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3,65

sur 271 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Pike n'est pas un rigolo, Pike n'est pas un tendre. Pike n'est pas un humaniste.

Fallait pas tuer sa fille, les gars. Pas qu'il y était attaché. Pas qu'il la fréquentait. Pas qu'il s'y intéressait. Mais sur le principe quand même, y a des choses qui se font pas. Et en plus, il se retrouve garde-chiourme de sa p'tite fille. Ah là oui, ils l'ont vraiment mis en colère. Et il ne va pas faire de quartier. Y a de l'ingénu qui va souffrir. Car quand Pike fâché, Pike toujours faire ainsi (notez la subtile référence au capitaine Haddock dans le génialissime Tintin et le Temple du Soleil).

Benjamin Whitmer est un orfèvre de la phrase. Celle qui fait mouche. Celle qui tue. Celle qui casse. À la Brice de Nice mais en plus Dark. C'est à dire que quand il casse, le Whitmer, les gens meurent vraiment ou prennent cher et c'est pas que par des vannes.

Enchaînant les perles dans un collier de vicissitudes, Whitmer nous régale.
Alternant rires et rictus déformés, par tant de vices dans la gente humaine, le nihilisme est à son comble. Ici les hommes sont des salopards, les femmes des putes. Et pis c'est tout.

Chez Whitmer, les miroirs sont sombres aux reflets sales et ne renvoient que dégoûts, amertumes et déceptions.

En revanche, les personnages sont d'or, brillamment écrits, de petites pépites lustrées. Des destins brisés, des lendemains contrariés. Une fuite en avant avec pour seule issue : le mur.

Ce qui sauve le lecteur de la dépression, c'est cette écriture aiguisée, ce sens du rythme dans le mot, cette saveur particulière qui dessine des sourires sur l'estomac. Et fait glousser comme un dindon au beau milieu d'une page presque toutes les pages.

Allez, on se met dans l'ambiance :
"- Merde je suis aimant. J'entretiens sa pelouse. Je la tonds. Je la garde humide.
Rory le fixe.
- Je laboure son lopin. Je débroussaille son petit jardin de derrière.
- Encore une comme ça, dit Rory, et je t'abats."

- C'est possible de manger ? demanda Pike.
- C'est possible. (Il fait un geste du menton par-dessus son épaule.) On a trois mexicains dans la cuisine.
- On mange pas les mexicains.

Si le style est à tomber et les personnages croquants/craquants, l'intrigue est la petite faiblesse du bouquin. L'histoire tourne vite en rond et sa résolution est lapidaire voire expéditive mais finalement on s'en fout. Redonnez- moi un p'tit noir, un Whitmer de préférence !3,5/5
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Entre Nanticote et Cincinnati, la neige n'est que bouillasse. Toujours sale, elle se défait comme la vie de tous les protagonistes. Une neige hésitante sur la forme à adopter, jamais immaculée. Chez Whitmer, point de tapis blanc et duveteux, ni d'aimables flocons dansant dans la nuit.
De Nanticote à Cincinnati, le ciel ressemble à du vomi. Les étoiles s'éteignent dans la lumière jaune des réverbères, les immeubles s'émiettent tels des quignons rances, l'air est aussi irrespirable que dans l'Enfer de Dante, les peaux se décollent des os sous les armes de poing, les yeux pleurent du sang, la vie n'offre rien. La minceur du quotidien pourrit la moelle de celle qui est restée à la marge de l'histoire. Cynisme d'un épilogue qui n'espère rien.

A travers une intrigue minimaliste, Benjamin Whitmer ébauche une peinture plus noire que noire des squats de junkies, des relais routiers sordides, de la ville prisonnière de sa déréliction et des hommes suant la violence, la came, l'alcool. C'est crasseux et graisseux. Ca poisse de corruption, ça dégoutte de bêtise. C'est violent comme un film de Tarentino.

