C'est un pays tragique, déchiré par de funestes passions, sombre et romantique comme une ballade que cette petite presqu'île du nord de l'Europe, et de plus c'est un pays pauvre. Car une guerre éternelle détruit toutes ses forces.
Mais plus on approfondit ces documents ,plus on se rend compte de la fâcheuse fragilité de tout document historique.
Dans le présent essai, un principe a donc été rigoureusement observé,celui de n'accorder aucune valeur aux déclarations arrachées par la torture ,la contrainte et la peur :
La passion peut faire bien des choses.
Elle peut éveiller chez un individu des énergies incroyables, surhumaines, faire surgir des forces titaniques de l'âme la plus paisible et la pousser par-delà toute morale jusqu'au crime.
Les empires sont taillés comme des vêtements, ce sont les guerres et les mariages qui forment les États et non la libre détermination des peuples.
L'histoire est injuste,elle ne décrit que la misère des puissants,les victoires et les tragédies des grands de la terre.Elle est indifférente aux petits,comme s'ils souffraient moins que les autres.
L’être isolé, le prisonnier qu’occupe jour et nuit son propre sort, est volontiers enclin à croire que le monde au dehors ne pense qu’à lui.
C’est toujours la passion qui dévoile à une femme son caractère, c’est toujours dans l’amour et dans la douleur qu’elle atteint sa véritable mesure.
C'est seulement quand un être met en jeu toutes ses forces qu'il est vraiment vivant pour lui, pour les autres, toujours il faut qu'un feu intérieur embrase et dévore son âme pour que s'extériorise sa personnalité.
Jamais ou presque jamais le premier essai ne donne des résultats tout à fait heureux; cette loi éternelle de la psychologie, selon laquelle presque toujours une grande passion en implique une autre préalable et plus faible, Shakespeare, le meilleur connaisseur de l'âme qui soit, l'a admirablement décrite. C'est peut-être le trait le plus géniale de son immortelle tragédie d'amour de ne point faire commencer (comme un artiste de moindre talent l'eût fait à sa place) par le coup de foudre, par l'amour violent de Roméo pour Juliette, mais, d'une façon en apparence paradoxale, par l'inclination de Roméo pour une quelconque Rosalinde. On est ici en face d'une méprise du coeur avant la découverte de la chaude vérité, devant une situation prémilinaire, un début, une demi-maladresse précédant la réussite.