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sur 2182 notes
Court et roman mais quelle force !
Amok
On le lit d'une seule traite, intrigué tout d'abord par l'étrange rencontre de cet homme, dissimulé dans le noir sur le pont du navire, et du narrateur.
Puis on est emporté dans le récit de sa folie et de ces quelques heures passées auprès de cette femme qu'il a compris trop tard, qu'il a rattrapé trop tard, qu'il a aimé trop fort.
La fin est à l'image de cette folie, cet "amok".
L'écriture de Sweig est tout simplement superbe.

Lettre d'une inconnue
Cette nouvelle suit Amok et révèle elle-aussi une étrange folie. Car comment nommer autrement cet amour infini, exclusif qui conduit sur une quinzaine d'années la toute jeune héroïne à ne vivre que pour un homme qui l'ignore longtemps, la remarque le temps d'une nuit, puis d'une autre et enfin d'une troisième et dernière, à des années d'intervalle, sans jamais la reconnaître.
Elle n'a vécu que pour cet homme, sans jamais se déclarer, lui évitant tout embarras que cet amour pourrait lui causer, à lui séduisant homme à femmes, toujours respectueux, mais sans sentiments.
L'ecriture de Sweig nous fait lire d'une traite cette lettre d'une inconnue, confession fiévreuse et passionnée.
Et plus douloureuse à mon souvenir que dans l'excellent film d'Ophüls.

La ruelle au clair de lune

Courte nouvelle cette fois pour clore le volume (apparemment les éditions successives n'incluent pas forcément ces trois titres) et de nouveau une histoire de folie et d'amour qui va pousser un homme vers la déchéance et un probable crime. Et là encore une écriture exceptionnelle qui nous fait vivre dans la tête de cet homme l'irrésistible chute.

