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sur 3010 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Premier volume du cycle des Rougon-Macquart, publié en 1871, la Fortune des Rougon se déroule à Plassans, ville imaginaire inspirée par Aix-en-Provence où vécut Zola. Ce premier volume sert d'introduction à l'oeuvre entière et pose les bases de la généalogie des personnages du cycle. Il se situe au moment du coup d'Etat le 2 décembre 1851, quand Napoléon III met fin à la IIe République et impose le Second Empire. La fortune de Rougon et de sa femme va naître du coup d'état.
Zola nous raconte " L Histoire naturelle et sociale d'une famille sous le second empire", et nous embarque dans un roman historique, un roman sur les moeurs provinciales, et ... un beau roman d'amour avec Silvère et Miette.

Ce que j'en ai pensé? Une plume magistrale, qui n'épargne personne, un livre très bien construit où l'auteur embarque le lecteur où il le souhaite et pour notre grand plaisir, un roman que je retrouvais avec impatience chaque soir... Si le contexte politique m'effrayait un peu au départ je me suis très vite rendue compte qu'il " passait bien". J'ai été agréablement surprise par les magnifiques passages, très romantiques et lyriques, sur les amours des deux jeunes Silvère et Miette. Les descriptions de paysage sont grandioses. Les moeurs décrites ? Rien de bien noble! Cupidité, volonté de puissance et de richesse par tous les moyens, tout cela est finalement bien sordide mais ne rebute pas le lecteur...

Vous l'avez compris, j'ai beaucoup aimé cette lecture, qui me conforte dans mon souhait de me plonger dans la littérature du 19 ème siècle, et j'ai hâte de poursuivre avec la Curée.
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Une première dans ce meli-mélo de fin de siècle. Zola à la plume, il reste pour moi un bourgeois. Et ses considérations sont si profondes ! Je le respectes! Et pour les 250 caractères, y a qu'a . Merdre de Jarry. Amicalement . André. et tous les autres, en pensant à Jean- luc qui s'est suicidé en Suisse.
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Plassans, 1851. le jeune Silvère fait ses adieux à la petite Miette. C'est décidé, il prend les armes et se joint à la cohorte d'insurgés qui partent pour Paris bien décidés à défendre la République. Derrière les remparts de la petite ville de Provence, tout le monde a peur. On dit les républicains sauvages et sanguinaires. Nobles et bourgeois craignent le pire. Seuls les Rougon voient dans la situation politique instable l'occasion d'enfin faire fortune. Ils réunissent dans leur salon quelques personnages influents de la ville, des réactionnaires qui appellent de leurs voeux le retour du roi. Cependant à Paris, Louis-Napoléon Bonaparte prépare le coup d'état qui assoira le second empire. Renseignés par leur fils Eugène, installé dans la capitale, les Rougon décide de retourner leur veste et de se faire fervents bonapartistes. Mais qui est donc ce couple calculateur et opportuniste?


Pour le savoir, il faut un peu remonter le temps jusqu'à l'époque où Adélaïde Fouque, fille d'un des plus riches maraîchers de la ville perd ses parents et choisit d'épouser Pierre Rougon, un paysan mal dégrossi. Leur mariage est bref, Adélaïde se retrouve veuve et mère d'un fils, appelé Pierre comme son père. Loin de se morfondre dans la solitude, Adélaïde se compromet dans une relation passionnelle avec un braconnier, contrebandier à ses heures : "ce gueux de Macquart". le couple illégitime aura deux enfants: Antoine et Ursule. le fils Rougon et les deux Macquart grandissent à leur guise, sans entraves ni éducation, et sans non plus de sentiments fraternels. Pierre est convaincu de sa légitimité et déteste les deux "bâtards" qui mangent son pain. Dès que l'occasion se présente, il s'empare de l'héritage, spoliant sa mère et ses frère et soeur. Ursule s'en moque. Elle quitte Plassans et part vivre à Marseille avec son mari. Mais Antoine ne l'entend pas de cette oreille. Libéré de son service, il quitte l'armée où son frère le laissait végéter, et revient avec la ferme volonté de récupérer sa part d'héritage. Cependant, Pierre a épousé Félicité Puech, la fille d'un marchand d'huile. Il a investi dans l'affaire de sa belle-famille et tente tant bien que mal de faire fructifier son pécule. le couple n'est pas riche, leurs nombreux enfants leur tondent la laine sur le dos. Pierre et son épouse se débarrassent de ce demi-frère encombrant avec quelques miettes. Antoine épouse la bonne et travailleuse Fine, lui fait trois enfants, Lisa, Gervaise et Jean et se laisse entretenir sans complexes par sa petite famille.


