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Un arpenteur, c'est une personne qui évalue la superficie d'un terrain, c'est un professionnel de la mesure; c'est aussi une personne qui marche beaucoup, regarde et cherche.
Valentine Millimaki est l'adjoint du shérif, affecté au service de nuit il se retrouve à couler les longues heures de la nuit dans les couloirs de la prison et à partager l'insomnie qui le ronge pendant la journée à celle nocturne de John Gload, 77 ans, en attente de son procès et homme aux nombreux cadavres dépecés et enterrés.
Étrangement, et contrairement au code moral et éthique, ces deux hommes vont se parler et développer un lien troublant, car ils ont de nombreux points en commun, à commencer par leur enfance douloureuse : "On est juste deux orphelins malchanceux, pas vrai, Valentine ?".
Chacun à leur manière est un arpenteur, John Gload parce qu'il a parcouru maints espaces pour y enterrer ses cadavres, Valentine Millimaki parce qu'en dehors de ses heures de service il part à la recherche de personnes disparues, que bien souvent il retrouve mortes.

"Les arpenteurs" est le premier roman de Kim Zupan, et comme toute première oeuvre il y a dedans quelques maladresses, mais c'est surtout un très beau roman psychologique et très prometteur pour les récits à venir de cet auteur.
C'est un roman à l'atmosphère bien particulière, le lecteur y ressent le désert et le danger du Montana, une beauté sauvage à l'état pur, mais il y a aussi l'enfermement, la lourdeur et la noirceur d'une cellule de prison, ainsi que la laideur et les mauvaises intentions des personnes qui entourent Val et John Gload.
Le personnage de Val est particulièrement travaillé, il est sans nul doute l'un des plus complexes mais surtout le plus abouti.
C'est un homme torturé, n'arrivant plus à dormir et ne comprenant pas ce qui se passe autour de lui : ses collègues ne l'apprécient pas et cherchent à se jouer de lui, sa femme le quitte car elle ne supporte plus la vie isolée et cet homme absent mentalement : "Bon sang, Val, voilà ce que tu es, à peine plus qu'un fantôme qui arpente la terre avec tous ces cadavres dans la tête.", et c'est dans la personne de John Gload qu'il va trouver une forme d'ami, ou en tout cas une oreille attentive.
A l'inverse, John Gload reste plus mystérieux, presque comme un fantôme, et pour le coup j'aurai souhaité que l'auteur décortique de la même façon ce personnage par rapport à celui de Val.
Mais ses motivations restent floues : pourquoi a-t-il tué autant toute sa vie ? Qu'est-ce qui l'a motivé à chaque fois ?
Du début à la fin ce personnage demeure insaisissable, il y a une noirceur qui l'habite mais également une certaine lumière.
C'est un personnage dual qui aurait pu être exploité un peu plus.
Néanmoins la relation qui se tisse entre ce dernier et Val est tout simplement fascinante, j'ai beaucoup aimé cet homme à la dérive qui ne trouve comme seule bouée de secours qu'un taulard au passé plus que sanguinaire.
L'autre aspect que j'ai trouvé maladroit, c'est la construction par moment du récit à travers des flashbacks qui laissent planer le doute sur l'époque et les personnes concernées.
Le récit est parfois déstructuré, je m'y suis un peu perdue, sans doute une maladresse de débutant.
Pour le reste, ce roman est noir à souhait et fut un moment très plaisant de plongée en plein coeur du Montana et de la noirceur humaine.
C'est un polar noir qui change de l'ordinaire et transporte dans un univers différent de notre confort quotidien, un voyage littéraire que j'ai pris beaucoup de plaisir à effectuer.
Une nouvelle fois une très belle découverte des (décidément) formidables éditions Gallmeister.

