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A Bordeaux le quartier de la gare avait changé.
Les policiers du nouveau maire et ses camions de l'aube à eau pulsée avaient nettoyé la place de ses alcooliques violents et de ses prostituées espagnoles.
Le sexe tarifé avait été repoussé derrière la gare, de l'autre côté du pont de ferraille. Ces dames étaient bulgares désormais, poudrées à blanc, surveillées par des barbares de l'Est en 4x4. Quant aux clodos, nul ne savait ce qu'ils étaient devenus.
On s'était serré la main...

Cela commence ainsi, dans la préface de son ami, fidèle compagnon de ses aventures d'antan, Thierry Poncet. Une dernière rencontre, un dernier regard. Ce n'étaient pas des adieux, et pourtant, avec le temps, ce fut la dernière poignée de mains. Dès ces premières pages, j'ai cette émotion qui m'égorge la respiration, qui m'égratigne un peu plus l'âme, alma. Une préface poignante. Un dernier regard à la terrasse d'un café, qui aurait pensé que ce dernier geste recueillerait des adieux.

Chaleur andalouse, c'est dans ses ruelles étroites que je déambule à travers le cruel destin d'Alma, cette petite fille qui parle avec Dieu - et le pire, c'est que Dieu lui répond. Comme une communion entre deux êtres où les mots sont devenus inutiles voir dangereux, parce qu'en ce temps-là, il ne fait pas bon s'afficher avec Dieu, encore moins être une petite fille juive, car en ce temps-là, on sait bien que tous les maux viennent des juifs, cela se passe d'ailleurs de mots, puisqu'au mieux ce sont des gros mots qui se vilipendent à travers les rues frappées par le soleil d'Espagne et par les ordres de la reine Isabelle la Catholique. Qui dit soleil qui me tape à l'arrière de la cabeza, je sors mon remède, plantes médicinales à infuser dans de l'eau fraîche de source, trois glaçons, un Ricard dans mon verre, sans piscine, sans orgeat, la chasse aux juifs est le moindre mal de l'époque, et Alma, le dernier roman posthume de Cizia Zykë.

Cette légende du Moyen-Âge m'entraîne donc à travers le mal humain, les persécutions et les tortures de l'imagination fertile quand il est question de mal. Dieu dans tout ça ? S'il parle avec cette jolie petite frimousse blonde, ses dignes représentants ne prêchent guère l'amour, sauf pour les petits culs juvéniles de ses ouailles. Car l'amour est dans la sodomie semble enseigner les prêtres, c'est aussi cela l'initiation à la vie des jeunes garçons, le rite traditionnel pour franchir le monde des adultes. Finalement depuis 1492, la couleur du monde n'a pas changé, comme celle de mon verre anisé.

Entre quelques doses d'aventures, l'auteur que dis-je le conteur même se pose, met son histoire en pause le temps de nous interpeller. Oui, moi, toi, nous, directement. Il te questionne, je m'interroge, il se met en avant, me caresse dans le sens du poil pubien et remet ainsi du rythme et du souffle à cette épopée inquisitoriale. Des pensées égrainées dans la mouvance ironique et cynique. J'avoue, j'ai totalement kiffé ces digressions, plus que l'histoire en elle-même d'Alma, j'ai aimé ces incartades, juste le temps de remplir mon verre comme des interludes posées là, jusqu'après le point de la phrase précédente et me rafraîchir ainsi lorsque le liquide anisé, eau bénite d'hommes en bure, bite dure contre cul béni, parfume de mille senteurs ce délicat parfum de jasmin du jardin interdit.
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Tout d'abord, je tiens à remercier une nouvelle fois Joël et les éditions Taurnada pour leur confiance et l'envoi de ce service presse.

