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4,15

sur 5673 notes
L'Assommoir! Avec ce titre on connait déjà le programme, nous mettre définitivement le moral dans les chaussettes. Zola continue son entreprise documentaire avec cette fois-ci l'exploration du prolétariat urbain en chroniquant la vie de la blanchisseuse Gervaise.

C'est mon quatrième Rougon Macquart et je retrouve une structure d'ouvrage familière, une première partie immersive dans le quotidien du sujet du jour et une seconde consacrée au délitement spectaculaire d'une existence. Les qualités descriptives de L'Assommoir sont incontestables, on est plongé dans des atmosphères denses (immeuble ouvrier, atelier de travail, lavoir) jusqu'à l'étouffement. Pour l'instant en terme de style c'est mon opus favori de la série.

Plus gênant en revanche c'est le projet littéraire d'Emile Zola qui maquille de naturalisme un récit noyé de pathos. Pour donner un maximum d'impact à la narration l'auteur nous vautre dans le glauque total, quand on pense toucher le fond il reste des abysses de noirceurs. le trait est beaucoup trop forcé. C'est le même défaut qu'avec la Terre, il n'y a pas d'équilibre dans le roman qui calcule les fortes émotions qu'il doit produire : au mieux un coup de blues et au pire de l'indignation (la meilleure des publicités). le lecteur en mal d'intensité est servi. L'intention de Zola de nous en mettre pleins la face apparaît en transparence, il est incapable de se retenir d'expliciter son propos. Par exemple les rares moments de jouissances des personnages ou leurs bons sentiments ne sont jamais joyeux mais toujours dépeints comme grotesques et sales. Ça donne une scène d'anthologie avec le chapitre du banquet qui pourrait être de la littérature comique mais ici malheureusement étiquetée comme documentaire. D'ailleurs quelques sentences laconiques parcourent le livre avec cet effet comique alors que c'est écrit sérieusment.

Pour un roman social Zola se montre incroyablement moralisateur envers les classes populaires qui commettent les sept pêchés capitaux, ils y sont tous. L'alcool imbibe la déchéance ambiante mais n'est pas à son origine, c'est moins la boisson qui précipite la chute de Gervaise que ses défauts de caractères. L'auteur sait se montrer fin psychologue quand il connait le sujet dans sa chaire (L'Oeuvre), ici on sent qu'il comprend moins les ressorts intimes des personnages, il observe de loin et juge. Gervaise est faible parce qu'elle est faible, Coupeau est alcoolique parce qu'il est oisif, Lantier est une ordure parce que c'est une ordure.

L'Assommoir est un solide roman ça vaut le coup de le lire pour s'imaginer les parcours de vie ouvriers à Paris, le pari de l'auteur à cet égard est parfaitement réussi. Attention cependant au statut de chef d'oeuvre de l'Assommoir qui inhibe la capacité à voir ses défauts et à prendre pour argent comptant les dires de Zola.
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Si les six premiers tomes ont montré en grande partie ceux qui ont profité du Second Empire, écrasants les autres pour monter et profiter toujours plus. Ce tome montre un nouveau point de vue, celui du milieu ouvrier, qui aura tendance à souffrir de la chute de la République.

On suit ici Gervaise Macquart, fille d'Antoine Macquart. On parle déjà de cette branche de la famille au premier tome.
Si sa vie n'était pas des plus joyeuses dans La Fortune des Rougon, elle atteint ici son paroxysme.
Arrivée à Paris avec son amant Lantier, avec lequel elle a deux fils, elle se retrouve seule à élever ses enfants.
Ses rêves sont simples, voir même très modestes. Mais, malgré son mariage avec Coupeau, elle n'est pas au bout de ses peines dans ce quartier de la Goutte d'Or.

J'ai beaucoup aimé ce tome, Zola montre ici la difficile vie d'un Paris ouvrier, qui se précarise face à la mécanisation de l'industrie.
Un Paris sans réelle solidarité, où l'on se dévore les uns les autres, à guetter la moindre faiblesse.
Un Paris où la misère règne et où le vice pervertit la génération future.
Mais surtout, le fléau de l'alcool, qu'il soit culturel, social, ou échapatoire pour ces hommes et femmes, qui, trop riches pour mourir de faim, mais trop pauvres et peu instruits pour aspirer à une vie meilleure, n'ont que ce moyen là pour oublier leurs peines.

