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4,34

sur 966 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Rares sont les livres d'une telle qualité, écoutez amis lecteurs ! "Bam Bam Bam Bam" cela s'appelle un coup de coeur ! Souvenez-vous de la Griffe du chien, ce chef d'oeuvre sur la frontière Mexique-USA, sur le problème de la drogue, et si on pouvait douter qu'une suite pouvait être aussi bonne, Don Winslow nous prouve qu'elle peut l'être et qu'elle peut même être meilleure !

Reprenez le héros américain Art Keller, un homme à la fois désabusé par le système mais qui sait s'en servir, un homme complètement focalisé sur un seul but : Adan Barrera. Ce dernier est son Némésis : un baron de la drogue, le seigneur des cartels...Et il vient de s'enfuir de prison pour mieux régner encore, anéantir tous ses ennemis et mener sur une terre de violence et de vendetta. Si ces deux protagonistes n'ont pas réellement changé et restent tout de même intéressants, le vrai point fort de ce diptyque repose sur les protagonistes secondaires.

Ils ont tous une histoire, ils ont tous des névroses, des émotions exacerbées et une soif de pouvoir ou d'espoir. La belle Eva, la somptueuse et ambitieuse Magda, le ténébreux Eddie... Ce sont eux qui sont vraiment émouvants à mes yeux, peut-être parce que les deux personnages principaux sont définis plus par leur volonté de se détruire mutuellement que par leurs pensées ou émotions dans ce second tome. Je me suis régalée à chaque page : 700 pages de bonheur absolu du fait de savoir qu'on est en train de lire un roman incroyable.

Il y a ensuite l'histoire : Don Winslow arrive à mélanger une histoire fascinante, addictive - où l'on suit de nombreux protagonistes sans jamais se perdre - avec toutes les connaissances emmagasinées, l'atmosphère inhérente aux cartels. Avec ce livre vous allez apprendre énormément d'éléments sur cette guerre contre la drogue, sur le rôle des États-Unis et du gouvernement américain, sur les pays d'Amérique du Sud... C'est tout simplement extraordinaire de voir ce travail de recherche être disséminé au fur et à mesure d'une intrigue.

En définitive, Cartel est un chef d'oeuvre comme La Griffe du chien, un livre à lire d'urgence, un classique comme on en lit que trop rarement !
Lien : http://leatouchbook.blogspot..
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Un livre documentaire pour un portrait sans concession des cartels mexicains. Autant j'étais relativement mitigé sur "La Griffe du chien", autant je suis complètement rentré dans ce second volume. le face à face Keller-Barrera est fascinant et est un modèle du genre. Les deux personnages sont psychologiquement complexes et leur évolution remarquable. On peut apprécier la documentation des différents cartels présents au Mexique, ainsi que leur lutte à mort ; et on réalise, si on ne l'avait pas déjà fait, que la population mexicaine est prise en otage dans cette guerre des cartels. L'auteur égratigne au passage la diplomatie et dénonce la corruption au Mexique. Par ce documentaire, l'auteur pose la question qui sert de fil rouge à son roman : Peut-on gagner la guerre contre les cartels en gardant les mains propres ? La violence est omniprésente, sert véritablement le roman et nous révolte. Toutefois, la succession de certaines scènes m'a parfois dérangé. Mais c'est vraiment le seul bémol car cela reste un des meilleurs romans sur les narco trafiquants.
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RÉSUMÉ: "2004. Adan Barrera, incarnation romanesque d'El Chapo, ronge son frein dans une prison fédérale de Californie, tandis qu'Art Keller, l'ex-agent de la DEA qui a causé sa chute, veille sur les abeilles dans un monastère.
Quand Barrera s'échappe, reprend les affaires en main et met la tête de Keller à prix, la CIA et les Mexicains sortent l'Américain de sa retraite : lui seul connaît intimement le fugitif.
La guerre de la drogue reprend de plus belle entre les différentes organisations, brillamment orchestrée par Barrera qui tire toutes les ficelles : la police, l'armée et jusqu'aux plus hauts fonctionnaires mexicains sont à sa solde. Alors que la lutte pour le contrôle de tous les cartels fait rage, avec une violence inouïe, Art Keller s'emploie à abattre son ennemi de toujours.

