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sur 1699 notes
Cinquième tome des Rougon-Macquart. Avec cet ouvrage aux accents romantiques et symbolistes, Zola propose une réinterprétation du mythe d'Adam et Eve au jardin d'Eden. L'intrigue se résume par le déchirement intérieur d'un jeune curé entre sa dévotion chrétienne et son amour pour une femme.

La description du Paradou, un lieu hors du monde où la nature explose de mille feux, est le summum narratif de ce roman. Zola nous fait entrer de plus en plus profondément dans ce paradis sauvage, au gré des promenades de Serge et Albine et du développement de leurs sentiments, en décrivant sur des pages et des pages les fleurs, les arbres, les ruisseaux, les oiseaux, etc., de manière plus poétique que réaliste. Passages sublimes diront certains, insipides et interminables penseront d'autres. Pour ma part, ces deux ressentis se sont juxtaposés pendant ma lecture et l'impression de langueur est peut-être celle qui traduit le mieux mon appréciation ambivalente. En fait, j'ai préféré lire la première et la troisième partie du roman sur l'environnement externe du couple et du Paradou, c'est-à-dire le village des Artaud et les personnages secondaires, Désirée la soeur simple d'esprit de Serge et sa ménagerie, La Teuse la vieille bonne jalouse, le Frère Archangias terrible misogyne et Jeanbernat le tuteur athée et philosophe d'Albine, même si ceux-ci frôlent la caricature. L'auteur ne fait jamais dans la demi-mesure avec ses personnages !
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Nombreux sont les personnages des Rougon-Macquart qui m'ont marquée: Serge Mouret et Albine sont de ceux-là.

Il faut dire que je garde de ma lecture de "La Faute de l'Abbé Mouret" un souvenir ébloui...
Je sais bien que souvent, ce cinquième opus est moqué, décrié... Objectivement, il n'est peut-être pas aussi puissant ou surtout convaincant qu'un "Assommoir" ou que "La Terre", mais je n'y peux rien: je l'aime quand même. Oh, peut-être que si je le relisais, je lui trouverai des faiblesses ou peut-être que je rirai de la passion naïve de Serge et d'Albine, peut-être que je ne la trouverais pas crédible... Mais n'empêche. C'est un roman qui m'a marqué et que j'ai passionnément aimé.

Je suis entrée dans le roman alors que La Teuse préparait la Messe dans la petite église des Artaud tandis que Serge, insensible aux bancs vides et aux moineaux, s'abîmait dans sa mystique d'innocent séminariste.

Zola était un théoricien parfois obtus, parfois austère et les dieux de la littérature savent combien ce grand homme a pu m'agacer avec son scientisme, sa foi en l'hérédité érigée comme suprême valeur de son XIX°siècle. Mais, quand on laisse le théoricien s'allier avec le conteur... Là, c'est une autre histoire... Rationnel, Zola? Oui. Naturaliste ? Oui. D'une précision scientifique ? Souvent. Conteur, romancier? Oui, aussi!
Emile Zola sait définitivement s'y prendre pour nous raconter des histoires, pour créer des personnages desquels on se sent proche et dont on suit avidement le destin.
Peut-être est-ce dû aux détails qu'il sème tout au long de ses romans ? Peut est-ce parce qu'il se laissait emporter par sa prose et que ses personnages finissaient pas le dévorer ? Peut-être les aimait-il ? Peut-être, enfin, est-ce grâce aux chatoiements de sa plume d'une précision clinique mais capable aussi de pousser le vice jusqu'à s'épanouir dans l'expression des sentiments, souvent violents ?

La faute de l'Abbé Mouret, c'est le quotidien triste et sec du jeune prêtre fraîchement sorti de son séminaire, comme un oiseau serait tombé du nid, au village des Artaud, hameau rude, à la terre stérile ; contrairement aux ventre de ses filles qui s'arrondissent un peu trop souvent et bien loin de l'Église. C'est un village qui annonce "La Terre", où la loi est celle du sang et des oliviers. Loin, très loin dans son presbytère, l'Abbé Mouret se donne à sa foi et fuit loin des recommandations bavardes de sa vieille servante, de la vie éclatante et impudique de sa jeune soeur.
Et de fièvres mystique en prières à Marie, l'agneau de Dieu s'effondre, terrassé par la fièvre.
Son oncle, médecin, le mène jusqu'au Paradou et le confie au bons soins d'un garde champêtre et de sa nièce, Albine, une sauvageonne poussée parmi les fleurs de l'immense jardin inexploré du domaine. Après tout, tout le monde sait que le bon air et la nature sont les meilleurs remèdes qui soient!
La tentation viendra de la jeunesse et de  la beauté d'Albine qui se donnera toute entière. Elle viendra aussi du Paradou , de cet Eden vierge et étourdissant, enivrant même, tout comme l'était la serre de la Curée.