Un roman très sombre, donc, dans lequel l'auteur pointe du doigt de nombreux dysfonctionnements de son époque.
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Ce qui est incroyable dans ce roman, c'est l'acuité et la précision que Zola implique en brossant les portraits et les évolutions physiques et psychologiques des personnages (et qu'on retrouve assez peu chez d'autres romanciers) de sorte qu'on en vient réellement à penser qu'ils existent/ ont existé et qu'on se surprend à avoir de la compassion pour eux, et plus particulièrement pour Gervaise, qui est au centre d'une vaste tragédie qui la dépasse. Cela ne l'empêche toutefois pas d'avoir des sentiments (la peur plus que les autres ; je lui ai trouvé un petit côté thanatophobe dans certains passages où, encore jeune, elle est exposée à l'idée de mort) de vivre tout cela intensément, et d'essayer à de multiples reprises d'être maîtresse de sa vie et de sont destin. de surcroît, loin d'avoir la folie des grandeurs, ses désirs sont simples : avoir à manger et un toit sur la tête. Mais rien que ça, c'est inaccessible pour elle pour plusieurs raisons, dont une (et pas des moindres) : c'est une Rougon-Macquart.
Pour ma part, il est vrai que les personnages m'ont fait penser à des personnes bien réelles, ce qui a rendu ma lecture à la fois poignante et stimulante. Il en est de même pour les situations qu'ils vivent, entre autres choses très personnelles, telles que, les drames familiaux, l'amour qui se meut en haine viscérale, la maladie, la mort, le bas corporel, le manque d'hygiène, les odeurs (je me demande au passage si Patrick Süskind avait lu "L'Assommoir" avant d'écrire "Le Parfum")... Et rien de tout cela ne m'a semblé trop cru, ou excessivement romancé.
En fait, aussi paradoxal que cela puisse paraître, ce roman fait partie des rares oeuvres littéraires à m'avoir laissée ce sentiment bien net de perfection.
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Certes un grand classique, à lire pour sa culture générale mais quelle déception...
Bien sur c'était une époque triste et dure et Zola met très bien en scène cet aspect de la vie des personnes vivant pendant ces temps mais que c'est long... En effet il faut s'accrocher, se donner des objectifs de pages par jour pour pouvoir espérer aller au bout! Les personnages sont sans fondements, ennuyeux à mourir et rien ne nous donne envie de connaitre la fin de ce roman assommant ...
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J'adore les romans de Zola. Celui là est un des plus déprimants, désespérant ! D'où mon classement alors que Zola est un de mes auteurs préférés par son écriture . Qu'ils soient bons ou mauvais, généreux ou faibles, les héros de Zola sont avant tout terriblement humains, s'affichent dans leurs forces comme dans leurs faiblesses, nous font partager leurs joies et leurs peines.
On assiste avec un pénétrant sentiment d'impuissance, à la lente mais inexorable déconfiture de Gervaise, blanchisseuse au faubourg Poissonnière à Paris, dont le couple, dont le quartier, dont la vie sont peu à peu rongés par l'alcool et la fatalité sociale qui condamne rapidement les pauvres à la pauvreté, les miséreux à la misère, désintégrant l'espoir et le rêve d'un mieux. Zola porte un regard désabusé et subtil sur la condition sociale du 19ème siècle.
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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🌸Résumé : Ce Roman raconte le drame de la vie populaire : l'alcoolisme, propagé par les débits de boissons nommés à juste titre des « assommoirs ». Coupeau, bon ouvrier zingueur, après un accident, au cours d'une longue convalescence, se laisse gagner par l'alcool. Sa femme Gervaise, qui avait de haute lutte acquis une blanchisserie, après avoir résisté, est à son tour entraîné jusqu'à la pire déchéance.
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. 🌸 Mon Avis : Je crois que je vais avoir du mal à trouver les mots. Lorsque j'ai refermé le livre, je me suis retrouvée à fixer le mur qui me faisait face, béate, comme si j'avais reçu un coup de jus. J'ai mis quelques minutes à me remettre des émotions. J'avais LONGUEMENT entendu parler de l'Assommoir, considéré comme The chef d'oeuvre de la saga des Rougon Macquart. Et à présent, je comprends pourquoi. Ceux qui suivent mes articles depuis le début, vous avez certainement constaté que j'ai aimé presque tous les Zola, et qu'en général mes articles sont positifs. Mais là j'ai trouvé LA PERLE. Pourquoi ai-je attendu si longtemps avant de lire cette merveille ? Plus que jamais, Zola nous dépeint le Paris des pauvres, le Paris sale, le Paris plus vrai que nature. le lecteur est plongé dans le quotidien des Coupeau, subit les difficultés de la vie avec eux. Dans ce roman Zola ose tout. L'alcoolisme, la prostitution, la violence, la méchanceté ... tous y est. On suit progressivement la descente aux enfers des personnages, la déchéance totale...et on attend , toujours, on attend de voir jusqu'au Zola va pousser le vice, jusqu'où il va entraîner ses personnages. Et autant vous dire qu'il ne se refuse rien. Si vous ne lisez pas de livre en ce moment, courrez chez le libraire et lisez ce petit bijou.
J'espère que certains d'entre vous l'ont lu, je suis vraiment impatiente d'échanger avec vous. .
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« L'assommoir » est le septième titre des Rougon Macquart. On est ici dans la branche des Macquart, où la misère et l'alcoolisme prédominent.
Gervaise est gentille, une brave fille ; elle ne veut contrarier personne, et n'a pas de grands rêves : juste vivre simplement de son métier de blanchisseuse, avec homme et enfants.
Elle se sépare de Lantier, alcoolique débauché avec qui elle a eu deux garçons, Etienne et Claude, et rapidement (trop ?) se marie avec Coupeau. Au début tout va bien et Gervaise profite de sa vie simple. Ils ont une fille, Nana. Après un accident, Coupeau sombre dans l'alcool, elle l'accompagne dans la paresse, et leurs vies déclinent.
La nonchalance de Gervaise la perdra. Elle ne tire pas les leçons de sa première expérience, ni de ce qu'elle voit autour d'elle. Elle se laisse aller : fainéantise, travail saboté, dettes, alcool. Elle sombre doucement, vers la misère.

