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4,15

sur 5738 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
J'avais cette envie de lire L'Assommoir depuis que j'avais vu son adaptation avec le film Gervaise (1956) de René Clément, dans lequel Maria Schell incarne de manière sublime le personnage de Gervaise.
Je l'avais réservé à la bibliothèque mais j'ai dû prolonger le prêt car je l'avoue, j'ai attendu un peu pour le lire... J'ai attendu que les fêtes passent car je craignais que cela soit trop déprimant à l'image de la Terre dont j'ai le souvenir d'une lecture qui donne la sinistrose...

En effet : c'est d'une telle tristesse ! D'autant plus que, connaissant déjà la fin, même les passages plus gais et légers comme la fête de Gervaise ne pouvaient me laisser espérer durablement un peu de lumière et de joie dans le quotidien sordide de Gervaise. Et pourtant, après que Gervaise ait accepté d'épouser Coupeau, les quatre premières années se passent si bien que l'on ose entrevoir pour elle un avenir plus serein, avec juste ce qu'il lui faut pour élever sa famille et vivre décemment. Elle n'en demande d'ailleurs pas plus, toute humble devant la vie, ayant déjà vécu dans sa chair les coups quand elle était petite...

Mais non, la vie s'acharne sur elle, encore et toujours, annihilant en elle peu à peu toute volonté de se relever, de se battre pour se sauver des hommes, ces parasites qui lui mangent son argent, sa boutique et qui lui font perdre toute dignité et moralité. Seule, sans hommes, il est probable que Gervaise aurait pu s'en sortir, comme Denise, l'héroïne du Bonheur des Dames... Mais Zola fait peser sur Gervaise une certaine faiblesse de caractère qui lui fait préférer la facilité à chaque fois que s'offre à elle un choix crucial pour son avenir et celui de ses enfants. A l'inverse de Denise qui refuse toute concession et préfère vivre misérablement mais en tout honneur, Gervaise accepte les compromissions pour un peu plus de confort ou d'argent. Et quand sa vie part à la dérive, l'atavisme de sa famille, la fatidique hérédité de l'alcoolisme resurgit sur Gervaise et devient son seul refuge.

J'en ai voulu à Zola d'avoir tant noirci le tableau, de ne lui avoir rien épargné, mais comme dans Germinal, La Terre ou La Bête humaine, Zola se montre impitoyable avec ses créatures, les poussant à la déchéance, les broyant jusqu'à l'avilissement total. C'est magistral mais d'une telle désespérance…

La grande force du roman réside dans son style : s'appropriant avec talent l'argot du milieu ouvrier, Zola restitue avec un réalisme inouï la vie de cette classe sociale dans toute sa crudité. Quasiment chaque chapitre comporte un morceau d'anthologie et brosse à grands traits violents et crus un métier ou une scène de vie de ce milieu ouvrier : la scène d'ouverture du lavoir, la joute sensuelle des deux forgerons qui se défient avec leur marteau sur l'enclume pour les beaux yeux de Gervaise, l'après-midi de repassage dans la touffeur brûlante de la boutique en juin, les ripailles de la fête de Gervaise qui prennent une dimension homérique en faisant participer toute la rue, la tournée des bars avec Lantier et Coupeau et tant d'autres…

Une oeuvre sublime mais si désespérée que mon roman préféré de Zola sera toujours Au bonheur des Dames !

