En cette période particulière, où le mouvement Black Lives Matter se fait entendre partout à travers le monde, après une énième bavure policière, j'ai lu
Corruption de
Don Winslow. J'appréhendais un peu cette lecture étant donné le contexte actuel, ne sachant pas trop comment le sujet allait être traité par l'auteur.
J'ai rapidement compris que cette thématique serait finement abordée par
Don Winslow dans ce roman. J'ai été agréablement surpris de constater le non-manichéisme de cette oeuvre. L'auteur aborde de nombreux sujets dont le racisme, les violences policières et la
corruption (logique me direz-vous, vu le titre du bouquin).
Ce livre est profond, les personnages sont tous très bien écrits, complexes. J'ai été impuissant face à la complexité des affaires affectant les protagonistes, j'ai été percuté par toutes ces facettes insaisissables de la
corruption.
C'est avec sa documentation et sa plume que
Don Winslow frappe fort dans
Corruption (
The Force en VO). Tout du long, il nous interroge, nous lecteurs et lectrices, sur ce qu'est la
corruption. Est-ce que les mauvais flics sont corrompus? Est-ce que les bons flics résistent à la
corruption ? Mais c'est quoi la
corruption ? C'est quoi un bon ou un mauvais flic ? Tout du long,
Don Winslow nous prouve que les réponses nous dépassent, que le bien ou le mal, les bons et les mauvais, ne sont pas toujours aussi faciles à distinguer que ce que l'on voudrait.
A travers ce polar,
Don Winslow rend non seulement hommage aux policiers, mais aussi aux victimes des violences policières, même si cet hommage est plus subtil que celui aux forces de l'ordre (les premières pages montrent à quel point le métier de policier est exceptionnel, dur, triste, mais beau). En effet, tout le long du roman,
Don Winslow nous rappelle que des policiers, bien que courageux, peuvent commettre des crimes allant jusqu'au meurtre, il n'oublie d'ailleurs pas de mentionner les noms d'afro-américains victimes de ces travers de la police.
Dans ce terrain glissant, j'ai trouvé que
Don Winslow n'avait jamais perdu le contrôle de son écrit. Par cette finesse et cette minutie qui lui sont propres, il a réussi à présenter et à faire cohabiter des points de vue qui, dans la sphère médiatique, apparaissent comme antagonistes. Chapeau bas.