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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
La Chatte sur un toit brûlant est une formidable pièce que j'ai eu l'occasion de voir au théâtre récemment. A mon retour, j'ai ressorti le livre de ma bibliothèque, et l'ai relu avec plaisir.

Plaisir tant cette pièce est riche.

le décor se réduit à la chambre à coucher de Brick Pollit et de son épouse Margaret, et l'action se déroule le jour du soixante-cinquième anniversaire du père de Brick.
Toute la famille est conviée pour l'occasion, et le moins que l'on puisse dire, elle va se déchirer.

Tennessee Williams excelle par ses dialogues à la dépeindre : le grand-père est un riche propriétaire d'une immense plantation, on lui a diagnostiqué un cancer mais on le lui cache.

C'est une famille basée sur le mensonge, la dissimulation, les ressentiments, le dégoût de soi, les conventions, une morale étriquée, et les bassesses.

le caractère de chacun de ses membres est très bien décrit, avec toute leur complexité. Ils ont vraiment de l'épaisseur.

Bien évidemment d'abord celui des principaux : Brick, ancien grand sportif, qui se réfugie dans l'alcool pour oublier la perte d'un ami proche ; Margaret, la chatte sur un toit brûlant, son épouse délaissée sexuellement mais toujours amoureuse de lui, une femme forte et lucide qui lutte non seulement pour reconquérir son mari, mais aussi pour rester elle-même dans cet environnement ; le père de Brick, étonnamment tolérant pour l'époque.
Je n'oublierai pas les autres intervenants.

La pièce, en trois actes, décrit l'explosion de cette famille et aborde de nombreux thèmes: le désir féminin, la violence, l'alcoolisme, la cupidité, la lâcheté, la maladie et la mort.

Tout cela simplement par des dialogues percutants et de nombreux face-a-face de grande intensité.

C'est une pièce non dénué d'humour, un humour noir bien entendu, elle est rythmée, aux rires succèdent les larmes, et je suis sorti ravi tant du théâtre que de ma relecture ensuite.
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Brick boit, délaisse sa femme, s'absente du monde et de la vie.
On fête l'anniversaire de son père, atteint d'un cancer incurable, le temps est à l'orage, la famille Pollitt se déchire.
La force de l'écriture de Tennessee Williams, si intense et charnelle, nous prend au plus profond, nous plonge dans une ambiance moite, dans la violence des relations humaines, des sentiments, des émotions, des pulsions - dissimulation, frustration, cupidité, culpabilité, haine, dégoût de soi, autodestruction... mais aussi dans la vie qui va et qui vient, dans la capacité qu'a l'homme de survivre à ses naufrages quand une main, tendre et légère, posée sur son épaule, le pousse vers la vie.

Challenge Théâtre 2017-2018
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"Je t'aime Brick", à ce stade ma chère Maggie c'est plus de l'amour, c'est de la rage !!!
Lu et interprété au lycée en version originale, c'est avec beaucoup de curiosité que j'ai souhaité relire cette pièce en français.
Eh bien, je n'en avais pas compris (ou retenu) grand chose car tous les sous-entendus, tout le drame familial, les implications sociales liée à l'époque, les relations extrêmement fortes voire violentes et pourtant d'un amour profond entre les différents membres de cette famille s'étaient envolées. Je n'avais retenu que le tempérament ardent de Maggie la chatte. Il demeure mais il y a tellement plus dans cette histoire d'amour au-delà de tout, passionnel, filial, arrangée, à la dérive. Toutes les facettes de l'amour se succèdent par cette soirée d'orage où les masques tombent et la vérité crue et terriblement difficile à avaler s'effeuille peu à peu.
Magistrale pièce dans une atmosphère d'une moiteur suffocante, une vraie cocotte-minute au bord du débordement.
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Challenge Petits Plaisirs 2014/2015
Challenge Variétés 2015
Catégorie : Un livre qui a gagné le prix Pulitzer (1955)

"Une chatte sur un toit brûlant" est une pièce de Tennessee Williams de 1954 en trois actes qui a remporté le Prix Pulitzer en 1955. Au coeur du delta du Mississippi, dans une riche plantation de coton, la famille Pollitt se rassemble autour du patriarche mourant pour son dernier anniversaire. Une longue et chaude soirée où les tensions vont éclater sous le poids des non-dits.

