Les nouveautés Futuro de février 2023
Je vis avec des anars persuadés d'être en avance sur leur époque et je reçois toute la journée des injonctions qui pourraient sortir de la bouche de ma grand mère. Fais pas ci, fais pas ça, lâche ton smartphone, n'utilise pas cette insulte tu vas blesser untel, ne mange plus d'animaux, ne t'attarde pas sous la douche...
Les seuls grands gagnants sont les animaux non humains. Ces derniers récupèrent des pans entiers de territoire, leurs populations explosent dans les zones délaissées par l'homme. Le statut de " contaminés " les protège de l'homme. Dans les environs de Tchernobyl, le loup est revenu en force, des meutes de chiens sont retournés à l'état sauvage. Préparez vous ! Nous assisterons bientôt à l'ensauvagement - ou plutôt, au réensauvagement- de notre Bretagne dépeuplée. Et si la contamination nucléaire imposait un nouvel état de nature ?
Pour atteindre sa maturité, le jeune scolyte a besoin de consommer du bois. Alors il creuse des petites galeries sous l'écorce. Ce faisant, il condamne l'arbre dans lequel il a élu domicile en lui transmettant le champignon qu'il porte sous sa carapace de mort. Pour vivre, il doit tuer sa maison.
Le coléoptère a-t-il le choix? S'il ne détruit pas, il ne vit pas.
[…] il ne fallait plus commencer par enlever le gras se trouvant au niveau du cul des vaches. En effet, il y a souvent des restes d’excréments et une fois que la lame du couteau les a touchés, cela peut "souiller" toute la carcasse par différentes maladies telle la salmonellose.
Sauf que cette remarque de bon sens en termes d’hygiène ne sera pas respectée. Elle alourdirait encore notre charge de travail. […]
Tant que la cadence sera absurde pour les hommes, il n’y aura pas de viande propre. Tant que les animaux seront abattus en quantités industrielles, comment les ouvriers pourront-ils les traiter autrement que comme de simples numéros ?

À la fin de premier confinement, après avoir repéré mon activité sur Twitter, Diane et Thomas ont débarqué au Jardin des Plantes afin d’observer les corneilles. Ils en sont tout de suite tombés amoureux. Avec eux, on a fondé la communauté des corneillistes. Diane, 27 ans, et Thomas, 26, se sont rencontrés en faisant leur Master de Systémique, évolution et paléontologie, rattaché au Muséum d’histoire naturelle et à Sorbonne Université. Chacun a un bagage scientifique bien pointu. Diane est spécialiste des méthodes d’analyse phylogénétique, elle reconstitue des parentés entre espèces. Par exemple, elle va analyser la réduction du nombre d’os du crâne du pigeon par rapport à un tyrannosaure. Passionnée par les dinosaures, elle résume sa spécialité par une tentative de mettre du sens dans le chaos. Elle est fascinée par l’intelligence des corneilles, à la fois similaire à la nôtre et extrêmement différente. Thomas, lui, est en dernière année de thèse au Muséum. Une thèse intitulée : Évolution et homologie des ailes chez les insectes. Passionné par les insectes donc, Thomas en élève chez lui depuis plus de quinze ans. Il a par exemple des sauterelles énormes pesant onze grammes, venues du Cameroun. Signe de sa méticulosité, il a observé un mâle et une femelle sauterelle se reproduire, puis, après leur mort, il a arrosé la terre une fois par semaine et, au bout d’un an sans le moindre signe, des œufs ont éclos. Diane et Thomas considèrent les corneilles comme des aliens dotés de leur propre représentation du monde, des aliens prêts à échanger avec nous si nous le sommes également. Même si on perçoit qu’elles peuvent lire certaines de nos intentions, globalement, on ignore leur façon de se représenter le monde, concède Thomas.
Dans un entretien donné au journal Le Monde, Catherine Rémy explique que "l’objectivation des bêtes est en réalité impossible : elles essaient de s’échapper, crient, résistent. C’est en majorité dans ces moments-là que les ouvriers s’adonnent à la violence. Ils mettent en scène un combat, faisant de l’animal un ennemi – ce qui n’est pas réellement le cas. Je me demande si ce n’est pas une façon de se préserver et de retrouver une certaine légitimité dans l’acte de donner la mort : tuer un ennemi est plus acceptable que de tuer un être innocent et sensible".
Temple Grandin est une chercheuse américaine au département des sciences animales de l’Université d’État du Colorado. […] référence mondiale en matière de souffrance animale dans les abattoirs. […] a fait évoluer la plupart des techniques d’abattage employées aux États-Unis. Temple Grandin est formelle : il ne faut constater "aucune vocalisation (beuglement, mugissement ou cri), après n’importe quelle méthode d’étourdissement".
La gélatine, parfois appelée "E441", apporte une texture élastique aux bonbons. Elle est issue dans 80 % des cas de couennes de porc et dans 15 % des cas de tissus de peaux de bœuf. Les 5 % restants proviennent d’os de porc, de bovins, de volailles ou de restes de poissons. Chez Haribo, les Dragibus sont sans gélatine, pas les fraises Tagada.
La fable d’Ésope - La corneille, ayant soif, trouva par hasard une cruche où il y avait peu d’eau : mais comme la cruche était trop profonde, elle n’y pouvait atteindre pour se désaltérer. Elle essaya d’abord de rompre la cruche avec son bec. Mais n’en pouvant venir à bout, elle s’avisa d’y jeter plusieurs petits cailloux… Qui firent monter l’eau jusqu’au bord de la cruche. Alors elle but tout à son aise. Sens moral – On obtient par la sagesse et par la bonne conduite ce que l’on n’aurait pu obtenir par la violence et la force.

Avec les corneilles parisiennes, une chose saute aux yeux : elles raffolent des frites. Quand elles aperçoivent le logo McDo au fond d’un sac poubelle, elles peuvent éclater tout le sac pour y avoir accès. Du coup, je suis allée leur trouver des frites avec le moins de sel possible. Dans le milieu ornithologique, nourrir les oiseaux, c’est un peu considéré comme de la triche. Mais via Twitter, Kaeli Swift, chercheuse américaine sur les corvidés, m’a rassurée : le truc avec les corneilles des villes, c’est que ce sont des animaux liminaires, c’est-à-dire à moitié sauvages, car ils vivent en interdépendance avec l’homme. Ils se nourrissent déjà en grande partie de nos restes et de nos dons. Tu peux nourrir les adultes. Les corneilles adultes ne font pas de généralisation, elles savent faire la différence entre toi et les autres êtres humains. Mais, les petits, il faut éviter car ils risquent de se dire : Tous les humains sont gentils.