MON AVIS: Bienvenue en enfer! Ici le Mexique, plus encore que dans "la griffe du chien", est un lieu de corruptions, disparitions, chantages, tortures et morts. Un vaste champs de bataille que se disputent les différents cartels plus férocement que jamais.
L'horreur à l'état pur défile sous nos yeux de lecteurs tétanisés par tant de violences.
Il parait d'ailleurs impossible que cette escalade mortifère s'arrête , sans parler du trafic de drogue.
Et puis il y a au milieu de tout ces carnages des hommes et des femmes qui essaient de lutter, de sauver ce et ceux qui peuvent l'être au péril de leur propre vie.
Et toujours cette obsession de Art Keller à rayer du monde des vivants son ennemi de plus de 30 ans le puissant Adan Barrera.
Ce fut une lecture coup de point. A la foi terrifiante et édifiante. Don Winslow décrit magistralement cette vaste machinerie qui détruit êtres humains et pays: production et consommation, consommation et production de drogues, les 2 étant étroitement liées.

Dernier poche libre du mois lu pour le PicaboRiverBookClub .

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Pour commencer, je tiens à remercier Babelio et les éditions du seuil qui m'ont envoyé ce livre pour que j'en fasse la critique. J'avais déjà entendu parlé de cet auteur mais ne l'avais jamais lu et c'est donc par ce livre queje l'ai découvert.
Je dois avouer que les 50 premières pages m'ont laissée dubitative et je n'étais pas sûre de réussir à le lire jusqu'à la 717ème page. Et puis, tout à coup, je me suis laissée happée par l'intrigue et l'horreur. Pour moi, le trafic de drogue, c'était "Casino" ou "Traffic" et c'était tellement irréel et lointain. Mais ce livre décrit la guerre des cartels tellement précisément et avec tellement de détails que c'en est saisissant. A chaque page, on se dit que le pire a été atteint et que ça n'arrive que dans les livres mais l'horreur s'amplifie sans cesse. Et finalement, on se rend compte que l'être humain est vraiment capable de faire ça et qu'il le fait sans cesse pour l'argent, le pouvoir ou la religion, on fait alors le lien avec ce que l'on entend à la radio, les images de la télé et ça vous prend aux tripes.
J'ai reposé ce livre en me demandant jusqu'où l'humanité comptait aller et si un jour, elle finirait par trouver sa limite.
En tout cas, malgré le sentiment que cette lecture m'a laissé et les questions qu'elle pose, je l'ai adoré et le conseille à toute personne ayant le coeur bien accroché.
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« le Mexique, patrie des pyramides et des palais, des déserts et des jungles, des montagnes et des plages, des marchés et des jardins, des boulevards et des rues pavées, des immenses esplanades et des cours cachées, est devenu un gigantesque abattoir. Et tout ça pour quoi? Pour que les Nord-Américains puissent se défoncer. »

Cette citation résume fort bien ce thriller géopolitique.

Ce roman, c'est la descente aux enfers du Mexique par la description de la politique de ce pays, tout autant des compromis tactiques et/ou de l'aveuglement stratégique des États-Unis face à la corruption du pouvoir mexicain et de la puissance du pouvoir des cartels.

Selon l'auteur, une grande partie de la classe politique et du milieu des affaires est compromise. Je le crois facilement car Winslow a clairement fait ses devoirs et s'est très bien documenté.

Autour de Art Keller (agent de la DEA) et de Adan Barrera (baron de la drogue) on découvre des trafiquants, narcos, des policiers et politiques corrompus ou intègres.
Et surtout on découvre des héros du quotidien, des mexicains amoureux de leur pays et de la démocratie.
D'ailleurs vers la fin du roman, un texte très touchant : « Ce n'est pas une guerre contre la drogue. C'est une guerre contre les pauvres. » vous fera frémir.

Don Winslow a un style incomparable, très professionnel et très efficace, l'intrigue est construite pour nous tenir en haleine.
Bah oui c'est une brique qui approche les 700 pages mais qui se lit très bien et sans longueurs.
Ce roman est d'un réalisme incroyable qui prend aux tripes, qui fait mal à l'âme. La loi est faible face à ceux qui jouent sans règles!

