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sur 3010 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Mon Premier Zola !
En fait, j'avais choisi au bonheur des dames pour mon challenge abc 2012/2013.
Après coup, j'ai trouvé idiot de ne pas découvrir cet auteur par le premier tome de cette fresque sociale et me suis offerte le tome 1 : la Fortune des Rougon.

J'ai adoré ! J'ai adoré la manière d'écrire de l'auteur, la trame de l'histoire, cette manière de mettre les personnages en scène, comment il peint les traits de caractère de chacun des personnages. Je pense qu'il est obligatoire, par souci de culture, d'avoir lu au moins un Zola (comme un Hugo) au moins une fois dans sa vie mais, en ce qui me concerne, je n'en reste pas là.... j'ai acheté les tomes suivants des aventures des Rougon.

Par contre, dans l'édition des classiques du livre de poche, j'ai détesté la préface qui révèle d'emblée une grosse grosse partie du suspense. On est d'accord Zola c'est pas Harlan Coben ni Grangé, on ne le lit pas pour le suspense mais tout de même, cette préface qui se traine en longueur et qui révèle l'histoire ça m'a vraiment dérangé.
Attention, je ne parle pas de la préface rédigée par Zola, mais bien de celle de Colette Becker;

Une belle rencontre en tout cas que cette famille des Rougon Macquart.
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L'intrigue de ce premier volume se déroule dans la commune fictive de Plassans, inspirée de la ville d'Aix en Provence où a grandi Emile Zola.
J'ai beaucoup apprécié les traits de plume caustiques avec lesquels l'auteur caricature les portraits des personnages principaux du roman. Il croque ainsi, avec beaucoup de talent, la cupidité, la duplicité et la rouerie de Pierre et de Félicité Rougon, ce couple d'arrivistes, prêts à toutes les infamies pour parvenir à asseoir leur notoriété et leur richesse dans leur commune.
Par opposition, il narre avec douceur et tendresse, la rencontre de deux enfants, Silvère et Miette, réunis par l'amour, la naïveté et la joie de vivre mais dont le funeste destin plongera le lecteur dans la tristesse à la fin du roman. Des personnalités variées, aux caractères bien trempés, plantent le décor de cette épopée familiale suscitant l'envie de connaître la suite de leurs aventures.
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Cela faisait pile 10 ans que j'avais tourné la dernière page du Docteur Pascal, vingtième et dernier tome de la fresque socio-historique Les Rougon-Macquart ; je me suis dit qu'il était peut-être temps de relire l'intégralité de cette saga et me voilà donc replongée dans ce premier tome, douze ou treize ans après l'avoir lu pour la première fois.

De ce tome, je l'avoue, il ne me restait pas grand chose si ce n'est la scène d'ouverture, à l'aube du coup d'état de décembre 1851 par Louis-Napoléon Bonaparte. Il faut dire que La fortune des Rougon n'est sans doute pas le plus connu, ou du moins le plus lu, de la saga, la part belle étant généralement donnée à L'assommoir (mon préféré lors de ma première lecture), Germinal, Nana ou encore Au bonheur des dames (et j'en oublie forcément). S'il ne s'agit pas d'un des tomes les plus cités, il demeure cependant celui par lequel tout arrive puisqu'il expose le grand projet de Zola, soit l'étude d'une famille, par le biais de l'hérédité, sous le second empire. Plus qu'en auteur de fiction, Emile Zola s'est posé en témoin et analyste, le terme d'écrivain naturaliste n'ayant jamais aussi bien porté son nom.

