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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Zweig explore l'âme humaine là où très peu d'écrivains sont allés.
Ce recueil de sept nouvelles représente autant de parcours émotionnels. C'est un florilège d'où il se dégage la sensibilité et la bienveillance du maître à chaque page, à chaque ligne et à chaque mot.

L'ami de 30 ans de Freud révèle explicitement son intérêt pour la psychanalyse dans la nouvelle "La dette" quand une femme révèle un fait refoulé à son amie. Ce sera l'unique référence à cette nouvelle science.

J'ai aimé la palette variée des couleurs sociales, entre la pauvresse retirée dans la forêt de "Wondrak" et la bourgeoise capricieuse qui s'offre un étudiant pour un soir, c'est le grand écart.
Elle révèle la belle oisiveté des uns et le combat permanent des autres. Pourtant pas de manichéisme primaire entre riches et pauvres, chacun a ses raisons que la raison ignore.
L'auteur ne décrit que des passions, à tous les âges de la vie, sans omettre au passage de dénoncer des injustices teintées de critiques sociales.
Tout m'a plu, seule la couverture fait tâche dans cet ensemble.
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Encore un superbe recueil de Stefan Zweig. Je crois qu'il rentre directement dans mes favoris aux côtés de Brûlant secret et Un mariage à Lyon !
Ce recueil est composé de sept histoires, mais on peut déjà en enlever une qui ne fait que quelques pages et qui est l'ébauche du court roman Un voyage dans le passé. Les deux nouvelles principales (les plus longues) sont Wondrak et La scarlatine. Dans la première il s'agit de l'histoire d'une femme isolée de la vie en société du fait de sa difformité physique, qui vit au fond de la forêt en Bohême et qui fera tout pour essayer de préserver son fils de la grande guerre. Dans la seconde on suit un jeune étudiant issu de la campagne qui découvre la difficulté d'une vie solitaire dans la capitale viennoise et qui se liera d'amitié avec son jeune voisin frivole. Ces deux nouvelles sont particulièrement singulières et touchantes. Elles racontent toutes deux les affres et les conséquences de la solitude mais aussi la toxicité d'une amitié ou l'intensité de l'amour maternel. Zweig déploie encore une fois tout son talent à nous immerger dans un univers unique qu'on a l'impression de lire depuis 100 pages alors qu'il vient à peine de commencer, c'est ce qui est le plus impressionnant chez lui.
En ce qui concerne les quatre autres nouvelles elles sont toutes extrêmement courtes, à peine dix pages environ, et sont comme de petites pépites à savourer. Dans La dette, Rêves oubliés, Un homme qu'on oublie pas et Printemps au Prater, on nous emmène tantôt en Italie, tantôt dans le Tyrol, on découvre des histoires d'amoureux qui s'apprennent, d'amants qui s'oublient, de bonté humaine et de compassion sociale.
C'est encore une fois une sublime palette des sentiments et des situations humaines de notre cher Stefan.
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Recueil de nouvelles qui ont pour point commun l'amour : amour maternel, amour d'adolescence, amour d'un couple, amour du prochain, mais aussi amour de l'argent...
Merveilleuse écriture.
Des nouvelles d'un autre temps mais toujours d'actualité de nos jours.
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Recueil de sept nouvelles, enfin plutôt six + un extrait/fragment si on veut être pointilleux, d'environ 200 pages, Wondrak est le nom de la première nouvelle.
J'ai toujours eu du mal à parler de nouvelles, je trouve ça bien plus dur que d'un roman parce qu'il y a plusieurs histoires, plusieurs personnages qui n'ont rien à voir les uns les autres et je ne trouve pas particulièrement intéressant d'énumérer toutes les nouvelles les unes après les autres. Pour cette raison, j'ai décidé de seulement parler de trois nouvelles de ce recueil : Wondrak, La scarlatine et Un homme qu'on n'oublie pas.

Après lecture de cette première nouvelle, Wondrak, qui est relativement courte puisqu'elle fait un tout petit peu plus de 30 pages, je suis restée pantoise, pourquoi l'avoir nommé comme ça ? Il faut savoir que c'est le nom d'un personnage secondaire de l'histoire, le secrétaire de la mairie d'une petite ville située à côté de la forêt où vit Ruzena Sedlak surnommée "Tête de mort" à cause de son nez qui, et bien, n'existe pas, elle a juste un trou au milieu du visage, en gros.
Après avoir longtemps attisé la pitié de la part des villageois, elle se fait remarquer et l'on commence à parler d'elle après qu'ils aient appris que celle-ci est enceinte. Les rumeurs vont bon train, comment c'est possible avec son visage ? qui est le père de cet enfant ? bla bla bla.
Contre toute attente, Ruzena donne naissance à un bébé parfaitement normal et particulièrement beau, mais rapidement, après cinq mois seulement, Wondrak vient la voir au sujet de son enfant, il doit être inscrit dans les registres de la mairie, Ruzena refuse, pour elle c'est un moyen de lui enlever son fils Karel, ce petit être qu'elle chérit de toutes ses forces. Prise de panique à l'idée qu'on lui prenne son enfant elle se plie aux ordres et enregistre son fils à la mairie.