Je ne sors pas indemne de ma lecture et longtemps, très longtemps j'aurai en mémoire, de par leur noblesse et leur courage, certains personnages tels que : Luis Aguilar, Erika Valles, Pablo Mora, Jimena Abarca. Marisol.

Vous verrez bien …
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J'ai commencé ce livre en me remémorant une critique d'un internaute de babelio, écrivant que cette suite de la griffe du chien est bien écrite mais pas nécessaire.
Je dois avouer que je fus une nouvelle fois bluffé par l'écriture de Don Winslow. C'est on ne peut plus fluide , réaliste, c'est plus qu'une suite, c'est vraiment le trait d'union entre le narco-trafic du début et son évolution plus choquante dans l'intensité des morts est la violence entre cartel. Il y a aussi la médiatisation (internet,journaux,télé) de ces derniers qui est un vecteur pour eux dans leurs guerres.
C'est avec un énorme plaisir que j'ai retrouvé Art Keller toujours fidèle à lui même et à ses convictions. Magnifique saga.
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Dix ans après « La griffe de chien », les ennemis jurés Art Keller, agent de la DEA, et Adan Barrera, le chef du cartel de Sinaloa, sont de retour.
Alors que Art s'est retiré dans un monastère pour y élever des abeilles, le caïd de la drogue croupit en prison. Mais, grâce à ses complicités, il parvient à s'évader. Pendant qu'il purgeait sa peine, le marché s'est restructuré et est désormais encombré par une concurrence encore plus féroce. Barrera ferait presque figure de Bisounours à côté des impitoyables Zetas qui sèment la terreur. Dans le précédent opus, les malfrats s'entretuaient. Désormais, ce sont les civils qui sont touchés. Ce que des journalistes dénoncent au péril de leur vie.
S'appuyant sur des faits réels, « Cartel » déroule sur près de dix ans la lutte implacable que les États-Unis et les autorités mexicaines, plus ou moins compromises, livrent aux narcotrafiquants qui inondent de leur marchandise leur voisin nord-américain.
Malgré ses 718 pages, ce thriller se lit d'une traite. Même pas le temps de reprendre son souffle.
Lien : http://papivore.net/litterat..
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Après « La griffe du chien », qui était déjà un monument, on pensait déjà avoir atteint les sommets dans la description du monde des cartels de la drogue. Avec « Cartel », Don Winslow réussit le tour de force d'aller plus haut et de nous surprendre encore. Ce roman est un véritable chef-d'oeuvre dans le genre. James Ellroy ne dit-il pas à son propos que ce livre est le « Guerre et paix » des romans sur la drogue.
Ce roman s'étend sur une décennie, durant laquelle le trafic de drogue n'a cessé de croître et de prospérer, malgré tous les moyens employés pour le combattre.
Il n'est pas nécessaire d'avoir lu « La griffe du chien » pour apprécier pleinement « Cartel », mais je ne saurais que vous recommander de les lire l'un après l'autre, pas forcément à la suite, hein…

Adán Barrera, baron de la drogue, est emprisonné à San Diego. Âgé de 50 ans, il bénéficie d'un véritable statut de VIP : il verse de généreux pots de vin aux gardiens et autres responsables de la prison. Il mène une vie tranquille de détenu sans histoires, et continue à diriger son empire tentaculaire. Inquiet de l'influence grandissante de l'un de ses plus sérieux rivaux, il décide de s'évader.

A des kilomètres de là Art Keller, l'agent de la DEA à l'origine de sa capture et de son emprisonnement, s'est retiré dans un monastère où les soins des abeilles et des ruches occupent son quotidien. Lorsque son ancien supérieur Tim Taylor vient le trouver pour lui apprendre l'évasion d'Adán, il quitte le monastère pour se lancer à sa poursuite. Il est bien déterminé à en finir une bonne fois pour toutes avec lui et de l'éliminer cette fois, définitivement.