Dans la menace d'étouffement, dans l'excès des rires toujours métalliques et rouillés, dans cette humanité qui ne vaut pas la corde pour la pendre, on aurait voulu en savoir un peu plus sur le méchant des méchants, Derrick Krieger ou tout au moins sur ses motivations . Benjamin Whitmer ratisse une enquête qui n'en est pas une, prétexte à un portrait désespéré des oubliés du rêve américain. Mais entre trop et pas assez. Chaque personnage n'est qu'ébauché. Leur sang coule, rouge et vicié mais leur étoffe est presque aussi fine que la trame du roman qui les abrite.
Avec toute cette neige qui ne cesse de mousser sur le bitume, ils auraient mérité des habits plus épais, mieux coupés.
Au second roman de Whitmer?
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♫ Noir c'est noir ♪... chantait Johnny. Moi, je viens de faire "noir SUR noir" en ne trouvant rien de mieux à faire que de lire Whitmer juste après Thompson. Deux polars trèèès sombres... ♫ Il n'y a plus d'espoir ♪

"L'Express" disait que Benjamin Whitmer avait sans doute avalé du Jim Thompson dans ses biberons et je constate qu'il en a eu aussi dans ses panades. Son roman est cinglant, dur, noir, sans espoir.

La première ligne nous met de suite dans l'ambiance plus que noire du roman puisque la scène inaugurale est celle d'un meurtre : Derrick Krieger, dit Derrick, vient de tuer un gosse d'une balle dans le dos.

Derrick est un flic qui n'a rien à voir avec son homonyme aux grosses lunettes et qui menait ses enquêtes avec la nonchalance d'un Droopy...

Ce flic plus que salaud serait-il la face sombre de ce que l'on a découvert sur la jeunesse de son homonyme, le commissaire Derrick (qui fit les beaux jours des après-midi dans les maisons de repos) ?

Je ne puis me prononcer pour l'acteur, mais le flic du roman, c'est une saloperie d'ordure qui pense qu'il peut jouer au justicier dans la ville, tuant des pédophiles ou autres raclures.

Le problème, c'est qu'il est bien pire que les raclures qu'il descend allégrement ! le côté obscur de la Force est toujours plus attirant... et ce flic pense valoir mieux que tous les autres représentants de la loi réunis.

L'autre gars du livre, celui qui a donné le titre, c'est Douglas Pike : un ex-truand impitoyable, autrefois, rangé des voitures depuis quelques années, bien qu'il ne soit pas devenu un tendre, faut pas pousser.

Notre truand s'est converti en travailleur honnête qui réalise de petits petits boulots avec Rory, un jeune boxeur amateur qui a échoué à devenir professionnel. Un type qui a une faute originelle à expier lui aussi. Rory, c'est un peu le fils que Pike n'a pas eu.

♫ Noir, c'est noir ♪… Leur vie est sombre et là où les nuages commencent à s'amonceler encore plus au-dessus de leur tête, c'est lorsque Wendy, une gamine de 12 ans débarque. C'est la petite-fille de Pike, la fille de sa fille qu'il n'a quasi pas connu, ou si peu. Sa fille faisait la pute et est morte d'une overdose. ♪ Noir, c'est noir, il n'y a plus d'espoir... ♪

Les retrouvailles seront tendues entre le grand-père et la petite-fille...

Pour ce qui est des portraits psychologique des personnages, rien à dire, ils sont travaillés et les dialogues sont incisifs. Pike, Rory, Wendy, malgré leurs défauts ou leur langage borderline sont des gens auxquels on s'attache. Derrick, pas du tout.

Par contre, j'ai quelques reproches à faire sur l'écriture. Certes, l'auteur a de l'aisance avec les mots de plus de dix lettres, son vocabulaire est riche, mais l'alternance de phrases courtes avec des plus longues très imagées casse un peu le fil du récit.

Trop de métaphores tuent la métaphore. Dire que le type qui le regardait avait des yeux qui étaient comme des trous de neige rempli de pisse, heu, j'ai du mal à imaginer... Ils étaient jaunes et fumants ?

Pour le style narratif, j'apprécie plus un récit au passé simple que au présent. Dans ma tête, lire "Pike haussa les épaules" passe mieux que "Pike hausse les épaules".

Il n'y a pas que ça : les chapitres sont fort courts, très très courts et ils me donnèrent l'impression d'être arrêtée non-stop dans ma lecture. Certains ne font même pas une page ! Vous l'entamez et hop, terminé.

Pourtant, le principe narratif était bon avec cette alternance de chapitres concernant Pike ou Derrick, dans le but de faire s'entrechoquer le destin de ces trois personnages.