"Les arpenteurs" de Kim Zupan est un polar bien noir, bien psychologique et dépaysant, une première oeuvre prometteuse à découvrir sans plus attendre.
Lien : http://lemondedemissg.blogsp..
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Les arpenteurs, c'est l'histoire d'une amitié, une amitié particulière, celle qui va se créer au fil des jours entre un jeune shérif adjoint et un vieil homme de 77 ans, tueur en série de son métier.
La mission confié à notre policier ?
Recueillir les informations auprès du vieillard afin de trouver les preuves qui le feront condamner.
Valentine, Val pour les intimes, devient donc le confident du prisonnier qui se laisse apprivoiser aisément et pour une simple raison, il a un service à demander.....
Kim Zupan nous entraine dans le sillage de ces deux personnages, le jeune en manque de sommeil et dont la vie de couple se délite, et l'ancien qui ne dort pas non plus et qui attend résigné la fin de son périple meurtrier.
Un récit entre présent et flashback, qui nous permet de mieux cerner ces deux êtres que la vie n'a pas toujours gâté et de comprendre les liens qui se tissent entre eux.
Pas de rebondissement extraordinaire, l'assassin est connu dès le départ. Pas de course poursuite ou d'enquête menée de main de maître.
L'intérêt de ce livre réside dans la description de ces deux personnalités atypiques, l'auteur attache également une certaine importance aux lieux et aux paysages traversés.
Un polar qui sort des sentiers battus et que j'ai beaucoup apprécié.

Merci à Babélio et aux Editions Gallmeister de m'avoir permis de découvrir ce livre qui figurait dans mes envies depuis un moment.
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Point commun entre Val Millimaki et John Gload ?
Comment ? La taule ? One point !

Jeune adjoint du shérif vs tueur froid et impitoyable.
A priori, rien de commun si ce n'est ces longues heures nocturnes partagées en attendant le procès.
Rien ne prédisposait ces deux hommes à se confier mutuellement au point d'en faire des confidents.
Une vie de couple en déliquescence pour Val, un quotidien solitaire marqué par une violence omniprésente chez John.
Puis vint ce besoin irrépressible et commun de se raconter au point d'en devenir proches, contre toute attente...

"Hypnotique et crépusculaire", la promesse était belle.
De fait, Les Arpenteurs est un premier roman hallucinant de noirceur qu'il convient de saluer à sa juste valeur.

Il est comme çà des petits miracles opportuns dans la vie d'un homme.
Val et John ne tutoyaient pas vraiment le bonheur, pour des raisons diverses et variées, mais ressentaient tous deux cette attraction malsaine en dépit des codes édictés par une certaine bien-pensance.
Une dangereuse fascination se muant subtilement en une nécessité commune de se délester de ses plus noirs secrets au point de ressentir rapidement le manque de l'autre.

Kim Zupan ou l'art de tisser une amitié contre nature.
Un magnifique portrait d'hommes à la dérive en quête de rédemption.

L'écriture, à la fois âpre et caressante, parvient à trouver le juste et fragile équilibre entre somptueuses étendues du Montana, symbole de liberté par excellence, et profond sentiment d'enfermement personnel.
Le contraste est saisissant, le choc émotionnel d'autant plus percutant.

A découvrir fissa!

Merci à Babelio et aux éditions Gallmeister pour ce petit moment de grâce.
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« Bon sang, Val, voilà ce que tu es, à peine plus qu'un fantôme qui arpente la terre avec tous ces cadavres dans la tête. » Valentine Millimaki est shérif dans le Montana. le jour, il arpente les contrées arides et rocailleuses à la recherche de disparus. La nuit, il surveille des prisonniers. Au fil des longues nuits d'insomnie, il se lie étrangement avec un serial killer très âgé, John Gload. le jour et la nuit s'entremêlant dans l'esprit confus de Millimaki, les frontières se brouillent peu à peu entre le permis et l'interdit. Il se sent étrangement proche de la vie trouble du vieil homme, d'autant que sa vie conjugale s'étiole dangereusement, comme un fantôme porteur de ses propres ombres intérieures, passées et présentes.

