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sur 4065 notes
Cette neuvième livraison des Rougon-Macquart ne m'est pas apparue aussi savoureuse que je l'espérais, faisant naturellement suite, par son héroïne, au fulgurant Assommoir.
Émile Zola réemploie la même formule que dans "Son Excellence Eugène Rougon" au début du roman, à savoir, nous plonger directement dans le coeur d'activité du protagoniste principal. C'était une session à l'Assemblée Nationale pour Eugène Rougon, ici, c'est la première représentation d'une opérette sulfureuse, La Blonde Vénus, où Nana met le feu à la scène avec ses formes et ses tenues très peu couvrantes. (Au passage ceci m'inspire un petit parallèle et une menue réflexion sur la beauté et la blondeur car je viens de me faire une petite série de huit ou neuf films de Billy Wilder, avec outre le célébrissime et succulent Certains L'Aiment Chaud, qui, bien qu'excellent, fait beaucoup commerce des formes généreuses de l'actrice, un autre film, soi-disant culte, Sept Ans de Réflexion avec la fameuse scène de la robe Marilyn Monroe qui se soulève en passant au-dessus des bouches d'aération du métro, qui lui est un vrai navet, avec pour seul mérite d'avoir à son affiche une blonde Vénus... Nana/Marilyn, mort prématurée, des liens avec le pouvoir et l'argent, tiens, tiens, tiens...)
Ce sont bien évidemment les opérettes de Jacques Offenbach que l'auteur cherche à écorner, en particulier celle intitulée " La Belle Hélène ", (pastichée en " La Blonde Vénus ") qui met en scène la dépravation des dieux de l'Olympe.
Pour être totalement dans l'esprit « naturaliste », avec un réel souci documentaire, on n'en est pas pour autant transcendé et l'on a du mal à prétexter que cette entrée en scène de Zola dans Nana soit particulièrement réussie ou tonitruante. On l'a connu plus percutant et la feuille de route de son programme de construction apparaît, à mon goût, un peu trop fortement tout au long du roman.
Ce n'est qu'à partir de la moitié du livre, au chapitre VIII, que la narration retrouve quelques couleurs et Zola sa verve perdue de L'Assommoir. En effet, jusque-là, l'auteur nous endort avec de lourdes et longues descriptions de luxe et de débauches dans les hautes sphères qui font d'ailleurs double emploi avec celles déjà pesantes qui concernaient Renée dans La Curée.
Quels sont les apports vraiment significatifs de cet opus dans l'édifice de son cycle littéraire ?
1) Les rapports étroits de connivence entre le monde du spectacle et le journalisme visant à faire ou à défaire le succès d'un spectacle moyennant avantages divers en retour (déjà évoqués en détail et probablement avec plus de brio dans la deuxième partie des Illusions Perdues de Balzac).
2) La mise en plein jour de la prostitution (la classique et celle de luxe).
3) L'évocation de l'homosexualité féminine, sujet absolument tabou à l'époque de Zola et ce sur quoi il faut saluer le courage littéraire de l'auteur.
4) le poids du monde hippique dans la haute société (La situation a-t-elle changé de nos jours ? Les Rothschild ne font-il pas toujours régner la pluie et le beau temps sur le monde des courses [casaque bleue, toque jaune] ?)
En guise de conclusion : très documenté mais pas très captivant, ce qui en fait, selon moi, un roman moyen du cycle des Rougon-Macquart, mais ceci, bien sûr, n'est que mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Je reste à chaque fois bluffée par l'analyse de la société de Zola.

Nana est pour moi une relecture . Et j'avoue que j'aime beaucoup ce roman par son côté satirique de la haute société et en même temps de la base classe.

Je me demande a chaque fois comment l'auteur peut être si pertinent.

A la relecture , je me suis dit que ce roman était intemporel.
Je fais le parallèle avec certaines personnes sorties du ruisseau par la télé réalité et qui sont aujourd'hui dans la déchéance. Ou d'autres "stars" de la télé.

Zola a une certaine douceur dans son écriture et une telle violence dans ses histoires... Cette ambivalence donne une énorme force au scénario.