Trois ? Bien sûr, il faut ajouter aussi la gamine qui sera le déclencheur de tout le reste... En ayant marre de ce grand-père qu'elle ne connaît pas et de son comparse, elle fugue et croise sur la route le fameux Derrick Krieger.

Pike, en apprenant qu'il a aguiché la petite, décidera de se mettre en chasse. Ce flic, il ne le connaît pas et tout le monde lui conseille de l'éviter comme la peste. de plus, tant qu'il y est, il aimerait aussi en apprendre un peu plus sur la mort de sa fille...

Étrange que ce livre dont le flic est aussi sombre qu'une nuit sans lune, semant les cadavres derrière lui et qui se fait pourchasser par un ex-truand qui mène une vie plus réglo que la sienne. le monde à l'envers. Celui qui devrait être au service de la population n'est que pourriture tandis que le truand s'est blanchi. Enfin, on ne peut pas dire que Pike enquête avec gentillesse non plus...

Son enquête deviendra pour Pike une vengeance, comme une sorte de rédemption pour lui, mais le chemin sera long et semés de cadavres, de violence, de sang...

Si les chapitres sont trop courts, par contre, ils nous font descendre toujours un peu plus bas dans la noirceur et dans la violence purement gratuite. Noirceur dans l'âme des personnages principaux, pour qui la vengeance est ce qui les fait avancer dans ce monde où le repos de leur âme n'existe pas.

"Pike", c'est un roman qui nous plonge brutalement dans un univers sauvage, rude, sans complaisance, où tout est noir. L'auteur nous traînant dans des squats de junkies ou dans les relais routiers des quartiers pauvres de Cincinnati, en passant par des ring de boxe.

Tout ici n'est que violence, qu'elle soit psychologique ou physique. le tout est purement gratuit, parfois.

Et c'est là que le bât blesse un fois de plus : il manque de la profondeur dans l'histoire. Dommage, ce petit plus en aurait fait quelque chose de grand.

Malgré toutes mes critiques, j'ai passé un sacré moment de lecture et j'en ressors groggy, comme si je m'étais faites boxer par Rory, juste bonne à lire "Oui-Oui part en vacances".

Lien : http://the-cannibal-lecteur...
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C'est violent, c'est noir, c'est sordide, c'est grossier, c'est réaliste jusqu'à la crudité et c'est admirablement écrit ! Les dialogues, fort brefs s'intègrent à un récit efficace (un homme, ancien truand, recherche le meurtrier de sa fille junkie après avoir recueilli sa petite-fille Wendy), les phrases sont courtes, souvent elliptiques, les images sont souvent belles et poétiques, en dépit par ailleurs d'un langage ordurier à vous donner la nausée. Whitmer décrit à travers le monde de la drogue et des paumés en tous genres une sorte de radicalité absolue de la noirceur où toute notion de bien ou de mal est éradiquée au profit d'une violence sans limites. Monde dans lequel les enfants eux-mêmes n'osent pas pleurer, Wendy se voulant une dure à cuire de haut de ses douze ans et employant un langage qui ferait rougir un vieux charretier.
Je comprends bien que cette violence langagière est une révolte face à la vie, un moyen de lutter contre ce qui pourrait faire mal, contre ce qui nous empêche d'être nous-mêmes, une attitude virile, en somme, mais tout de même j'ai trouvé que Whitmer en rajoutait un peu trop et c'est ce qui m'a retenu de mettre quatre étoiles à ce livre, qui a par ailleurs des pages magnifiques sur la façon dont les héros ressentent les paysages et le monde qui les entourent. L'emploi notamment du mot "putain" à tout bout de champ comme adjectif qualificatif finit par affaiblir la force du récit et c'est dommage.
Parce que Whitmer est un très grand écrivain, qui sent bien les choses et sait les rendre avec précision et efficacité. Cela dit l'intrigue mériterait d'être un peu plus étoffée, en dépit du fait qu'opposer un truand repenti (ou plutôt rangé) à un flic complètement ripoux est une idée intéressante qui donne du relief au monde décrit par Whitmer.
Putain de bouquin !
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Dans le cadre de leur nouvelle collection Néo Noir, l'édition Gallmeister republie Pike de Benjamin Whitmer pour donner le ton des futurs romans noirs à venir. En effet, Douglas Pike n'est pas le plus gentil des hommes sans être pour autant le plus méchant. Prenons la direction des Appalaches pour une rencontre tout ensanglantée.