Un chef de famille qui use de sa toute puissance pour diriger le clan d'une main de fer, qui est lucide quant aux personnalités qui l'entourent et qui adore son dernier fils. Celui-ci, ancien sportif de haut niveau, brisé depuis la mort de son meilleur ami, n'assume pas son homosexualité . Sa sublime femme, surnommée la Chatte, souffre de l'inattention et du manque d'affection de son mari. L'ainé de la famille, Gooper, s'échine avec sa femme Mae à donner l'image d'une famille exemplaire voire modèle et n'hésite devant aucun stratagème pour s'assurer la meilleure place sur le testament. Bref, une famille aux problèmes multiples proche du point de rupture alors que le patriarche est sur le point de disparaître, rongé qu'il est par un cancer dont il n'a aucune idée.

Une pièce forte qui nous emporte dans ce tourment familial à travers de nombreuses oppositions comme l'amour/la haine, la vie/la mort, le désir/le rejet, etc. Très vite on s'attache au couple Brick/Margaret contrairement à celui de Gooper/Mae particulièrement antipathique, de même on apprécie la figure du "Père" tout-puissant et on s'étonne de sa tolérance surprenante pour les années 1950. Personne n'est épargné, les souffrances sont multiples et ne trouvent pas réellement d'apaisement. La soirée est bien trop courte pour que la catharsis opère mais déjà les premiers abcès se percent. Pour autant, les blessures sont bien trop vives et profondes, touchent de trop près la sensibilité de l'âme pour qu'un retour en arrière soit possible, il ne reste plus alors que la fuite de la réalité par l'absence, l'alcool et les illusions.

Un très bon moment avec cette toute première version de la pièce, celle entièrement revendiquée par Tennessee Williams. Une pièce qui jusque dans sa création, sa rédaction et son adaptation a été source de conflits, de souffrances, de sentiment de trahison et d'amertume mais qui reste un chef d'oeuvre incontournable du théâtre américain.
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Parce que j'allais voir une représentation théâtrale de "La Chatte..." j'ai, heureusement, relu le texte et découvert par la même occasion "La descente d'Orphée".
Quel texte et quelle pensée, quelle sauvagerie dans la rage et l'appétit, l'angoisse, le désespoir de vivre.

La représentation théâtrale, a été de mon point de vue, une adaptation hors sujet : la première partie, traitée façon théâtre de boulevard (en voilà une conception originale !) et la seconde, dans un ton grinçant.
Supprimés tout ce qui nous ramène à l'absence d'intimité : pas de lieu où échapper au regard, aux oreilles des autres, sauf en devenant un professionnel de la dissimulation. Cette chambre conjugale, joue un rôle principal : c'est un vrai hall de gare. Chacun y déboule quand bon lui semble, sans crier gare, et quand la porte est close, des oreilles épient à la porte, aux murs, les conversations téléphoniques, les cris des enfants., des domestiques envahissent la pièce. La rage d'épier, sous le prextexte de prendre soin de l'autre, de le comprendre, ou de défendre les siens est toujours le moteur de toute action. Et ce plaisir, de coincer l'autre dans une case ! Il faut avoir la rage de vivre et de s'en sortir pour faire table rase des préjugés et conquérir une liberté. de quoi étouffer dans cette maison de verre et de papier où tout se voit, où tout s'entend. Et quand Brick parle de la cage de verre de son métier de chroniqueur sportif ne parle-t-il pas du cadre de sa vie ? Lui aussi est devenu un "regardeur" d'autres qui vivent en pleine possession de leurs moyens physiques et intellectuels. Un regardeur regardé et étiqueté comme ces insectes mis sous verre.
Est-il homosexuel ? "Grande" question ! Qu'est-ce qui l'a cassé ? La mort de son ami d'enfance et, surtout, la prise de conscience qu'il n'aura plus jamais ni la force, ni l'insouciance de sa jeunesse ? Cette femme qu'il a aimé et qui exige de lui qu'il se comporte en adulte ? Ce père qui doit affronter la venue de sa propre mort, cesser de dissimuler sa haine pour sa femme, l'ainé de ses fils, assumer sa préférence pour ce fils alcoolique au charme nonchalant, qui essaie de le fuir, lui, le père, qui a gagné sa toute puissance. Ou bien réalise-t-il qu'il n'a rien fait de sa vie et qu'il préfère se réfugier dans une sérenité d'oubli. Pauvre Brick. Il se retrouve rejeté, abandonné par la mort de son ami, coincé entre cette épouse trop séduisante et ce père carnassier. Faut dire qu'ils se ressemblent le Grand Père et Margareth en grands prédateurs dans la hyénitude de cette famille. Violent et âpre, sans pitiè.