Le temps passe, Karel a dû partir de la maison pour aller à l'école, pour ça non plus elle n'a rien pu faire - c'est la loi. Et puis vient la guerre en Autriche, tous les jeunes sont mobilisés et Karel vient d'avoir dix-huit ans, il doit lui aussi y aller. Ruzena s'y oppose, il ne partira pas, il fera ce qu'elle lui dit de faire. Elle le cache tout en prétendant que son fils est parti, que c'est pour elle une déchirure atroce, mais, Wondrak n'est pas dupe, il a compris le petit manège de Ruzena et il demande à la voir un jour pour la prévenir, l'armée arrive pour venir chercher les déserteurs, ils savent que Karel n'est pas parti comme il devait le faire.
Terrorisée une fois encore à l'idée de perdre son cher enfant - qui n'en est plus vraiment un - elle le cache du mieux qu'elle peut, en vain puisque finalement l'armée réussira à le retrouver.

Au début de ma lecture, je m'étais dit que Wondrak devait être le père ou alors qu'il allait avoir un rôle fondamental dans l'éducation de l'enfant, mais il n'en est rien. On l'aperçoit trois fois en tout, les deux premières pour lui "prendre" Karel, la dernière pour lui "laisser" en quelque sorte. Définitivement, je ne comprends pas pourquoi avoir choisi ce nom plutôt qu'un autre.

Il n'empêche que j'aie beaucoup aimé cette nouvelle, elle met en scène une femme paria qui se moque de vivre à l'écart, qui au contraire désire vivre en marge des autres et veut seulement qu'on la laisse en paix. Il y a très clairement une méfiance vis-à-vis de l'administration qui pour Ruzena est la chose qui lui enlèvera son fils, ce qui est bel et bien le cas.
On sent avec quelle force Zweig rejette la guerre et surtout cette mobilisation qui a lieu dans ce pays, la Bohême du Sud qui ne se sent pas du tout autrichienne et ne veut pas prendre part à la guerre justement. La fin de la nouvelle est très forte de ce point de vue parce qu'elle met en lumière le fait que certaines personnes ont été contraintes de participer aux guerres sans jamais avoir donné leur avis, simplement parce que "leur" pays se battait.

La scarlatine est la deuxième et plus longue nouvelle du recueil, elle est celle que j'ai préférée. On suit un jeune homme, Bertold Berger tout juste arrivé à Vienne pour ses études de médecine. C'est avec plein d'espoir et d'optimisme qu'il va fouler cette ville si longtemps rêvée, mais il ne faut pas s'y tromper, la désillusion point et alors Berger est rapidement enfermé dans sa solitude et sa faible condition sociale. Il ne connaît personne ce qui lui pèse beaucoup. Heureusement, il va rencontrer un homme qu'il va idéaliser pendant une partie du récit : son voisin Schramek un peu plus vieux que lui et étudiant en droit.
Personnification de ce que Berger aimerait être, il va rapidement déchanter après avoir fait la connaissance de l'amie de Schramek, Karla.
Berger va toucher le fond, il va traîner dans les rues de Vienne comme une âme en peine, il va laisser tomber ce pour quoi il est venu, ses études de médecine et va s'enfoncer dans l'isolement.

Au moment où l'on pense que tout est terminé, que Berger a baissé les bras, une rencontre impromptue va avoir lieu, Berger va rentrer tard chez lui, sans ses clés et va être obligé de sonner la concierge pour pouvoir entrer. À la vue de son état, celui-ci commence à se demander ce qui lui arrive, sa fille, elle a la scarlatine.
À partir de là, le récit bascule complètement et Berger reprend goût à la vie, mais c'est sans compter sur le hasard qui ne sera pas de son côté.

Parce que je ne veux pas raconter la fin de cette histoire pour vous laisser la surprise, je vais m'arrêter là. J'ai adoré cette nouvelle parce qu'elle est formidablement écrite déjà - bon un peu comme tout ce qu'il écrit, c'est vrai - et aussi parce qu'on a tous des rêves et que celui de Berger était de vivre à Vienne, de s'y épanouir avec son cercle d'amis et les choses ne se passent pas comme il le souhaitait et surtout, je pense que beaucoup d'êtres ont ressenti cette solitude quand, en réalisant leur rêve de vivre dans une grande ville ils ont dû "abandonner" famille et amis.
C'est une nouvelle très négative, très sombre qui laisse peu de place à l'espoir, il faut bien le dire, mais c'est aussi une nouvelle avec une très grande sincérité qui n'accepte pas les faux-semblants.
Alors, je me suis demandé, Stefan Zweig a-t-il déjà ressenti cette solitude en arpentant les rues de Vienne ?


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