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sur 1770 notes
En 1928, Virginia Woolf est invitée par plusieurs grandes universités anglaises afin d'y donner des conférences sur le thème de la fiction et des femmes. Grande féministe de son époque, l'auteure développe son exposé autour de l'écriture et des femmes et s'interroge sur la nécessité pour elles d'avoir de l'argent et un lieu pour écrire de la fiction.
Un ouvrage intéressant lorsque l'on sait qu'à cette période les droits sont quasi-inexistants et la place de la gente féminine est bien inférieure à celle des hommes.
Le livre débute avec un prologue qui pose d'emblée le contexte. Virginia Woolf est une auteure contemporaine qui utilise un style littéraire empreint d'humour et d'ironie. Cependant, tout n'est pas si simple à cette époque pour les femmes écrivaines. Considérées comme moins intelligentes, peu instruites et incapables, il n'était pas facile pour les grandes écrivaines de prendre leur place dans le milieu de l'écriture.
L'ensemble de l'essai se déroule sur deux journées durant lesquelles l'auteure se rend à l'université de Cambridge, dans une université féminine et au British Museum. Durant ces conférences, Virginia Woolf ne fait pas de cadeaux aux hommes qu'elle considère (entre autres) comme faibles et narcissiques. A ces occasions, elle développe sa thèse sur la place de la femme dans la littérature.
Elle expose devant des centaines d'étudiants tout le cheminement de son étude en étayant ses propos par divers exemples du quotidien et en faisant référence aux plus grandes écrivaines anglaises de l'époque telles que les soeurs Brontë ou Jane Austen.
Pourquoi y-a-t'il prospérité et sécurité pour l'un des deux sexes, pauvreté et insécurité pour l'autre ?
Pourquoi dans la littérature les hommes écrivent sur les femmes alors que les femmes n'écrivent pas sur les hommes ?
Voilà des questionnements parmi tant d'autres que l'auteure essaie d'analyser. Elle revient sur les conditions dans lesquelles vivaient les femmes, notamment au 18ème siècle où, à part quelques poétesses, on ne retrouvait pas de femmes écrivaines, puis au 19ème siècle où elles commencent à prendre leur place dans le milieu intellectuel sans être très encouragées à devenir des artistes.
Très peu de femmes ont pu gagner de l'argent en écrivant des fictions, elles l'ont fait au prix de grands sacrifices.
Abordant également le sujet de la place des femmes dans la société, Virginia Woolf retrace tout le chemin devant être parcouru pour arriver jusqu'au statut de femmes écrivaines. Manquant d'instruction, elles devaient se cantonner dans leur rôle d'épouses. Elles étaient considérées comme des êtres inférieurs, sans argent, sans indépendance.
A la lecture, on en vient tout naturellement à leurs parcours jusqu'au 19ème siècle. L'écriture vient doucement en commençant par la poésie et les pièces de théâtres, puis vient ensuite l'écriture de romans avec un style littéraire différent : les femmes ne faisaient pas d'études universitaires alors elles écrivaient avec l'expérience de leurs émotions et de leur sensibilité. Quelle bataille a été menée pour s'imposer dans le milieu littéraire alors que certains grands professeurs de l'époque avançaient des arguments tels que l'infériorité mentale, morale et physique des femmes.
La récompense se retrouve aujourd'hui dans les bibliothèques et les librairies, où l'on trouve autant de romans écrits par des femmes que par des hommes, et pas des moindres car la plupart sont de vrais chef-d'oeuvres récompensés !
Lien : http://labibliothequedemarjo..
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« Ni vaporeuse ni difficile à lire. N'importe qui, sans aucun outil critique ni formation littéraire, peut grimper sur le vaisseau Woolf » - Virginie Despentes
Et bien pour une fois je ne suis pas d'accord avec Despentes. Lire « Une chambre à soi » n'est pas de tout repos et il faut être sacrément concentrée pour ne pas se perdre dans les divagations de Virginia.
J'ai relu deux fois le premier chapitre pour essayer de partir sur une bonne base. Finalement, je pense que j'aurais pu le lire 15 fois ça n'aurait rien changé.
Heureusement le deuxième chapitre est bien plus abordable et l'on perçoit enfin l'idée principale que va développer l'autrice dans le reste de son essai (idée qui va même être ressassée): une femme doit pouvoir disposer d'un lieu à elle et être débarrassée des soucis d'argent pour pouvoir écrire.
Le livre ne se résume pas à ça bien évidemment, d'autres idées vont par petites touches venir étayer ce propos mais le principal est là.

