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sur 2186 notes
J'aimerais pouvoir parler de ces hommes atteints de folie meurtrière, de ces hommes à la désespérance telle qu'ils en arrivent à tuer des inconnus et même leurs proches, de ces hommes ne supportant pas l'humiliation et qui d'un brusque désir de vengeance anéantissent tout ce qui fut leur vie.
Quand la passion atteint son paroxysme et que plus rien ne peut retenir la main fanatique et dévastatrice.

Difficile de parler de ces hommes, auteurs d'acte infâme, monstrueux, barbare...sans ressentir de l'aversion, et même parfois de la haine.

Quoiqu'il en soit l'incompréhension règne. Et les mots deviennent bien futiles et vains.
Si ce ne sont ...les mots de Zweig.

L'Amok, c'est ça. "C'est plus que de l'ivresse...c'est de la folie, une sorte de rage humaine...une crise de monomanie meurtrière et insensée, à laquelle aucune intoxication alcoolique ne peut se comparer." Ainsi parle de cette folie meurtrière un médecin ayant exercé en Malaisie, personnage de cette nouvelle de Zweig.
L'amok, c'est cet accès de rage qui provoque chez certains malais une course effrénée au cours de laquelle ils tueront tout ce qui se trouve sur leur passage.
Zweig s'appuie sur ce phénomène pour écrire "Amok ou le fou de Malaisie" avec toute la subtilité et le talent qu'on lui connaît. Subtile évocation de ces sentiments qui submergent, qui rendent fou, qui dépassent l'entendement au plus haut point et qui poussent l'individu tourmenté vers l'irrationnel, vers l'insensé.

Zweig est incontestablement le maître quand il s'agit de plonger le lecteur au coeur de "ce monde souterrain des passions" et c'est, avec bien sûr une certaine appréhension à chaque fois, qu'on le suit fébrilement et qu'on écoute docilement ses mots :
" Surgissez de vos ténèbres crépusculaires,
Et n'ayez pas honte des tourments qui vous plongent dans l'ombre ! "

Sage conseil et bien avisé sans nul doute, que je me permets de généraliser. N'est ce pas en prenant à bras le corps ces tourments inconscients et en les partageant qu'on peut espérer retrouver la lumière ?

Petite pensée émue pour cet auteur épatant qui je l'espère a finalement retrouvé la lumière...

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Recueil de trois nouvelles dont le thème principal est l'Amour, mais l'amour passionné, irraisonné, farouche, qui confine à la folie.
- Amok ou le fou de Malaisie fait voyager dans les colonies puis sur un transatlantique, sur les traces d'un médecin à la dérive, perdu par un élan de passion dévastateur, voulant à toutes fins tenir une promesse et ne pas trahir un secret.
- Lettre d'une inconnue, de l'Amour encore, mais un premier amour qui aveugle totalement une jeune fille et lui fait considérer l'objet de sa passion comme un être idéalisé...
- La ruelle au clair de lune, encore une approche de l'histoire avec la mer, un navire, un port... et un amour fou, où les protagonistes se font souffrir, se déchirent, se méprisent et sont plus proches de la haine que d'un sentiment amoureux épanouissant.
Trois manuscrits qui provoquent le malaise du lecteur. Beaucoup de psychologie de la part de l'auteur et des études de caractères d'une grande précision chirurgicale. Un très grand livre de Stefan Zweig, dans la même lignée que "Le joueur d'échecs" ou "La confusion des sentiments". Des textes inoubliables.
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On ne cessera de parler de l'impuissance de l'homme face à cette passion dévorante qui, le plus souvent, le consume astucieusement de l'intérieur. Une passion capable de l'entrainer vers la perdition de sa raison. Elle ronge encore un peu plus lorsque l'objet qui suscite la passion a l'air de se hisser tout au dessus au point de devenir inaccessible. Hé bien, Zweig nous embarque dans le virement de cette passion vers une rage flagrante, indéniable et corrodante, une rage qui enfièvre sans façon sa victime dans une forme de folie ou Amok comme ça se dit en Malaisie...
Notre narrateur rencontre un personnage extrêmement solitaire dans un paquebot. Il n'a qu'une seule campagne: sa bouteille de whisky. Dépasser l'épate de la méfiance, l'inconnu livre enfin, avec beaucoup de frénésie, sa tragique histoire où se mêle passion, orgueil, manipulation, bravade, oppression, suffocation, séduction, tragédie, culpabilité...bref, après une rencontre sulfureuse, sous les circonstances les plus terrifiante entre patiente et médecin, la vie de notre inconnu(qui a l'air d'un amok) ne sera plus jamais la même...
Une petite histoire mais très dense en émotion, une écriture sombre mais très prenante, ça se déguste absolument!