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Ah Nana ! je revois la petite fille de l'Assommoir, traînant le sabot de la mère Boche pour jouer à l'enterrement, n'étant pas la dernière pour tremper dans le vice et faire les quatre cent coups, mettant la révolution dans la rue de la Goutte-d'Or à coups de frasques et de coquetterie exacerbée.
Rodée aux hommes dès son plus jeune âge, la petite à déjà compris que pour éviter le destin catastrophique de ses parents, il va falloir mettre le paquet pour se faire entretenir.
Ici, c'est au Théâtre des Variétés que nous retrouvons notre chipie de service, incarnant La Blonde Vénus. Une façon comme une autre de démarrer une carrière pour cette fille pulpeuse qui chante comme une savate. Son argument? Apparaître sur les planches presque dévêtue, ce qui annonce la couleur à un public essentiellement masculin avide d'un nouveau visage à encenser. Malgré un manque évident de talent, le succès est au rendez-vous et les hommes se pressent dans l'antre de cette jeune pousse du pavé, qui en était réduite à faire des passes pour des sommes modiques afin de financer un train de vie déjà conséquent. Pour Nana vient alors le temps de faire ses armes dans la cour des grandes...

Qu'elle soit aimée ou détestée, cette Nana est étonnante. Aussi puissant que l'Assommoir, ce neuvième volume des Rougon-Macquart nous emporte dans les coulisses du monde des filles et de la débauche. Assez similaire à La Curée dans sa construction en ce qui concerne le faste, Nana se révèle aussi être plus piquant dans le déroulement des événements. Son héroïne tient son rôle haut la main et c'est avec plaisir que nous suivons cette mauvaise graine dans ses toquades de gamine des rues. A l'opposé de sa mère Gervaise, Nana se révèle être une femme de tête à la personnalité hors norme, jouant brillamment au jeu de la vie, tenant le beau Paris qui bande à ses pieds bien au chaud entre ses cuisses de Vénus grasse. Comme une tornade, Nana balaye les fortunes des hommes riches incapables de lui résister. Tous y passent, béats de s'être fait délester la bourse et les bourses par cette mante-religieuse qui brûle la chandelle par les deux bouts. Jouissif et incisif, Zola nous montre une fois de plus l'étendue de son génie à travers ce portrait de femme qui, comme une étoile filante, passe, flamboyante et brillante pour disparaître en un éclair comme elle est apparue. Si vous n'avez pas encore fait la connaissance de Nana, n'hésitez plus, elle ne vous laissera pas indifférents.
A lire !
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Pour pleinement percevoir la puissance et l'impact de « Nana », neuvième volet de la série des Rougon-Macquart, il faut se livrer à l'exercice de se projeter en pensée en 1880, date de sa parution.

En 1880, la place de la femme dans la société du lectorat de Zola se traduit schématiquement par quatre positions sociales : commençons par la femme mariée sans profession, apanage des classes aisées, poursuivons avec la nonne, faisant souvent également office d'infirmière, puis vient la femme « du peuple » mariée ou non et exerçant une profession telle que couturière, vendeuse, ouvrière, lessiveuse, domestique, enfin, achevons avec la femme déchue, autrement dit la prostituée, infréquentable par les trois susnommées.

Cependant, à peine quelques décennies avant la période qui nous occupe, a émergé un groupe social nouveau qui a engendré pour la femme une cinquième "voie". Ce groupe a été nommé « demi-monde » par Dumas fils, lequel, épris de la célèbre « dame aux Camélias », était bien placé pour observer de près l'un de ses spécimens : la demi-mondaine.

1868, Paris. Nana, fille de l'ouvrière Gervaise (« L'Assommoir), est une demi-mondaine. Actrice et courtisane, elle permet à Zola d'incarner le demi-monde et ses moeurs nouvelles, cruelles, dissolues et sans scrupules. Dans les théâtres et les restaurants, sur les champs de courses et jusque dans les médias (ou dans le lit des journalistes) se retrouvent les « cocottes », effrontées et sensuelles, vendant leurs charmes et offrant à Zola le spectacle d'une première « émancipation par le sexe » de la moitié réputée « faible » de l'humanité. Au XIXème siècle, et cela se ressent jusque dans l'art, la femme est méprisée, elle est soumise à l'homme, au père, au mari, au frère, au patron, au client ; elle n'a aucun droit de cité et si elle est parfois dénudée avec gloire sur la toile, sa « tenue d'Eve », nouvellement photographiée, commence à circuler sous le manteau ; les maisons closes font recette. le XIXème siècle est l'apogée du sexisme et du règne de domination de l'homme sur la femme qui devra attendre la Première Guerre mondiale pour acquérir un début de reconnaissance. Mais déjà, "avant-guardistes" qui s'ignorent, les demi-mondaines renversent ce rapport de force ancestral...