« Les Arpenteurs » constitue le premier roman de Kim Zupan, « … originaire du Montana. Il a grandi aux alentours de Great Falls, dans la région qui tient lieu de décor à son livre. Il a été tour à tour fondeur, professionnel de rodéo, pêcheur de saumon en Alaska, réparateur d'avion à réaction et charpentier », comme le précise la quatrième de couverture. Cette oeuvre est une merveille d'écriture, tant la poésie affleure sous chaque mot. Sous la plume de Kim Zupan, le paysage est sublimé, la nature se déploie dans sa majesté grandiose et menaçante : sous la rocaille, les serpents ne sont pas loin, qu'ils soient animaux ou humains. L'auteur sait également décrire très finement et poétiquement les tourments, la noirceur et la rédemption possible de l'âme humaine :
« La nuit, le dehors est à l'intérieur avec moi. Ça rentre avec moi, c'est comme si je pouvais regarder mon corps, et tout ce que je vois, c'est moi-même dans le lit, il n'y a rien entre moi et le reste, dehors. » (p. 128.)
Le lecteur progresse dans l'intrigue, aux côtés du shérif, comme dans un mauvais rêve. L'esprit de ce dernier se brouille à force d'insomnies. Les rares épisodes de sommeil sont autant de cauchemars sans fond d'où il lui faut vite se relever sous peine de se noyer. Sous les pavés du quotidien, la folie guette, tapie dans l'ombre. Dès lors, le vieux meurtrier apparaît comme le mauvais conseiller duquel il faudrait s'éloigner sans tarder, la prison comme une antre maléfique qui altère à jamais les êtres qui passent, comme cette mexicaine qui rendait visite à son mari, prisonnier : « A la gauche de Millimaki, la jeune Mexicaine était toujours assise, aussi blanche et immobile qu'une caryatide, ses yeux reflétant le vide au-delà de la chaise où s'était assis son mari si peu de temps auparavant, deux portails noirs d'un néant glacial et insondable, un espace lointain où les larmes ne pouvaient ni se former, ni couler. » (p. 260.)
La fin réserve de belles surprises, et ouvre à d'autres possibles. « Les Arpenteurs » est un premier roman noir fabuleux, qui laisse dans son sillage, à la lisière des souvenirs, quelques arpents de lumière.
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Une intrigue intéressante mais le style fleuri, ampoulé, la syntaxe alambiquée, l'utilisation de mots rares ont perturbé, et même gêné ma lecture. Zupan souffre, dans son écriture, du complexe de l'autodidacte qui veut faire de la belle littérature !
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C'est un premier roman, et c'est un coup de maître. Un cadre sublime évoqué avec passion, qui fait penser à l'Amerique de Jim Harrison, et un style magnifique qui envoûte dès la première page et peut vous faire lire n'importe quoi.

Kim Zupan raconte un huis clos pénitentiaire et l'improbable amitié entre un gardien et son prisonnier. le tueur en série n'est pas toujours haïssable, et l'homme de loi est parfois faillible.

Il nous donne à réfléchir sur la condition humaine, peut-être même sur la peine de mort. de part et d'autre des barreaux, sans complaisance pour l'horreur des crimes commis, des humains parlent de la difficulté à vivre.

C'est rude, émouvant, dérangeant, ça ne laisse sûrement pas indifférent .
Merci aux Babeliotes qui m'ont donné envie de lire ce grand roman.

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Valentine Millimaki est le jeune adjoint du shérif d'une ville du Montana. Son activité principale est de chercher des personnes disparues dans la montagne, mais depuis quelque temps, il ne retrouve que des cadavres. Alors que l'hiver touche à sa fin, la prison accueille John Gload, un vieil assassin soupçonné de crimes innombrables. L'agent Val est assigné au service de nuit pour surveiller le détenu : au cours des longues veilles, un dialogue s'installe entre les deux hommes et une étrange amitié se noue. « On est amis, John, dans la mesure où vous êtes de ce côté des barreaux pour le meurtre présumé d'un homme, et où je suis de l'autre côté afin de m'assurer que vous restiez en vie et que vous soyez puni. » (p. 86) Tandis que l'un raconte son passé et ses méfaits, l'autre lâche quelques bribes d'existence : ses insomnies, son mariage en perdition, son enfance bouleversée par la disparition de sa mère. Prisonniers de leur passé et des démons qui les hantent, le jeune homme et le vieillard parcourent leurs souvenirs et les étendues arides des sentiments déçus.

L'opposition est saisissante entre l'intérieur sombre et étroit de la prison et les grands espaces montagneux : dans la première, il y a la vie, si misérable soit-elle, alors que les seconds n'abritent que désolations et corps sans souffle. « Il se demande ce qui pouvait susciter une telle cruauté dans un si beau paysage. Comme si le vent qui balayait les flancs depuis les escarpements gelés et mornes apportait avec lui l'appétit des loups et des ours, pareil à un microbe contaminant le sang. » (p. 227) de même, en constante opposition, Valentine et John s'attirent et se repoussent jusqu'à former un visage unique et complexe, celui de l'humanité face au temps.

