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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ce livre est l'histoire d'un conteur. Il va nous emmener, comme en un dernier baroud d'honneur, en Espagne, en 1492. Ce n'est pas la découverte de l'Amérique qu'il va nous conter, non, ce sont les persécutions dont fut victime la communauté juive espagnole.
Oui, je sais que le roman s'appelle Alma, et qu'il nous conte aussi l'histoire de cette petite fille prise dans les tourbillons de l'histoire, une petite fille comme sans doute il en a eu plusieurs - mais différente, cependant, à cause du don qu'elle a reçu à la naissance.
Mais, pourtant, je reviens sans cesse à cette voix de conteur, qui sait bien que c'est la dernière fois qu'il peut nous parler :
"Maintenant, s'il vous plaît, hâtons-nous, j'ai encore nombre d'événements historiques à évoquer, pléthore de péripéties à penser, tombereaux de coups de théâtre à concocter, foison de souffrances à ciseler et, comme je vous l'ai déjà expliqué, ces temps-ci, ces derniers temps, par les temps qui courent, le temps m'est salement compté."
Oui, c'est un sentiment d'urgence drôle qui domine quand il apostrophe le lecteur et qu'il nous parle aussi d'une époque qui est si éloignée de la nôtre, n'est-ce pas ?
Ça vous paraît étrange, à vous, qui vivez au coeur de cette belle époque moderne où règne la tolérance universelle.
Où l'amour seul guide les relations entre les peuples.
Où il ne viendrait à l'esprit de personne l'idée absurde de détester son prochain en raison de sa religion.
Nous voici plongée dans la communauté juive, celle d'un petit village, d'abord, celle d'une grande ville ensuite, le dénominateur commun est pourtant le même : la persécution. Au centre, Alma, cette petite orpheline qui vit, heureuse, entourée de personnes qui ne demandaient qu'à vivre leur vie, leurs amours, leurs commerces, le plus ordinairement du monde, si ce n'est que d'autres personnes avaient décidé qu'ils étaient la cause de tous les maux, et qu'il fallait les éliminer. Ceux qui veulent le faire ne manquent pas non plus d'imagination :
L'esprit humain recèle d'insoupçonnables ressources quand il s'agit de faire du mal à son prochain.
Ce qui unit les personnages ? Comme le conteur, ils vont tous aller au bout du destin qu'ils ont choisi, comme Zacharia - même si ce n'est pas celui que l'on attendait.
Un conte enlevé, qui nous emmène aussi dans notre époque.
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Je remercie chaleureusement les éditions Taurnada, et tout particulièrement Joël, pour leur confiance renouvelée en m'offrant l'opportunité de découvrir ce roman de Cizia Zykë.

Zykë et moi c'est une histoire commencée en 1985 avec la lecture de Oro (un livre que j'avais offert à mon père pour son anniversaire) ; plus exactement avant même d'entamer sa lecture c'est la photo en quatrième de couv' qui a fait tilt. Un costaud moustachu assis torse nu sur un transat, à sa gauche un flingue rangé dans son holster d'épaule, dans sa main droite un joint taille XXL et à son cou une chaîne en or ornée d'une magnifique pépite ! Rien que ça, ça m'a donné envie d'en savoir plus sur ce type.

Et la lecture du bouquin fut une sacrée claque ! Ce mec ose tout, ne respecte rien… Déjà à l'époque je ne respectais pas grand-chose… mais j'osais encore moins ! J'ai fait de ce bouquin, et surtout de Cizia Zykë, le sujet d'un exposé qui m'a valu une excellente note en cours de français malgré un sujet pas franchement politiquement correct. Et qui a valu au bouquin de faire le tour de la classe… sans jamais réintégrer son point de départ soit dit en passant !

Après Oro j'ai enchaîné avec Sahara et Parodie, qui remontaient à contre-courant le parcours hors norme (et surtout hors des sentiers battus de la bien-pensance universelle) de Cizia Zykë. Et puis je suis passé à autre chose, me promettant de prendre le temps, un de ces quatre, de m'intéresser aux romans du bonhomme… Et puis j'ai oublié (j'y pense et puis j'oublie… c'est bien connu), et puis Cizia nous a quittés à l'âge de 62 ans (au vu de la vie qu'il a menée et des excès en tout genre auquel il s'est adonné sans retenue on pourrait presque dire que c'est un exploit d'avoir tenu aussi longtemps).

Il y a quelques mois c'est le bouquin de Thierry Poncet, Zykë L'Aventure (lui aussi paru chez Taurnada), qui a rallumé la flamme et ravivé ma curiosité. Je me suis mis à la recherche des romans de Zykë ; mais une fois encore mon Stock à Lire Numérique et ses aléas auront raison de ma motivation…

C'est pourquoi la proposition de Joël arrivait à point nommé, cette fois plus moyen de procrastiner ! Je termine ce que j'ai en cours et je me lance !

Je crois que c'est la plus longue intro que j'ai jamais rédigée pour une chronique…

Trêve de digressions, revenons donc à nos moutons et à cette chère et tendre Alma.