Naturaliste, Zola l'est plus que jamais dans ce roman où le jardin prend possession des êtres et des lieux inexorablement. Les roses éclosent,explosent, embaument et colorent l'immensité verte tandis que le lierre, les jasmins esquissent un tapis au dessus duquel les arbres étendent leurs branches. le jardin de Zola est vivant et même inquiétant, étouffant. Il déferle, se déverse en une multitude de parfums, de couleurs et de lumière, il prend racine et donne la vie. Sa sève semble se mêler au sang battant des personnages qui s'éveillent au désir et au soleil. Ce jardin est tout à la fois prison et liberté, lumière et ténèbres. Il est fièvre et sérénité. Il hante même les pensées mystiques, sacrées de Serge qui s'y perdra avant d'être rattrapé par sa vocation et le frère Archangias. Quel sale type celui-là!
Les heures sont douces en ce Paradou qu'il faudra pourtant quitter pour rejoindre le chemin de la croix, laissant derrière soi la tendresse et les fièvres du désir, laisser derrière soi celle qui deviendra Ophélie, une Ophélie noyée dans les fleurs et leurs effluves.

Hymne au désir, à la vie, à la nature, condamnation de la religion catholique et de ses excès , La Faute de l'Abbé Mouret est avant tout un roman où la beauté de la langue se met au service d'une histoire belle et tragique, âpre mais qui frémit aussi sous de grandes nappes de lumière. Un roman bouleversant dans lequel la vie continue toujours avec violence, même au moment où se fanent les fleurs, où la mélancolie poigne dès les premiers chapitres, où la tension monte progressivement pour exploser en un déferlement de beauté et de souffrance.

J'ai eu mal en lisant: mal pour Serge que je voulais rebelle tel un Lucifer transcendé et défroqué ; pour Albine, victime consentante. Les fleurs du Paradou m'ont ébloui avant de me donner mal à la tête... C'est une lecture violente autant que bouleversante La Faute de l'Abbé Mouret. Moi, j'en garde le souvenir d'une lecture qui m'avait poignardé.
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très beau roman, superbe écriture, conscience, foi religieuse, nature, innocence, drame , description un peu longue de la nature sauvage , village, arrièrisme, laïcité.
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On imagine le choc qu'a pu produire ce livre, qui évoque le trouble d'un jeune prêtre tourmenté par la tentation de la chair, au XIX° siècle, à une époque où l'image du clergé était celle de l'absolue conformité à ses voeux, du moins dans ce domaine. Et, même si ce n'était pas le cas, il est probable que l'on en parlait pas. Ecrire par conséquent sur ce sujet - bien avant Bernanos par exemple - était certainement une gageure.
Oublions le Zola "engagé", défenseur de la veuve et de l'orphelin. Celui de "l'abbé Mouret" est seulement un gigantesque écrivain, virtuose du style, entre naturalisme et romantisme. Il nous livre, dans un style absolument vertigineux, un récit d'une richesse incroyable, et dont la construction est un véritable modèle.
Il y a trois parties. D'abord, la description des personnages: un jeune prêtre idéaliste et parfait, exigeant pour lui-même, indulgent pour les autres. La bonne du presbytère, agaçante, bavarde, horripilante. La soeur du prêtre, oie banche de 20 ans qui ne connaît que les animaux de sa basse-cour. Et quelques autres personnages périphériques. Cette présentation est extrêmement brillante, les caractères sont mesurés au millimètre, avec un réalisme et une précision absolus: on a compris que nous sommes là dans la grande littérature romanesque. La deuxième partie est celle de la tentation: comment ce prêtre idéal pourra-t'il se trouver en position de "fauter" avec la sauvageonne Albine? La troisième partie est celle du remords, et de l'interrogation: faut-il enfin, donner sa vie à Dieu, où à la femme aimée? Et la fin réserve une scène d'une beauté symbolique inouïe, restée au plus haut du firmament littéraire.
Ne craignons pas ici la répétition des situations exagérément misérabilistes qui peuvent lasser à la lecture des Rougon Macquart en général: ce livre (le numéro 5 de cette série, mais peu importe) est absolument unique, et n'a nul besoin de s'inscrire dans la série familiale: nous sommes en présence d'une pépite, dont le fond est puissant, et dont la forme et la composition en on fait un monument littéraire.
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Emile Zola tente de revenir sur le mythe d'Adam et Eve avec cet opus

