme aux goûts simples pour vivre, même à New York.
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– Oui, reprit-il, en désignant les dépliants éparpillés sur la table basse et sur le sol alentour. Vous avez droit à l’encyclopédie et à sa bibliothèque, plus la collection scientifique pour les jeunes avec sa propre bibliothèque, plus la mappemonde, sans parler des cinq années d’utilisation gratuite de notre gigantesque et moderne centre de recherche à Butte, dans le Montana, et…
– Nous ne serions quand même pas obligés d’aller à Butte, dans le Montana, n’est-ce pas ?
C’était une de ces femmes proprettes et bien arrangées qui restent jolies malgré leurs sourcils froncés. Sa véritable vocation aurait dû être de s’occuper d’une cantine pour les soldats en opération, au lieu de quoi elle se retrouvait dans ce ghetto pour employés de bureau, au beau milieu de Long Island.
– Non, non, répondit Dortmunder avec un sourire honnête.
La plupart des femmes au foyer que ses affaires l’amenaient à croiser le laissaient de marbre, mais de temps en temps, il tombait sur quelqu’un comme elle, une femme que la vie en banlieue n’avait pas lobotomisée, et chacune de ces rencontres le rendait joyeux. Elle est pétulante, pensa-t-il en souriant, heureux d’avoir pu placer un mot aussi rare, ne serait-ce que dans un monologue intérieur. Puis il tourna son sourire vers la cliente.
– Vous écrivez à Butte, Montana. Vous dites que vous désirez des renseignements sur, euh…
– Anguilla, suggéra-t-elle.
– Par exemple, dit Dortmunder comme s’il savait exactement de quoi il s’agissait. Sur tout ce que vous voulez. Et ils vous en envoient l’histoire complète.
– Oh…, dit-elle en reposant les yeux sur les imprimés qui jonchaient son salon immaculé.
– Sans oublier les fascicules annuels, ajouta Dortmunder, qui vous permettent de tenir votre encyclopédie à jour pendant cinq ans.
– Oh…
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C’était une jolie femme d’environ trente-cinq ans, petite, trapue, et d’après la tenue de son salon, très ordonnée. La pièce était fraîche, confortable et bien rangée, dépourvue de personnalité, mais respirant la passion pour la propreté, comme une caravane neuve. Les rideaux qui flanquaient la baie vitrée tombaient si droit, chaque pli impeccablement rond et lisse, qu’on aurait dit une habile imitation en plâtre plutôt que du tissu. Ils encadraient une fenêtre qui dévoilait une étendue de pelouse rase s’éloignant de la maison sans rencontrer le moindre arbre, la courbe parfaite d’une rue de banlieue dont l’asphalte baignait dans le soleil printanier et, juste en face, un grand pavillon dont l’extérieur était en tout point identique à celui-ci. Je parie que leurs rideaux ne sont pas aussi impeccables, songea Dortmunder.
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– Oui, dit Dortmunder. Vous et votre famille pouvez bénéficier de tout ça contre un simple versement de dix dollars.
– Oh… dit la dame.
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Le capitaine Deemer retint fermement les quelques répliques qui se pressaient dans sa bouche. Il se rappela qu’il n’avait aucune envie de se bagarrer avec tout le monde. Et il attendit, en maîtrisant son impatience, que ce nom de Dieu de merde de fumier de fainéant de camé de gauchiste de hippie réformé sorte enfin ce qu’il avait à dire.
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- Et puis, c'est vous qui m'avez embouti, reprit Kelp. Il ne faut pas l'oublier.
Le lourdaud jeta un rapide coup d’œil à la ronde, comme pour chercher une porte de sortie, puis il consulta sa montre.
- Je suis en retard pour un rendez-vous.
- Moi aussi, répondit Kelp. Écoutez, on a les mêmes dégâts chacun de notre côté. Je paie pour les miens, vous payez pour les vôtres. Si on réclame quelque chose à la compagnie d'assurances, ils se contenteront d'augmenter nos primes.

(Note : Kelp, complice de Dortmunder, a calé net sur la chaussée suite à une erreur de manipulation d'un bouton : au lieu de l'allume-cigare, il a déclenché le jet de détergent pour laver le pare-brise, lui obstruant toute la vue).
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