Personnellement, j'avoue ne pas avoir grand chose à en dire.
L'histoire est simple: on suit sur plusieurs années – de 1902 à 1920/30 – le destin de
Clarissa, jeune fille de bonne famille ayant grandi sans mère et dans l'ombre d'un père obsédé par sa mission dans l'armée, sur fond de Première Guerre mondiale.
Ayant passé une dizaine d'années dans un établissement privé, elle se retrouve totalement dépourvue lorsque son père lui annonce qu'il quitte Vienne et qu'elle et son frère vont devoir gérer leur vie seuls. Ne connaissant rien du monde qui l'entoure, elle décide au hasard d'une rencontre de s'intéresser de plus près aux sciences de l'éducation – en plein essor à l'époque – et devient la secrétaire particulière d'un psychiatre passionné par le sujet. Et, lors d'un voyage en Suisse entrepris pour rendre service à son patron, elle rencontre celui qui, alors qu'elle ne s'était jusque là jamais intéressée aux hommes ( ni de près ni de loin ), va faire chavirer son coeur et la placer – malgré lui – dans une situation particulièrement difficile.
Clarissa va donc devoir faire le choix le plus important de sa modeste vie, à l'aune de sa propre situation et de celle, mouvementée, de l'Europe de ce début de XXe siècle.
L'histoire est simple donc, et intéressante de par la mise en parallèle de la petite et de la grande Histoire, et, comme d'habitude avec Zweig, la plume particulièrement belle.
Mais le personnage central de ce roman,
Clarissa, ne m'a pas particulièrement touchée. L'auteur lui prête un caractère introverti et peu enclin à la confidence et nous ne savons finalement pas grand chose d'elle, de ce qui fait sa vie et de ce dont sont faites ses pensées ( ou alors de façon très superficielle ). Difficile donc de s'approprier son histoire et de s'identifier à elle ( même si elle fait un choix plutôt osé pour l'époque en optant pour des études et un travail plutôt qu'un mariage ). Difficile aussi d'être réellement ému par son parcours et d'entrer pleinement dans le récit.
De plus, la période de sa vie qui dévoile un peu de son humanité – son histoire d'amour avec Léonard – ne représente qu'une petite partie du roman et ne suffit pas à nous la rendre sympathique.
L'intérêt du livre ( que l'on peut présenter comme un joli portrait de femme ) tient donc finalement plus dans la description en arrière-plan de la vie en temps de guerre, et l'évocation de la place de l'Autriche dans le conflit, que dans l'histoire de
Clarissa à proprement parler ( dont la fin est abrupte puisque le livre n'a pas été achevé ).
Mais lire du Zweig est toujours pour moi un réel plaisir et jamais ( ô grand jamais! ) une perte de temps.
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