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3,49

sur 135 notes
Mais quel texte ! Anguille sous roche est un joli choc littéraire, d'abord porté par les libraires, puis par le bouche-à-oreille. le prix Senghor lui a été remis lundi 3 octobre : il aurait bien mérité un Goncourt, si l'Académie avait pensé à sélectionner un éditeur courageux comme le Tripode.



Lien : http://www.lci.fr/livre/avec..
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Anjouan, archipel des Comores, dans l'Océan Indien.Mutsamudu, un nom qui sent bon lAfrique.
et son lot de couleurs et de senteurs.Ali Zamir, jeune écrivain comorien,nous raconte l'histoire d'Anguille et des nombreux personnages originaux et exotiques.
Délibérément, le livre n'est qu'une longue phrase comme si l'auteur voulait nous empêcher de prendre notre souffle dans un monde qui paraît pourtant tranquille et immuable.
Choix discutable. Sur une île , on prend son temps.J'aurais préféré une ponctuation plus proche de la réalité . Bien sûr , il y a le contexte géopolitique et économique régional , peut-être mal connu . La lecture est quelquefois difficile , le style certes original mais encore imparfait.
Peu importe , c'est un livre très prometteur.Comme je vis dans un île tropicale du Pacifique , mon avis est un peu spécial. Pas de surprise dans la description de l'environnement et des personnages . Manque une certaine épaisseur dans la construction du roman (j'ai pensé à Mia Couto et son Accordeur des Silences) .A conseiller aux lecteurs qui veulent s'évader de façon intelligente en évitant les clichés habituels sur les Tropiques .Un écrivain à suivre




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Il faudrait lire ce roman d'une traite, sans reprendre véritablement sa respiration mais en aspirant de petites bouffées d'air pour devenir Anguille, pour s'assimiler à cette noyée dont l'inévitable destinée est de retrouver son état de bête sous-marine se tortillant pour survivre. Cependant n'étant pourvus de branchies, notre voyage sous cet océan tumultueux de paroles nous oblige à remonter à la surface, à faire des pauses.

Nous avons dû changer nos habitudes de lecture en nous délestant des règles sacrées de ponctuation. Tâche ardue et douloureuse pour des livrovores telles que nous ! Nous avons dû nous laisser guider par cette jeune fille de 17 ans. Nous avons dû écouter ses histoires sentimentales, découvrir sa vie familiale dominée par un patriarche obstiné, suivre les pérégrinations de sa pensée pour enfin parvenir à un signe de ponctuation forte : un ultime point d'exclamation. Soulagement du lecteur et délivrance d'Anguille !

Cette dernière connaît en effet au cours de sa vie une série de malheurs qui vont crescendo dans le roman et qui semblent l'accabler de toutes part : morts, trahisons, tromperies, abandons, etc. Pourtant derrière ce portrait de fillette mal dans sa peau évoluant dans un environnement crasseux et défavorisé, se cache une jeune femme indépendante qui tente de s'affranchir de la destinée qu'on lui collait à la peau.

Amoureuse de Vorace, le beau gosse du quartier pour lequel elle mène une vie de débauchée, elle ne tombe pas dans les comportements stéréotypés de ces congénères. Ni pleurs en rafale, ni cris perçants, ni pot de glace sous un tas de couettes. Anguille ne flanche pas et prend la décision de garder l'enfant de cet homme déjà sorti de sa vie. Ce choix s'élève ainsi contre tous les principes d'une société liberticide, patriarcale et violente. Violente contre les femmes qui ne respectent pas les règles, violente comme les hommes dont Connaît-tout, le père, qui en est le meilleur exemple.

Ali Zamir, qui signe là son premier roman, ne donne toutefois pas à voir la fresque sociale d'une île défavorisée du milieu de l'Océan Indien. Il s'attarde davantage à observer les tréfonds, les étrangetés, les incohérences de la pensée de son personnage. Contrairement au nom qui lui a été attribuée, Anguille n'est pas lisse, rien ne coule de source pour elle. Sans cesse aux prises avec son esprit, elle tente de construire un discours clair et cohérent. Ce n'est pas tant par le fait qu'elle est aux bords de la mort que ses phrases sont confuses mais surtout par cet effet de stream of consciousness. L'auteur n'a pas désiré nettoyer les pensées d'Anguille de toutes les aspérités, de toutes les divagations, de tous les commentaires qui en font sa particularité et sa beauté.