A la lecture du résumé, j'ai été intrigué par la période historique, ce roman se déroulant au Moyen-Age au coeur de l'Espagne. Et je n'ai pas été déçu car tout cela est vraiment très bien décrit : la vie et moeurs de l'époque, le quartier juif, l'inquisition et sans oublier les exécutions et autres tortures publiques : « L'esprit humain recèle d'insoupçonnables ressources quand il s'agit de faire du mal à son prochain.
Au sein de la docte confrérie des bourreaux de l'Histoire, ceux de l'inquisition espagnole en cette fin de XVe siècle figurent parmi les plus imaginatifs. On leur doit, par exemple, l'usage de l'inventive garrucha, une méthode de suspension des gens agrémentée de lourds poids de bronze qui, judicieusement pendus aux jointures des membres et à divers appendices, se révélaient propices à un lent arrachage de muscles.
Ou bien le délicieux potro, triangle de bois sur lequel la personne était à la fois empalée et écartelée. Deux effets en un, n'était-ce pas ingénieux.
Nous passerons sur des outils plus classiques et bien connus, tels que les poires d'angoisse, les brodequins, différentes lames à écorcher, trancher, découper en lanières, en cubes, ou à séparer les chairs muscle par muscle, et autres fers à brûler. »

Au coeur de tout cela, on suit le court et tragique destin d'Alma, une enfant qui prétend que Dieu lui parle. Vous pouvez vous imaginer qu'en cette période, il ne fait pas bon de tenir de tels propos.

Les personnages m'ont beaucoup plu et sont attachants malgré le fait que ce roman soit très court. L'intrigue est prenante et le roman se lit d'un trait. Ce qui m'a le plu rendu perplexe au départ, c'est la narration. Tel un conteur de rue de l'époque, l'auteur s'arrête, interpelle le lecteur, commente son récit. Pour moi ça a été un peu dérangeant dans les premières pages et puis ensuite, je me suis laissé prendre au jeu et j'ai aimé lire quelque chose de différent. « Mais allons, du courage !
Vous le savez bien, vous qui tenez cet ouvrage : l'épaisseur des pages s'est amoindrie à votre dextre. Les lecteurs avisés que vous êtes savent à ce signe que nous voilà en lice pour la dernière cavalcade.
Et je vous rappelle : la dernière des dernières, en ce qui me concerne, cette garce à la faux qui me guette, se livrant sur son laid visage osseux, à de plus en plus de grimaces impatientes.
Cavalcadons donc, les amis. Cheminons d'un pas vif vers cette fin qui nous attend. »

Bref, pas de coup de coeur pour ce roman mais une découverte intéressante d'un auteur que je ne connaissais pas et puis un beau voyage dans le temps.
Lien : https://missmolko1.blogspot...
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L'auteur de ‘Oro' sait que la mort l'invite sans tarder, tandis qu'il écrit ce roman. Amusée, dans le fait qu'il interpelle le lecteur, et surtout les lisettes. Quant à l'histoire, bof, trois fois bof ! Comme il le dit : un conte qui démarre à la naissance de Alma, de parents juifs, en l'an 1480, au coeur de l'époque médiévale. Dans la globalité, il est peu question de cette gamine, cela part un peu dans tous les sens. Déception !
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Ce livre est l'histoire d'un conteur. Il va nous emmener, comme en un dernier baroud d'honneur, en Espagne, en 1492. Ce n'est pas la découverte de l'Amérique qu'il va nous conter, non, ce sont les persécutions dont fut victime la communauté juive espagnole.
Oui, je sais que le roman s'appelle Alma, et qu'il nous conte aussi l'histoire de cette petite fille prise dans les tourbillons de l'histoire, une petite fille comme sans doute il en a eu plusieurs - mais différente, cependant, à cause du don qu'elle a reçu à la naissance.
Mais, pourtant, je reviens sans cesse à cette voix de conteur, qui sait bien que c'est la dernière fois qu'il peut nous parler :
"Maintenant, s'il vous plaît, hâtons-nous, j'ai encore nombre d'événements historiques à évoquer, pléthore de péripéties à penser, tombereaux de coups de théâtre à concocter, foison de souffrances à ciseler et, comme je vous l'ai déjà expliqué, ces temps-ci, ces derniers temps, par les temps qui courent, le temps m'est salement compté."
Oui, c'est un sentiment d'urgence drôle qui domine quand il apostrophe le lecteur et qu'il nous parle aussi d'une époque qui est si éloignée de la nôtre, n'est-ce pas ?
Ça vous paraît étrange, à vous, qui vivez au coeur de cette belle époque moderne où règne la tolérance universelle.
Où l'amour seul guide les relations entre les peuples.
Où il ne viendrait à l'esprit de personne l'idée absurde de détester son prochain en raison de sa religion.
Nous voici plongée dans la communauté juive, celle d'un petit village, d'abord, celle d'une grande ville ensuite, le dénominateur commun est pourtant le même : la persécution. Au centre, Alma, cette petite orpheline qui vit, heureuse, entourée de personnes qui ne demandaient qu'à vivre leur vie, leurs amours, leurs commerces, le plus ordinairement du monde, si ce n'est que d'autres personnes avaient décidé qu'ils étaient la cause de tous les maux, et qu'il fallait les éliminer. Ceux qui veulent le faire ne manquent pas non plus d'imagination :
L'esprit humain recèle d'insoupçonnables ressources quand il s'agit de faire du mal à son prochain.
Ce qui unit les personnages ? Comme le conteur, ils vont tous aller au bout du destin qu'ils ont choisi, comme Zacharia - même si ce n'est pas celui que l'on attendait.
Un conte enlevé, qui nous emmène aussi dans notre époque.
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Je remercie chaleureusement les éditions Taurnada, et tout particulièrement Joël, pour leur confiance renouvelée en m'offrant l'opportunité de découvrir ce roman de Cizia Zykë.

