Les 9 princes d'Ambre est donc un ouvrage paru en 1970, écrit par
Roger Zelazny (1937-1995), et le premier d'un cycle intitulé Les princes d'Ambre, en 10 tomes.
J'avais compris que
Roger Zelazny est un classique de la Fantasy (son premier ouvrage avait reçu le prix Hugo ex aqueo avec Dune de
Frank Herbert !), et motivé par les avis positifs multiples, je me lance donc dans la lecture du premier livre de son cycle majeur.
Eh bien , autant le dire tout de suite…une belle déception pour moi.
On découvre un homme amnésique, dans un hôpital psychiatrique dont il s'évade rapidement, essayer de retrouver ses souvenirs petit en petit, en faisant bonne figure au départ pour ne pas laisser penser aux autres qu'il ne se souvient de rien, et ainsi obtenir autant d'informations que possible sans se faire manipuler.
Cet homme, c'est Corwin, et le livre est écrit à la première personne.
On comprendra rapidement qu'il est une personne spéciale, puisque qu'il fait partie d'une famille royale, avec 8 frères et 4 soeurs. Une famille royale somme toute particulière, car venant du Royaume d'Ambre, seul monde finalement Réel, mais pas seul, puisqu'il existe tout un Multivers, et les autres mondes sont appelés les Ombres (dont l'Ombre terre).
Le roi Oberon, père des princes et princesses, est jugé mort, et les princes sont donc en quête de récupérer son trône pour gouverner sur Ambre.
Actuellement c'est Eric, l'un des princes, qui s'empare du trône, mais Corwin est bien décidé à récupérer le trône et devra affronter Eric et diverses alliances.
Pour commencer par le point positif, je dirais que
Roger Zelazny a une belle imagination très clairement.
L'ouvrage est très court, moins de 200 pages, et le style d'écriture a été jugé par certains « rythmé » , « dynamique », ou « immersif », mais c'est là que le bât blesse selon moi.
Pour dérouler autant d'éléments en si peu de pages il faut survoler, et c'est ce que fait l'auteur. La description de grands événements prend quelques lignes et il n'hésitera pas à passer des années en quelques mots.
Exemple:
En quelques pages, l'auteur décrit une année
puis , pour décrire une seconde année il dira seulement « sachez seulement que ma seconde année a été semblable à la première »
et pour une troisième il se contentera de « Dito pour la troisième ».
Ainsi, aucune substance dans l'évocation des « Ombres », ces mondes parallèles, qui sont bien souvent décrits en quelques lignes, alors que l'on passe d'un monde à l'autre, n'hésitant pas à avancer sur la timeline.
Malgré la rapidité à développer un univers complexe (que certains auraient mis le triple de pages à dérouler) et à rester en superficie de la plupart des choses, le texte « se paye le luxe » d'être rempli de descriptions inutiles et simplettes. Et je dis bien rempli.
Exemples:
« comme toutes les bibliothèques, celle-ci était pleine de livres ».
« Le service commença. J'avais faim. Je mangeai aussi bien que les autres. Mieux que la plupart.
Le repas dura plus de deux heures. Personne ne me dit mot, moi pas plus que les autres. Mais on savait que j'étais là: notre table était la plus calme de toutes ».
« Les troupes étaient mal équipées contre le froid, sauf les êtres à fourrure. (…). Les grands roux souffraient. Ils venaient d'un monde chaud. »
Ou encore pour exemple le genre de dialogue creux et simple dont le texte raffole (p123):
« - Corwin, j'avoue la vérité. Il y a trois jours, j'ai parlé à Eric
- Pourquoi ?
- C'est lui qui m'a appelé. J'ai répondu parce que je m'ennuyais. Il m'a parlé de ses défenses en détail.
- Julian lui a appris que nous avons fait le voyage ensemble. Il pense donc que tu me répéteras tout.
- C'est possible. Mais ça ne change rien à ce qu'il a dit.
- En effet, ai-je convenu.
- Laisse Bleys conduire sa guerre. Tu frapperas Eric plus tard.
- Il est sur le point de se faire couronner.
- Je sais, je sais. C'est aussi facile d'attaquer un roi qu'un prince, non ? Qu'est ce que ça change qu'il prenne un titre ou un autre du moment que tu l'attaques ? Ce sera toujours Eric.
- D'accord, mais je me suis trop engagé.
- Désengage-toi.
- Je crains de ne pouvoir le faire.
- Alors tu est fou.
- Peut-être.
- Bonne chance quand même.
- Merci.
- A un de ces jours. »
De plus, comme je l'ai lu dans d'autres critiques, il y a vrai passage à vide au milieu du livre en comparaison du début et la fin.
Une période très répétitive, où notre protagoniste passe de tempêtes en…tempêtes, et perd des hommes petit à petit sur des théâtres de guerre sans aucune description épique de ces événements pourtant jugés dantesques, mais seulement un décompte des morts comme toujours en quelques lignes de texte.
Une particularité: ambre est un univers plutôt médiéval (château, roi, princes, chevaliers, épées …) mais pas entièrement, mais pourtant on y fume des cigarettes, et y boit du whisky.
En conclusion, une lecture qui m'a beaucoup déçu, en particulier du fait de la qualité d'écriture très médiocre et du côté beaucoup trop pressé du texte.
J'ai acheté l'intégrale du cycle 1 (les 5 premiers livres) aux éditions folio SF (très bel ouvrage par ailleurs) et je vais donc poursuivre autant que possible.
Beaucoup de bonnes critiques sur ce livre pourtant donc j'imagine que tout dépend de ce que recherche le lecteur.
Clairement si vous êtes sensibles à la qualité de l'écriture, passez votre chemin. Si vous aimez les univers fouillés et précis, passez votre chemin.
Difficile pour moi d'apprécier quand j'ai goûté ces temps ci à Dune de
Frank Herbert, Ubik de Philip K.Dick, Des fleurs pour Algernon de Daniel Keys,
Druide d'
Oliver Peru, ou encore la très belle écriture de lucius shepard pour son recueil le dragon griaule…