Lorsqu'on lit le titre de ce livre, on s'attend à un livre extrêmement sombre et pesant. En fin de compte, c'est plutôt un livre léger qui tente de donner un oeil neuf. On a l'impression de revenir au mythe de Rousseau et de l'homme naturel. Emile Zola nous prend Serge Mouret, un prêtre, qui suite à un malaise se retrouve au Paradou, une maison où se trouve une jeune femme dont il tombe amoureux petit à petit. On retrouve beaucoup de descriptions de paysages de jardins, de ballades, de sentiments qui apparaissent en fin de compte assez innocent.

C'est une pause assez libertine, certes, puisqu'on traite de la liaison de Serge avec une femme alors qu'il est prêtre. C'est donc considéré comme une faute puisque c'est interdit par l'Eglise. Mais Emile Zola nous traite le sujet comme si c'était justement un amour pur et innocent, ce qui rend cet opus assez frais et cette histoire d'amour assez belle. Nous avons ainsi la réelle impression de retourner dans le jardin d'Adam et Eve où, dès que le désir inassouvi prend place, un malaise entre les deux personnes s'installe et le péché aussi par la même occasion. Mais nous prenons note que le péché vient surtout du fait de ce que pensent les gens et non l'acte en lui même.


Emile Zola nous montre un peu les travers de l'Eglise à travers cette histoire.

En effet, en parallèle de ce moment d'amour, nous voyons là la vie des paysans et des paysannes qui se comportent comme de vrais animaux en rut. On pourrait croire que c'est assez choquant car on a l'impression que les jeunes hommes et les jeunes femmes font tout pour se retrouver derrière les buissons et que l'Abbé Mouret fait de son mieux pour "rattraper" les choses avec un mariage pour chaque naissance. du coup, nous avons une description des rites religieux qui est franchement morbide. Nous avons l'impression que chaque personne ne comprend aucun sacrement, aucune messe et que chaque formule latine est faite pour enterrer la nature profonde des habitants du patelin.

Par la même occasion, l'auteur nous décrit l'amour de Serge Mouret, réputé être un saint homme, pour la Sainte Vierge et c'est un amour quasi charnel que nous avons là. Pas du tout l'aspect théologique. On a l'impression que tout amour physique interdit se retransmet dans l'amour de l'icône de la Vierge, ce qui montre que c'est assez malsain du coup. Par opposition, son amour pour une jeune fille paraît beaucoup plus sain, beaucoup plus naturel que son amour pour la Vierge.

En bref, un tome complet, complexe qui traite beaucoup de prêtrise, de religion et de moeurs. Ce qui change de tous ces tomes sur la politique, l'ascension sociale et l'argent. A noter que l'observateur de ce tome est le Docteur Pascal, notre enquêteur de hérédité de la saga.
Lien : http://labibliodekoko.blogsp..
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J'ai complètement suffoqué sous ses descriptions de végétations luxuriantes autant qu'improbables...
Je me suis endormie dans ses délires de vierge Marie....
soit les 2/3 du roman pour le moins, en tout cas pendant un temps interminable !
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Cinquième tome de la saga des Rougon-Macquart qui tranche avec les quatre premiers. de par son thème, critique acerbe du catholicisme, de par sa lenteur et sa poésie.

Il faut s'accrocher lors de la lecture. Des pages et des pages sur le culte que Serge Mouret voue à la vierge Marie. Discours délirant et dévotion quasi morbide. C'est à la fois beau, troublant et ennuyeux.
De même pour les pages consacrées au Paradou. Sorte de Jardin d'Eden arpenté en long et en large par nos deux protagonistes en plein éveil de leurs sens et qui est décrit d'une façon à peine imaginable. Amis férus d'horticulture, vous y trouverez votre bonheur. Pour les autres, c'est long, c'est fastidieux mais il faut reconnaître que, encore une fois, c'est très beau. L'équivalent des Halles foisonnantes du Ventre de Paris version botanique.

Malgré la lenteur du roman et le peu d'action, on peut retenir une formidable exploration de l'âme humaine et du monde rural, ici provençal. La faute, la tragédie, c'est celle d'un prêtre qui, malgré lui, va tomber amoureux d'une jeune femme.
L'endoctrinement religieux, le désir refoulé et au bout du compte, la lutte contre Dieu, la religion, ses excès et ses restrictions, ce seront le coeur du roman.