Ce premier roman est plutôt réussi, mais le style imagé est parfois ampoulé et emphatique. Toutefois, Kim Zupan offre de très beaux tableaux des extérieurs hostiles et puissants du Montana. Plus je lis les oeuvres publiées par les éditions Gallmeister et plus j'ai envie d'aller poser mes valises dans leurs paysages grandioses.
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J'avais lu des avis très élogieux de ce premier roman américain mais je m'y suis avancée toutefois avec un peu de circonspection. Je craignais avoir affaire à plus de deux cent cinquante pages de huis clos, dans le style du film Garde à vous, dont les plus ancien(ne)s se souviendront, de tête-à-tête entre deux hommes, et de trouver cela un peu longuet.
Car c'est bien de cela qu'il s'agit, en gros, mais avec une mise en situation prenante, un arrière-plan bien fourni, des personnages secondaires cohérents, et je vous annonce donc tout de suite qu'on ne s'y ennuie pas un instant.
D'un côté des barreaux, à distance prudente, il y a Valentine Millimaki, plus jeune adjoint du shérif du comté de Copper, dans le Montana, celui qui écope des gardes de nuit et autres missions peu engageantes. de l'autre côté, à moitié dans l'obscurité est assis John Gload, un homme âgé de soixante-dix-huit ans, qui attend sa condamnation pour un meurtre affreux, mais où les preuves de son inculpation sont des plus légères. le lecteur sait très vite ce qu'il en est de la culpabilité de John Gload, le fond du roman n'est pas là, mais dans la manière dont deux hommes si différents se reconnaissent, s'apprivoisent, en viennent à une sorte d'amitié. Il faut dire que Val n'est pas un policier comme ses brutes de collègues, qu'il a eu une enfance douloureuse, qu'il est en pleine perdition conjugale… de plus, le plus jeune et l'homme âgé partagent un même goût pour la terre et l'agriculture. En quelque sorte, tous deux sont des laboureurs contrariés par la vie (d'ailleurs le titre américain est The ploughmen, Les laboureurs).
Tout le roman ne se passe pas dans les couloirs glauques de la prison, et permet de visualiser aussi bien les banlieues tristounettes de la petite ville que les canyons désolés où Valentine part à la recherche de personnes disparues. Car Kim Zupan excelle autant à décrire les rudes paysages de sa région que les sombres profondeurs des coeurs masculins. Un très beau roman que je conseille plus que volontiers !
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Toutes les critiques déjà publiées sont justes et pertinentes, mais en revanche, le texte de présentation en fait trop, et finalement, ne rend pas justice au texte et au style de Zupan. Celui-ci est beaucoup délicat, nuancé, allusif que ce que laisse croire cette introduction.
Un roman qui prend son temps, qui fait confiance au lecteur, qui ne ferme aucune porte, qui laisse des espaces entiers à l'imaginaire du lecteur, ce n'est pas si fréquent.
La mélancolie du paysage... Diable, heureusement qu'il y a bien plus de richesse dans les descriptions des lieux, et des rapports que les protagonistes entretiennent avec eux.
Ce roman est aussi une superbe description de terrible solitude humaine, où les hommes semblent des planètes perdues dans un vide absolu, échangeant quelques lueurs mal interprétées et transportant leur monde avec eux, à peine perceptibles par les astres croisés en chemin.
Quant au style de Zupan, chapeau (et aussi au traducteur). C'est écrit de dans une prose ciselée, précise, élégante, foisonnante tout en restant simple, loin de toute affèterie.
Un grand plaisir de lecture.
Alain Michon
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C'est un roman noir un peu particulier qui tend vers le nature writing.
Un jeune flic, Valentine, doit surveiller un meurtrier, John Gload, en attente de son procès. Les deux hommes ont un amour commun pour la nature comme une communion avec celle-ci. Petit à petit ils vont s'ouvrir l'un à l'autre et un dialogue étrange va se faire entre eux deux.
L'écriture est assez poétique mais elle est aussi déconcertante car elle mêle habilement la beauté mais aussi la cruauté de la nature ainsi que celle des hommes.
J'ai apprécié ce livre et en même temps il m'a donné des frissons tellement la nature humaine est insondable, troublante. Une très belle écriture pour un premier roman hypnotique.
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