La vie quotidienne dans les ports bretons aux XVIIe et XVIIIe siècles

Rappelle-toi Barbara, il pleuvait sans cesse sur Brest ce jour-là.
Et tu marchais souriante, épanouie, ravie, ruisselante sous la pluie.
Rappelle-toi Barbara, il pleuvait sans cesse sur Brest
Et je t'ai croisée rue de Siam ...
Non, tu ne te souviens pas ! Hé bien, cette chronique est pour toi ...
Si Brest est le seul port naturel que le roi ait eu en mer, si Lorient fût la capitale de la Compagnie des Indes, si Saint-Malo était et reste toujours un fier vaisseau de granit, tout, aujourd'hui comme hier, semble se passer à Nantes !
Nantes, Brest, Lorient et Saint-Malo ...
Aujourd'hui envahis par la flânerie de touristes insouciants dès qu'un brin de soleil déchire la brume et le crachin de l'hiver, les ports bretons sont lourds d'un passé chargé d'Histoire maritime.
Et, c'est à ce passé que s'intéresse, ici, Armel de Wismes dans son livre "la vie quotidienne dans les ports bretons au XVIIème et XVIIIème siècles".
Armel de Wismes était un historien, écrivain et peintre nantais.
Pour écrire, il s'est appuyé sur les archives familiales, conservées depuis le moyen-âge, entassées dans les quatre pièces de son appartement de la rue du roi-Albert à Nantes, et dispersées, en février 2021, en 250 lots vendus aux enchères à l'Hôtel des ventes de la rue Miséricorde.
Miséricorde !
Nantes est le point de gravité de l'oeuvre d'Armel de Wismes qui s'intéresse cependant plus largement à la Bretagne et à la mer.
Ce livre est un livre d'Histoire, une Histoire qui serait récit, qui reprend vie sous nos yeux de lecteurs.
Au début du XVIIème siècle, la Bretagne est une nouvelle venue dans le royaume de France.
Le breton avec sa longue barbe, ses cheveux pendants sur les épaules et son gros bonnet de laine semblait sortir d'un autre âge.
Les voix des trépassés se mêlaient au vent les soirs de tempête.
Et pourtant c'est de la Bretagne que va naître la marine moderne !
De Brest, battue par les pluies et les vents, perdue aux bords extrêmes de l'occident ...
D'un cordonnerie, d'une tonnellerie et d'une forge installées le long de la Penfeld ...
Le style d'écriture d'Armel de Wismes est vivant.
L'Histoire n'est pas une matière morte, elle est notre passé.
Elle est le long chemin, parfois sinueux et chaotique qu'a suivi notre destinée.
La plume d'Armel de Wismes est élégante.
Elle lui a valu le prix Marc Elder pour son roman "coup de mer" paru en 1952 aux éditions des "Portes du large".
Et, en 1981, aux éditions Ouest-France, elle a raconté au enfants l'aventure des corsaires dans un bel album illustré par Loÿs Petillot.
"La vie quotidienne dans les ports bretons au XVIIème et XVIIIème siècles" est un donc un livre passionnant et très documenté.
Et si d'aventure, Barbara, tu voulais lui offrir une suite, quelques beaux ouvrages sont aussi parus aux éditions "France-Empire" :
- "Nantes et le pays nantais" du même auteur et "Brest porte océane" de l'amiral Lepotier, parus en 1968.
- "Lorient porte des Indes", également de l'amiral Lepotier, paru en 1970.
Rappelle-toi Barbara ...

Je n'en suis qu'à la page 28, et déjà ce livre m'enchante par les tas de chemins qu'il m'ouvre : vers le mouvement jacobite par exemple, que j'avais découvert en lisant Walter Scott et Stevenson. Or voilà-t-il pas que je découvre que" le Stuart détrôné s'était réfugié au château de Saint-Germain (tout près de chez moi, en fait !) où Louis XIV lui promettait de chasser l'usurpateur protestant". Peine perdue, "les états-majors ennemis avaient davantage de métier". Puis je me tourne vers La Hougue, joli coin du Cotentin bien tranquille maintenant, où j'apprends que Tourville dut y combattre, avec 44 vaisseaux, 97 anglo- hollandais, d'où une terrible défaite. Je tourne la page et me voici dans la guerre de succession d'Espagne, qui fit régner le duc d'Anjou à l'Escorial, ce qui sera source de bien des problèmes, pour très longtemps, en particulier dans les pays catalans, qui lui préféraient le prétendant autrichien Charles de Habsbourg ... Et que dire des descriptions des ports bretons, me voilà vite emportée vers le souvenir de "Ces Messieurs de Saint-Malo" !
Du rêve et de la connaissance, voilà ce qu'apporte ce livre, dès qu'on l'ouvre, que demander de mieux ?