La demi-mondaine, telle Nana, va chercher à tirer son épingle du jeu par le biais de son arme la plus redoutable : son cul, celui-là même que les hommes sont prêts à payer cher. Dans le roman de Zola, les hommes s'agglutinent autour de Nana comme les mouches autour d'une bouse fraîche et, sociologiquement parlant, il est tout à fait fascinant pour le lecteur d'essayer de décoder les mécanismes psychologiques qui poussent des bourgeois fortunés et « arrivés » à risquer leur fortune, leur honneur et leur statut social pour brûler leurs ailes aux flammes de l'interdit ; il est captivant de voir quelles extrémités ils peuvent atteindre pour posséder l'antithèse de leur épouse et/ou de leur mère.

Pour toutes ces raisons, « Nana » est plus que jamais un roman social, tel que l'a voulu et conçu son auteur qui, par le grand projet naturaliste qu'il a porté pendant plus de vingt ans, offre ici un magnifique témoignage de la société (notre société !) dont il était le contemporain. Voilà pourquoi il est essentiel de se projeter à la place d'un lecteur de 1880 pour mesurer tout le caractère précurseur, cru, provocateur et choquant de ce roman qui fait définitivement partie de mes tomes de prédilection.
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Nana, la petite fille des ruisseaux, la canaille de la Goutte d'or, qui a vécu sa jeunesse en guenille, entre des parents en proie à leurs démons, faibles et et malchanceux. La revoici, Nana, reine du vice, qui peu à peu étend son pouvoir sur la société huppée de cette fin de siècle, affolant par sa liberté et sa sensualité ces beaux messieurs bien mis et fortunés, du moins avant de se laisser prendre dans la toile d'araignée de la belle.

Elle commence au théâtre, et malgré ses dons très modestes, au point de transformer en comédie un drame passionnel, elle attire l'attention sur sa personne. faisant feu de tout bois, elle introduit peu à peu le ver dans le fruit :

« Ici, sur l'écoulement de ces richesses, entassées et allumées d'un coup, la valse sonnait la glas d'une vieille race; pendant que Nana, invisible, épandue au-dessus du bal avec membres souples, décomposait le monde. »

Passant de bras en bras et de lit en lit, elle soumet les hommes ou les femmes (une prostituée avec laquelle elle entretient une liaison), et dilapide des sommes faramineuses, ruinant peu à peu ses amants.

Inspirée de la vie de prostituées mondaines, la vie de Nana symbolise pour certains le destin de l'empire agonisant.