Je me souviens avoir lu ces textes il y a longtemps et je ne comprends guère comment et pourquoi à l'époque je n'avais pas ressenti autant d'enthousiasme. J'ai l'impression aujourd'hui de découvrir un merveilleux auteur.
Dois-je avoir honte d'hier ? Peut-être. Mais il y a probablement des lectures qui trouvent le moment pour conquérir votre esprit et votre coeur.
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Stefan Zweig, né en 1881 à Vienne, en Autriche-Hongrie, et mort par suicide le 22 février 1942 à Petrópolis au Brésil, est un écrivain, dramaturge, journaliste et biographe autrichien. Stefan Zweig fit partie de la fine fleur de l'intelligentsia juive viennoise, avant de quitter son pays natal en 1934 en raison de la montée du nazisme. Réfugié à Londres, il y poursuit une oeuvre de biographe (Joseph Fouché, Marie Antoinette, Marie Stuart) et surtout d'auteur de romans et nouvelles qui ont conservé leur attrait près d'un siècle plus tard comme cet Amok, publié en 1922, qui sera à l'origine de son succès en librairie.
Une nuit, sur le pont d'un navire reliant l'Asie à l'Europe, le narrateur fait la connaissance d'un mystérieux passager, un médecin d'origine allemande, cherchant à passer inaperçu. Intrigué, le lendemain soir, il retourne au même endroit et l'homme qui paraît épuisé, comme écrasé par un trop lourd secret à porter, va lui déballer à la hâte son histoire, durant ces quelques heures nocturnes, comme pour s'en débarrasser au plus vite et libérer sa conscience.
A ce point du récit la narration se fait gigogne, puisque c'est désormais le médecin qui s'exprime et nous livre le drame de sa vie. Exilé volontaire en Malaisie après une malversation ayant compromis sa carrière en Europe, le médecin vit retiré de la civilisation et des colons Blancs, pratiquant son métier dans un petit village. Un jour, une femme européenne de la haute société, arrogante et sûre d'elle, vient le consulter pour qu'il pratique un avortement clandestin avant que son mari, un riche commerçant, ne revienne d'une mission de plusieurs mois. Furieux d'être pris pour un larbin sans scrupules, le médecin refuse et la femme s'en va. Réalisant que celle-ci va devoir recourir à quelque sorcière locale, le médecin tente de la rattraper…
En peu de lignes, puisqu'il s'agit d'une nouvelle, l'écrivain réussit à peindre une opposition de caractères, aussi brusque et courte que d'une puissance inouïe, entre ce médecin et cette femme. La séquence où elle vient le consulter, est une exacerbation de sentiments poussée aux limites du crédible certes mais d'une grande puissance dramatique. Traité comme un subalterne vénal, le médecin néanmoins subjugué par l'autorité de cette femme, tente de reprendre la main par une proposition douteuse : il refuse la somme d'argent colossale proposée en échange de l'acte médical mais il veut une compensation en nature, pour humilier à son tour cette créature qui le fascine et dont il est tombé sous la coupe immédiatement, à l'insu de son plein gré. Je ne peux guère vous en dire plus, sinon que si le médecin est sur le navire, s'y trouvent aussi la femme dans un cercueil, le mari qui ignore encore tout avant l'autopsie qui doit être réalisée à Londres, et que la nouvelle se clôt sur un dernier drame destiné à laver l'honneur de la femme et offrir une rédemption à ce médecin maudit.
Exotisme, mystère, pulsions, morts et remords, tout cela dans cinquante petites pages seulement !
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Voila bien longtemps que je n'avais pas lu de Zweig et je n'ai pas été déçu .Voilà sous le titre de la première histoire, 3 nouvelles fort prenantes ,toutes trois traitant de relations passionnelles homme-femme. Difficile de dire qui a le beau rôle ...disons que dans les 2 récits, les intrigues sont complexes, passionnées et finissent mal....
J'ai particulièrement apprécié la deuxième partie; moins sinistre ( même si le décès d'un enfant porte l'intrigue) ,plus optimiste sur la vertu de l'amour et la force que celui-ci développe . Tout cela ,agréablement porté par la plume de Zweig.
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Peut-on encore écrire une critique sur Stefan Zweig ?
Je dois faire, néanmoins, un mea culpa...
J'avais débuté mes lectures de S. Zweig avec 24 heures dans la vie d'une femme, que je n'avais pas aimé du tout...
Maintenant que je cerne de mieux en mieux cet auteur, j'apprends à l'aimer et apercevoir son style, ses pensées...
J'avoue avoir été chaviré par le joueur d'échec !
Amok me laisse la même saveur...
Comme quoi il ne faut jamais passer à côté des grands classiques...
Maintenant je vais sûrement relire 24 heures dans la vie d'une femme afin de me faire un second avis...
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Cette nouvelle de Zweig parue en 1922 plonge le lecteur dans les sombres abysses du remords et de la folie.
Le délire mental du médecin prend sa source dans un dilemme qu'il est incapable de surmonter après avoir refusé de pratiquer un avortement demandé par une Européenne de la haute société coloniale qui repousse avec un mépris cinglant la proposition qu'il lui soumet de se donner à lui préalablement à l'opération. A la passion délirante qu'il éprouve à partir de ce jour pour cette femme hautaine se mêlent le remords engendré par la certitude déchirante de sa culpabilité dans la mort atroce de cette dernière qui n'a en définitive d'autre recours, fatal, que de s'adresser à une faiseuse d'anges locale, et les questions en rapport avec le devoir moral, déontologique, du médecin lié envers soi-même et à l'endroit de la société par le serment d'Hippocrate qu'il a prononcé.
Les ténèbres enveloppant les moments du récit sont en étroite relation avec le trouble et l'obscurité qui règnent dans l'âme du narrateur second, et avec la mélancolie qui caractérise l'état d'esprit du narrateur premier lui-même.
De même que l'amok lancé dans sa course furieuse est incapable de s'arrêter pour reprendre haleine, de même le lecteur qui se jette dans la lecture de cette nouvelle ne reprend son souffle qu'après en avoir lu la dernière ligne.
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Amok, Lettre d'une inconnue et La ruelle au clair de lune sont trois longues nouvelles de Stefan Zweig sur lesquelles il serait sans doute difficile de trouver quelque chose d'inédit à dire tant elles sont connues... Un des plus célèbres auteurs de langue allemande, Zweig mérite sans aucun doute sa réputation , par la beauté de la langue qu'il manie, par la construction de ses textes, par cet amour inatteignable qu'il décrit et fait ressentir comme personne.
Les trois textes sont inoubliables mais chaque lecteur sera probablement plus marqué par l'un ou l'autre. J'avoue une faiblesse pour " Lettre d'une inconnue", probablement la plus triste des histoires d'amour que j'ai eu l'occasion de lire, mais la fièvre d'Amok et le terrible couple de "La ruelle au clair de lune" ont aussi leur cruelle beauté.
C'est superbe, inoubliable et dans ce que j'ai lu pour l'instant de cet auteur, c'est peut-être ce que je recommanderai en premier!
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Depuis le temps que je voulais lire ce livre qui me donnait envie, voilà c'est chose faite !

Il ne détrônera cependant pas mon coup de coeur de l'auteur :"lettre d'une inconnue".

Lors d'une traversée en bateau qui ramène le narrateur de Calcutta en Europe, il rencontre un mystérieux passager qui va lui raconter son histoire.

Ce personnage semble torturé par un lourd secret.
Il cherche ses mots, est très confus, son discours est fiévreux et parfois incohérent.

Il faut attendre la moitié du récit pour comprendre de quoi il s'agit.

Zweig sait amener les choses, prend le temps de poser le décor et c'est là tout son talent: faire d'une banalité un évènement.

Cet homme qui semble de haute stature, décrit fébrilement ce qui lui est arrivé, ce qu'il n'a pas vu venir et ce dont il a profondément honte .

Au fur et à mesure que l'histoire prend de l'ampleur, on sent cet homme le revivre et on comprend que tout a dérapé et que la folie s'est emparée de lui, un mal très connu en Malaisie :l'Amok.

Zweig est un excellent peintre, son trait de crayon est assuré, il harmonise les couleurs et trouve ce petit truc en plus qui fait toute la différence.

