AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Comment voler une banque (Le Paquet) (39)

Non, le Bureau n’était vraiment pas un endroit pour lui. Mais en dehors du garage, quel serait le bon endroit ? Il était certes diplômé en droit, mais n’avait jamais passé l’examen du barreau et n’éprouvait pas particulièrement le désir de devenir magistrat. Il gagnait, en ce moment, chichement sa vie en tant que revendeur de vieux livres et magazines, le tout par correspondance, mais son existence n’était pas à proprement parler épanouissante.
Peut-être que ce boulot avec son oncle Kelp aboutirait à quelque chose. L’avenir le dirait.
Commenter  J’apprécie          10
Il se disait parfois que le Bureau l’avait lâché autant pour son apparence que pour l’histoire de la poignée de main. Une fois, alors qu’il était affecté à Omaha, il avait entendu l’agent chef Flanagan dire à l’agent Goodwin : « Nous demandons à nos hommes de soigner leur apparence, mais c’est ridicule », il sut qu’on parlait de lui.
De toute façon, le Bureau n’était pas un endroit pour lui. Ça n’était pas du tout comme dans Le FBI entre guerre et paix, les G-men ou le reste de la littérature. Ils ne s’appelaient même pas G-men entre eux, mais simplement « agents ». Chaque fois qu’il entendait ce mot associé à son nom, Victor s’imaginait être un humanoïde venu incognito sur Terre en provenance d’une autre planète. Il faisait partie de l’avant-garde chargée d’asservir l’humanité pour permettre aux Goks verts d’Alpha du Centaure II de prendre possession de la Terre. C’était une vision assez déstabilisante qui avait mis à mal ses techniques d’interrogatoire.
Commenter  J’apprécie          10
Âgé de tout juste trente ans, ce dernier n’était probablement même pas né lorsque la majorité des choses qui se trouvaient dans cette pièce avaient fait leur apparition. Il était tombé par hasard sur les romans d’aventures alors qu’il allait à la fac. Il s’était alors mis à les collectionner avant de s’ouvrir à tout ce qui avait pu constituer une source d’aventure durant les décennies qui précédèrent la Seconde Guerre mondiale. C’était pour lui à la fois une forme d’histoire et un passe-temps, mais en rien de la nostalgie. Son enfance avait été marquée par Howdy Doody et par John Cameron Swayze, mais il ne ressentait, en repensant à eux, pas la moindre pointe de nostalgie.
Peut-être était-ce précisément son passe-temps qui lui permettait de rester jeune. En tout cas, et quelle qu’en soit la raison, il ne faisait pas son âge. Il paraissait avoir au plus vingt ans, mais les gens qui le croisaient le prenaient généralement pour un adolescent et, chaque fois qu’il voulait entrer dans un bar, on lui demandait systématiquement ses papiers. Ça l’avait fréquemment gêné, quand il appartenait au Bureau, de devoir fourrer sa carte d’agent du FBI sous le nez d’un coco et que ce dernier s’écroule de rire.
Commenter  J’apprécie          10
À la gauche de Victor courait toute une rangée de bibliothèques remplies de romans d’aventures, de livres de poche, d’illustrés, de bandes dessinées et d’ouvrages pour petit garçon (Dave Dawson, Bomba, Boy Allies). À sa droite, le mur était également couvert d’étagères, mais celles-ci contenaient des pièces de transistor et des disques, surtout des transcriptions d’émissions de radio telles que The Lone Ranger ou Terry et les Pirates. Sur l’une des étagères du bas était alignée toute une série de cassettes récentes, portant chacune un titre tracé à l’encre rouge d’une écriture soignée, parmi lesquels Le vengeur écarlate rencontre l’homme-lynx ou La bande de Duffy, dit « le rat », se fait la belle.
Commenter  J’apprécie          10
– Que personne ne bouge ! aboya Victor. C’est un hold-up.
Il pressa le bouton d’arrêt de son magnétophone à cassettes, rembobina et fit repasser la bande.
– Que personne ne bouge ! aboya la cassette. C’est un hold-up.
Victor sourit, reposa le magnétophone sur sa table de travail et s’empara des deux autres magnétophones. Les trois machines étaient de petite taille, à peine plus grosses qu’un appareil photo. Sur une deuxième bande, en adoptant une voix aiguë, Victor enregistra :
– Non, ne faites pas ça !