C'est encore une fois un superbe roman, dont le réalisme a sans doute pu choqué lors de sa parution.
Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Émile Zola a imaginé et construit une immense fresque, Les Rougon-Macquart, bâtie sur vingt romans pour décrire et aussi décrier un certain univers social sous le Second Empire. Neuvième volume de la série des Rougon-Macquart, Nana a un ton que j'ai trouvé inouï par rapport aux autres ouvrages de ce cycle. Comme je me suis fait fort de les lire dans l'ordre chronologique, mon avis ne concerne donc que les seuls romans lus jusqu'ici...
Ceux qui connaissent cette saga savent le poids de l'hérédité de la lignée des Rougon et des Macquart sur les personnages...
Je me suis réjoui de la lecture de ce roman et je me suis encore plus réjoui d'imaginer la déflagration qu'a pu susciter la parution de ce roman en 1880, dans une France alors très conventionnelle.
Mais qui est Nana ? Gustave Flaubert, qui en connaissait un rayon sur le sujet, disait de ce personnage féminin haut en couleurs : « Nana tourne au mythe, sans cesser d'être réelle ».
Les premières pages nous invitent au théâtre. Comme souvent, Zola use de ce procédé narratif où le personnage principal est évoqué et tarde à venir.
Et puis Nana finit par entrer en scène, sensuelle, dégageant un érotisme irrésistible et c'est l'émoi parmi le public des hommes...
Mais qui est Nana ?
Insouciante, frivole, Nana ne pense pas au lendemain, demain n'existe tout simplement pas. Elle obéit simplement à sa nature. Elle n'est pas vraiment belle mais elle plaît, elle fait venir les foules chaque soir au théâtre où elle apparaît en Vénus presque dévêtue, ce n'est pas forcément pour son talent de comédienne que les hommes se pressent mais pour son coup de hanche, elle est même déjà célèbre, les hommes viennent la voir, se bousculent pour cela.
Pourrait-on dire que Nana est un pur produit du second Empire dans son parcours insolite, sa volonté de conquête dans le désir qu'elle porte en elle ? Nana, femme presque encore enfant et devenue trop vite adulte par la force des choses, fille capricieuse, insolente, déchue et vengeresse du monde d'où elle vient, c'est-à-dire la rue, les trottoirs, le quartier de la Goutte d'Or, là-bas où elle faisait déjà les quatre cents coups, gamine des ruisseaux et des lavoirs, Gervaise sa mère, le peuple, le peuple de Paris et de ses faubourgs.
Elle a la cervelle d'un moineau et elle est gaie comme un pinson. Peut-on lui reprocher cela ?
Nana n'est pas méchante, elle est juste cruelle sans vouloir le mal au début.
Elle commence à comprendre peu à peu le pouvoir qu'elle détient, un pouvoir qui peut séduire, attirer, annihiler, détruire aussi. Elle se sent alors brusquement toute puissante. Par sa sensualité et par le sexe aussi...
Alors, elle affole les hommes, en fait des marionnettes, elle triomphe. Ah ! Ce pauvre comte Muffat... Pitoyable personnage symbolisant à lui seul ce second Empire et ce à quoi cette période ressemble alors...
Nana croque la fortune des banquiers comme on croque une pomme. Elle fait tourner les hommes riches qu'elle séduit dans une danse frénétique et endiablée.
C'est une époque, une classe sociale qui s'écroule, elle leur porte l'estocade, le pied de Nana posé sur cette hécatombe, ce charnier de la bourgeoisie et de l'aristocratie chancelantes déjà...
Ce récit est d'une férocité joyeuse, Nana rosse l'empire, elle humilie ce monde de pantomimes, elle se vautre dans le luxe des autres, et j'imagine que Zola, derrière elle, derrière sa créature diabolique qu'il a créée, jubile, jubile et se moque de l'empire, lui fait un bras d'honneur...
Les personnages secondaires, - mais sont-ils si secondaires que cela ? sont parfois touchants comme Georges qu'on surnomme Zizi, ou encore Satin, amie de Nana et même un peu plus après...
Je pense aussi à la position de la femme incarnée par le personnage de Nana sous le second Empire, ce qu'a voulu dire, transmettre Zola, ce que serait Zola aujourd'hui...
Je pense qu'aujourd'hui, Zola serait encore Zola, un homme d'esprit et de combat qui nous manque terriblement...
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Le Tout-Paris est en effervescence : une nouvelle actrice monte sur les planches ce soir. On la dit belle, on la dit blonde, on la dit éblouissante. Pour sa première, Nana se fait désirer et ce n'est pas par son talent qu'elle enchante le parterre. « Est-ce qu'une femme a besoin de savoir jouer et chanter ? » (p. 8) le talent de Nana, c'est bien entre ses cuisses et entre ses bras qu'il se trouve. Échappée, on ne sait comment, du ruisseau et des trottoirs gras de Paris, Nana est maintenant bien loin de la boutique de ses parents, disparus à la fin de L'Assommoir. Alors qu'elle triomphe dans le théâtre de Bordenave, les hommes se pressent dans son salon, impatients de se frotter à ses jupes. Dans son appartement, c'est tout un monde de grues qui se donnent des airs, qui se chamaillent et se disputent les attentions des hommes.