Et nous revoilà en 1851. Adélaïde vit en recluse dans la vieille masure de Macquart. Reniée par ses fils, misérable et presque folle, elle a recueilli Silvère, le fils d'Ursule décédée très jeune. Antoine Macquart est plus amer que jamais. Fine est morte et ses enfants ont fui le domicile familial, lassés d'entretenir un père fainéant et alcoolique. Les époux Rougon ont marié leurs deux filles. Leur fils aîné, Eugène, vit à Paris. le cadet Pascal est le médecin des pauvres de Plassans, il n'a que peu de contacts avec sa famille. le benjamin, Aristide, travaille à la sous-préfecture et écrit des articles pour un journal. Il a opté pour le camp républicain, non par conviction mais parcequ'il pense se mettre ainsi du côté des vainqueurs. Et les Rougon complotent pour tirer partie du coup d'état et s'assurer la fortune à laquelle ils aspirent depuis toujours, quitte à laisser des morts derrière eux....



Quand je me suis lancée dans le challenge qui consiste à relire la série des Rougon-Macquart dans son intégralité, j'ai pris conscience, à ma grande honte, que je n'avais lu que Germinal et Au bonheur des dames, et encore, c'était contrainte et forcée par des profs de français au collège. Ce sera donc une réelle découverte pour moi de lire les dix-huit autres volumes de la saga. Et me voici ravie après la lecture de ce premier tome fondateur, celui qui pose les bases de la famille, qui explique les origines de chacun et donne une bonne idée de leurs traits de caractère communs.
Outre le fait que je me suis replongée dans une période de l'histoire de France que j'avais oublié depuis belle lurette, j'ai aussi découvert avec plaisir les moeurs d'une sous-préfecture du Sud. Plassans se compose de trois quartiers bien distincts, du plus pauvre au plus riche. Les deux premiers n'aspirent qu'à grimper les échelons, le dernier veut conserver ses privilèges. Cette fracture sociale (toujours d'actualité d'ailleurs) est aussi une fracture politique : en haut de l'échelle, on espère un retour des Orléans alors qu'en bas on place tous les espoirs d'une société meilleure dans la république.
ZOLA place les Rougon-Macquart au coeur de cette société provinciale. Il nous donne à voir une famille à l'hérédité très lourde. Bien que demi-frères seulement, Pierre et Antoine partagent des traits de caractère fort semblables: l'avarice, l'envie, la cupidité, la méchanceté, la mauvaise foi, et j'en passe! gageons que quelques uns de ces défauts ataviques se retrouveront chez leurs descendants dans les tomes suivants...
Un roman dont les couleurs sont le noir de l'âme des Rougon-Macquart et le rouge du sang de leurs victimes.
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Ajouter une 78 ème critique à "La Fortune des Rougon" ne semble pas nécessairement utile, si ce n'est que nous sommes sur Babelio et que modestement chacun apporte à son tour une pierre à l'édifice.
Le cadre de ce premier "tome" est une petite ville appelée Plassans, qui correspond à Aix-en-Provence, où Zola a passé son enfance et une partie de sa jeunesse, et à Lorgues, dans le Var, où se sont déroulés en décembre 1851 les événements insurrectionnels décrits dans le roman. C'est le roman des origines. Il marque le début de la généalogie des Rougon-Macquart, qui commence avec Adélaïde Fouque, dite Tante Dide, née en 1768. Elle épouse un certain Rougon, jardinier, dont elle a un fils, Pierre Rougon. À la mort de son mari, elle vit en concubinage avec Macquart, contrebandier, qui lui donne une fille, Ursule Macquart, et un garçon, Antoine Macquart. Après la mort de Macquart, elle se reclut dans la solitude. Ses trois enfants donnent naissance aux trois branches de la famille : les Rougon, chez qui prédomine l'appât du gain et l'appétit du pouvoir ; les Mouret (mariage d'Ursule avec un chapelier ainsi nommé), branche où la fragilité mentale de l'aïeule réapparaît souvent ;
les Macquart, branche la plus fragile, chez qui se retrouve la folie d'Adélaïde mêlée à l'ivrognerie et à la violence de son amant.
Ce n'est pas le plus connu, ni le meilleur volume de la série, il n'a d'ailleurs pas connu un succès retentissant lors de sa sortie, mais il est nécessaire à la compréhension de cette immense histoire familiale qui se veut un des reflets de la société d'alors et qui par certains aspects touche encore à la réalité de notre monde actuel par ses batailles incessantes face au pouvoir et à l'argent. La fortune des Rougon plante les racines d'une généalogie où Emile Zola cerne avec justesse les outrances de la nature humaine.
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Depuis des années, je pérégrinais dans l'immense fresque des Rougon-Macquart d'Émile Zola. Parcourant lentement les routes sinueuses du Second Empire en compagnie de l'auteur, je m'étais enthousiasmé pour « Germinal », « Nana », « La terre », « L'oeuvre », puis « La débâcle », l'avant dernier roman de la série voyant l'effondrement du règne de Napoléon III.
Dans la pensée d'Émile Zola, les 20 livres de cette immense fresque se voulait « l'Histoire naturelle et sociale d'une famille sous le second empire » s'étendant sur quatre générations.
Il me manquait la généalogie. Elle m'est apparue en lisant récemment le tout premier roman de la série publié en 1871 « La Fortune des Rougon » que Zola appelle dans sa préface celui des Origines : « Les Rougon-Macquart, le groupe, la famille que je me propose d'étudier, a pour caractéristique le débordement des appétits, le large soulèvement de notre âge, qui se rue aux jouissances. »