Si je reconnais l'avant garde et l'impertinence des propos de Virginia Woolf pour son époque, je ne peux pas dire pour autant que j'ai été séduite. Trop décousu, trop de références que je n'ai pas et trop de redondances qui auront eu raison de mon intérêt. Cette lecture a parfois été un calvaire. Lire le deuxième chapitre et la conclusion m'aurait largement suffît.
Heureusement j'ai lu cet ouvrage dans le cadre d'une grande lecture commune, organisée sur Instagram: le café du classique. La richesse de nos discussions plus l'ironie de l'autrice m'ont aidé à ne pas abandonner.
Un livre trop grand pour moi ? Peut-être…

Traduit par Clara Malraux
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... et 500 livres de rente

Virginia Woolf écrit cet essai pamphlétaire dans le cadre d'une conférence sur le féminisme qu'elle a dispensé aux étudiantes de l'université de Cambrigde, portant sur les femmes et le roman.

Dans un style mêlant évocation, irritation et ironie, elle détaille les conditions matérielles limitant l'accès des femmes à l'écriture: interdiction pour les femmes de voyager seules pour s'ouvrir l'esprit, de s'installer à la terrasse d'un restaurant pour prendre le temps réfléchir, de s'assoir dans l'herbe à la recherche d'une idée, d'accéder à la bibliothèque de l'université. Woolf s'attarde sur les contraintes liées au mariage, à la charge des enfants et du ménage, ne laissant plus le temps aux femmes de se consacrer à l'écriture. A ce vieil évêque qui a déclaré qu'il était impossible qu'une femme ait eu dans le passé, ait dans le présent ou dans l'avenir le génie de Shakespeare, elle répond « il aurait été impensable qu'une femme écrivît les pièces de Shakespeare à l'époque de Shakespeare » en comparant les conditions de vie de Shakespeare et celles de sa soeur.

Quand bien même les femmes voulaient écrire dans ces conditions, elles devaient braver le discours dominant qui leur faisait douter de leurs capacités et tentait de les décourager: « "La caractéristique de la femme, disait avec emphase M. Greg, c'est d'être entretenue par l'homme et d'être à son service." Il existait une masse immense de déclarations masculines tendant à démontrer qu'on ne pouvait rien attendre, intellectuellement, d'une femme ».

Woolf dégage deux éléments indispensables pour permettre à une femme d'écrire:
- avoir une chambre à soi qu'elle peut fermer à clé afin de pouvoir écrire sans être dérangée par les membres de sa famille;
- disposer de 500 livres de rente lui permettant de vivre sans soucis. Elle rappelle à ce titre que les femmes ne pouvaient pas posséder l'argent qu'elle gagnaient, et déclare, à l'époque où les femmes se voient accorder le droit de vote: « de ces deux choses, le vote et l'argent, l'argent, je l'avoue, me sembla de beaucoup la plus importante. »

Quand bien même les femmes auraient pu braver toutes ces épreuves et publier un livre, elles devraient encore faire face à la critique empreinte de "valeurs masculines": « Parlons franc, le football et le sport sont choses "importantes"; le culte de la mode, l'achat des vêtements sont choses "futiles". Et il est inévitable que ces valeurs soient transposées de la vie dans la fiction. Ce livre est important, déclare la critique, parce qu'il traite de la guerre. Ce livre est insignifiant parce qu'il traite des sentiments des femmes dans un salon. Une scène sur un champ de bataille est plus importante qu'une scène dans une boutique - partout et d'une façon infiniment plus subtile, la différence des valeurs existe ».

Ce livre a été écrit en 1929 et n'est heureusement plus (totalement) d'actualité. Puissent se réaliser entièrement les paroles prophétrices de Woolf: « Les femmes, dans cent ans, auront cessé d'être un sexe protégé. Logiquement, elles participeront à toutes les activités, à tous les emplois qui leur étaient refusés autrefois. La bonne d'enfant portera le charbon. La vendeuse conduira une machine. (...) Tout pourra arriver quand être une femme ne voudra plus dire: exercer une fonction protégée ».
Lien : http://www.critiqueslibres.c..
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« Une chambre à soi » est un essai paru en 1929.
Une année plus tôt, Virginia Woolf avait donné des conférences à l'université de Cambridge ayant pour thème « les femmes et la littérature. » Ces conférences sont à la source de cet essai considéré comme important dans l'histoire du féminisme.