Même si le vocabulaire gras, gros, grossier qu'elle emploie et qui pèse sur nos petites âmes vertueuses ne correspond guère à l'idée de beauté littéraire qu'on se fait, ce singulier ensemble donne à redéfinir les tragédies classiques en cinq actes pour laisser place au spontané, à l'immatériel et à l'oralité.

Un roman détonnant par sa structure, son héroïne et son détournement des règles !
Lien : https://mastereditionstrasbo..
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Comme dans tous les exercices de style, il y a ceux qui y entrent, s'en délectent et finissent leur lecture comblés. Et il y a les autres qui malgré leur ténacité, n'y entrent jamais. C'est clairement dans cette deuxième catégorie que je me range pour Anguille sous roche.

J'ai pourtant essayé de persister dans cette longue logorrhée épique, exotique et poétique, mais - comme d'autres - ai buté sur l'obstacle de cette construction littéraire sans autre ponctuation que des virgules, omniprésentes jusqu'à l'abus. Ce qui ne m'a pas permis d'entrer dans l'histoire d'Anguille, de Crotale et consorts... Dommage.


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« Dans l'océan Indien, une femme est sur le point de se noyer. Alors qu'elle lutte pour sa survie, elle se remémore son existence ».

Un des livres les plus intéressants de la rentrée littéraire : Premier roman d'un jeune Comorien de 27 ans ; une écriture impressionnante de maîtrise tant dans les portraits des personnages que dans la narration.
Le roman, qui se compose de six chapitres, est écrit sans aucune ponctuation, à part la virgule, ce qui donne une respiration et le rythme à ce roman épique évoquant la tragédie des migrants.
Roman plébiscité par les lectrices de la bibliothèque. Sélection Prix littéraire des cinq continents pour la Francophonie.

Ludmilla (Oinville)
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Anguille, sur le point de se noyer dans l'océan Indien, se remémore son existence. Ses forces l'abandonnent mais sa pensée, tel un animal sur le point de mourir, se cambre : dans un ultime sursaut de vie et de révolte, la naufragée nous entraîne dans le récit de sa vie…

Anguille se noie… et moi avec elle ! J'ai vite perdu pieds dans cette longue phrase de 367 pages. Aucun point, seulement des virgules pour rythmer cette immersion dans cet océan hostile.
J'ai été heureuse d'arriver au point final. Je suis allée au bout de cette lecture car la langue est belle, les personnages secondaires sont attachants, le potentiel de ce jeune écrivain ne fait aucun doute à mes yeux.

Ce roman a été qualifié d'original lors de la rentrée littéraire de septembre 2016 et il a figuré sur de nombreuses pré-sélections de prix.
Il a finalement été couronné par le prix de littérature francophone Senghor.

A découvrir si vous voulez tenter une expérience littéraire inédite aux dépens d'une intrigue sans grand intérêt.


