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La nuit du galgo d'@
Ysa Wouters, voici une histoire pour jeunes gens que j'ai beaucoup aimée. Comme c'est indéniablement un roman à vocation pédagogique et que je voulais absolument le lire “comme un roman”, j'ai occulté toute idée d'exploitation scolaire.
Expérience réussie ! @
La nuit du galgo, c'est de la littérature, de la bonne littérature jeunesse.
Après cela, le reste n'est que du bonus.
L'histoire se déroule dans la magnifique région des Grands Causses, près de Mende et du Tarn, dans un environnement sublime qui constitue un vaste terrain de jeux et d'aventures.
De l'occupation, ici, personne n'en manque !
La famille Thellier, c'est une maman vétérinaire, un papa urgentiste de nuit, trois enfants (deux garçons, une fille), trois chiens dont un lévrier espagnol, un galgo, adopté au tout début du roman et pour finir, trois chevaux.
Les copains des enfants Thellier font quasiment partie de la famille. Vous verrez ; on accroche plus ou moins avec tel ou tel de ces personnages mais tous sont sympathiques.
La famille Thellier pourrait un peu agacer en jouant la carte de la “famille idéale” : nature, chiens, chevaux, compréhension, bienveillance, liberté des enfants sous contrôle mais sans brimer leurs initiatives... Et la confiance en maître mot. Rien ne manque dans le décor mais contre toute attente, rien n'est agaçant dans ce constat. Elle est fine, @
Ysa Wouters.
Pour le lectorat ciblé ou lectorat en général, c'est même tout à fait positif. Cela fait du bien. Dans @
La nuit du galgo, rien n'est “trop”, “trop lourd”, “trop exagéré”, “trop quoique ce soit”. Rien ne sonne faux dans cette histoire. Les jeunes lecteurs, pas loin d'être ados, ou ados, ne le permettraient pas.
Dans cette bande d'aventuriers, on compte les enfants Thellier, Mickey et Gaston. Gaston, le plus âgé de la bande, se montre indépendant et réfléchi. Il doit se débrouiller seul par la force des choses. Ses parents sont comme restés coincés dans un trip “revival” des seventies, des néo-hippies, Larzac, fumette et bien loin d'eux le sentiment d'une quelconque responsabilité parentale. Ils vont et viennent sans se soucier de leur fils.
Le trésor de Gaston, ce sont ses amis et son vélo.
Juste un clin d'oeil : dans @
La nuit du Galgo, il est parfois question de “mob”. Alors, j'aime l'idée qu'il y a peut-être un rapport entre cette mob, cette mobylette, et une vielle époque baba cool aujourd'hui fantasmée ;-)
Les épreuves de Gaston ont affirmé son caractère. Avec Enzo, l'aîné des Thellier, ils sont sur la même longueur d'ondes. Des amis comme on rêverait tous d'en avoir.
Quand Gaston prend un repas chez les Thellier, il mangerait jusqu'à l'assiette mais il ne veut pas donner l'impression de “profiter”.
En ce qui concerne Mickey, c'est moins compliqué. Ses parents vont emménager plus au sud mais lui restera là, chez sa grand-mère.
Au début de @
La nuit du galgo, @
Ysa Wouters nous apprend, via le roman, que les galgos, les lévriers espagnols, sont de nombreux chiens malheureux proposés à l'adoption. Elle n'en dit pas trop pour ne pas heurter la sensibilité des plus jeunes mais elle explique tout de même que lorsque le galgo ne court plus assez vite, il déçoit son maître qui peut alors le tuer sans aucun état d'âme.
Ni une, ni deux, la famille Thellier part adopter un galgo. Ce sera Drap d'Or, un lévrier exceptionnel.
Drap d'Or a un faible pour Gaston. Et il est aussi intrigué par son odeur. Pourquoi ? Nous le saurons plus tard. Par pudeur ou nécessité, Gaston, parfois, se tait mais il ne cache jamais rien longtemps à ses amis. La bande finit rapidement par être au courant (“Un louveteau ? Mais qu'est-ce que tu fiches avec un louveteau, Gaston ?”) et la force de l'amitié multiplie la force de tous. Les problèmes de l'un sont les problèmes des autres. Encore une fois, cela fait vraiment du bien de voir des valeurs si essentielles couler aussi naturellement de la plume d'@
Ysa Wouters.
Ils sont incroyablement sympathiques, futés et affûtés, ces enfants-là. Et l'auteure n'hésite pas à bousculer les impératifs de “ce qui se dit” ou “ce qu'il faut faire”. Elle transgresse les règles comme le font tous les jeunes. Cela n'est jamais inapproprié et cela ancre résolument le roman dans notre 21ème siècle, dans le plus positif des sens.
Un beau jour, Drap d'Or se met à courir dans un pré comme seul un lévrier peut le faire et la mère de famille, venue pour ses chevaux, se fait faucher par une vingtaine de kg de muscles à pleine puissance. Elle ne peut se relever et quand elle réussit enfin à saisir son portable, c'est à Enzo qu'elle demande de l'aide pour l'emmener à l'hôpital. Il est jeune ? Il n'a pas l'âge d'avoir le permis ? Je vous laisse au suspense du roman.
Les péripéties de @
La nuit du galgo soulèvent des sujets d'actualité importants, la maltraitance animale, l'écologie avec la sécheresse et les incendies. Quand la petite bande doit fuir le feu, nous sommes au coeur d'un de ces problèmes. L'expérience est terrifiante. Il faut garder son calme, son sang-froid, faire plus que vite sans rien oublier et surtout pas un animal.
Adulte, je ne me suis pas ennuyée une seconde et lorsque j'ai refermé @
La nuit du galgo, j'ai pensé à une suite. Comment ne pas avoir envie de connaître davantage ces, gamins-là, de savoir ce qu'ils deviennent, de vivre encore des aventures à leurs côtés et de sentir notre coeur battre, envahi par les émotions ?!
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Ysa Wouters sait raconter des histoires et elle le fait avec style et fluidité. Son écriture est riche. le vocabulaire de @
La nuit du galgo n'est pas seulement basique et contrairement à d'autres romans pour la jeunesse, l'auteure n'utilise pas uniquement le présent et le passé composé comme temps de conjugaison. Elle ne se moque pas de son lectorat. Il s'agit d'un ouvrage de qualité et je suis heureuse d'avoir fait voyager ce livre vers une famille de ma connaissance. @
La nuit du galgo doit déjà être entre les mains d'une jeune lectrice de l'âge ciblé. C'est une idée très réjouissante.
Je salue les illustrations de @Guillaume Baldochi parce qu'elles sont discrètes, rares, sans signes vraiment distinctifs pour les héros. L'illustration s'éloigne. le roman prend la place et fait la part belle à l'imagination.
Merci beaucoup aux @Editions SEDRAP, à @Ysa Woulters et à @Guillaume Baldochi. Et un immense merci à @nicolasbabelio et toute l'équipe BABELIO.