Il fit ensuite rejouer la cassette pour la recopier sur le troisième magnétophone en y ajoutant un « Aaaaaah » lancé d’une voix de fausset. Il fit alors repasser le contenu de cette troisième bande sur la deuxième tout en déclarant en parallèle, d’une voix grave :
– Attention, les gars, ils sont armés !
Petit à petit, et à grand renfort d’allers-retours d’un magnétophone à l’autre, Victor simula les réactions d’une foule agitée à l’annonce du braquage. Une fois satisfait de son montage, il l’enregistra sur la première cassette.
Commenter  J’apprécie          10
Victor n’arrêtait pas d’envoyer des rapports sur la nécessité pour le FBI d’instaurer une poignée de main secrète, afin que les agents puissent se reconnaître dans les soirées et tout, mais ils n’ont jamais donné suite. Alors il a démissionné ou ils l’ont viré, je n’en sais pas plus.
– Et c’est ce gars-là qui a eu l’idée de l’affaire ?
– Écoute, il est quand même entré au FBI, il a réussi les tests et tout, ce n’est pas un âne. Il est allé à la fac et tout.
– Et il voulait instaurer une poignée de main secrète.
– Personne n’est parfait, répondit Kelp, plein de bon sens. Bon alors, tu es d’accord pour le rencontrer, écouter ce qu’il a à dire ? Victor te plaira. C’est un type bien. Et tu peux me croire, le coup est magnifique.
Commenter  J’apprécie          10
Dortmunder s’immobilisa sur le trottoir et décocha à Kelp un regard lourd de sens.
– On est amis depuis assez longtemps pour que je sache que tous les coups que tu me proposes finissent systématiquement par foirer.
– Tu es injuste.
– Je n’ai jamais dit le contraire.
Dortmunder allait se remettre en route quand Kelp ajouta vivement :
– De toute façon, l’idée ne vient pas de moi. Tu connais Victor, mon neveu ?
– Non.
– L’ex-agent du FBI ? Je ne t’ai jamais parlé de lui ?
Dortmunder le regarda.
– Tu as un neveu agent du FBI ?
– Ex-agent. Il a démissionné.
– Il a démissionné ? répéta Dortmunder.
– Ouais, ou alors ils l’ont viré. Une sombre histoire de poignée de main secrète.
Commenter  J’apprécie          10
Dortmunder n’était plus dans la voiture. Kelp secoua la tête et enclencha une vitesse.
– Ô homme de peu de foi, marmonna-t-il dans sa barbe en démarrant dans un grincement de métal.
Il ne s’était pas rendu compte qu’il avait emporté le pare-chocs de la Pinto avec lui jusqu’à ce qu’il s’arrête à un feu rouge, deux pâtés de maisons plus loin, et que la pièce métallique s’écrase par terre dans un vacarme infernal.
Commenter  J’apprécie          10
Tout en observant la rue, il tendit le bras pour appuyer sur l’allume-cigare. Un jet de lave-glace aspergea tout le pare-brise, empêchant Kelp et Dortmunder de voir quoi que ce soit.
– Qu’est-ce que tu fous ? cria Dortmunder.
– Nom de Dieu ! hurla Kelp.
Il écrasa la pédale de frein. La voiture, équipée de freins mécaniques, s’arrêta net.
– Putains de bagnoles américaines ! hurla Kelp.
Quelque chose les emboutit par-derrière. Dortmunder, reprenant ses distances avec le tableau de bord, déclara :
– Cela vaut sans doute mieux que la prison à perpétuité.
Commenter  J’apprécie          10
Kelp roulait, un œil rivé sur la rue déserte devant eux, l’autre sur le rétroviseur qui reflétait la rue déserte derrière eux. Il était tendu mais vigilant.
– Tu aurais dû me le dire plus tôt, dit-il.
– J’ai essayé, bougonna Dortmunder, renfrogné dans son coin.
– Tu as failli nous attirer des ennuis à tous les deux.
Le souvenir de la sirène rendait Kelp nerveux, et sa nervosité le rendait bavard.
Dortmunder resta silencieux. Kelp lui jeta un bref coup d’œil et vit qu’il contemplait la boîte à gants, se demandant visiblement s’il ne trouverait pas une hache à l’intérieur. Kelp reporta son attention sur la route et sur le rétroviseur.
– Avec ton casier, tu sais, si tu te fais épingler pour quoi que ce soit, tu risques la perpétuité.
– Vraiment ? dit Dortmunder.
Commenter  J’apprécie          10






    Lecteurs (352) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Donald Westlake...for ever

    Quand Parker m'a invité à passer chez lui, j'ignorais alors que c'était pour boire un petit coup de

    blanc
    vinaigre
    cidre
    gnôle

    10 questions
    9 lecteurs ont répondu
    Thème : Donald E. WestlakeCréer un quiz sur ce livre

    {* *}