Virginia Woolf ne se pose pas en militante, mais en femme d'esprit. Sa réflexion se veut didactique, et se construit avec intelligence, flegme et ironie, malgré son irritation face à ce qu'elle doit constater.
Si la fiction place souvent les femmes au centre des récits, si elles inspirent, si elles sont muses, dans la vraie vie, on ne leur accorde pas le droit de penser, d'étudier ou même de s'exprimer. Et si elles écrivent, elles doivent le faire en cachette, sans espace dédié, parmi leurs innombrables obligations de femme.
Selon Virginia Woolf, trois conditions sont nécessaires pour accéder à l'écriture : d'abord le talent (même si elle engage toutes les femmes à écrire), avoir une chambre à soi, afin de pouvoir s'isoler sans être dérangée, et disposer d'une rente de 500 £ pour garantir son indépendance.
Comme elle l'explique, à l'époque, les hommes détiennent l'argent et le pouvoir.
Un évêque affirmait qu'aucune femme ne pouvait égaler le talent de Shakespeare. Virginia Woolf décrit alors le parcours imaginaire de Judith, l'hypothétique soeur de William. Elle est aussi douée que lui pour l'écriture et le théâtre. L'auteure démontre que Judith n'aurait pas pu se réaliser, et aurait été emportée par le tourbillon de l'invisibilisation.

Bien sûr, au-delà des femmes et la littérature, Virginia Woolf s'interroge sur l'accès des femmes à l'art en général, mais aussi et surtout, de leur place dans une société patriarcale. Avoir une chambre à soi, c'est tourner le dos à ses obligations de femme (éducation des enfants, gestion de la maison), et penser pour soi-même.
Ce pamphlet est au sens large un hymne à la liberté des femmes que revendique l'auteure.

94 ans se sont écoulés depuis la parution de ce texte. Si la place de la femme a évolué dans notre société, nous en sommes néanmoins encore à nous quereller sur la féminisation des noms, l'égalité des salaires, l'IVG, etc. Nous sommes encore loin d'une égalité parfaite, même si l'on parle de « lente décrue des inégalités. »
Alors oui, la saine réflexion que peut susciter ce texte en fait à mon avis encore une lecture essentielle.


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C'est ma deuxième lecture de Virginia Woolf, et un deuxième coup de coeur.
Quelle force dans ses écrits et quel talent d'écriture!!!
« Une chambre à soi » est un essai qui s'interroge sur la place de la femme dans la littérature. L'histoire est un peu romancée et si bien écrite qu'on est directement plongé dans une ambiance académique anglaise: c'est génial.
On en apprend beaucoup sur la littérature et il y a de nombreuses références, ce qui est plaisant pour tout lecteur assidu. le thème de l'essai est très intéressant et bien abordé: le fil de la réflexion est très clair. Cet essai est très accessible; à avoir lu à tout prix (+très rapide à lire!).
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A l'heure où une révolution féminine se met en marche, il me semblait intéressant de revenir à un texte classique, précurseur de cette cause.

Dans cet essai, Virginia Woolf s'intéresse « aux femmes et à la fiction » et tente d'expliquer l'absence de celles-ci dans la littérature et dans la poésie, depuis des siècles. L'ancienne traduction de ce texte de Virginia Woolf s'intitulait « Une chambre à soi ». A travers ce court texte, il est bien sûr question de l'impossibilité pour les femmes d'avoir accès à une pièce dédiée à l'écriture. Mais outre cet obstacle matériel, l'époque et les coutumes ont aussi beaucoup fait à cette anomalie historique. C'est pourquoi, après la lecture de ces pages, je trouve que cette nouvelle adaptation, « Un lieu à soi », s'éloigne du titre original mais représente bien mieux le contenu.

En effet, l'autrice prouve que les femmes ont de multiples autres raisons de ne pas s'être libérées avec leur écriture. L'histoire de l'humanité traîne derrière elle des usages ancestraux qui ont pénalisé leurs ambitions. Elles n'avaient ni le temps (avec leurs tâches domestiques), ni l'accès à l'argent, ni la possibilité d'une éducation pour accéder à cette pratique. Elles devaient aussi composer avec les préjugés masculins et féminins qui les ont confortées dans leur complexe d'infériorité. Tous ces handicaps découlaient bien entendu de leur rapport aux hommes.