Nana est très demandée, très désirée et bien incapable de se satisfaire d'un seul homme. Si elle laisse le comte Muffat l'entretenir, elle ne peut s'empêcher de tomber dans d'autres bras. Cette belle fille blonde et grasse qui excite tous les appétits bourgeois de Paris a parfois des envies de salissure et serait prête à tout abandonner pour une tocade. « Et tu te ruines pour un oiseau pareil ; oui, tu te ruines, ma chérie, tu tires la langue, lorsqu'il y en a tant et des plus riches et des personnages du gouvernement. » (p. 243) Alors qu'elle est prête à retourner au ruisseau, Nana a des rêves d'honnêteté et de puissance. Elle se voit en grande bourgeoise qui donne le ton, en femme du monde à qui personne ne refuse rien. Pour assurer son train de vie, elle essore ses nombreux amants et les hommes sont bienheureux qu'elle accepte de les ruiner. « Un homme ruiné tombait de ses mains comme un fruit mûr, pour se pourrir à terre, de lui-même. » (p. 405) À Paris, il est du dernier chic de se faire rincer par la belle Nana.

Enragée de luxe et de splendeur, cette sublime prostituée est folle de désir pour des plaisirs dégoûtants qui lui font croire qu'elle est libre. Aidée de Zoé, sa rusée femme de chambre, Nana fait défiler les hommes et les femmes dans ses salons, orchestrant le plus fabuleux vaudeville de Second Empire. Chez Nana, l'amant n'est pas sous le lit : il fait antichambre pendant qu'une canaille se vautre dans les draps et les dentelles. Les acteurs, les journalistes, les banquiers, les nobles, tout le monde se presse chez la plus grande cocotte de Paris. Pendant ce temps, Madame se donne sans honte dans le lit d'un client, parce qu'il faut bien payer le boulanger.

Que j'ai aimé cet épisode des Rougon-Maquart ! Cette Nana ne manque pas de panache, ni de ressources. Sous des dehors superbes, ce personnage incarne toute la pourriture de la lignée. Son fils Louis est l'aboutissement d'un sang faible et vicié. Peu à peu, Zola élague l'arbre généalogique et fait tomber les branches pourries. On se demande toujours si le prochain printemps verra fleurir un nouveau Rougon ou un nouveau Macquart. La suite au prochain volume !
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Quelle vengeance contre la misère...O la Nana! Le neuvième tome rebondit avec le relâchement du huitième avec une page d'amour, on ne peut entamer ce tome sans passer par l'assommoir où l'enfance de Nana promettait déjà sa vie future de courtisane, une petite vicieuse et téméraire qui déjà à quatorze ou quinze ans, voyant sa mère se livrer à deux hommes sous un même toit et voulant prendre sa revanche, elle fuit la nid parental pour se mettre ensemble avec un homme trop âge...

Zola nous conduit dans les différents états d'âme de Nana en dents de scie, on voit les choses arriver, on semble douter, la vicieuse tend à se convertir ou se convertit, puis le compteur redémarre à zéro. D'une écriture exquise, l'auteur nous emballe, nous dés-emballe, ce roman est construit en trois partie, la première, c'est la plantation du décor, l'auteur fait une présentation du monde dans lequel Nana s'intègre, en plus, elle semble bien ambitieuse la Nana, malheureusement moins talentueuse mais ce monde la vénère et pourquoi? pour son sexe, Nana se cherche encore un chemin, elle sort des trottoirs plus bas où tout peut se permettre puisqu'on est déjà un souillon, elle s'étonne de découvrir la souillure dans ce monde des hommes et femmes honnêtes, elle met quelques égards autour d'elle. Dans la deuxième partie, elle se convertit dans une histoire d'amour, elle se donne à la fidélité et à l'honnêteté, mais ça ne sera que pour un moment, la misère oblige, cette posture ne lui convient pas. Et dans la troisième partie, c'est le déchainement total de la grande courtisane qui va conquérir tout Paris
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Nana, c'est Anna Coupeau, la fille de Gervaise, qui avait fui la misère et l'alcoolique couple de ses parents dans "L'assommoir"et qui laissait présager bien du vice...

Une jeune beauté grasse et sensuelle , qui, malgré sa piètre performance sur la scène du théâtre des Variétés, va déchaîner le désir des mâles présents...