Comme déjà dit, de cet opus, il ne me restait pas grand chose. Pourtant, il s'en passe dans ce roman d'ouverture. Déjà, nous rencontrons, si ce n'est l'intégralité des membres de cette famille, du moins les fondateurs, à commencer par Adélaïde Fouque, dite tante Dide, qui eut un fils avec son mari, monsieur Rougon, puis deux enfants avec son amant, monsieur Macquart. Ce roman place donc le lecteur en spectateur des origines de cette famille, des haines engendrées depuis l'enfance entre la branche légitime (Pierre Rougon) et ses demi-frère et soeur (Antoine et Ursule Macquart), « bâtards » de sa mère, le premier se sentant floué par l'existence des deux autres. Et on peut dire que tout n'est pas joli joli à Plassans, ville fictive du midi de la France, les comptes ne se réglant pas qu'en famille.
Zola, dans ce premier roman, n'épargne pas les « bonnes gens » et encore moins ses « héros », Pierre Rougon et son épouse, Félicité, en tête, qui retournent leur veste aussi souvent que nécessaire, dans le seul but d'amasser de l'argent, de la gloire, de la renommée et de la considération dans cette société qui ne les traite pas, selon eux, à leur juste valeur. C'est ainsi que peuvent se développer des rancoeurs ancestrales, se passant de génération en génération, quand on estime ne pas être à sa juste place. Seuls Silvère, le neveu de Pierre Rougon, et Pascal, son deuxième fils, et dans un moindre degré Adélaïde, l'aïeule de la famille, celle par qui tout commence, relèvent le niveau de cette famille à un degré acceptable de respectabilité.


Pourquoi lire Emile Zola ?
Parce qu'il y a ce que tout lecteur peut aimer, même si, de prime abord, on n'est « pas trop littérature du XIXème ». Même si vous préférez les intrigues à la Dynastie ou autre Dallas, vous trouverez forcément votre compte ici. Entre intrigues, coups bas et trahisons, vraiment, les séries d'aujourd'hui n'ont rien inventé. Et en prime, c'est ici servi dans une langue truculente, teintée de cynisme et d'ironie.

Pourquoi lire les Rougon-Macquart dans l'ordre ?
Sincèrement, vous pouvez lire chaque roman de cette formidable série indépendamment les uns des autres, vous vous y retrouverez aisément, chaque livre ayant sa propre histoire et son propre développement. Mais si vous comptez vous lancer dans l'intégralité des romans, je pense que les lire dans l'ordre est important. Outre peut-être mon côté psychorigide (et encore, il faudrait me le prouver), si Zola les a écrit dans un certain ordre c'est bien pour qu'on chemine tranquillement dans les méandres de cette famille, sans oublier que l'on peut retrouver, par exemple, un personnage central dans le roman sept qui n'était finalement que très secondaire dans le premier.
La fortune des Rougon, de mon point de vue, doit être lu en premier pour comprendre les origines du concept, comme le docteur Pascal doit être lu en dernier, en conclusion de cette incroyable aventure humaine.

Je ne peux que chaudement vous recommander de vous lancer dans cette fresque socio-historico-familiale.

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Par une force insoupçonnée, je me suis replongée dans la lecture du célèbre cycle zolien, les Rougon-Macquart. Je dis "insoupçonnée", puisque cela faisait bien longtemps qu'étaient délaissées dans ma bibliothèque les lectures scolaires, les lectures trop classiques, celles que l'on avale souvent sous la force et la pression de mauvais professeurs. Bien que ne négligeant pas les "classiques", je ne me tournais depuis quelques temps que vers ceux qui me paraissaient dignes d'un intérêt personnel, liés à mes goûts et mes envies du moment. Et un Zola, comme un Balzac ou un Proust (quoique Proust...) ne se plaçaient pas en travers de mes lectures. Et puis pouf. Zola réémerge subitement. Un peu comme un oiseau qui frappe un pare-brise et oblige le conducteur (moi en l'occurrence) à s'arrêter, paniqué, pour reprendre sa respiration et observer l'élément perturbateur, attendant bien trop longtemps que de coutume pour reprendre sa route.
Je me suis laissée piégée par l'oiseau libre mais captivant qu'est Zola. Qu'est tout livre de Zola.