Cette traversé sur le bateau m'a un peu rappelé le décor de son célèbre "joueur d'échecs".
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Le narrateur se trouve sur un paquebot qui part de Calcutta pour rejoindre l'Europe. Vient le second protagoniste, un médecin colonial, il rencontre le premier narrateur sur le pont. S'ensuit un huis clos, où le médecin désespéré qui a connu le délire, la folie, se confessera à l'inconnu.

Ce médecin qui a l'amok. L'amok qui est une espèce d'ivresse chez les Malais, plus que de la folie, c'est une sorte de rage humaine. Une crise de monomanie meurtrière et insensée.

Comment cela lui est-il arrivé ?

Un jour, il se rend chez une femme de la haute société, elle est froide et orgueilleuse. Il sent le désir en lui, poindre. Un désir charnel, incontrôlable.

Elle est mariée, son mari est parti depuis 5 mois, elle est enceinte de 3 mois, elle ne souhaite pas garder l'enfant, elle a honte, elle veut effacer les traces de son adultère. Elle lui propose de l'argent. le médecin trouve cela immoral, il refuse, c'est illégal lui dit-il.

Puis il s'en veut. Il veut faire machine arrière. L'amok s'empare du médecin, il court, la folie l'envahit et le submerge.

Il se confesse toujours, sur la tournure dramatique, sur la place que cette rencontre avec la femme aura eu dans sa vie. Et le récit au présent se poursuit, les dénouements arrivent, je ne peux rien dévoiler. 

Stefan Zweig m'a surprise avec ce huis-clos prenant, où l'angoisse monte crescendo, la tension dramatique que prend le récit passionné du médecin.

J'ai lu Magellan la semaine dernière, c'est donc le second texte que je lis de cet auteur, je ne m'arrêterai pas là.

Encore une belle trouvaille dans une boîte à livre.
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Ce mince volume réunit trois nouvelles, deux longues,  les premières et une plus courte, toujours sous le signe de la passion, à la limite de la folie et du voyage.

"Savez-vous ce que c'est que l'amok ? – Amok ?... je crois me souvenir... c'est une espèce d'ivresse chez les
Malais... – C'est plus que de l'ivresse... c'est de la folie, une sorte de rage humaine... une crise de monomanie
meurtrière et insensée, à laquelle aucune intoxication alcoolique ne peut se comparer."

Amok est le récit d'un médecin expatrié en Malaisie dans une station de campagne isolée à qui son isolement a fait perdre la raison. Coupé de toute vie sociale, il est profondément touché par l'arrivée d'une femme européenne. Passion, folie, il court littéralement à sa perte. Un voyageur, l'écrivain sans doute, recueille sa confession dans la chaleur de la nuit tropicale à bord d'un bateau qui rejoint l'Europe. 

Récit halluciné et nocturne qui plonge dans les ressorts psychologiques les plus profond d'un homme lucide et désespéré.

"Rien sur la terre ne ressemble à l'amour inaperçu d'une enfant retirée dans l'ombre ; cet amour est si
désintéressé, si humble, si soumis, si attentif et si passionné que jamais il ne pourra être égalé par l'amour fait de désir et malgré tout exigeant, d'une femme épanouie. Seuls les enfants solitaires peuvent garder pour eux toute leur passion : les autres dispersent leur sentiment"

la Lettre d'une inconnue relate une passion silencieuse, une sorte d'idée fixe.  Une toute jeune adolescente, fascinée par son voisin écrivain, lui dédie toute son existence. Sa confession - la Lettre -  fut écrite au chevet de son enfant mort, gage de sa sincérité. Folie, que cet amour secret non partagé! 

C'est la nouvelle qui m'a le plus émue du recueil.

La ruelle au clair de lune est un texte court, l'auteur est retenu une nuit dans un port. Il a raté le train qui le conduira chez lui. Pendant la soirée il traîne dans les ruelles d'un quartier chaud du port et fait une brève rencontre : encore une histoire de passion, passion d'un homme pour une femme qui l'humilie : double déchéance et folie...
Lien : https://netsdevoyages.car.bl..
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Oui c'est vrai, les nouvelles de Stefan Zweig c'est toujours un peu pareil: un narrateur raconte qu'il a rencontré un mec (ou une meuf) à qui il passe le relais pour raconter sa terrible l'histoire, fondue dans les affres des passions humaines. Amok signifie "folie" en malais, "fièvre démente, folie furieuse, hubris..." Là, le personnage principal est un médecin colonial. 7 ans qu'il se fait chier comme un rat mort en Malaisie dans un poste désert du fond de la jungle, entouré de trois Européens incultes et neutastheniques et de "filles jaunes". D'ailleurs ce qu'il raconte est si raciste et sexiste que, en 2021, ça brûle les yeux mais, autres temps autres moeurs. Tout va bien (enfin tout va mal) jusqu'à ce qu'un jour arrive une femme, blanche.
Je ne vais évidemment pas raconter mais c'est terribeul, bien pire que Vingt-quatre heures de la vie d'une femme.
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