Définitivement pas mon préféré, mais intéressant et inattendu. La plume de Zola mérite encore et toujours qu'on s'y attarde.
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Tome 5 de la saga des Rougon Maquart. Dans "La conquête de Plassans", ça ne palpitait pas des masses sous la soutane de l'abbé Faujas; ici, ça palpite un peu trop sous celle de l'abbé Mouret, jeune homme tombé dans la religion avant d'avoir connu la vie, la vraie, celle avec de charmantes jeunes filles. Zola, toujours bien remonté envers le clergé, nous offre ici un curé qui s'agite comme un beau diable contre le péché de chair, avec un magnifique parallèle entre hommes et bêtes qui finalement ne sont pas si éloignés. Mon ressenti: bon ben bof, si la première partie augurait du bien, les longueurs de la seconde m'ont fait l'effet d'une douche froide, malgré les thématiques intéressantes (paradis/paradis sur terre, Renaissance de l'homme au monde, revisite d'Adam et Eve). La troisième partie a redressé le cap, mais pas au point de me faire dire que ce roman est un chef d'oeuvre. Pas grave Émile, je te pardonne, rendez-vous au tome suivant.


Lien : https://tsllangues.wordpress..
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Le cinquième tome des Rougon-Macquart nous transporte aux Artaud, un petit village pauvre du midi. On y retrouve Serge Mouret, prêtre dévoué, aimant par-dessus tout la solitude et la Vierge Marie, ainsi que sa soeur, Désirée, l'amie des animaux et l'innocence incarnée. Ils vivent dans une toute petite église aux murs décrépis d'une drôle de manière.

Suite à une étrange maladie, Serge est victime d'amnésie et tombe amoureux d'un jardin puis d'une femme. le jardin devient ici un véritable protagoniste de l'histoire. Les longues descriptions à ce sujet m'ont ennuyée une bonne partie du roman mais j'ai apprécié la sublime description du fameux jardin originel idyllique une fois découvert.

L'amour d'Albine et Serge grandit peu à peu dans cette nature sauvage : d'abord maladroits et joueurs, ils deviennent de grands enfants qui s'éveillent à l'amour. Cette parenthèse enchantée et le dur retour à la réalité constituent une réécriture originale de la Genèse. Serge se retrouve tiraillé entre son amour pour Dieu et le désir de retrouver Albine. Ce choix le fait terriblement souffrir puisqu'il est face à une sorte d'amour impossible et que son éducation de séminaire le poursuit.

Encore une fois, la folie héréditaire qui guette les Rougon n'est jamais bien loin. La vie et la mort s'opposent tout au long du roman en miroir avec l'ignorance et la connaissance, à l'origine de nombreux maux. Zola critique violemment le catholicisme dans ce roman qui regorge de symboles. Et dans chaque tome, il nous donne un personnage à détester : ici ce sera le Frère Archangias, misogyne à souhait. Jusqu'ici, l'abbé Mouret constitue le tome des Rougon-Macquart que j'ai le moins apprécié, même si je trouve que l'auteur se rattrape avec la fin de l'histoire.
Lien : https://alinebouquine.fr/la-..
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Le cycle des Rougon-Macquart – 05/20


Nous avons quitté la conquête de Plassans avec Serge Mouret au chevet de sa défunte mère. Nous le retrouvons ici dans le village dans lequel il exerce sa profession d'abbé.



Une grande partie du roman se déroule dans le lieu appelé le Paradou : aucun doute que Zola a tenté ici de transposer l'image du Paradis notamment de part son immense travail de description. Ceci même jusqu'à l'évocation de l'arbre de la vie et de la connaissance symbolisé par Zola et au pied duquel, comme un symbole, aura lieu le premier ébat du prêtre avec Albine.

Dans la relation Serge/Albine, c'est le personnage d'Albine que j'ai préféré, notamment pour son innocence et la liberté qu'elle représente dans ce Paradou sans limite atteignable.

Ma lecture a toute de même été ralenti par les nombreuses descriptions offertes par Zola et que j'ai trouvé parfois trop longues.
A cela s'est ajouté la connaissance ultra-poussée dont il fallait disposer dans le domaine de l'herbologie notamment afin de pouvoir se représenter clairement et facilement toutes ces descriptions.

La Fin tragique du roman semble inévitable même si on nous montre que la vie continue sur la terre. Une fin que j'ai considéré plutôt dure quand on considère le comportement « seulement » solennel qui sied à la position de l'abbé Mouret lors de l'enterrement de son amour passé. Comme si rien de tout ce qui s'était passé n'avait eu lieu, ou était du moins effacé avec la disparition d'Albine.

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