La Fortune des Rougon s'est donc imposé tout naturellement. Il est le premier de cette tragédie familiale de grande ampleur. de lui naît une filiation complexe, retors, tragique. La preuve qu'avec un peu de passion et de bonne volonté, on peut tout faire : d'une époque de l'histoire de France qui ne me passionne guère (les soubresauts de la République au XIXe), j'en suis venue à me délecter des histoires de chacun de ces personnages atypiques et de leur environnement social, politique et historique. Pire encore, j'en suis venue à attendre cette colonne des insurgés en marche depuis la forêt de la Seille et à espérer secrètement qu'il envahisse et démantèle le salon jaune de Plassans. Tout en sachant qu'il y aura des morts. Car la mort chez Zola ne se fait guère attendre. Elle rôde toujours, non pas surnaturelle et mystique, mais bien naturelle et froide. Elle est toujours là, à attendre ce moment où elle reprendra ses droits sur l'homme, où elle définira une fois pour toute le rythme et le sens de la vie humaine, d'un jugement sourd et sans appel. Elle n'est pas seulement l'aval de toute vie, la mort est aussi et surtout chez Zola, le barème et l'indice de l'amour. Plus un amour est fort et passionné, plus la mort sera proche. Ce pourquoi les deux adolescents éperdus, Miette et Silvère, sentent presque le souffre froid de la mort sur leur épaules, dans le terrain vague de Saint-Mittre.

D'appel lamentable, il y a aussi celui de tante Dide, point de départ à toute cette lignée des Rougon et des Macquart, délaissée par chacun de ses enfants dans sa petite impasse Saint-Mittre. Elle lutte contre l'appel tonitruant du passé. Les souvenirs douloureux de son dernier amour, Macquart, sont toujours pour elle source de douleurs. Seul Silvère, doux et charitable, reste auprès de cette femme meurtrie mais qui n'est pas sans faute, expiant pour elle, par sa pureté et sa générosité et dans une ignorance sincère, les anciens péchés commis. Malgré cela, Adélaïde n'est jamais à l'abri de crises aiguës provoquées par les fantômes du passé, ou de triste lamentations intérieures sur ce qui n'est plus mais qui toujours l'appelle et la retient. Elle apparaît alors comme la lamentable prisonnière de ces méfaits qui ne lui appartiennent plus, mais qui ressortissent désormais aux chemins de la mémoire.
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Ce premier tome de la saga des Rougon-Macquart pose les bases, les racines de l'arbre généalogique de cette famille que nous suivrons pendant vingt tomes. C'est,  en quelque sorte,  la genèse de cette oeuvre.
J'ai découvert cette saga alors adolescente et j'ai eu un véritable coup de coeur pour Nana, Pot-bouille et Au Bonheur des dames. Il semblait bizarre à mes camarades d'aimer Zola, réputé assommant et aussi effrayant que Proust ou Stendhal. Mais moi j'ai adoré Zola le conteur et vint ans plus tard j'ai eu envie de reprendre cette série depuis le début et de gribouiller sur mon marque-page les liens qui unissent les différents personnages.
Zola place l'origine de ses personnages à Plassans, ville fictive de Provence, peu de temps avant le coup d'état de décembre 1851.
L'origine des Adélaïde Fouque, la mère, mariée à Rougon et ensuite amante de Macquart. Ses enfants auront bien des tares et perversions. Fainéants, vils, méchants, violents, bref infects. "Affreux, bêtes et méchants".
Mais au milieu de ces plus bas instincts il y a aussi l'amour, la bonté et le dévouement de certains. Des personnages qu'on déteste et d'autres très attachants, émouvants d'innocence, des personnages qui ne peuvent laisser indifférents, au destin tragique, que je garderai sûrement longtemps en tête.
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Tout commence à Plassans, dans un cimetière… Avec déjà une affolante maîtrise de son style, Zola va composer une fresque sentimentale et sociale dont chaque page sera un pur plaisir de lecture. D'un côté, nous avons un couple aigri et arriviste, lorgnant sur la fortune des bourgeois et pestant sans cesse sur leur sort, qui va se servir du renversement politique national pour se frayer un chemin dans les eaux troubles de la politique. de l'autre un très jeune couple, Miette et Silvère, dont la rencontre va donner lieu à des scènes d'une beauté poétique et romantique absolument sublime. On découvre alors un Zola qu'on imaginait pas aussi versé dans le royaume du conte et de la tendresse. La naissance de l'amour et la révélation des sens de ces jeunes personnes sont décrites en convoquant la puissance secrète de la nature, en irriguant les lieux de rencontre d'une aura quasi surnaturelle. On le savait déjà, mais ce roman prouve encore une fois que Zola, avec Proust, Hugo, Maupassant (et quelques autres) est l'un des plus grands écrivains français dont la qualité d'écriture reste intacte.