Tout aussi violent et cruel "La descente d'Orphée". Là encore, c'est une société qui s'épie, qui dépéce celles et ceux qui ne leur ressemblent pas. C'est une société qui vit comme dans un fortin interdisant son accès, aux "pièces-rapportées", celle épousée-achetée à laquelle son moribond de mari ne laissera aucune chance de lui survivre pour faire autre chose de SON bien, celle qui se réfugie dans la peinture, artiste dont le talent est reconnu, mais qui préfére s'aveugler de ses visions pour mieux transcender la réalité de la cruauté de son shérif de mari, celui qui seulement armé d'une guitare s'est arrété au mauvais endroit, et puis l'"erreur de la nature", celle qui vraiment n'a rien de commun avec cette famille, cette communauté. C'est surement elle, l'oiseau sans pattes, "il ne peut pas se poser et il passe toute sa vie à planer dans le ciel", et si elle réussit à ouvrir tout grand ses ailes, à devenir "couleur de ciel", alors elle échapera à ses congénères, ces oiseaux de proie qui ne l'attraperont jamais parcequ'ils ne la verront "même pas, au sommet du ciel, près du soleil."

Au fond, cette mauvaise mise en scéne m'a permis de redécouvrir un fabuleux écrivain.
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Un de mes auteurs préférés. Une de mes pièces préférées aussi. « La Chatte sur un toit brûlant » de Tennessee Williams. Immortalisée par Élisabeth Taylor et Paul Newman.

États-Unis, une famille, deux couples viennent rendre visite au grand-père malade. Il y a Maggie et Brick, couple qui bat méchamment de l'aile à cause de la mort de Skipper, meilleur ami de Brick ; une mort que ce dernier met sur le dos de sa femme. Une Maggie frustrée parce que son mari refuse par conséquent d'accomplir son devoir conjugal.
Et il y a Gooper, le frère de Brick, et son épouse qui, comme Maggie, veulent faire main basse sur l'héritage du grand-père mourant. Mais Gooper aura des efforts à faire, Brick étant le préféré des deux frères aux yeux du patriarche.

La famille va s'entredéchirer, Brick sombrer de plus en plus dans l'alcool, son couple atteindre un point de non-retour, malgré les tentatives de Maggie pour raviver la flamme.

Une histoire de famille, d'héritage, d'autodestruction, de déchéance conjugale, de luxure, de fuite face à un quotidien disloqué par trop déprimant. C'est un registre dans lequel Tennessee Williams est particulièrement brillant, avec sa façon géniale d'écrire son intrigue à tiroirs de façon à suivre les différentes relations. On ment, on charme, on désire, on hait, Les personnages sont fouillés et attachants, même quand ils ont mauvais caractère. Tennessee Williams les a dessinés avec épaisseur. Un classique juste incontournable.
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Le volume se compose de deux pièces. La première pièce du tome, La Chatte sur un Toit brûlant, est un classique. D'ailleurs, la photo de la couverture est issue de l'adaptation cinématographique. Que j'ai vu il y a bien longtemps.