L'action du livre se déroule à Plassans, ville imaginaire du sud de la France qui pourrait être la ville de Zola à Aix-en-Provence où il passa une partie de sa jeunesse.
Adélaïde Fouque, étrange personnage, une grande créature, mince, pâle, aux regards effarés comme la décrit l'auteur, est le personnage fondateur de cette dynastie familiale des Rougon-Macquart. « le bruit courut qu'elle avait le cerveau fêlé comme son père ». Elle se marie avec un jardinier qui lui donne un fils Pierre Rougon, et meurt trois mois après. Et voilà notre Adelaïde qui, après un an de veuvage, s'éprend d'un ivrogne dont elle fait son amant, « c'était cet ogre, ce brigand, ce gueux de Macquart qu'Adélaïde avait choisi ! ». En seulement vingt mois, deux enfants vont naître : Antoine et Ursule. « le fils légitime, le petit Pierre Rougon, grandit avec les bâtards de sa mère ».
Ce premier roman est une longue lutte entre Pierre Rougon et son demi-frère, le bâtard Antoine Macquart. Ils ne pensent l'un et l'autre qu'à assouvir leurs appétits de richesse et d'honneur, « des besoins irrésistibles de jouissances bourgeoises » pour le premier, de fainéantise pour l'autre. Zola nous entraine dans un univers de débauche, avidité, corruption et violence dont le point culminant est le coup d'État du 2 décembre 1851 qui permettra aux Rougon de prendre le pouvoir à Plassans. Deux forces politiques s'affronte : les républicains et leurs idéaux remontant à la Révolution française et les bonapartistes qui veulent se réinstaller au pouvoir.

L'auteur plante le décor dans ce roman fondateur de son oeuvre. Il introduit les héros des futurs volumes à venir. Les grands thèmes de la saga des Rougon-Macquart apparaissent : la soif de pouvoir, l'aliénation au travail de la classe ouvrière dans un capitalisme financier féroce, les luttes politiques entre les républicains et l'empire, la bourgeoisie, les inégalités sociales, la corruption, l'alcool, le rôle de la presse.

Les plus belles pages du roman sont consacrées à une idylle amoureuse entre deux adolescents : la jeune et jolie Miette et Silvère Mouret, fils d'Ursule Macquart que l'ancêtre Adelaïde, tante Dide, volée de ses biens, exploitée, terrorisée par son fils Pierre, a recueilli. « Ce fut un réveil d'amour, une dernière passion adoucie que le ciel accordait à cette femme toute dévastée par le besoin d'aimer. »