Évidemment, Zola, avec son humour noir et son sens merveilleux du grotesque, va également nous plonger au coeur de l'humain, en révélant le pire qu'il puisse imaginer. On reste effaré devant tant de malveillance et de faux-semblants de la part de toutes ces personnes qui tentent par tous les moyens de gravir l'échelon sociale, même si cela doit coûter la vie à des membres de leur famille. L'écrivain nous offre là un véritable festival (l'assaut de la mairie est un moment d'anthologie) du médiocre, et nous ne pouvons que sourire en grinçant des dents devant tant d'infamie !

- critique complète sur mon blog-

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45 à 50 ans plus tard, il n'est pas facile de parler d'une saga lue il y a si longtemps. J'ai lu les 20 livres de cette série écrite par Emile Zola entre mes 15 et 18 ans environ. J'ai commencé sans doute au lycée en seconde A (littéraire à l'époque) et cet auteur ainsi que la description du 19ème siècle m'a tellement emballée que je suis allée jusqu'au bout.
Zola dépeint son époque avec une précision très juste. A travers ces deux lignées, dont le point commun est l'aïeule, il passe en revue tous les milieux sociaux allant des plus élevés (la finance via la famille Rougon) aux plus pauvres (les mineurs via la famille Macquart).
Je vais essayer de faire ressurgir mon ressenti de l'époque et mon analyse d'alors pour écrire cette critique.
Adelaïde Fouque (dite aussi Tante Dide) l'aïeule est une riche héritière, malheureusement atteinte de folie, ce qui provoque chez elle, des crises régulières. Elle a eu deux compagnons, son jardinier Rougon qu'elle épouse et qui meurt avant la naissance de leur fils Pierre. La descendance de Pierre reste dans la lignée de la réussite, de l'argent, de la morale, de la vertu. Ensuite elle prend pour amant Macquart, le contrebandier, avec qui elle a deux enfants Antoine et Ursule, et la descendance de ces deux enfants Macquart représente pratiquement tous les vices de l'époque. Ils vivent dans la pauvreté pour la plupart des personnages, une pauvreté qui les conduit à l'alcoolisme, à la prostitution, sans parler des "tares" physiques et psychologiques.
Il me faudrait relire tous les livres pour cibler chaque personnage mais quelques noms me reviennent en tête, dont les Lantier, Gervaise Macquart, boiteuse, d'abord amante de Auguste Lantier (L'Assommoir) puis épouse de Coupeau, Jacques Lantier (la bête humaine) Etienne Lantier (Germinal) Anna Coupeau dite Nana (Nana), qui sont tous descendants de la mauvaise branche Macquart. Pour les Rougon, j'ai souvenir de Pascal Rougon fils de Pierre (Le Docteur Pascal) des Mouret dont Octave (Au bonheur des Dames) Serge (la faute de l'abbé Mouret) mais il y a plein d'autres personnages qui ne me viennent pas à l'esprit dans l'immédiat.
Quoiqu'il en soit, si vous n'avez jamais lu cette saga familiale, je vous la conseille vivement car outre, une histoire qui tient la route sur plusieurs générations, c'est aussi un regard sans concession sur la société du 19ème siècle, cette société qui entrait dans l'ère de l'industrialisation, où la religion était au centre de la vie sociale (la séparation de l'église et de l'état date de 1905), une société où les droits des femmes n'existaient pas, pas plus que ceux des enfants, condamnés à suivre la trace de leurs parents, et malheureusement pour les enfants pauvres, de travailler dès la plus tendre enfance, dans des conditions particulièrement pénibles, voire sordides.