C'est un exposé exigeant par le style, très travaillé. J'ai eu un peu de mal avec les quelques digressions qui parsèment le début. Mais une fois le discours recentré, la plume percute et développe ses propos avec force.

Cette grande écrivaine du siècle dernier avait déjà une vue assez réaliste de la situation. Depuis son époque, plusieurs choses ont bougé, mais il subsiste tout de même quelques restes du patriarcat persistant. Les femmes ont donc encore un certain nombre de combats à mener afin d'éradiquer les injustices. Ce discours peut être une des bases du changement !
Lien : http://leslivresdek79.com/20..
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Non, Virginia Woolf n'était pas qu'une âme torturée par la dépression. Elle nous montre dans cette petite analyse de société qu'elle a un regard lucide, acerbe et parfois même humoristique sur le monde masculin qui a si longtemps défini les droits des femmes. Certaines choses qu'elle évoque sont toujours d'actualité : écrire et lire est un luxe difficilement accessible pour une femme qui travaille et qui a une famille... Même aujourd'hui, même si les hommes sont devenus plus actifs... Peut-être aurait-il fallu, comme elle, décider de ne pas faire d'enfants et de se consacrer à sa passion. En ce qui la concerne, elle n'a pas eu tort, car sa façon d'écrire m'émeut aujourd'hui, moi, une femme de l'an 2018...
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Je ne vais pas me priver d'être la 200eme à donner mon avis ! On a sans doute déjà tout dit sur Une chambre à soi mais je ne peux réfréner mon envie de clamer à toutes qu'il FAUT lire ce livre.
Longtemps j'ai imaginé qu'il s'agissait d'un roman un peu obscur sur une femme écrivain. Que nenni, il n'en est absolument rien. C'est donc avec un plaisir immense que j'ai dévoré cette conférence donnée par Virginia Woolf devant une assemblée d'étudiantes anglaises, au début du XXe siècle. Tout est déjà là, il y a bientôt un siècle. L'autrice dépeint et dénonce tout ce qui fait le combat féministe actuel : la charge mentale, la pauvreté, l'infériorisation, le patriarcat… Tout y est brillamment et intelligemment exposé.
Cet écrit m'a donné l'envie de découvrir les romans de Woolf, histoire de vérifier qu'elle écrit bien comme une femme de son temps, débarrassée de la colère contre les hommes qu'elle reproche à certaines de ses contemporaines.
Je me réjouis d'être tombée sur l'édition du Livre de Poche préfacée par Lauren Bastide dont l'introduction au texte est, elle aussi, un petit bijou.
Un essentiel donc !
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Un essai intelligent, nuancé et de bon sens, bien loin d'un certain féminisme outrancier actuel. Il est en plus, ce qui est assez stupéfiant pour une femme, plein d'ironie !
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À travers cet essai, la narratrice décrit (le peu) de place qu'occupent les femmes en tant que auteures dans l'Histoire et notamment dans la littérature britannique.
Elle passe en revue les contraintes auxquelles sont confrontées les femmes dans la vie ordinaire, contraintes incompatibles la plupart du temps avec une activité d'écriture : éducation des enfants, le respect des moeurs qui interdit aux femmes de voyager seule, d'avoir accès aux bibliothèques universitaires, etc.
Elle évoque à la fois avec contrariété et admiration, les ruses de Jane Austen qui cachait ses manuscrits en s'interrompant à tout instant car son rôle dans la société ne lui permettait pas de s'isoler pour s'adonner à l'écriture. Et puisque les hommes considéraient qu'une femme n'a pas les capacités intellectuelles pour se livrer à un art quelconque, elle se protégeait ainsi des remarques sarcastiques de ceux qui auraient eu la curiosité de lire quelques unes de ses lignes.
Virginia Woolf prône ici les bases de l'indépendance des femmes : la liberté d'user de son argent et un endroit pour s'isoler. Ainsi, elles pourront donner libre court à leur talent dans des conditions propices. Il restera encore à convaincre les hommes de celui-ci.
Cet essai, resté dans les annales du militantisme féministe, d'un ton à la fois gracieux et féroce, est un modèle d'argumentaire dont la lecture, quoique laborieuse à mon goût, montre que presque un siècle après, beaucoup reste à faire.
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