Le scénario prend forme, au travers de la traque que mène Keller contre Barrera, et de la lutte que mène le trafiquant pour préserver et étendre son empire. Il a fort à faire, car durant son emprisonnement ses rivaux ne sont pas restés inactifs et ont investi plusieurs de ses fiefs. Dans ce milieu là, le profit facile attise toutes les convoitises et motive de fragiles alliances entre les gangs, fluctuantes selon les circonstances. La complexité de cette situation demande beaucoup d'attention de la part du lecteur. J'ai été amené à plusieurs reprises à revenir sur ma lecture, pour ne pas perdre le fil de l'histoire. Ces gangs, jusqu'ici habitués à la violence instinctive, au crime brutal, s'adaptent au changement de notre monde moderne. Ils prennent en compte l'omniprésence des média et des nouvelles formes de communication, telles qu'Internet et les réseaux sociaux. Ils se servent de ces nouveaux vecteurs pour véhiculer leurs messages de terreur et de mort, clairement inspirés des formes de propagande des groupes djihadistes.
Le nombre d'exactions et de meurtres d'une sauvagerie extrême, (décapitations, démembrements…), exposés aux yeux de tous comme de macabres avertissements, dépasse l'entendement. La description en est crue, souvent choquante et reflète bien l'horreur vécue par les populations.
J'ai également été frappé par le jeune âge (à peine 11 ans pour l'un d'entre eux, Jesus Chuy) de ces « sicarios », débutant dans le crime avant même l'adolescence.

« D'une certaine façon, se dit Pablo, « Les Nouveaux » ont déjà publié les noms, n'est-ce pas ? C'est le nouveau visage de la guerre des narcos. Ils savent utiliser les médias. Autrefois, ils dissimulaient leurs crimes, aujourd'hui, ils les rendent publics. Je me demande s'ils n'ont pas pris exemple sur al-Qaida : À quoi bon commettre une atrocité si personne ne le sait ? C'est peut-être ça le fond de mon article ? « Les crimes qui restaient tapis dans l'ombre cherchent à présent l'éclat du soleil. » »

L'auteur détaille les interactions entre tous ces gangs, les luttes d'influence pour obtenir des territoires. Les narcotrafiquants mettent le pays entier en coupe réglée, ils agissent sur les leviers de toutes les institutions, civiles, militaires et politiques. Plus dure encore que la violence pure et simple, on assiste à la lente destruction des idéalistes, ce ceux qui croient encore à une société plus juste et plus égalitaire. On ne peut même plus être sûr de la police ni de l'armée dans ce pays dans un système complètement gangrené. Les citoyens, vivant dans une terreur permanente, n'ont guère le choix : la soumission aux cartels, la mort ou l'exil.

La dédicace en début d'ouvrage, en hommage aux plus de 130 journalistes assassinés ou « disparus », durant la période que couvre ce roman, montre bien à quel point de déréliction en est arrivé le Mexique, sous la coupe des « Narcos », ce qui provoque chez Pablo cet amer constat :

« Et mon pays, le Mexique, patrie d'écrivains et de poètes … , patrie de peintres et de sculpteurs…, de compositeurs …, d'architectes …, de merveilleux cinéastes …, d'acteurs et actrices. Aujourd'hui, les « célébrités » sont des narcos, des tueurs psychopathes dont l'unique contribution à la culture sont les narcocorridas chantées par des flagorneurs sans talent. le Mexique, patrie des pyramides et des palais, des déserts et des jungles, des montagnes et des plages, des marchés et des jardins, des boulevards et des rues pavées, des immenses esplanades et des cours cachées, est devenu un gigantesque abattoir. »

Cartel est un roman complexe. Il appréhende dans sa globalité le problème que représente le trafic de drogue dans l'équilibre géopolitique et économique du continent américain, et du monde moderne en particulier. Ces mêmes réseaux, qui trouvent des ramifications jusqu'en Europe par le biais des différentes mafias, vont jusqu'à s'associer avec les réseaux terroristes. Don Winslow, qui fut détective, a poussé très loin ses recherches, s'appuyant sur une solide documentation et au prix d'un très sérieux travail d'enquête, impliquant une réelle connaissance de tous ces réseaux.