Miette n'a que 13 ans et Silvère à peine 17 ans. « Ils restaient enfants, ils avaient des jeux et des causeries de gamins, et goûtaient des jouissances d'amoureux sans savoir seulement parler d'amour, rien qu'à se tenir par le bout des doigts. Ils cherchaient la tiédeur de leurs mains, pris d'un besoin instinctif, ignorant où allaient leurs sens et leur coeur. À cette heure d'heureuse naïveté, ils se cachaient même la singulière émotion qu'ils se donnaient mutuellement, au moindre contact. »
Un vieux puit et leurs reflets dans son eau est le jeu favori des deux enfants : « Silvère, qui se trouvait presque toujours le premier au rendez-vous, éprouvait, en la voyant apparaître dans l'eau, avec cette rieuse et folle hâte, la sensation vive qu'il aurait ressentie, si elle s'était jetée brusquement dans ses bras, au détour d'un sentier. »
Républicain de coeur, Silvère s'insurge au moment du coup d'État du 2 décembre 1851. Miette, qui le suit partout, est tuée durant le combat. « Elle s'affaissa en arrière, sur la nappe rouge du drapeau. (…) Silvère sanglota. Les regards de ces grands yeux navrés lui faisaient mal. Il y voyait un immense regret de la vie. Miette lui disait qu'elle partait seule, avant les noces, qu'elle s'en allait sans être sa femme ; elle lui disait encore que c'était lui qui avait voulu cela, qu'il aurait dû l'aimer comme tous les garçons aiment les filles. »
Dans les derniers instants de la République moribonde, Silvère est fusillé par un gendarme sur la pierre tombale d'un ancien cimetière où ils aimaient se retrouver. « La mémoire tendue, il écoutait un bruit aigre de fusillade, il voyait un drapeau tomber devant lui, la hampe cassée, l'étoffe pendante, comme l'aile d'un oiseau abattu d'un coup de feu. C'était la République qui dormait avec Miette, dans un pan du drapeau rouge. Ah ! misère, elles étaient mortes toutes les deux ! »
Pendant ce temps, Pierre Rougon fêtait la victoire : « Comme il avait relevé la fortune des Bonaparte, le coup d'État fondait la fortune des Rougon. Et, au loin, sur la pierre tombale, une mare de sang se caillait. »

Les nombreux enfants et petits-enfants des personnages du roman vont alimenter la vaste fresque des Rougon-Macquart. En 1871, Victor Hugo adressera une lettre à Émile Zola : « Votre comédie est tragique. Je vous lis, mon éloquent et cher confrère, et je vous relirai. le succès, c'est d'être lu ; le triomphe, c'est d'être relu. Vous avez le dessin ferme, la couleur franche, le relief, la vérité, la vie. Continuez ces études profondes. Je vous serre la main ! »

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Je me demande pourquoi j'ai attendu aussi longtemps pour découvrir les romans de Zola. Et en même temps je me dis que si je les avais lus plus tôt, je n'aurais probablement pas su les apprécier à leur juste valeur comme cela a été le cas pour Thérèse Raquin, lu au lycée et dont je ne garde pas un très bon souvenir (promis un jour je le relirai !).
Il y a un peu plus d'un an j'ai découvert Au bonheur des dames et j'ai eu un vrai coup de coeur pour ce roman. J'ai donc décidé de me lancer dans la série complète des Rougon-Macquart et après avoir trop longtemps reporté cette lecture (peut-être de peur d'être déçue), j'ai enfin commencé. Tout cela pour dire que j'ai adoré ce premier tome.

Zola sait magnifiquement décrire l'environnement dans lequel son histoire commence. Peut-être que certains seront rebutés par ses longues descriptions de la ville et de la nature mais je trouve qu'il sait les rendre intéressantes et plaisantes pour nous donner l'impression de nous promener dans Plassans ou dans la campagne environnante du sud-est de la France.

Mais surtout Zola excelle dans les portraits qu'il fait de ses personnages. S'il est difficile de s'attacher à la majorité d'entre eux, on ne peut contester leur réalisme brut. A travers cette famille des Rougon-Macquart, Zola dépeint l'âme humaine dans ce qu'elle a de plus sombre et de plus vil. Au coeur de la révolution de 1851 et dans les années qui précèdent, Pierre Rougon et sa femme Félicité, bien que d'origine modeste, sont prêts à tout pour arriver au statut social et à la fortune qu'ils considèrent mériter. Quant à Antoine Macquart, le demi-frère de Pierre, son comportement vis-à-vis de sa famille est tout simplement des plus abominables. Dans un contexte historique mouvementé, chacun espère tirer son épingle du jeu même (et surtout) au dépend des autres. Seul Silvère, par sa jeunesse, son innocence et sa naïveté, s'oppose aux caractères des autres membres de sa famille. Je ne vous en dis pas plus et je vous laisse le plaisir de les découvrir !