Zykë et moi c'est une histoire commencée en 1985 avec la lecture de Oro (un livre que j'avais offert à mon père pour son anniversaire) ; plus exactement avant même d'entamer sa lecture c'est la photo en quatrième de couv' qui a fait tilt. Un costaud moustachu assis torse nu sur un transat, à sa gauche un flingue rangé dans son holster d'épaule, dans sa main droite un joint taille XXL et à son cou une chaîne en or ornée d'une magnifique pépite ! Rien que ça, ça m'a donné envie d'en savoir plus sur ce type.

Et la lecture du bouquin fut une sacrée claque ! Ce mec ose tout, ne respecte rien… Déjà à l'époque je ne respectais pas grand-chose… mais j'osais encore moins ! J'ai fait de ce bouquin, et surtout de Cizia Zykë, le sujet d'un exposé qui m'a valu une excellente note en cours de français malgré un sujet pas franchement politiquement correct. Et qui a valu au bouquin de faire le tour de la classe… sans jamais réintégrer son point de départ soit dit en passant !

Après Oro j'ai enchaîné avec Sahara et Parodie, qui remontaient à contre-courant le parcours hors norme (et surtout hors des sentiers battus de la bien-pensance universelle) de Cizia Zykë. Et puis je suis passé à autre chose, me promettant de prendre le temps, un de ces quatre, de m'intéresser aux romans du bonhomme… Et puis j'ai oublié (j'y pense et puis j'oublie… c'est bien connu), et puis Cizia nous a quittés à l'âge de 62 ans (au vu de la vie qu'il a menée et des excès en tout genre auquel il s'est adonné sans retenue on pourrait presque dire que c'est un exploit d'avoir tenu aussi longtemps).

Il y a quelques mois c'est le bouquin de Thierry Poncet, Zykë L'Aventure (lui aussi paru chez Taurnada), qui a rallumé la flamme et ravivé ma curiosité. Je me suis mis à la recherche des romans de Zykë ; mais une fois encore mon Stock à Lire Numérique et ses aléas auront raison de ma motivation…

C'est pourquoi la proposition de Joël arrivait à point nommé, cette fois plus moyen de procrastiner ! Je termine ce que j'ai en cours et je me lance !

Je crois que c'est la plus longue intro que j'ai jamais rédigée pour une chronique…

Trêve de digressions, revenons donc à nos moutons et à cette chère et tendre Alma.

Le roman s'ouvre sur une préface de Thierry Poncet, le complice, compagnon de voyage (et accessoirement de galères) et ami de Cizia Zykë. Préface dans laquelle il nous expose brièvement la genèse du projet Alma.

Premier constat : le roman est très court, mais, à la décharge de l'auteur, quand il a entrepris de l'écrire il savait d'ores et déjà que la Faucheuse viendrait bientôt lui réclamer son dû. Ce n'est pas moi qui le dis, c'est lui même qui nous l'explique dès les premières pages du roman.

(…) si aujourd'hui je prends la plume une ultime fois, c'est que je suis à la veille de mon dernier grand voyage. Alors, à propos de Dieu, je saurai plus vite que vous de quoi il retourne. le plus probable, même, est qu'à l'heure où vous lisez ces lignes, je suis en train de papoter avec Lui sur son nuage favori.