Dès le premier chapitre, l'auteur, Benjamin Whitmer met directement dans le bain son lecteur. Il veut être certain que dès le début le lecteur sache dans quelle histoire il met les pieds. Ici, c'est plus l'univers des Bisounours chez Black Sabbath.

Une belle occasion de nous présenter un des acteurs principal de cette histoire : Derrick Krieger. Ni voyez aucune référence à un homologue allemand. Flic, dealer et mac à ces heures perdues. La violence est une chose ordinaire comme boire un verre. Alors tirer une balle à bout portant dans la tête d'un mineur, pas de soucis pour lui. Toutefois, ce geste va lui causer quelques désagréments dans le milieu car il aurait la gâchette un peu sensible. Il a une moral quand même. Il ne tolère en aucun cas les viols sur mineur. C'est une des raisons pour laquelle il a tué le gamin. D'ailleurs, on trouve une scène où il apprend à des étudiants très gentiment avec menace de son arme que ce n'est vraiment pas bien de violer une petite fille de 11 ans. Alors à l'aide d'une clé à molette, il va forcer les deux violeurs chacun son tour de violer l'autre avec l'outil. L'histoire ne dit pas si de l'huile a été autorisée.

Dans une autre, ville on va à la rencontre de notre héros, Douglas Pike. Par héros, il ne faut pas entendre, un homme bon, gentil et généreux ayant toujours le coeur sur la main. A certains moments, il battait sa femme, a abandonné son enfant et faisait régner la terreur à l'occasion. Il a fait beaucoup d'effort pour s'éloigner de l'homme épouvantable qu'il a pu être avant. Un soir, une prostituée, Dana, vient à sa rencontre et lui annonce que sa fille est morte suite d'une overdose. le pompon, c'est qu'il est grand-père et qu'il vient d'hériter de sa petite fille, Wendy, 12 ans. Solitaire et bourru, il va devoir s'ouvrir un peu à cet enfant au caractère déjà bien trempé. Par chance, ils ont un point commun : la passion de la lecture. Car l'univers peut-être noir, on peut toujours s'épanouir avec les livres.

Alors quand le flic véreux s'intéresse de trop prêt à la fillette, il va mener sa petite enquête accompagné de son meilleur ami Rory, en plein coeur de Cincinnati. Cette ville où règne Krieger, est remplie de drogués, de dealers, de prostitués et de violence. C'est sans grande surprise qu'ils rencontrent des loques humaines, des attardés mentaux (issus de rapports sexuels entre membres d'une même famille), des êtres qui n'ont plus de connexion au monde qui sont prêt à commettre des actes de malveillance totalement gratuits. Ils vont apprendre de nombreuses choses mais afin d'obtenir ces informations, ils ont dus remuer beaucoup de merde. Les conséquences de cette quête vont mener à de grands changements. Il faut être prévenu, tout le monde ne va pas survivre à ce règlement à OK Nanticote. Des coeurs vont saigner et se briser.

En effet, le roman est noir, un peu dur et avec une amélioration de vie impossible. Welcome to no hope world. Mais cela reste sympathique avec les quelques têtes qui explosent, les corps qui se percent de plomb et des combats rarement à la loyal. Les personnages sont bien marqués par la vie et possède une authenticité surprenante et très plaisante à la fois. Je me suis attachée aux personnages surtout à la petite fille qui a un fichtre caractère accompagné de son chat aux dents pointues. le rythme est donné avec de très courts chapitres allant de personnages en personnages jusqu'à la rencontre final que l'on attend avec impatience. J'aime ce style narratif. L'idée qu'un « gentil » avec de très guillemet soit à la poursuite d'un flic complètement pourri reste une idée originale.

Mais, et oui, il y en a un. Je n'ai pas été totalement conquise par le roman qui est resté sans surprise. Il y aurait eu moins de morts que j'aurais crié « Remboursé ». Il faut ce qu'il faut pour être dans un bon roman et sans espoir. D'ailleurs, ce n'est pas Johny qui va me contredire là-dessus. J'aurais aimé qu'il se passe quelque chose qui m'aurait totalement prise au dépourvue. Quelque chose où j'aurais dit que l'auteur était un pur génie. J'ai lu l'histoire qui se lit de façon très agréable en soit, les pages se tournent tranquillement. le souci, c'est qu'en arrivant à la fin, je me disais juste qu'enfin j'allais finir pour en commencer un nouveau. Juste un dommage. Cependant, cela ne m'a coupé l'appétit du noir, puisque à lire les critiques élogieuses de la nouvelle collection de Gallmeister, il y a du titre prometteur. Alors pourquoi ne pas aller piquer ma curiosité.