Tennessee Williams nous livre à petites touches le destin de Brick et Margaret. Lui un ancien sportif, qui ne peut se résoudre à l'inaction. Elle, amoureuse et exubérante. Possessive et persuasive.

Les dialogues sont millimétrés, pesés. Les répliques fusent et réagissent. Chez Williams, pas de ressort lié à la situation, mais de l'action, venant des dialogues.

On pourrait être dans du Shakespeare. le Roi meurt et on se partage ses avoirs. Air connu. le happy end, ou ce qui s'en rapproche le plus chez Williams, vient soulager tout ce monde, englué dans les haines et les envies. En l'occurrence, le fait ou non d'avoir des enfants, le fait ou non d'être un "bon" fils... C'est bien vu de Williams, tout à fait ancré dans le quotidien, intemporel, absolu. le dramaturge nous livre une vision exacerbée, déchirante, désespérée de l'âme humaine.

La seconde pièce, La Descente d'Orphée, m'était inconnue. Quand on regarde la distribution des acteurs pour la première parisienne, on est frappé par le niveau très relevé. Arletty, bien sûr, mais pas seulement. Il faut du lourd pour que cela ne soit pas caricatural, à coup sûr.

Tout se passe dans une petite ville américaine. J'ai supposé le Midwest. Avec les tumbleweeds qui roulent au gré du vent. Les haines se lâchent. de nouveau, les trahisons, les compromissions, les secrets se nouent et se dénouent. On est dans un suspense, un thriller, implacable. Chez Tennessee Williams, les gens jugent leur prochain. Les condamnent. Dur. Et cela frappe juste. On se reconnaît. Oh, bien sûr, on n'a pas envie de se reconnaître dans ces femmes envieuses qui passent leur temps à épier et médire... mais c'est tellement bien vu de l'auteur.

Au final, une découverte.

Coller deux pièces peut se révéler tout à fait inadéquat. Cependant, plusieurs points les relient. le poids du passé tout d'abord, pas seulement celui de l'histoire des personnages, mais celui de la Tradition (avec une majuscule). Ensuite la beauté, la jeunesse, et le temps qui passe. Enfin, quelque chose d'instinctif, de primal, de viscéral. Je me suis surpris à penser que les personnages criaient, bien plus souvent que nécessaire. Tellement les répliques me semblaient devoir se hurler, frénétiquement, obsessionnellement.

Mais ce qui m'a le plus frappé dans les deux pièces, ce sont les didascalies, les indications fournies par Williams lui-même. La première pièce est un huis-clos, un duel... mais surtout un ballet. La place des protagonistes est réglée par l'auteur. Cela avance, recule, bouge, se positionne... car les places occupées ont de l'importance. La gestion de l'espace est un acteur à part entière. Efficace, terriblement efficace. La seconde pièce se déroule dans plusieurs endroits selon les tableaux, mais de nouveau on retrouve ce souci du positionnement des acteurs. le hasard n'a pas de place ici.
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Les oeuvres de Tennessee Williams font partie de ces lectures imposées qui m'ont totalement bouleversée.
J'ai tout de suite adoré Un tramway nommé désir, le doux oiseau de jeunesse et La ménagerie de verre. L'intensité des émotions que Williams y dépeint est absolument étonnante.
La chatte sur un toit brûlant est d'un style très proche. On y retrouve des personnages écorchés par l'existence, qui s'aiment et se détestent, qui s'entre-déchirent et tentent de faire souffrir les autres autant qu'ils souffrent eux-mêmes.
On ne peut donc pas vraiment dire que les sujets de Williams soient très réjouissants, mais cela passe totalement inaperçu, car ce n'est pas ce qui importe le plus dans ses pièces. Ce qui est le plus marquant, outre l'intensité des émotions décrites, c'est la complexité des personnages : chacun cache bien plus que ce qu'il laissait voir au premier abord.
A découvrir, à relire, à savourer dans toutes les langues dans lesquelles les ouvrages de Williams ont été traduits. Vous ne le regretterez pas !
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