Second constat : le style narratif est pour le moins original. Cizia Zykë, le « conteur », comme il se qualifie lui même au fil des pages, s'adresse directement au lecteur. Je conçois que ça puisse surprendre, mais pour ma part je trouve que ça contribue à donner un certain cachet au roman ; d'autant qu'il le fait avec sa gouaille habituelle, mais aussi avec beaucoup d'humour et tout autant d'ironie (il est vrai que de nos jours le fanatisme religieux et le racisme n'ont plus cours).

Alma est donc une fable qui oppose à la folie et la connerie des hommes (pas tous, mais une grosse majorité tout de même) l'innocence de sa jeune héroïne. le ton décalé de Cizia Zykë et les chapitres courts rendent cette lecture des plus agréables (malgré une histoire bien sombre), mais l'on sent quand même que l'auteur s'est renseigné sur son sujet et que les dérives de l'Inquisition n'ont plus de secret pour lui.

L'esprit humain recèle d'insoupçonnables ressources quand il s'agit de faire du mal à son prochain.
Au sein de la docte confrérie des bourreaux de l'Histoire, ceux de l'inquisition espagnole en cette fin de XVe siècle figurent parmi les plus imaginatifs. On leur doit, par exemple, l'usage de l'inventive garrucha, une méthode de suspension des gens agrémentée de lourds poids de bronze qui, judicieusement pendus aux jointures des membres et à divers appendices, se révélaient propices à un lent arrachage de muscles.
Ou bien le délicieux potro, triangle de bois sur lequel la personne était à la fois empalée et écartelée. Deux effets en un, n'était-ce pas ingénieux ?
Nous passerons sur des outils plus classiques et bien connus, tels que les poires d'angoisse, les brodequins, différentes lames à écorcher, trancher, découper en lanières, en cubes, ou à séparer les chairs muscle par muscle, et autres fers à brûler.

On aimerait se prendre à rêver (sans trop y croire) d'un happy end au milieu de toute cette folie, mais l'auteur balaye rapidement nos espoirs en annonçant la couleur : tout ça ne peut que mal se terminer et se terminera donc mal (merci Monsieur Murphy).

Une belle découverte que vous aurez bien du mal à lâcher une fois plongé dans sa lecture, et une belle rencontre avec Alma. Un grand merci à Thierry Poncet qui a permis à cet ultime roman de son ami de voir le jour plutôt que de croupir au fond d'un tiroir en l'état de manuscrit oublié.
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J'ai découvert Cizia Zykë il y a plus de trente ans, lors d'une émission d'Apostrophe avec Bernard Pivot qui l'interviewait pour la sortie de son premier livre Oro, récit musclé d'un des nombreux épisodes de sa vie, lorsqu'il exploitait sa mine d'or au Costa Rica. Courez donc sur internet voir (ou revoir) ce morceau choisi, il vaut son pesant d'or, c'est le cas de le dire.


Depuis cette émission, j'avais dévoré quelques uns des livres de Zykë, et découvert récemment qu'il était décédé en 2011. Et voilà que, surprise, un partenariat des Editions Taurnada et de Partage Lecture (que je remercie) propose en lecture un roman posthume de l'auteur. J'ai sauté sur ce petit livre dès réception et l'ai dévoré à son tour (décidément, impossible de lire Zykë autrement).


La dernière page tournée, je suis restée un long moment perplexe : je n'avais pas imaginé Zykë sur ce genre d'histoire, et je ne connaissais pas Thierry Poncet, qui signe la préface seule, mais qui a finalement bien rédigé Alma lui-même, d'après les notes prises lorsque les deux hommes ont commencé le projet de livre.


Mes recherches et mes autres lectures de Zykë m'ont appris par la suite que les deux complices et amis ont travaillé ensemble sur de nombreux livres, Zykë comme créateur, et Poncet comme rédacteur. Je garde l'espoir qu'il pourra donc y avoir encore d'autres livres dans la lignée d'Alma...


Selon la préface, Zykë, éternel rebelle et amateur de défis, voulait surprendre avec Alma en se renouvelant à nouveau totalement. Après ses autres livres, c'est une surprise en effet de se retrouver au XVème siècle au beau milieu de l'Inquisition espagnole, dans un conte centré sur une petite fille juive, véritable figure d'ange, seule à rester intègre et fidèle à elle-même face à la persécution.