Une adorable balade dans les quartiers crépusculaires et malfamés des EU ou la crasse fréquente la drogue et les prostitués. La confrontation de deux héros ne peut que mal tourner, d'ailleurs on n'attendait que cela. Bravo quand même à ce premier roman de Benjamin Whitmer qui marque son style qui pour moi n'est pas totalement abouti, mais je garde l'espoir que le second le sera plus. En tout cas, si vous aimez bien la noirceur totale, vous ne serez pas déçu avec ce petit roman
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Le challenge Gallmeister sur Instagram est l'occasion de découvrir Pike, seul roman de Benjamin Whitmer que je n'avais pas lu. Autant le dire tout de suite, ce n'est pas mon préféré, mais c'est le premier roman de l'auteur, et on y trouve déjà ce qui fait sa force : des personnages marqués par un passé qui leur colle à la peau mais essaient de se construire un quotidien meilleur, et d'avoir parfois des rêves d'avenir ; des valeurs fortes, comme l'amitié à toute épreuve, ici celle de Pike et de Rory ; la misère sociale où règnent les drogues, la prostitution, la violence ; une ambiance poisseuse où même la neige est noire ; des scènes très visuelles à la dimension cinématographique ; une écriture poétique et tranchante à la fois.Pike vivote dans une petite ville des Appalaches, exerçant de petits boulots avec son pote Rory, dont le rêve est de devenir boxeur professionnel. Tous deux sont hantés par les fantômes de leurs passés respectifs. Un beau jour, Pike apprend que sa fille est morte d'une overdose, et se voit confier Wendy, petite-fille dont il ignorait l'existence. Malheureusement, Wendy semble attirer fortement l'attention de Derrick, un flic pourri jusqu'à la moelle...L'alternance des courts chapitres donne beaucoup de rythme à cette histoire habilement construite, qui nous tient fortement en haleine. Suspense garanti et naissance d'une oeuvre !
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Pike est le premier roman de Benjamin Whitmer. On plonge dans la même atmosphère que dans Quand vient la nuit de Dennis Lehane ou Exécutions à Victory de Zahler.
C'est un roman noir, d'une rare violence. D'ailleurs certains passages, certaines bagarres me paraissent bien futiles.

De retour dans sa ville natale, du côté de Cincinnati, Douglas Pike, accompagné du jeune boxeur Rory, vit de petits boulots et de magouilles. Même s'il ne se fait plus tout jeune, le vieux Pike a encore de la ressource à revendre.
Mais voilà, Sarah, sa fille qu'il n'a pas vu depuis l'âge de 6 ans, meurt d'overdose. Son amie, Dana, vient lui annoncer la nouvelle et lui confier Wendy, sa petite fille. Et puis arrive Derrick, le policier, qui s'intéresse un peu trop à Wendy...
Pike, aidé de Rory va essayer d'en savoir plus.
Et si Derrick avait un lien avec la mort de Sarah ?