Challenge Multi-défis 2021
Challenge XIXème siècle 2021
Challenge reçu 5 sur 5 – 2ème édition du 1er février au 31 mai 2021
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Très jeune, la scène du lavoir, vue dans le film, m'avait estomaqué. Plus tard, la lecture du livre s'en est trouvée facilitée, et j'y ai vu un chef d'oeuvre. Aujourd'hui, j'ai envie de souligner une incohérence au regard de la famille Rougon-Macquart. Gervaise sombre dans le dénuement et la déchéance, sans aller demander de l'aide aux membres de sa famille qui habitent eux aussi à Paris ? C'est à peine crédible pour le coup. Qu'Eugène n'ait rien voulu faire pour elle, pourquoi pas, mais la soeur Lisa, charcutière, aurait pu l'aider, l'embaucher, etc... Même remarque pour un poste de vendeuse au Bonheur des dames. Pour un naturaliste, Zola a oublié ces pistes logiques et naturelles, selon moi.
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Zola a de nombreux trés grand livres à son actif , mais celui-ci représente peut étre son meilleur . Ce roman naturaliste , d'un réalisme saississant , on le reçoit comme un combat de boxe. le calvaire de Gervaise marque l'esprit durant toute une vie de lecteurs. La plongée dans cet univers ou l'alcool , la débilité , la crasse, la folie , sont la norme s'avére particuliérement marquante. L'on ne peut sortir indemne de ce livre . L'histoire de Gervaise c'est l'enfer sur terre , avec un reniement total de sa propre condition. Gervaise c'est l'oubli de soi , la soumission qui conduit au pire , a l'autodestructiion , ce qui en fait une étude de caractere incontournable . Peut étre le plus grand opus de Zola .....
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L'Assommoir!
J'ai lu le cycle des Rougon macquart de juin 1994 à février 2000.
Une incroyable expérience littéraire.
L'Assommoir est certainement celui que je préfère.
A la fois d'une profonde tristesse et d'une terrible gaité.
Je resterai marqué à jamais par cette oeuvre.

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L'Assommoir, c'est ce bistro infâme où les hommes se perdent. Les couples et les familles se ruinent et explosent.
Gervaise essaiera vaillamment de sortir de sa misérable condition. Elle réussira une certaine ascension sociale, entravée notamment par les hommes de sa vie, qui la tirent vers le bas. le voisinage, souvent sournois, hypocrite, jaloux, ne lui fera aucun cadeau. Et la fatalité de l'existence, la dureté des temps, lui reprendront le peu qu'elle a réussi à arracher à sa destinée.
Le récit, son style, son réalisme, sont magnifiques et étourdissants. Nous sommes en présence d'un roman majeur et exemplaire. Tous les ingrédients du chef d'oeuvre sont là, notamment des personnages inoubliables.
Zola fait preuve ici d'une maîtrise totale de l'exercice et confirme son statut, au plus haut, avec Hugo et Balzac, de la littérature romanesque du XIXème siècle.
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Un merveilleux Zola qui nous plonge dans le monde ouvrier du 19ème et dans la triste existence d'une petite blanchisseuse, jolie, courageuse...mais lâche. Victime de sa faiblesse de caractère et d'une malchance qui lui colle à la peau, Gervaise subira les conséquences de ses mauvais choix qui finiront par provoquer sa déchéance économique et morale.

Victime d'hommes fainéants et oisifs, victime de sa condition, victime de l'alcoolisme et des rancoeurs de femmes méchantes et jalouses, Gervaise, héroïne tragique par excellence, sombre petit à petit dans la décadence la plus totale après un court épisode de prospérité. Zola nous livre une merveilleuse fable sociale naturaliste et sulfureuse (pour l'époque très certainement), et dépeint les bas-fonds de Paris avec un réalisme tragique et une justesse de ton unique en son genre.
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Bon voilà , je viens de terminer L'Assommoir sans savoir si mon envie est de frissonner ou d'applaudir le talent de Zola , donc je ferai les deux. Connu pour peindre la condition ouvrière avec brio mais aussi tous les types du 19ème , Zola semble avoir concentré son talent dans ce livre . L'alcool faisant des ravages , des hommes devenant violents et une famille qui se déchire , comment qualifier tout cela ? L'histoire colle à la peau , plus le roman avance et plus il faut connaître la fin . Les personnages sont criants de vérité , ni vraiment pathétique ni vraiment remarquables , ils se montrent juste vil ou courageux comme des générations avant eux . Un excellent livre par un écrivain magistral .
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On ne sort pas indemne après avoir lu ce roman et j'en suis encore bouleversée… Je l'ai lu presque d'une traite, ayant du mal à le lâcher tant les vies de Gervaise et d'Auguste Coupeau sont aussi déconcertantes que dramatiques.