De nombreux livres ont déjà très bien relaté cette période d'anti-sémitisme et de barbarie commise au nom de la religion. Là n'est pas l'intérêt premier d'Alma, même si l'auteur parvient, en quelques traits de plume, à plonger le lecteur dans une ambiance assez crédible et plutôt cinématographique.


Ce qui distingue Alma est son style ironique, cynique, et parfois cru, empli d'auto-dérision et dans l'ensemble assez contempteur : Nerveusement, il tirait sur le petit bouc dont, dans une tentative de conférer à sa naine personne un air d'autorité, il avait orné son menton de poupée ; et, surtout, la manière d'apostropher et de dialoguer avec le lecteur tout au long du récit, un peu comme l'humoriste d'un one-man-show s'adresse à son public tout au long de son spectacle.


Cette tactique permet au narrateur à la fois de flatter et de taquiner le lecteur : élevé au rang de complice heureux de vilipender à peu de frais des personnages indéniablement ignobles, celui-ci est en même temps interpellé sur le contexte actuel : Vous-mêmes, je le sais, vous aimez tout le monde... Quand par aventure vous vous querellez, c'est à cause d'une différence de point de vue sur les limites de votre jardin, des dommages causés à votre véhicule, ou bien quelque délicatesse constatée dans une file d'attente chez un commerçant. Jamais il ne vous viendrait à l'idée de vous disputer à propos de prétendues différences entre églises, synagogues, mosquées et autres temples.


Alma est au final un livre drôle, enlevé et piquant, qui se lit agréablement, en deux coups de dents.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Un gros coup de coeur pour Alma de Cizia Zyke , un très bon roman , conte noir et baroque au style narratif vivant, brillant, caustique, ironique, original, l'auteur devient le « conteur », comme il se plait à le dire , et quel conteur , magistral, avec une verve truculente, il s'adresse directement au lecteur, le harangue et donne une vie intense à son roman ... Il nous narre avec ironie et sur un ton décalé, une sorte de fable noire où folie, bétise se battent la première place , au centre de cela , l'innocence incarnée avec la douce Alma qui dit entendre la voix de dieu. Quand on sait que l'histoire se déroule durant le moyen âge, en toile de fond, le coeur de l'Espagne en pleine période d'inquisition, vie, moeurs de l'époque, quartier juif et le tout jonchés par les tortures et exécutions de l'époque ...
On imagine bien que notre Alma n'est pas née à la bonne époque , mais il y a-t-il une bonne époque car hélas, nous sommes le vivant exemple que fanatisme religieux et racisme ont perduré à travers les années .
1480, Alma nait au coeur de l'Espagne, dans la ville-dont-on-ignore-le-nom. Un an après sa famille juive tout comme le peuple juif est exterminée de cette ville. Seule survivante, Alma est amenée à Séville chez une de ses tantes. Mais notre petit ange est juif, dans un monde de chrétien qui pense seul avoir le droit d'exister et à ce nom se croit tout permis.
En 1492, la traque est de retour. Tous fuient, mais pas Alma, Alma et son sourire, Alma et sa sagesse, Alma qui parle à Dieu, la belle Alma auréolée de sa gentillesse, Alma va vers son destin .... Certes, nous sommes dans un conte mais hélas ils ne finissent pas toujours comme on le voudrait
Ecrivain non conventionnel talentueux qui nous laisse là un dernier roman court , à l'image du temps qui lui restait avant que la faux vienne le cueillir , lui l'homme épris de liberté , un roman fort, percutant, à l'image de sa vie , un roman plein de piques et de vérités face à notre société , car l'histoire n'est qu'une répétition.
 Cizia Zyke nous entraine avec lui dans son dernier voyage et quel voyage, sa dernière cavalcade !!!
Un roman que je vous conseille ardemment !!!
Lien : https://www.voyagelivresque...
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Le dernier roman de l'auteur avant son départ vers les étoiles m'a profondément touché.

Il raconte l'histoire de la petite Alma, une petite fille juive magnifique aux yeux bleus envoutant, son regard est un miroir vers des rêves éblouissants.