Dans ce pandémonium de tortures, de meurtres et de sang, quelques trop rares personnes tentent de lutter contre cet état de choses. Leur courage et leur abnégation forcent l'admiration et donnent lieu à de belles histoires, d'amour, d'humanité et de rédemption. Autour d'Art Keller, la docteure Marisol Cisneros et les journalistes Ana, Oscar et Pablo sont des figures éminemment positives, tout à l'opposé des trafiquants Barrera, Nacho et Ochoa, pour ne citer qu'eux…

L'écriture est précise, efficace et ne s'embarrasse pas de fioritures. Dans un style proche du reportage journalistique, Winslow nous livre un roman d'une grande densité. Il ne se limite pas à relater des faits, il les inclut dans un vrai roman, une histoire dont les personnages reflètent toute la palette des sentiments humains, depuis le plus obscène jusqu'au sacrifice le plus sublime.
Des villes frontières du Mexique, points de passage de la drogue, jusqu'aux forêts du Guatemala, il signe là une épopée sanglante, sombre et désespérée ponctuée par des milliers de victimes.

Ce roman est dur, dérangeant, passionnant aussi et je le dis sans ambages, c'est un véritable chef d'oeuvre ! A la fois mon dernier coup de coeur pour 2016 et le premier pour 2017. Un livre absolument indispensable.