Qu'adviendra-t-il de tous ces personnages ? Si le sort de certains est déjà scellé, je suis impatiente de découvrir la destin des autres en lisant La Curée.
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Lire l'intégralité des Rougon-Macquart au rythme de deux tomes par an minimum est l'un de mes souhaits depuis longtemps. Je me suis donc attaquée dans cette relecture du premier volume – découvert pour la première fois il y a un bon moment, il va sans dire que je n'en avais aucun souvenir… – avec plaisir. Et je confirme, c'était TRES BIEN !
(Petit aparté : le plaisir tenait déjà simplement dans le fait d'ouvrir le livre. J'adore mes livres de Zola. L'épaisseur des pages, leur texture un peu gaufrée. Les creux des caractères d'imprimerie puissamment pressés contre la page. Les découpes inégales des pages en question. Leur odeur de vieux livres. Des éditions de 1927 dont le charme tactile vient s'ajouter au bonheur de la lecture. Bref, je les aime beaucoup. (Voilà, ça n'a rien à voir avec l'oeuvre elle-même, mais c'est un aspect si intimement lié à ma lecture que je ne pouvais en faire abstraction.))

Mais surtout, les quelques romans de Zola que j'ai pu lire (sachant qu'ils se comptent sur les doigts d'une main) m'ont toujours séduite. Je n'ai rien contre les longues descriptions, précises à l'extrême, et je suis fascinée par ses portraits. Portraits pas toujours flatteurs en réalité. Disons que ses personnages, du moins dans La fortune des Rougon, sont à la fois fascinants et repoussants. Je suppose que c'est simplement parce qu'ils sont parfaitement humains… Difficile par conséquent de les apprécier purement et simplement.
Premier épisode d'un récit à la fois social et historique, ce tome raconte les origines de la dynastie des Rougon-Macquart, la genèse de cette « Histoire naturelle et sociale d'une famille sous le Second Empire », les racines de l'arbre généalogique de cette famille. Bâties sur une histoire de frères, tels des Abel et Caïn du XIXe siècle, elle présente déjà plusieurs personnages que l'on retrouvera – eux ou leurs descendant·es – dans les dix-neuf volumes suivants. Je suis particulièrement intriguée par le docteur Pascal qui donne son titre au dernier tome de cette grande fresque (autant dire que je vais devoir prendre mon mal en patience).
Au fil des pages – tantôt bucoliques, tragiques, grandioses ou bouleversantes –, Zola raconte les appétits insatiables des membres de cette famille. Leurs lâchetés, leurs infamies aussi. Leurs caractères parfois si différents malgré leur sang commun. Coups bas, arnaques, appétit de s'en mettre plein les fouilles, zeste de folie arrosé par chez certains par un peu d'alcoolisme, jalousie fraternelle… pas moyen de s'ennuyer avec les Rougon-Macquart, rassurez-vous. A l'avidité et à la trahison, se mêle toutefois l'amour de Silvère et Miette qui donne lieu à de jolies scènes – celle du puits ou celle de la tante Dide se remémorant tous ses souvenirs à la vue d'une porte ouverte par exemple – même si je dois dire qu'ils ne sont pas mes personnages favoris – du coup, en monstre que je suis, j'ai aimé la fin… –.
Mais La fortune des Rougon retrace également, vus de Plassans – ville fictive du sud de la France –, les événements de 1851 : le coup d'État de Louis-Napoléon Bonaparte, les insurgés qui tentèrent vainement de défendre la République, le massacre qui suivit la répression de cette rébellion… Bon, je ne vais pas faire semblant de prétendre que je connais tout ça sur le bout des doigts – c'est quand même une période que l'on n'étudie pas vraiment et que l'on ne croise pas forcément souvent dans les bouquins – mais ça ne m'a pas ralenti. Surtout qu'entre les idéalistes, les opportunistes, les conservateurs, les indécis, les peureux, c'est encore une fois toute une galerie de façon de vivre des temps politiquement agités qui se dessine sous les mots de Zola.