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Encore un récit parfait que cet Amok ! Stefan Zweig est décidément le grand maître incontestable de la narration et de l'exploration des âmes.
En quelques lignes, l'atmosphère est posée, le lecteur accroché par l'amorce de l'intrigue. Et tout au long du récit, la tension monte, monte, atteint son paroxysme alors même qu'il ne s'agit que d'un échange nocturne entre deux hommes sur le pont d'un bateau. Quel talent !
Un talent qui nous fait entrer dans la peau de ce médecin néerlandais en perdition au fond d'une Malaisie moite et oppressante, courir avec lui comme pris d'amok derrière cette femme perdue et inaccessible, ressentir les souffrances de son questionnement sur le devoir et de la perte de sa raison d'être.
Chaque mot est à sa place, Zweig nous entraîne où il veut avec un grand respect de son sujet et de son lecteur. Un grand maître vous dis-je, pas étonnant qu'il soit encore aujourd'hui l'un des auteurs les plus lus au monde !
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Amok, c'est une partie de billard à trois bandes : l'honneur, la fierté, le devoir, contre lesquelles vient rebondir la boule de la passion dans sa course folle et précipitée. Quand Stephan Sweig donne l'impulsion, cela devient un subtil chassé-croisé de regards qui contiennent toutes les peurs, tous les désirs.

Elle est orgueilleuse et froide. Il est envoûté, survolté, déstabilisé. Sa complexion féminine souveraine et méprisante rallume chez lui des ambitions éteintes, y compris celles de provoquer, de posséder l'inaccessible. Ils vont se jeter l'un contre l'autre dans un affrontement par contumace, une course contre la montre, un dangereux crescendo endiablé dans lequel la passion se heurte à l'humiliation, la colère, la jalousie, l'obstination. Pour finalement se rejoindre dans le serment du secret à défendre.

La beauté est dans la détermination qu'elle n'a jamais perdue. Que lui se découvre. La beauté est dans la consolation du rival honni puis magnifié. La beauté est dans le texte, souple et puissant à la fois. La beauté est dans cette mécanique infernale qui emporte le lecteur et ne le lâche plus jusqu'à …
… jusqu'à la confidence salvatrice dans l'oreille d'un inconnu, la fuite sur un bateau qui extirpe notre héros sans nom de la sujétion, l'éloigne de la vengeance. Mais surement pas la mâchoire du remord.

C'est beau et bien fait. C'est du Stefan Zweig.
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Zweig est l'un de mes auteurs préférés, l'un de ceux qui a su le mieux écrire l'amour, le sentiment amoureux et la souffrance d'aimer.
Dans ce recueil de trois nouvelles, il exprime le lien de l'amour et de la folie, avec tendresse, passion et absolu. Comme souvent, le texte est à la hauteur des sentiments, les mots glissent comme des caresses, sont bruts comme des gifles et doux comme des baisers.
C'est un vrai plaisir de lire Zweig, on n'est jamais déçu.
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Dans cet entre-deux-mondes que constitue un voyage en bateau, tout devient possible, y compris les aveux d'un inconnu à un autre inconnu, le narrateur, témoin attentif d'une hallucinante confession.

Et cet inconnu, médecin de son état, n'hésite pas un instant à se mettre à nu en dévoilant, non, en crachant sa folie, son "amok", cette fureur insensée qui l'a saisi, le transformant soudainement en possédé, hors de lui et capable de n'importe quoi !
Et pourquoi donc, ou plutôt pour qui donc, cette folie ? Une femme, bien sûr, une femme hautaine, méprisante, trop sûre d'elle, qui vient demander un service au médecin, et que le narrateur par orgueil veut soumettre à sa volonté..... le propulsant ainsi dans une fuite en avant inexorable.

Et dans cette fuite, il entraîne le lecteur avec lui.
Car oui, Stefan Zweig possède au plus haut degré le talent d'enchaîner le lecteur.
Un talent tel qu'on ne peut que le suivre dans les méandres de ce récit enfiévré, torturé, comme d'habitude chez lui remarquablement construit, et toujours avec la même économie de moyens, mais une économie qui n'est pas pingrerie, mais plutôt l'aboutissement d'un art consommé du récit fluide où chaque mot paraît scrupuleusement choisi, chaque phrase ardemment composée pour exprimer l'intensité d'une irrésistible passion.

