Ils sont nombreux les livres qui s'attachent à faire le récit de l'Histoire de la ville de Nantes.
Pourtant, un se détache parmi tous ceux-là, un dont on aperçoit invariablement la couverture chez tout bon bouquiniste, dans toute généreuse vieille caisse de brocanteur avisé : "
Nantes et le pays nantais" écrit par
Armel de Wismes, et paru aux éditions "
France-Empire" en 1968.
Cet ouvrage a ça de plus que les autres que d'abord son auteur se qualifie, d'après sa quatrième de couverture, par son savoir historique, par son art de conduire un récit et surtout par sa manière délicate de ressusciter l'atmosphère du passé.
Et, c'est là, tout l'art du véritable historien ...
Armel de Wismes était en effet un nantais particulier, un écrivain amoureux, un historien attaché à l'Histoire de sa ville.
Un article du journal de "Ouest-France, cinq ans après sa disparition, le présentait comme un personnage atypique, "un promeneur du passé qui entendait vivre poétiquement le monde".
Dans son appartement de la rue du roi Albert, il avait entassé les archives familiales, celles sur lesquelles s'est appuyée sa plume pour écrire de nombreux ouvrages et plus particulièrement "
Ainsi vivaient les Français : des Croisades à la Troisième République", livre rédigé en se référant aux archives de la famille de Blocquel de
Wismes, conservées depuis le Moyen Âge.
"
Nantes et le pays nantais" est un livre précieux, aussi parce que sa couverture magnifique a été réalisée, peinte et offerte aux nantais par
Jean Bruneau, une autre des figures participant à la vie artistique et à la mise en valeur de la ville.
Ce même
Jean Bruneau qui fût l'ami de
René Guy Cadou, qui créa des gouaches inspirées par ses poèmes.
Ce même
Jean Bruneau qui illustra de manière splendide et très précise la biographie de
Jacques Cassard écrite par
Armel de Wismes.
"
Nantes et le pays nantais" est donc un livre qui lui-même a une histoire.
Mais il est aussi et surtout le récit d'une région qui "s'édifia, se fortifia, s'épanouit malgré les guerres, les destructions et les malheurs".
De la brume lointaine du passé y émergent des noms et des images lointaines :
Gilles de Rais, la duchesse Anne, Carrier, Charette, Cambronne, Pontcallec,
Jules Verne ... les négriers, les corsaires du roi, les blancs et le les bleus de la révolution ...
Et c'est un écrivain de belle plume, un historien des plus documentés qui appelle ici à la flânerie, invite à faire le tour de la ville de Nantes de ses origines à sa libération, le 12 août 1944 ...
On connaît bien sûr l'épisode tragique des "noyades de Nantes" que
G. Lenotre raconta hors sa "Petite Histoire".
Mais sait-on que
Stendhal éprouvait pour Nantes une grande admiration, que, pour lui, ses cafés rappellent les cafés d'Italie, et que la place Graslin aurait été remarquable à Paris ?
Et, que saurait-on aujourd'hui sans ce livre du sourire de mépris des vieux capitaines de la voile devant ces nouvelles hirondelles à vapeur remontant l'Erdre au XIXème siècle et se risquant parfois jusqu'au Croisic, jusqu'à Pornic et même Belle-Ile pour des excursions ? ...