La plume de Zola est une merveille ; le vocabulaire des ouvriers de l'époque est très imagé. Zola nous plonge dans l'univers de Gervaise, dans ses pensées, sa logique qui fait qu'elle ne perçoit pas sa lente déchéance.
Relire cette oeuvre 30 ans après son étude au lycée est une expérience encore plus enrichissante ; on prend plaisir aux descriptions, on vit dans ce quartier d'ouvriers, on entend les conversations, les cris, on sent les odeurs.

« L'assommoir » est un chef-d'oeuvre. Relisez-le !
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Un seul mot : magnifique ! Zola est un génie et le (re)lire est un réel plaisir. On y suit comme dans presque tous ses romans les débuts difficiles , l'épanouissement et puis la chute d'une personne et de la cellule familiale qui gravite autour .Ces romans nous parlent encore tellement de nos jours ..
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lu en 1998J'ai découvert cette histoire à travers un film qu'on nous avait projeté au collège. J'ai préféré le roman même si l'histoire racontée est vraiment sordide, sans espoir...
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J'ai pas la prose de Nastasia-B, j'ai pas le style de Nadou38, mais je vais essayer de transcrie mon ressentiment sur ce chef d'oeuvre; pour faire plaisir à l'une et pour répondre à l'autre qui, je pense, s'éguard dans son professionnalisme. Il n'y a pas à mon sens de genre littéraire, il y a de bons livres ou il y a de la M****. Mon édition est un vieux livre trouvé chez ma maman et que mon frère à du lire en classe de 3eme(15ans) cette édition est préfacé par devinez qui? Cavanna, déjà ça cause... L'auteur lui même la aussi préfacé et il dit: Pour que l'humanité change il faut que la société changent, il à mille fois raison... Et je repose la question: Mais que lisent nos élus; Paris Match?
Moi j'ai eu le sang glacé par Lalie Bijard, J'ai déjà mis une citation de Proust qui dit en substance qu'en devenant adulte on devient lâche, en voici encore une nouvelle preuve...
Zola à connu la misère et ça se sent; si le livre à eu un gros succès c'est parce qu'il est bon, un point c'est tout.
Merci M. Zola.

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