"Alors prends feu ! Seulement si tu t'enflammes,
Tu connaîtras le monde au plus profond de toi !
Car, au lieu seul où agit le secret, commence aussi la vie."
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J'ai lu il y a plusieurs années le fameux et excellent ''Joueur d'échecs'' de cet auteur dont plusieurs font grand cas. J'étais curieux depuis de lire autre chose de lui, et c'est maintenant chose faite. En français, ''Amok'' est à l'origine un recueil de 3 nouvelles : ''Amok'', ''Lettre d'une inconnue'' et ''La ruelle au clair de lune''. (Ce n'est plus toujours vrai avec la flopée d'éditions et de traductions récentes). J'y ai retrouvé l'écriture magnifique de S. Zweig, et ce dès l'introduction de la nouvelle titre, ainsi que son intensité. ''Amok'', dont la signification de ce mot qui m'était inconnue s'est avérée très intéressante, est celle qui a ma préférence. Elle raconte la folie qui s'empare d'un médecin dans une colonie malaise et les désastreuses conséquences d'une rencontre fortuite. Les 2 autres étaient également très bien, les thèmes étant seulement moins palpitants. 3 histoires décidément tragiques qui m'ont confirmé le talent de l'auteur.
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En Malaisie on appelle Amok celui qui, pris de folie, court un kriss à la main prêt à tuer.
Zweig est allé sur conseil de Rathenau en Asie en 1908. Puis en 1922 il publie ce texte qui met en scène un voyageur revenant par bateau en Europe et qui, à la faveur de la nuit reçoit les confidences d'un autre européen, médecin. Ce médecin qui fuit les autres passagers est visiblement hanté par ce qui lui arrivé en Malaisie. Là-bas il s'est épris soudainement d'une femme belle et hautaine, venue le consulter une fois. Cette visite et cette passion vont l'enchainer au destin de cette femme.
Cette histoire me paraitrait peu crédible en Europe, peut être faut il la chaleur, l'éloignement, l'environnement étranger autour de cet homme qui fréquente peu les autres européens pour que son âme déjà éprouvée s'enflamme de cette façon, passant du désir à l'abnégation.
Le talent de Zweig est toujours là, mais il m'a moins attachée à sa plume que dans d'autres textes.
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Souvent, après une lecture médiocre ou insipide , je ressens le besoin de retrouver un grand auteur à travers un récit court ou une nouvelle:Tolstoi, Steinbeck,Maupassant ou Dostoyevsky, par exemple
Je suis rarement déçu et requinqué pour de nouvelles aventures littéraires de haut vol . le plus difficile est de faire le tri et de trouver les pépites parmi les centaines de publications aguicheuses grâce à un marketing bien huilé
Donc Zweig , la Malaisie et un médecin énigmatique au milieu de la nuit
Sur le pont du bateau, il raconte son histoire
Ce livre avait deux atouts : il s'agit d'un médecin comme moi et il vient des Tropiques , moi aussi
On sait depuis Levi Strauss à quel point ces contrées lointaines peuvent être tristes
Ce n'est pas Stefan Zweig qui nous convaincra du contraire
Sa description du spleen tropical sonne juste .Dans ces pays décrits comme paradisiaques, le dépression ou la folie peut vite arriver à celui qui ne sait pas donner un sens à son existence. Je parle d'expérience
Ce médecin isolé voit débarquer une femme belle et hautaine qui exige d' être prise en charge immédiatement
Je n'en dirai pas plus sinon que le tragique va vite arriver
D'une histoire qui peut paraître banale, Zweig ,comme toujours, fait un conte universel et inoubliable,comme dans le joueur d'échecs
J ‘ai mis dans les citations une page qui m'a beaucoup marqué
Cette vision du médecin face à la Mort m'a troublé car j'ai vécu, hélas, la même situation récemment
Zweig montre une grande subtilité dans sa description. Il déconstruit l'image classique du médecin .Après tout c'est son métier et il est habitué à assister des mourants , pensent les braves gens
Facile de se retrancher derrière la science surtout quand on est jeune et rempli de certitudes puis derrière la compassion bienveillante qui vient au fil des années
Pourtant , cela ne suffit pas
Quand vous êtes confrontés à cette situation avec un être aimé, vos certitudes disparaissent dans le quotidien de la souffrance avec une terrible acuité, car vous ne pouvez pas vous cacher derrière l'espoir
Vous savez
Stefan Zweig a compris et son texte est fort et subtil à la fois
Ce passage du livre suffit pour moi à en faire un chef d'oeuvre
Avis très subjectif .
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