Le roman s'ouvre sur une préface de Thierry Poncet, le complice, compagnon de voyage (et accessoirement de galères) et ami de Cizia Zykë. Préface dans laquelle il nous expose brièvement la genèse du projet Alma.

Premier constat : le roman est très court, mais, à la décharge de l'auteur, quand il a entrepris de l'écrire il savait d'ores et déjà que la Faucheuse viendrait bientôt lui réclamer son dû. Ce n'est pas moi qui le dis, c'est lui même qui nous l'explique dès les premières pages du roman.

(…) si aujourd'hui je prends la plume une ultime fois, c'est que je suis à la veille de mon dernier grand voyage. Alors, à propos de Dieu, je saurai plus vite que vous de quoi il retourne. le plus probable, même, est qu'à l'heure où vous lisez ces lignes, je suis en train de papoter avec Lui sur son nuage favori.

Second constat : le style narratif est pour le moins original. Cizia Zykë, le « conteur », comme il se qualifie lui même au fil des pages, s'adresse directement au lecteur. Je conçois que ça puisse surprendre, mais pour ma part je trouve que ça contribue à donner un certain cachet au roman ; d'autant qu'il le fait avec sa gouaille habituelle, mais aussi avec beaucoup d'humour et tout autant d'ironie (il est vrai que de nos jours le fanatisme religieux et le racisme n'ont plus cours).

Alma est donc une fable qui oppose à la folie et la connerie des hommes (pas tous, mais une grosse majorité tout de même) l'innocence de sa jeune héroïne. le ton décalé de Cizia Zykë et les chapitres courts rendent cette lecture des plus agréables (malgré une histoire bien sombre), mais l'on sent quand même que l'auteur s'est renseigné sur son sujet et que les dérives de l'Inquisition n'ont plus de secret pour lui.

L'esprit humain recèle d'insoupçonnables ressources quand il s'agit de faire du mal à son prochain.
Au sein de la docte confrérie des bourreaux de l'Histoire, ceux de l'inquisition espagnole en cette fin de XVe siècle figurent parmi les plus imaginatifs. On leur doit, par exemple, l'usage de l'inventive garrucha, une méthode de suspension des gens agrémentée de lourds poids de bronze qui, judicieusement pendus aux jointures des membres et à divers appendices, se révélaient propices à un lent arrachage de muscles.
Ou bien le délicieux potro, triangle de bois sur lequel la personne était à la fois empalée et écartelée. Deux effets en un, n'était-ce pas ingénieux ?
Nous passerons sur des outils plus classiques et bien connus, tels que les poires d'angoisse, les brodequins, différentes lames à écorcher, trancher, découper en lanières, en cubes, ou à séparer les chairs muscle par muscle, et autres fers à brûler.

On aimerait se prendre à rêver (sans trop y croire) d'un happy end au milieu de toute cette folie, mais l'auteur balaye rapidement nos espoirs en annonçant la couleur : tout ça ne peut que mal se terminer et se terminera donc mal (merci Monsieur Murphy).

Une belle découverte que vous aurez bien du mal à lâcher une fois plongé dans sa lecture, et une belle rencontre avec Alma. Un grand merci à Thierry Poncet qui a permis à cet ultime roman de son ami de voir le jour plutôt que de croupir au fond d'un tiroir en l'état de manuscrit oublié.
Lien : https://amnezik666.wordpress..
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Dernier roman de Cizia Zykë, Alma est comme son testament d'écrivain - décédé en 2011, nous livrant toute la richesse de son talent de conteur.
Précédé d'une préface écrite par Thierry Poncet qui fut un compagnon d'aventures de l'auteur, je vous invite à la lire avant le roman afin de découvrir les circonstances qui ont mené l'auteur à écrire ce conte et pour comprendre la personnalité de l'auteur qui sera le conteur d'Alma.

En effet, Alma est un conte, un conte cruel, certes, mais adouci par l'humour de l'auteur.

Nous suivons Alma, jeune fille juive, ayant miraculeusement échappé au massacre de sa famille dans la première année de sa vie et qui atterrit chez sa tante à Séville où elle évolue dans une communauté juive aimante.

Seulement, nous arrivons en 1492, année du décret de l'Alhambra, édit de l'expulsion des Juifs d'Espagne et le quotidien d'Alma et de ses proches va se retrouver totalement chamboulé, notamment avec l'arrivée du Grand Inquisiteur, Tomas de Torquemada.

Alma est une jeune fille avec d'étranges pouvoirs dont celui de parler avec Dieu et ce conte va nous raconter son parcours de sainte dans un monde d'horreurs et de violences.

Alma est un beau conte historique où l'horreur des faits se mêle à la légèreté du conteur. Une histoire bouleversante terriblement actuelle sur de nombreux points, narrée avec la plume talentueuse de l'auteur qui nous embarque dans un récit palpitant.

Une jolie découverte bien que glaçante que je vous invite à découvrir à votre tour :)


Lien : https://aufildesevasionslivr..
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On lit Alma comme on boit du petit lait. Alma nous happe dans son sillage. On s'amuse, on est ému, on rit puis on s'émeut, on est effaré, on pleure.

