Ce tome comprend les épisodes 9 à 13 et 16, parus en 1971 et 1972. Il fait suite à Tower of the Elephant and Other Stories (épisodes 1 à 8).
Épisode 9 - Conan et Jenna chevauchent tranquillement quand ils sont attaqués par un groupe d'êtres humains plutôt primitifs. Jenna se fait enlever par une créature ailée. Conan part à sa recherche et croise un troupeau de mammouths avant d'arriver devant une haute tour isolée au milieu d'un champ de fleurs peu ordinaires.
Épisode 10 - Conan et Jenna s'acoquinent avec un duo de voleurs qui les amènent à dérober un trésor à un culte pas catholique. Épisode 11 - Jenna a dénoncé Conan à la police. Il est contraint d'accepter d'aider un noble qui veut qu'il assassine le grand prêtre du même culte.
Épisode 12 - Conan est capturé par les milices armées d'une reine régnant sur une cité isolée. Elle le fait général de ses armées, mais assigné à résidence. La soif de liberté du barbare va se heurter à des pratiques sacrificielles peu ragoutantes. Épisode 13 - Conan est victime d'agresseurs qui lui volent son cheval et le laisse pour mort dans le désert. Ayant repris ses esprits il part à la recherche de ses agresseurs et fait la connaissance en chemin d'un père dont la fille a été enlevée par les mêmes hommes.
Épisode 16 - Sur un champ de bataille enneigé et ensanglanté, Conan aperçoit une jeune femme fort dévêtue qui le soumet à la tentation charnelle. Il lui court après, oublieux de toute précaution.
Après des premiers épisodes assez indigestes, Roy Thomas commence à prendre confiance et à revenir à une narration qui doit plus à la bande dessinée qu'à un roman. Les cases de texte en dessus des dessins reprennent une taille normale pour les années 1970, jusqu'à parfois laisser parler les images toutes seules. du coup la lecture devient plus fluide et la narration moins artificielle. Conan continue quand même à parler à voix haute quand personne n'est là pour l'entendre pour simplement commenter ou expliquer ses agissements pour le bénéfice du seul lecteur. C'est une façon déguisée d'insérer des bulles de pensées, tout en faisant mine que l'émotion du personnage est tellement forte qu'il s'exprime à voix haute. Il est vrai que c'était un dispositif couramment employé à l'époque dans les comics.
Cet allègement du texte du narrateur omniscient permet de mieux apprécier les histoires pour elles mêmes. Roy Thomas a fini de croire qu'il pouvait écrire à la manière de
Robert Ervin Howard. La première histoire qui mêle monde perdu avec créature surnaturelle installe une forme de poésie inattendue avec Conan qui se retrouve seul confronté à un environnement déconcertant, pour aller sauver sa belle. La deuxième histoire surprend également un peu par son immoralité : Conan n'est pas un héros, il est le personnage principal, mais il reste un voleur brutal. Arrivé à l'épisode 12, il devient carrément le jouet sexuel de la reine en place. L'épisode 13 contient l'essence même des histoires de Conan pour la dizaine d'années à venir : il se fait attaquer, il vient en aide à une personne spoliée, il se bat contre un monstre et sauve la belle. le lecteur constate que Roy Thomas a vraiment trouvé sa formule avec ces épisodes, formule qui n'est pas encore usée, mais toute fraîche.
Ces histoires bénéficient à nouveau de la vision artistique de
Barry Windsor Smith qui s'éloigne des standards des superhéros, d'épisode en épisode. Grâce à son sens du détail, l'attention portée à la faune et à la flore, l'aspect onirique de la tour, l'épisode 9 mélange harmonieusement aventure, exploration de contrées déconcertantes, et surnaturel légèrement effrayant. Les 2 épisodes suivants qui se déroulent dans une ville ramènent des visions plus naïves dans l'architecture interne des bâtiments (des escaliers déconcertants), une urbanisation de pacotille, mais une approche sensible des éléments de décorations. Les costumes bénéficient également du même soin que celui apporté à la décoration, sauf celui de Conan. Il perd son casque à cornes en cours de route, il a adopté son pagne en peau de bête et il a toujours son collier à médaillon. À nouveau, il se retrouve en pagne de fourrure à se battre dans la neige, au mépris de toute crédibilité (épisode 16).
Ce qui fait sortir ces illustrations du lot, c'est sans nul doute ce mélange de fougue agressive qui se lit dans les gestes de Conan, postures toujours dérivative (dans le bon sens du terme) de
Jack Kirby, et cette capacité à créer des endroits spécifiques, aménagés, habités, exotiques, nés de civilisations improbables.
Sal Buscema encre la majeure partie des épisodes et il exécute un travail appliqué qui respecte la majeure partie des crayonnés délicats de
Barry Windsor Smith.
La reprographie de l'épisode 16 (Frost giant's daughter) laisse à désirer. Il s'agit au départ de pages parues dans un magazine dédié à Conan dans un format plus grand. du coup l'encrage se trouve un peu tassé et les pages perdent en netteté.
Pour cette édition, les couleurs originelles ont été abandonnées, chaque épisode a été remis en couleurs par informatique par 3 employés d'une société appelée Udon Entertainment. Ils évitent de recourir à des couleurs criardes et ils ajoutent des variations de teintes au sein d'une même surface pour accentuer les effets de la lumière. le travail de mise en couleurs n'écrase pas les dessins à l'encre, il a tendance à complexifier un peu la lecture. Sans être grossier, il n'est pas assez sophistiqué pour enrichir les dessins. Une édition en noir & blanc aurait mieux mis en valeur le travail de
Barry Windsor Smith.
La réédition des épisodes de Roy Thomas et de
Barry Windsor Smith se poursuit dans Monster of the Monoliths and Other Stories (épisodes 14 & 15, et 17 à 21).