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Une petite ville paumée comme il en existe tant, dans les faubourgs de Cincinnati. Pike, un ancien truand, y mène une vie tranquille, en compagnie de son ami Rory, un jeune boxeur. Ils acceptent ensemble des petits boulots dans la construction et gagnent suffisamment pour couvrir leurs maigres besoins. Pike « passe son temps à lire des livres bizarres. Ou à insulter ceux qui ne les ont pas lus ». Rory accumule les matchs, sans en perdre jamais un seul. On sent entre eux une vraie camaraderie qui ne se dit pas, une amitié dans laquelle l'un protège tour à tour l'autre des coups du sort et des petites vacheries de l'existence.
Un jour, Pike apprend que sa fille, Sarah, avec qui il avait perdu tout contact depuis des années, vient de mourir d'une overdose en lui laissant la garde d'une gamine de 12 ans, Wendy. En creusant un peu les circonstances de la mort de sa fille, Pike se rend compte de l'implication d'un flic à la réputation sulfureuse nommé Derrick Krieger. En compagnie de Rory, il se met à la recherche de Derrick.
Improbable traque que celle-ci, aux personnages attachants, tendres, violents et bourrés d'humour. La jeune Wendy ne s'en laisse rapidement pas conter, alternant la tchatche d'un camionneur blanchi sous le harnais avec la fragilité d'une princesse sortie d'un Disney des années ‘70. C'est sans doute pour elle que Pike entreprend la recherche de Derrick, parce qu'il sent confusément que s'il ne met pas ce dernier hors d'état de nuire, tôt ou tard, Derrick s'en prendra -pour une raison qu'il ignore encore- à la gamine. S'il accepte que Rory l'accompagne, c'est presque contraint et forcé, mais c'est sans doute aussi parce qu'il soupçonne son ami d'être encore, malgré son apparence de boxeur inébranlable, un jeune idéaliste peu conscient de la dureté de la vie et des bassesses humaines. Peut-être voit-il dans ce voyage un moyen de lui ouvrir les yeux. Peut-être, car finalement, dans ce roman, rien n'est explicite, rien n'est évident. L'auteur évite soigneusement de cataloguer ses personnages. Il se borne à nous conter leur très terre à terre odyssée, chacun d'entre eux -jusqu'au très énigmatique Derrick, mi-pourri, mi-justicier solitaire- navigant alternativement entre le gris clair et le gris foncé, et semblant mettre un point d'honneur à ne s'exprimer que par allusions ou par sentences philosophico-humoristiques. Au final, une intrigue très noire qui allie avec justesse nervosité, suspense, profondeur et humour. Un régal pour les amateurs.
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Ce fut l'une des révélations de la rentrée littéraire de 2012 – selon François Busnel et Bernard Poirette - le premier roman d'un auteur né en 1972. Je l'ai découvert dans mon stock de livres qui n'arrête pas d'enfler comme une grosse bosse assénée à coup de poing américain. du polar noir, brutal, sanglant, plus que violent …
Pike est un ancien truand plus ou moins en cavale, qui revient dans sa ville d'origine, Cincinnati, cité minière des Appalaches où règnent la misère, le racisme, la prostitution, la drogue et les règlements de comptes au couteau, aux armes de poing et à la carabine de chasse. Pike vient de récupérer une gamine de douze ans, qui lui est livrée par Dana, une amie de sa mère qui vient de mourir d'une overdose, Sarah. Sarah est en fait la fille de Pike, et Wendy est donc sa seule famille. Pike, assisté du jeune boxeur amateur Rory, veut savoir comment sa fille, qu'il a perdue de vue depuis qu'elle avait 6 ans, est morte et si le flic le plus pourri du coin, Derrick Krieger, proxénète et dealer, tueur de jeunes junkies noirs, y serait pour quelque chose.
La course-poursuite commence à la recherche du moindre témoignage au coeur des bas-fonds de cette cité autrefois prospère, là où furent étêtées les collines pour y râcler le charbon, où règne un racisme puissant, une danse de mort où gicle le sang, coule le Bourbon et la bière, vrombissent les moteurs de pick-ups hors d'âge, dans un smog prisonnier des montagnes et la neige sale amassée en congères. Un décor d'apocalypse qui plonge le lecteur au milieu de cette société de petits-blancs, coeur de l'électorat de D.Trump aujourd'hui.
Malgré tout, Pike est un homme qui attire la sympathie. Son destin sans issue parle de la condition humaine, de l'affrontement sans merci entre deux êtres frustres et de même carrure, qui ont vécu sans doute des histoires parallèles, avec des descriptions de combat d'une précision époustouflante.
C'est aussi une belle écriture, un style acéré, imagé, sensible. du sang sur les murs et dans la neige, personnes sensibles s'abstenir …
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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Pike
Benjamin Whitmer
roman, traduit de l'américain par Jacques Mailhos
Gallmeister, 2012, 264p


