C'est une bande dessinée sans paroles, aux couleurs vives, les couleurs primaires sont remplacées par des encres fluo, agressives, cela donne des illustrations intenses, psychédéliques et brûlantes, et très bruyantes malgré l'absence de paroles. le trait est épais, massif comme le personnage musculeux. Les illustrations vibrent, éblouissent telles des icônes religieuses indiennes.
Grip, la poigne, c'est une femme, du genre costaude, ses mains sont magiques, elle incarne une forme de puissance et de robustesse, et d'abnégation aussi. Elle se lance dans une quête, peuplée d'images distordues, mouvantes, une marche en avant avec ses immenses mains charnues, charnelles.
Sans paroles, c'est laissé à la libre interprétation du lecteur. de mon côté j'y ai vu une ode à la femme artiste, à l'artisan qui construit un monde de ses mains frénétiques qui modèlent, qui transforment, qui créent, mais avec sa robustesse étrange, il s'agit aussi d'une vision de la femme virile, celle qui agit, manuelle et active, qui va de l'avant, une forme de séduction qui déconstruit les codes genrés. Mais est-ce une volonté de
Lale Westvind, ou un trouble qui n'appartient qu'à moi ? On interprète ces images avec la culture que nous traînons dans notre sillon, le femme sort des codes féminins, c'est un univers masculin, de super héros, de motos, de mécanique, de force musculaire qu'elle nous raconte, et c'est sans doute un autoportrait poétique. L'imagination est Reine, celle de la sculpteuse, celle de
Lale Westvind et celle des lecteurs qui se laissent submerger par ce flot d'images fluorescentes et vibrantes.
Un beau livre magique chargé d'une agressivité saine et intense.