Elle devient une croqueuse d'hommes, une dévoreuse de corps masculins, mi-bête, mi-femme:"sa nuque où ses cheveux roux mettaient comme une toison de bête ", "le rut qui montait d'elle ainsi qu'une bête en furie".Je ne résiste pas au jeu de mots, une bête humaine en quelque sorte...

A travers elle, c'est une revanche sociale du peuple que met en relief Zola.Car elle arrivera même à conquérir les nobles, comme le comte Muffat, qu'elle prendra plaisir à humilier ensuite.Elle est à la fois enfantine et rouée, spontanée et calculatrice,bonne fille et cruelle,froide et passionnée. Un vrai prototype de femme fatale!

Nana, une belle Nana pleine de vie,qui se contemple toujours avec surprise et joie dans le miroir, un surnom "qui sonnait avec la vivacité chantante de ses deux syllabes"....mais quelle fin atroce elle aura, si jeune, une fin purulente...

Dans cette danse caressante de la chair, qui domine tout, qui écrase toute résistance, dans ce ballet fievreux et lubrique qui provoque le vertige masculin, l'oubli de l'honneur, des codes sociaux, Nana , comme l'écrira Flaubert, "tourne au mythe, sans cesser d'être réelle".

C'est là tout le talent de l'auteur: hisser son personnage au sommet, la rendre si sensuellement présente à nos yeux,(si l'on fait abstraction de la fin du roman, bien sûr ...) qu'elle en devient une légende...Bravo!






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Fichtre ! Voilà une exclamation qui, rencontrée plusieurs fois au cours de ce roman, colle parfaitement à l'esprit osé, satirique et dénonciateur de ce neuvième tome de la saga zolienne. C'est un plongeon vertigineux dans la frivolité, l'excès, la bêtise où les jouissances mondaines triomphent dans la tentation de la chair, coulant vers une ruine assurée.

Nana, fille du pavé parisien, revendique du respect dont elle estime être autant méritante que les femmes bourgeoises de la capitale. Accessoirement, elle veut bien de la richesse pour assouvir ses extravagants besoins matériels, même si au fond elle méprise l'argent et en ignore toute la valeur.
Avec sa voix fausse et une piètre prestation théâtrale, elle enflamme pourtant le public masculin du théâtre des Variétés et déclenche curiosité et inquiétude chez les femmes présentes. le Paris des plaisirs est présent dans ce lieu où se mêlent joyeusement femmes entretenues et habitués mondains. La familiarité de Nana et la mise en avant de son corps voluptueux attiseront tous les maux et les vices qui ne demandent qu'à éclater au grand jour.
Le lendemain de la présentation se déversera, dans l'appartement haussmannien de Nana, un bel échantillon de fiévreux convoiteurs de la belle « comme des toutous assis en rond sur leur derrière ». À partir de là, ils signeront, chacun à leur manière, un contrat vers une déchéance financière et morale, complètement aveuglés et possédés par les formes généreuses de l'actrice.

Cette fois-ci, l'ennui s'est souvent glissé subrepticement dans ma lecture. Certaines scènes, comme les pièces de théâtre, sont longues, très longues et plutôt assommantes.
Zola n'a pas lésiné sur les personnages, ils sont bien nombreux, et hormis les quelques hommes récurrents qui gravitent et se pâment autour de Nana, j'ai dû en laisser filer bon nombre sans plus reconnaître leur place ni leur rôle. Ma concentration a des limites et cette foule m'a perdue !
Au-delà du sujet de la débauche qui ne me passionne pas spécialement, ce tome a le mérite de nous rappeler le langage familier et les vulgarités du XIXe siècle. On peut y admirer les capacités inégalables de Zola à décrire aussi bien le luxe que la souillure, la saleté et la mise en lumière du vice. Il nous sert un amas de ricaneries, de tromperies des uns et des autres, de moqueries grasses pour dénoncer superbement ces hautes classes de l'Empire dépourvues de morale.
Cette course à la débâcle m'a bien moins enflammée que les tomes précédents mais Nana n'en restera pas moins un roman marquant et osé, surtout pour l'époque !
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