Emile Zola utilise un vocabulaire populaire afin de restituer le plus fidèlement possible l'existence misérable et laborieuse du milieu ouvrier de son époque. Il met donc un point d'honneur à employer le langage du peuple dont le style prête parfois à sourire, égayant ainsi la trame mélo dramatique et la sombre noirceur de l'histoire. le lecteur assistera à une véritable descente aux enfers des deux protagonistes du livre, victimes de l'alcool et de la misère, ces deux fléaux qui précipiteront leur chute et leur fin funeste.
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Voila encore une oeuvre littéraire d'une grande puissance tragique. parfois Émile Zola fait dans le gris en terme d'ambiance. Avec L'Assommoir, c'est tout noir. J'ai pris ma petite leçon d'empathie et j'ai morflé, du début à la fin du roman. Chaque personne fait face à la tragédie de son destin et ça devient grandiose (en terme de lecture) mais définitivement pessimiste sur la nature humaine.

Émile Zola pose son regard sur le milieu ouvrier parisien qui prend de plein fouet les crises et les changements. L'Assommoir, c'est la menace de la misère qui pèse sur les travailleurs et les travailleuses mais c'est aussi le tableau cynique de ses hommes et de ses femmes, couples, radins, jaloux, timides, volages, manipulateur, profiteurs, etc. Ils y sont tous, autour de Gervaise.

La rudesse de l'environnement montre un Paris miséreux et insalubre, un Paris de quartier grouillant de vie dont l'alcool est la poudrière sur lequel Émile Zola vient craquer l'allumette. Mais le naturaliste virtuose ne se contente pas de dépeindre le réel, il l'exacerbe pour avoir une oeuvre fictionnelle encore plus intense et brutale.
La suite sur le blog…
Lien : http://livrepoche.fr/l-assom..
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Un roman tourmenté et sombre, ma foi. Gervaise, le personnage principal, blanchisseuse originaire des environs de Marseille, est en couple avec Lantier, qui la quitte bientôt, en la laissant seule avec ses enfants sur les bras, et bien peu de ressources. Vite promise à Coupeau qui ne perd pas de temps pour la courtiser, elle ne saura pas tendre la main à Goujet, ce forgeron humble, profondément amoureux d'elle. L'occasion de pages bien tristes, mais très belles.

Le début est difficile à lire : trop de mots. de plus, la première fresque qui prend place parmi les femmes dans le lavoir est assez bestiale. Cette atmosphère de misère n'est pas accueillante, et Zola fait beaucoup de descriptions détaillées qui sont exigeantes. C'est lorsque le personnage de Goujet fait son apparition, avec toute sa tendresse, que le récit si noir s'illumine un peu en se remplissant de sentiments qui l'adoucissent quelque peu. Les fresques suivantes sont énormes et saisissantes (le mariage, le dîner, etc). Gervaise et Coupeau ont très peu pour survivre et ils font des allers retours au mont piété. de plus, l'alcoolisme s'installe.

Avec la rumeur de la société qui s'amplifie de plus en plus autour des moindres agissements de Gervaise, et le réalisme du récit qui nous décrit les addictions, les vanités, les trahisons, la brutalité envers les femmes et évidemment la pauvreté, le roman fait froid dans le dos. Il m'a fait vivre des moments extraordinaires mais ô combien affreux. Que penser de la fin du récit.

Si ce livre a été par moments éprouvant, je suis pourtant heureuse d'avoir repris cette saga de l'auteur là où elle en était restée après tant d'années en sachant que d'autres textes de lui restent encore à être lus témoignant de la misère sociale.
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