Une peinture historique et sociale qui jamais n'ennuie mais au contraire, passionnant par la force de ses portraits. Comment dire, si le côté classique est du genre à vous effrayer, tentez le coup tout de même : passée la description initiale, ce livre devient une sorte de page-turner indémodable. Vivement ma lecture du suivant.
Lien : https://oursebibliophile.wor..
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« L'hérédité a ses lois , comme la pesanteur » ainsi Zola annonçait-il dans sa préface, en 1871 la portée de sa plus grande oeuvre littéraire que sera «  Les Rougon-Macquart ». « L'histoire naturelle et sociale d'une famille sous le second empire ». Hérédité de corps et d'esprit,.. hérédité sociale, historique et politique.
De quoi nos sociétés, nos concordes familiales, sociales, nos alliances sont-elles faites ? de quelles opportunités ont elles jaillies ? de quelles crimes, de quels rêves, de quel ambitions, de quelle légitimité ? Quel est l'odeur qui imprègnent les fondations de nos empires ?
Voici le premier acte : Les Origines, la fortune des Rougon.
Nous voici dans le Sud de la France, à Plassans. Ville imaginaire, en pays varois, où Aix en Provence , ville de l'enfance de Zola, filigrane le récit.
Petite ville fortifiée de Province. Les voici les Rougon les voilà les Macquart, Les Lantier, et les voilà tous, ce pays, cette province, ce creuset qui donnera âme au corps reconstitué d'une Capitale qui voudra toujours faire oublier, corriger effacer ses origines.
Les voilà donc, ce tout « Qui compte et cache, ses sous, qui rêve de pouvoir, et bientôt de monter à Paris ». On rêve de titre, de nom, de gloire, on veut la fortune, on ne veut surtout pas partager !
Voilà la rumeur, voici l'alcool, voici la terre, voici l'égoïsme, l'avarice, la lâcheté, la délation, voilà les petites affaires qui se trament et se cache derrière les portes et les volets.
L'argent ! L'apprêté du gain ! , quitte à renier les siens , quitte à les battre, quitte à leur faire les poches, quitte à tout rafler, à comploter, à espionner, à se méfier, à déporter, à faire fusiller .
Sans honneur et avec haine !
Les origines sont bien sombres, si basses, sous le soleil de midi. La petitesse s'injecte et se transmet. le vers est dans le fruit alors l'encre se déverse sur la page…
Oh, il y a bien chez Zola toujours l'exception qui confirme la règle..Il y a le docteur Pascal, il y a Miette, il y a Silvère...Ces aberrations familiales…L'amour et la bonté personnifiées. Et puis il y a tous ces portraits que Zola sait si bien dessiner, croquer, épingler. Et toutes ces images comme celle où Miette et Sylvère se parlent dans le reflet d'un puits, puisque les autres les condamnent à se cacher. Miette, de Zola, c'est la petite soeur de Gavroche d'Hugo. L'innocence assassinée.
Plassans, l'aire de St-Mittre, c'est là que tout a commencé. Sur un charnier, « ce sol gras , dans lequel les fossoyeurs ne pouvaient plus donner un coup de bêche sans arracher quelque lambeau humain,, eut une fertilité formidable ». Quelle terrible force contenue dans cette image ! Archéologie du drame ! Mais Plassans s'éloigne déjà.. Paris sera bientôt bon à dépecer, mais ceci est une autre histoire que « la Curée » saura prochainement nous conter.
Astrid Shriqui Garain
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Quel superbe roman !
Zola nous dresse le portrait d'une famille entière, minée par la cupidité, l'avidité, l'opportunisme, et autres vices. Les ambitions personnelles, l'égoïsme et la jalousie l'emportent sur la famille et la vertu.
Tous, ou presque, seraient prêts à vendre leur propre mère pour pouvoir ne serait-ce qu'atteindre ce pour quoi ils vivent et supportent leur famille depuis si longtemps, et assouvir leurs rêves de domination.
Incroyable et inquiétant à la fois, Emile Zola nous narre l'histoire d'une famille dégénérée avec toute la verve dont il est capable.
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Ce fut un grand moment de plaisir de me plonger dans le premier opus de la saga des Rougon-Macquart où Zola fait preuve d'un extraordinaire talent pour mêler la grande Histoire (ici la première moitié du XIXe siècle jusqu'au coup d'état de Napoléon III) et l'histoire personnelle des premiers rejetons de cette famille des Rougon-Macquart, originaire de Plassans, une ville pour laquelle Aix-en-Provence a servi de modèle. Un régal !
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