En quelques mots :
Mise à feu, un roman qui porte parfaitement son nom : un compte-à-rebours qui marque le départ imminent d'une action. Parfois le compte-à-rebours peut être plus long que l'on aurait imaginé : des enfants qui vivent dans un rêve, pour accéder à la réalité et enfin grandir pour vivre leur propre vie. A découvrir pour une fin emplie d'émotions.
En beaucoup plus de mots :
Il y a certains livres que nous lisons qui nous emmènent en dehors de notre zone de confort. On lit mais nous ne comprenons pas où l'auteur désire nous emmener, hors des sentiers balisés, on marche sur des cailloux, à travers des ronces, on se griffent, on se tord la cheville, mais on ne peut pas dire que l'expérience soit désagréable car le cadre est agréable. Puis à la fin de cette traversée non prévue, il y a la lumière, la compréhension de pourquoi nous avons fait ce chemin parfois en équilibre, parfois à la rupture, et on regarde devant soi, ce que le monde nous propose et on pleure. Voilà en quelques mots ce que m'a fait ressentir
Clara Ysé en lisant son premier roman.
Quand j'ai commencé à lire
Mise à feu, et surtout après avoir lu le synopsis, j'ai repensé à
En attendant Bojangles d'
Olivier Bourdeaut, qui est un roman extraordinaire, où on découvre une mère à travers les yeux de son fils. Heureusement,
Clara Ysé, ne nous propose pas la même histoire, mais il y a tout de même un fil conducteur commun : le passage de l'enfance à l'âge adulte vu par un enfant qui aime sa mère.
Mais voilà, pendant toute la durée de ma lecture, je me suis posée la question : rêve ou réalité?
Une mère qui abandonne ses enfants pour restaurer une maison pour leur futur confort, et qui ne communique que par courrier ? Rêve ou réalité ? L'histoire se passe après 2000, les téléphones portables, ça existe !!!
Un oncle, le Lord (qui résonne dans ma tête comme l'Ogre dont la prononciation n'est pas très éloignée), qui les héberge en attendant leurs retrouvailles avec leur mère, personnage plus sombre que jamais, coléreux, limite incestueux, formidable marâtre masculinisé ? Rêve ou réalité ?
Des enfants qui parlent la langue des oiseaux et discutent avec leur pie qu'ils ont apprivoisé, nounou à plein temps, qui les ramène dans le droit chemin, lorsque leur jeunesse leur fait dévié des règles sociétales et qui fait le voyage pour donner des nouvelles à leur mère absente ? Rêve ou réalité ?
Cette chambre au dernier étage qu'ils partagent, tout en haut de l'immense appartement dans lequel, frère et soeur se sécurisent, se réfugient pendant que le Lord organise ses repas avec ses amis ? Rêve ou réalité ?
Tout se mélange, se croise, nous embarque dans un songe avec ses peurs, ses monstres, mais aussi ses espoirs, ses personnes qui sont sur le bord du chemin et que l'on embarque avec soi et dont l'amitié sera inconditionnelle, ses lumières. Tout ceci imbriqué dans la vrai vie.
Ce roman ne prendra tout son sens qu'à la toute fin du roman, le rêve de l'enfant laisse place à la réalité de l'adulte, et enfin, nous aussi nous voyons. Nous voyons l'horrible vérité, nous redécouvrons ces jeunes adultes et ce qu'ils ont traversé et nous les voyons d'une nouvelle manière, nous devenons sensibles, émotifs, mais nous voyons l'espoir aussi de ce qui, maintenant, va pouvoir leur arriver.
Clara Ysé, redonne la vue à ses lecteurs, après les avoir emmenés sur des chemins sombres, je n'ai aucun regret d'être aller jusqu'au bout de ce roman, pour finalement apprécier ce texte plus que ce que ne laisser présager sa lecture en cours. Il méritait même une relecture pour avoir une autre vision, ce qui est pour moi une rareté.
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