Encore un qui revient du Vietnam. Un de plus qui fait partie de ces mabouls qui ont vu trop d'horreurs et ont joui de trop de liberté. Peut-être l'un de ceux qui ont eu une femme de camp, une autochtone qui lui faisait la vaisselle et lui suçait la bite, jusqu'à ce qu'elle n'en puisse plus. Alors il roule dans les monts des Appalaches, et il boit. C'est Krieger. Un flic véreux blanc qui a tué un jeune Noir à bout portant, et qui a provoqué des émeutes à Cincinnati. Maintenant il tourne, avec son pacemaker déréglé qui l'empêche de dormir, autour de Wendy, 12 ans, la fille de Sarah, pute et junkie avant sa mort, et qui a encore servi de sac à foutre deux jours après. Il fait le mac aussi, et dirige un trafic de drogue. C'est le partenaire de Krieger qui a trouvé le corps, un jeune prétendu flic qui a toute la panoplie de la virilité, sauf les parties importantes. Il bat sa femme. Cette dernière se laisse faire.
Mais voilà, Wendy est la petite-fille de Pike, qui ne s'est pas occupé de sa fille du tout, un cogneur qui a dealé pas mal, et qui règle ses problèmes en cognant, en faisant voler des dents, ou en tuant. Ou sinon, il rêve du Mexique, et de sa chaleur, où l'air est grand et propre, et rend tel. Il a de l'affection pour un jeune Noir, qui boxe et se démène pour se sortir de toute cette merde qu'est sa vie, sa famille, son environnement. Il, Pike, lit, de ces livres que lui seul lit, et parle par citations. Wendy aussi lit. Les personnages de Whitmer lisent beaucoup.
On est à Cincinnati, dans les années Reagan, côté Est, le repaire des dealers et des putes, où les gens ont des réserves de haine inépuisables. Il neige, la neige est sale ; dans les maisons, c'est sale aussi, sang, merde et vomi mêlés. Même le ciel « semble un immense vomi répandu sur la ville ». La main d'une femme est « comme un steak tiède et graisseux », et sa supérieure a cet  « air dodu d'une femme qui n'a pas encore réalisé que sa beauté avait depuis longtemps disparu sous une bonne couche de graisse ménopausique ». Et la femme d'un camé pourra s'estimer heureuse s'il ne lui tranche pas sa putain de gorge avant de lui chier dans la gueule.
le livre est construit en trois livres et en chapitres extrêmement courts, avec des titres percutants pris au récit. Cependant, l'auteur a le temps de noter les tics de ses personnages et la façon qu'ils ont de tenir leurs armes. S'ils sont courts, ils sont denses, et regorgent d'horreurs et de sordide, par exemple l'histoire de la petite fille de 11 ans ligotée sur le dossier d'une chaise que de jeunes footballeurs sodomisent. Il y a quand même des filets d'humanité, quand Pike, qui en a vu, vomit après avoir vu l'état de tant de junkies.
C'est l'histoire d'une quête, double. Sarah est-elle morte d'une overdose, ou l'a-t-on tuée ? Ce pourrait être Krieger, son mac. Mais non. de qui Wendy est-elle la fille ? Peut-on dénoncer Krieger à la presse, blanche ou noire ? Non, la presse ne voudra pas déclencher de nouvelles émeutes. Aux flics, alors ? Et combien sont pourris ? Pike, quant à lui, cherche aussi à se retrouver.
C'est l'état des lieux d'une certaine Amérique. Ca fait peur. Pour continuer à vivre, ou pour ne pas penser à la vie qu'ils vivent, les gens, femmes et hommes, boivent. « La seule ruse qui nous permet de vivre nos vies consiste à ne pas nous détruire en essayant de s'en débarrasser ». Comme dit la fin de l'épilogue : Dehors, rien ne change. Dedans non plus. Rien ne change, jamais. Et c'est partout pareil. A Los Angeles, à New York, les flics arrivent avec hélicos et fusils -mitrailleurs. Ils font des rafles en pagaille. Des lois, pour lesquelles les Mexicains n'ont toujours pas trouvé de mots, prolifèrent comme des cellules cancéreuses, lois de territoire, lois pour la décence, pour la façon de marcher, pour la vitesse. Et derrière elles, des prisons qui jamais ne se vident.
Mais il y a encore des endroits où l'on peut être ce que l'on est.
Tant mieux. Car l'Amérique est vaste, et l'épuisement et la nausée submergent.
« La merde, c'est la merde, et c'est jamais croyable. » Mais à faire trop merdeux, ça peut l'être encore moins, ou alors donner tellement la gerbe qu'on aura du mal à lire ce genre de récit.
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