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Première oeuvre très singulière par le cadre (Ile d'Anjouan de l'archipel des Comores dans l'Océan Indien) et l'écriture. Ce “jeune” auteur nous entraîne dans une histoire d'amour aux ressorts banals - la lâcheté des hommes y est une fois de plus mis en exergue - où l'héroïne répondant au surprenant sobriquet d'Anguille va essayer de s'échapper en se faufilant d'une vie déjà écrite par son père. L'écriture très riche et très imagée, entre Afrique et Antilles, nous entraîne, sans avoir trop le temps de respirer au bout d'un destin universel, qui une fois de plus fait écho au sort des migrants économiques européens … et comoriens (qui tentent de rejoindre Mayotte, seule île de l'archipel faisant partie intégrante du territoire français).
Le personnage principal est d'une densité rare et emplit toutes les pages de sa rage de vivre.
Petit bémol : l'écriture parfois tellement originale qu'elle perd le lecteur mais sa musique et son rythme général nous bercent encore longtemps après la dernière page.
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Anguille se retrouve à flotter sur un réservoir en plein océan, prête à se noyer, sa vie défile. Elle a 17 ans, lycéenne, vit sur l'ile d'Anjouan aux Comores avec son père Connaît-Tout, pêcheur et veuf, et sa soeur jumelle Crotale. Anguille fait la rencontre de Vorace, il deviendra son amant infidèle et la rejettera. Sa tante Tranquille veille sur elle et sa soeur tout en cachant un secret de famille.
Une immersion dans les Comores où nous découvrons l'envers du décor aussi surprenant soit-il. Il y est également évoqué l'exode des comoriens vers Mayotte, l'île voisine….thème déjà abordé par d'autres écrivains donc rien de bien original mais je l'avoue toujours aussi efficace !
Une seule et unique phrase qui nous tient en haleine du début à la fin. Une plongée en apnée de 320 pages intenses où il est nécessaire de prendre une grande inspiration avant de commencer.
Les prénoms des personnages : Anguille, Crotale, Connaît-Tout, Vorace, Tranquille, Rescapé et Miraculé sont représentatifs de leur personnalité.
J'ai aimé suivre le récit d'Anguille, attachante, bouleversante ; comme une envie de lui porter secours dans ces péripéties du quotidien. Elle nous émeut jusqu'aux larmes.
Un très beau premier roman.
Prix Senghor du 1er roman francophone et francophile 2016
Mention Spéciale du jury du Prix Wepler 2016
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La meilleure image qui me vienne à l'esprit pour résumer ce roman qui est composé d'une seule phrase de plus de 300 pages est celui du filet de pêche. Sauf que celui-ci est tissé d'une manière bien particulière. Les mailles y sont quelquefois très serrées afin de pouvoir attraper le plus petit des poissons – des souvenirs très précis – et quelquefois elles sont très lâches, laissant passer de gros poissons – des épisodes dont il vaut mieux ne pas s'encombrer. Dans ce filet, on va trouver tous les personnages du roman, puisqu'ils ont tous leur équivalent dans la mer « un cachalot comme Vorace, une daurade comme cette garce qui était dans sa chambre, un thon comme Connaît-Tout, un dauphin comme Tranquille et son mari, un coelacanthe comme Crotale, un requin comme Cobra ». Et s'il y a aussi des langoustes, des crevettes, des tortues, des crabes. Il ne manque que la mère de la narratrice, décédée au moment de mettre au monde des jumelles, l'anguille du titre et sa soeur Crotale.
Si Ali Zamir a jeté son filet dans la mer, c'est qu'il y a urgence. Anguille lance sa longue phrase parce qu'elle est en train de sombrer. C'est pour elle une nécessité de témoigner, de laisser une trace, comme un dernier souffle. « Quand on perd son antre on perd aussi son silence, donc sa vraie vie, avec tous ses secrets, cela est une évidence criante, je n'ai pas à vous faire une leçon de morale là-dessus, me voici devenue une minable apatride pour avoir été un sordide foutriquet, laisse-moi donc me déboutonner jusqu'au vertige du sommeil éternel ».
Voici, après le drame originel, l'histoire de sa famille. Autour de Connaît-Tout, le père, on va voir s'agiter les souvenirs scolaires, les différences se creuser avec Crotale, une soeur plutôt dissipée. Mais les premiers émois amoureux et l'arrivée de Vorace, le beau pêcheur, vont changer la donne. Anguille entend vivre pleinement sa passion, quitte à sacrifier son avenir.
Là voilà fuyant vers Mayotte, ballottée entre colère et espoir. Plus que l'exercice de style et cette longue phrase ponctuée de virgules et de points-virgules, c'est la langue qui vous emporte.
Lien : https://collectiondelivres.w..
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MAGNIFIQUE. Une pépite !!! merci les 68 de m'avoir fait découvrir ce roman. Une seule phrase qui m'a tenue du début jusqu'à la fin. L'histoire de cette jeune fille qui se noie et qui nous parle de son passé m'a bouleversée. Talent fou.
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