Cette saga avait marqué mon adolescence et maintenant que je suis retraitée, je conserve toujours cette impression d'authenticité et cette oeuvre intégrale est pour moi une référence littéraire.
Pour résumer, une oeuvre magistrale !
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Voici le 1er tome d'une aventure qui va durer pendant 20 livres ... Petit à petit l'arbre généalogique s'écrit et les personnages sont en place ! Dans cet opus, nous suivons Silvère (petit fils d'Adélaïde) du côté des Macquart. Il perd sa maman très jeune, son père se donnera la mort ensuite par amour pour son épouse disparue. Silvère sera élevé par sa grand-mère maternelle. Il tombe amoureux de sa jeune voisine, Miette. Leur histoire d'amour est très belle jusqu'au coup d'Etat de Louis-Napoléon Bonaparte. Nous sommes en 1852 dans une petite ville provençale fictive que Zola appelle Plassans. Miette et silvère seront du côté des républicains et se mêleront aux insurgés. Magnifique portrait de Miette appelée la Vierge Liberté par l'auteur ... Jeune fille tenant haut le drapeau français et dirigeant le peuple droit devant ! Tout de suite, on voit le célèbre tableau "La liberté guidant le peuple" de Delacroix ! En parallèle, nous suivons Pierre (fils d'Adélaïde) du côté des Rougon. Réactionnaire, il compte bien profiter de cette révolution pour conquérir le pouvoir et ainsi faire fortune.
J'ai adooooré ce livre qui m'a longtemps fait très peur ! Je suis prête à découvrir enfin cette fresque familial ... La plume de Zola est sublime !! Je la qualifie de "gothique" même si je fais hurler les grands connaisseurs qui me disent ce n'est pas gothique c'est romantique, réaliste !! Ok oui ... disons pour mettre d'accord tout le monde : romantique noir ! ça va comme ça ? Bref, c'est magnifique !!! Quand arrive ce qu'il devait arriver, je me suis mise à pleurer ... Non, pire ! à chialer comme une gamine !! Je place cette lecture en première position de mes plus belles lectures de l'année ! 2023 = L'année où j'ai découvert Zola !
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« La Fortune des Rougon » est le premier volume de la série des « Rougon-Macquart ». Ce vocable regroupe un ensemble de vingt romans pouvant se lire individuellement, mais qui, par le retour des personnages et leur appartenance à un tronc généalogique commun, constitue une somme romanesque importante, sous-titrée par l'auteur « Histoire naturelle et sociale d'une famille sous le Second Empire ». La genèse nous en est connue : d'une part l'admiration de l'auteur pour Balzac et sa « Comédie humaine » ; d'autre part son adhésion aux théories du physiologiste Claude Bernard, définies dans « L'Introduction à la médecine expérimentale » : l'expérimentation et l'étude du sujet non seulement dans sa propre personnalité (y compris son patrimoine génétique) mais aussi en par rapport à son environnement, tant physique que psychologique. le « naturalisme », fruit de ces théories combinées avec la pensée positiviste du moment, était né. Restait à l'appliquer à la littérature, ce fut fait, dans un premier temps avec « Thérèse Raquin » (1867) et « Madeleine Férat » (1868), avant de mettre en branle le chantier des « Rougon-Macquart ».
Dans ses premières versions, « La Fortune des Rougon » devait s'appeler ; « Les Rougon-Macquart – Les Origines », ce qui indiquait bien le caractère inaugural de l'oeuvre. Dans sa préface Zola reprend les grands principes qui défissent la série dans son ensemble, et ce premier épisode en particulier :