On retrouve le talent d'orateur de Cizia Zykë à l'oeuvre. Il n'a pas besoin de descriptions alambiquées pour nous embarquer dans son monde. le ton est péchu. Sa familiarité nous parle et son humour fait mouche. C'est un régal! Je suis décidément fan! C'est un conte mais narré à la façon de Cizia Zykë et ça, c'est génialissime!

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Alma ou la dernière histoire d'une vie ? Roman inédit de l'aventurier et écrivain Cizia Zykë, Alma comblera sûrement les attentes des lecteurs assidus de Zykë.
Tout d'abord, attardons-nous sur la jolie préface de Thierry Poncet, l'ami cher de Cizia, qui nous parle avec une profonde admiration des derniers jours de cet aventurier. L'émotion est palpable et les liens entre eux indéfectibles.
Alma est un conte ou une fable qui nous transporte dans une époque lointaine, dans un univers entre la réalité et l'imaginaire. Imaginez Cizia Zykë, le baroudeur, assis au coin du feu se posant comme conteur face à un public suspendu à ses lèvres. Alma c'est ça ! c'est un conte qu'on se transmet, qu'on écoute, qui fait frissonner et sourire à la fois. Alma c'est l'Espagne, au 15 ème siècle, et plus particulièrement Séville où l'inquisition est responsable de morts, de crimes abjects et de la fuite des juifs.
Alma est le nom d'une petite fille aux yeux étonnants et ensorcelants. Elle est le symbole de l'acharnement des catholiques contre les juifs. Orpheline, elle vit chez sa tante dans la Judéria de Séville. le roman est court alors tout s'enchaine très vite, et l'innocence d'Alma face à la noirceur du monde contribue à teinter ce roman d'un sens moral. Les personnages de ce conte sont tout de même assez nombreux et c'est avec brio que l'auteur les intègre à l'histoire et les lie à Alma. Sur fond historique, l'auteur nous invite dans un univers mystérieux qui bouscule nos certitudes puisque le roman flirte avec le fantastique.
L'écriture de Cizia Zykë est un régal : elle est précise, violente parfois mais poétique surtout. L'auteur-conteur nous interpelle souvent, et coupe son récit à plusieurs reprises, permettant de maintenir l'attention en permanence et d'introduire un peu de bons mots aussi.
Pas d'happy-end pour ce roman afin d'aller jusqu'au bout de l'horreur et de révéler la barbarie de cette époque.
Alma est donc un concentré de Cizia Zykë mais Alma c'est surtout trop court, car on serait bien resté plus longtemps à écouter notre conteur au ton facétieux et mystérieux.


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Alma est un bébé au début de l'histoire qui subit à ce si jeune âge sa première tragédie. Comprenez bien que cela ne sera pas la seule. Car la petite fille qu'elle va devenir est loin d'être destinée à une vie facile.

C'est une histoire vraiment intéressante avec un potentiel incroyable.

L'auteur ne manque pas de talent et il a une écriture très riche même peut être trop riche. (J'en ai appris des mots en lisant) J'ai trouvé qu'il se perdait parfois dans des descriptions faisant passer à la trappe le “fond” de l'histoire et des personnages.

L'écriture est brute, pas de pincettes ici. Les scènes sont “trash” et si vous êtes sensible ou mal à l'aise pas la peine d'essayer ( je suis ce genre de personne et vraiment ça n'est pas passé ^^ )

Une des choses qui m'a le plus dérangée c'est ces moments parfois en début de chapitre et parfois en plein milieu ou l'auteur se met à nous parler. Il parle au lecteur dans le plus grand des calmes et de mon point de vue il n'y a pas pire pour couper le lecteur du récit.

Au niveau des personnages j'ai trouvé le “grand méchant” très cliché. Il est celui qui a tous les défauts possibles sans aucune raison. Pas d'histoire pour lui, car même s'il est le déclencheur rien ne nous parle vraiment du pourquoi il en est là. Sûrement pour bien montrer que l'antisémitisme n'a pas vraiment de déclic, mais part bien d'absolument rien néanmoins, développer le personnage par qui les périples d'Alma commencent est selon moi un manque à l'histoire.

Quand à Alma … On en met du temps a vraiment entrer dans le vif du sujet. le livre s'appelle Alma mais pendant un bon nombre de chapitres on la survole passant plutôt par son entourage que par elle. Cela s'éternise et pourtant je n'y ai pas vu de grande importance, peut être suis je passée à côté ?

Comme vous avez dû vous en rendre compte en lisant la chronique ce n'est pas un livre que j'ai beaucoup aimé, mais la fin que l'auteur nous offre est magnifique. Les larmes viennent et c'est une Alma forte et confiante qui nous est révélée.

Conclusion : C'est une histoire intéressante et même si je ne l'ai pas particulièrement aimé, cette fin l'a fait remonter dans mon estime.
Lien : http://www.christiefo.com/20..
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