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La suite du roman culte « La Griffe du Chien » est enfin là. Dix ans d'attente pour « le Guerre et Paix des romans sur la drogue » selon le maître James Ellroy. « Cartel » est signé Don Winslow. Avec ces deux romans c'est quarante années de lutte contre la drogue que nous pouvons contempler, avec à la clé un échec retentissant. Car c'est ce qui fait sens à la lecture de « Cartel », le côté illusoire de cette lutte qui n'a jamais su empêcher la montée en puissance des narco-empires au Mexique. Car oui il est question du Mexique, de Juarez et de sa frontière avec les Etats-Unis, le plus gros consommateur de drogue au monde. C'est cela le drame du Mexique, être voisin du pays qui finance la lutte contre la drogue et qui dans un même temps consomme le plus ces mêmes drogues. le Mexique a été, derrière la Syrie, le pays qui a connu en 2016 le plus grand nombre d'assassinats, essentiellement à cause des cartels de la drogue. «Les homicides intentionnels en 2016 au Mexique ont fait 23 000 victimes», a annoncé Antonio Sampaio, expert de l'IISS, un chiffre à mettre en perspective avec les 60 000 assassinats comptabilisés en Syrie, pays où la guerre civile fait rage depuis six ans. le Mexique a connu une augmentation de 11% des homicides entre 2015 et 2016. Selon l'IISS, ces violences sont nées de la décision en décembre 2006 du président mexicain Felipe Calderon de déclarer la guerre au trafic de drogue: «le conflit résultant a apporté la misère au Mexique: 105 000 personnes ont perdu la vie par homicide intentionnel entre cette date (décembre 2006) et novembre 2012», a affirmé M. Sampaio. «Il est très rare que la violence criminelle atteigne les niveaux d'un conflit armé. C'est pourtant ce qui se passe dans le triangle nord de l'Amérique centrale (Honduras, Guatemala, Salvador, avec 16 000 homicides), et particulièrement au Mexique», a-t-il ajouté. « Cartel » nous fais revivre cette réalité qui touche tout le monde là-bas. Les gangs, les Zetas, le cartel du Sinaola etc.. sont autant de menaces pour un Etat mexicain gangréné par la corruption, les assassinats notamment de journalistes qui tentent courageusement d'enquêter sur tous ces crimes. L'année 2016 avait été marquée par un nombre record de 11 journalistes exécutés, alors que le Mexique figure au troisième rang des pays les plus dangereux pour les journalistes après la Syrie et l'Afghanistan, selon Reporters sans frontières (RSF). L'armée, la police, les politiques, tous jouent un double jeu. Les principales victimes sont, comme trop souvent, les indigents, les plus fragiles (les femmes, les enfants).. Ce récit de l'horreur nous permets de mesurer le décalage entre ce qui nous est présenté comme une nécessité (la lutte contre les trafics de drogue) et la réalité de ce conflit bien plus complexe et trouble qu'on ne peux l'imaginer. Il faut avoir le coeur solidement accroché pour descendre dans cet enfer. C'est ultra violent et les monstruosités décrites font froid dans le dos. Et pourtant, tout ce que Don Winslow nous raconte est vrai. Il a seulement changé les noms. Ainsi « Adan Barrera » dans le livre n'est autre que Joaquin « El Chapo » Guzman, l'homme qui s'était échappé par deux fois d'une prison de haute sécurité mexicaine et qui est aujourd'hui extradé aux Etats Unis pour répondre de ses actes. Mais cette arrestation ne change rien ou presque car déjà au Mexique d'autres souhaitent prendre sa place. Une guerre interne est actuellement en cours au sein du cartel de Sinaloa après l'extradition de son puissant chef. Mais il existe aussi des gens de la trempe de Art Keller, le policier « incorruptible » qui doit pourtant se compromettre lui aussi pour éviter le pire. le journaliste mexicain Javier Valdez, spécialiste reconnu du narcotrafic et pigiste pour l'AFP dans l'État de Sinaloa, a été assassiné dans la ville de Culiacán (nord-ouest). « Cela s'est passé devant les bureaux de Riodoce. (…) Il a été attaqué à l'arme à feu », a indiqué une source judiciaire. Javier Valdez, 50 ans, travaillait depuis de plus de dix ans pour l'Agence France-Presse dans l'État de Sinaloa, fief du cartel de Joaquin « El Chapo » Guzman. La force de ce livre c'est que la réalité qu'il décrit n'a jamais été aussi prégnante qu'aujourd'hui. Les centaines de milliards de dollars générés par ces trafics de stupéfiants sont blanchis par les pontes des cartels avec l'aide de banquiers, d'avocats, de politiques, etc.. On ressort de cette lecture avec l'impression que l'on se moque de nous. Si l'effort de lutte contre les drogues est à mon sens nécessaire, la manière dont cette guerre est conduite nous questionne. Immensément complexe, ce problème soulève de nombreuses interrogations. le style d'écriture de Don Winslow n'est pas son principal atout mais une fois entré dans ce récit, difficile de lâcher les quelques 700 pages de ce pavé monumental. Si vous avez aimé le roman « La Griffe du chien » ou « Sicario » le film de Denis Villeneuve, ce livre est pour vous. Bouleversant.
Lien : https://thedude524.com/2017/..
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Ce roman est dédicacé à tous les journalistes nommés, morts ou disparus au Mexique pendant la période du roman. Certains tentent de faire leur travail, de dénoncer. S'ils touchent des pots de vins mais qu'ils ne les utilisent pas, c'est comme si c'était le cas. Il y en a bien d'autres morts aussi. Personnellement, je donnerai une spéciale dédicace à tous ceux qui ont souffert de ces luttes contre les cartels de drogues, à ceux qui ont été exécutés sommairement, toute cette population qui tente de vivre malgré tout, qui voit son pays souffrir, les régions se vider. Personne ne sait à qui il doit faire confiance. Une des morales, les Etats-Unis ne retiennent aucune leçon. Ils sont englués dans des guerres qui ne finissent jamais. Ils profitent de ces cartels de drogue, mais cela se tait. Je pense qu'il n'y a pas que les USA. L'Europe est également en cause puisque les marchés sont, eux aussi, florissants. Quand je pense à tout cet argent dû au trafic qui occasionne autant de morts alors qu'il pourrait servir à ce que le monde aille mieux. Il existe un parallèle entre ces cartels et la lutte contre le terrorisme des états. Tout cela est très loin de chez nous mais assez près tout de même
je n'ai pu que constater que l'écrivain a écrit ici une oeuvre à couper le souffle (je l'avais déjà apprécié dans La Griffe du Chien), qui m'a tellement emballé que je suis arrivée à lire ce gros livre (je le répète et de plus j'ai un faible pour eux) en quelques jours seulement car j'ai été très captivé par l'histoire et par l'écriture.
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