« Je veux expliquer comment une famille, un petit groupe d'êtres, se comporte dans une société, en s'épanouissant pour donner naissance à dix, à vingt individus, qui paraissent, au premier coup d'oeil, profondément dissemblables, mais que l'analyse montre intimement liés les uns aux autres. L'hérédité a ses lois, comme la pesanteur ».
« La Fortune des Rougon » est donc un roman « d'exposition » : Tout d'abord, le lieu : Plassans, petite ville fictive, dans laquelle on peut reconnaître sans trop de difficulté Aix-en-Provence, la ville natale d'Emile Zola. Ensuite l'époque. Elle est clairement définie : l'action commence le 7 décembre 1851, soit exactement cinq jours après le coup d'état de Louis-Napoléon Bonaparte (futur Napoléon III). Les personnages enfin : si le premier chapitre nous présente Silvère et Miette, les deux personnages, sinon principaux, dûment capitaux de « ce » roman, les suivants, par un double effet de retour en arrière, et de mouvement panoramique, nous dressent l'arbre généalogique de la famille, c'est-à-dire la distribution quasi complète (à ce stade de la rédaction) de toute la série : quatre générations où les caractères héréditaires se retrouvent (souvent pour le pire) et constituent un panel plus anthropologique et scientifique que romanesque (en tous cas à ce stade-là).
Roman d'exposition « La Fortune des Rougon » l'est aussi dans l'intrigue : les éléments guerriers et violents forment le coeur du drame : Nos deux jeunes héros, dont la jeunesse et la pureté contrastent avec le reste de la famille, sont les victimes innocentes, non seulement de la succession des évènements, mais aussi de la bassesse, de la veulerie, de la malveillance et de la lâcheté de leur propre famille. Ainsi, le décor de la série complète des Rougon-Macquart est posé : les personnages vont devoir assumer une lourde hérédité sur quatre générations, mais ils vont devoir assumer aussi la culpabilité de ce double meurtre d'innocents, (ce qui nous fait penser à « Cent ans de solitude » de Gabriel Garcia Marquez, où l'hérédité chargée était également liée à une « faute originelle »).
Roman indispensable, pour comprendre la genèse des Rougon-Macquart, « La Fortune des Rougon » se place également comme le prototype de ce que seront les volumes suivants : une étude scientifique poussée, mais transcendée par une narration fluide, prenante, des dialogues percutants, un intérêt soutenu, des moments de grâce, trop rares dans les torrents d'abjections qui les entourent… On a reproché à Zola sa noirceur et sa complaisance à dépeindre les vilenies de l'âme humaine. Reconnaissons qu'il sait à l'occasion se montrer compatissant, qu'il sait aussi dépeindre le bonheur éphémère, avec même un joli de sens de la poésie…
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L'histoire d'amour tragique de Silvère et Miette pendant le coup d'état de Louis-Napoléon Bonaparte, futur Napoléon III (2 décembre 1851). Ce roman, le premier du cycle des Rougon-Macquart, nous conte à la fois une histoire d'amour tragique et l'ascension politique d'un couple d'arrivistes, les Rougon. À travers les portraits d'Adélaïde et d'Antoine Macquart, Zola explique l'origine des vices qui frapperont les protagonistes du cycle, tels l'alcoolisme et la folie. Bien que chaque roman puisse être lu indépendamment, la Fortune des Rougon constitue l'une formidable introduction au cycle. Enfin, un mot sur le style. Quelle beauté ! Zola se fait souvent lyrique et le résultat est magnifique.
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