Quand ses parents se font assassiner, elle va vivre chez sa tante où elle passera des moments merveilleux avec des personnes très attachantes.

Le moyen-âge est une époque dure et barbare où les gens ne vivaient hélas pas longtemps, la mort et la maladie rode partout.

La reine Isabelle la catholique fait la chasse aux Juifs d'Espagne, avant que ce soit au tour des Gypses.

Un haut placé de l'église lui monte la tête afin qu'elle fasse une purge au sein de son pays où la religion catholique est cruelle et mortifère.

Cette petite fille a un don, elle communique avec Dieu.

Pour les prêtres et gens d'église c'est une sorcière et durant cette période c'est la condamnation à mort. " le bucher"

L'auteur m'a transporté au 15ème siècle avec son histoire poignante, car le sourire et la force d'Alma m'a donné espoir en un monde meilleur où l'on ne persécute pas les gens qui ont une religion différente.

La différence fait toujours peur. La niaiserie, la bassesse et la puanteur de ces assassins m'a dégouté. Dieu n'est pas un assassin mes ses fidèles sont abominables.

J'ai terminé le roman triste mais lumineux grâce aux yeux d'Alma et a sa sagesse.

Alma était un ange venue du ciel pour accomplir une mission que Dieu lui a confié, elle sera martyrisée, mais elle ne souffre pas, elle sourit à ses bourreaux.

Elle m'a ému et je suis vraiment contente d'avoir lu ce roman qui fait passer un message.

Chacun l'interprétera à sa manière et selon son état d'esprit.

Il ne faut pas avoir peur de la mort quand elle s'approche de nous et sourions devant la faucheuse.




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Alma, le dernier récit de Zykë...

C'est en lisant la chronique acide de Lord Arsenik que j'ai eu envie de lire « Alma ». IL était question d'Inquisition espagnole, mon sujet de prédilection alors… Puis, je suis allée faire un tour du côté des éditions Taurnada, envoyé un mail, un certain Joël m'a très gentiment répondu et envoyé un exemplaire. Merci encore à lui!

Je ne connaissais pas Cizia Zykë, je ne l'avais jamais lu. Je fais donc quelques recherches avant de commencer le livre, je procède toujours de cette façon car j'aime voir à qui j'ai affaire. Et là, j'avoue que ce que je lis, vois et entends m'interpelle. le bonhomme est un bonhomme et moi j'aime les mauvais garçons.

Je commence ma lecture, une longue préface émouvante de Thierry Poncet, un fidèle, secrétaire, ami, compagnon de route, de délires et d'aventures. Je comprends que ce conte car il s'agit d'un conte, l'auteur n'a pas eu le temps de le rédiger puisqu'il est mort avant (2011). le temps passe, le fidèle Poncet a du mal à oublier le Grand et puis un jour, il reprend les notes nombreuses, se remémore les longues conversations sur la petite Alma, relève les gants comme il dit, il en a la taille, le talent et le devoir. C'est parti… Il était une fois…

1492, l'Espagne catholique ne veut plus de ses juifs...

Aux alentours de 1492, je rappelle cette année car c'est celle du décret de l'Alhambra, l'édit d'expulsion des Juifs, signé par le couple royal, ceux qu'on appelait les Rois Catholiques … L'église, le pouvoir espagnol, Torquemada fou de dieu, ancien précepteur de la reine, la populace qui suit les grands, ne veulent plus des juifs d'Espagne responsables de tous les maux. On massacre, viole, on vole, on dépouille, on torture allègrement, les accessoires ne manquent pas, on brûle, on oblige à la conversion ou à l'exil. Les juifs doivent quitter la très catholique Espagne, un point c'est tout.

Alma ravissante enfant blonde aux yeux bleus qui vit dans le quartier juif de Séville « la juderia » a un pouvoir extraordinaire. Elle tient de longues conversations avec Dieu. Elle suit ses ordres à la lettre et va s'opposer à ses opprimeurs au risque de ne pas atteindre sa douzième année.

Un conteur qui n'hésite pas à nous interrompre…

Cizia Zyké est un conteur hors pair qui connaît bien son sujet. le texte est court mais concentré, le style agréable, notre homme dont les jours sont comptés, ce qu'il ne cesse de nous rappeler en aparté, nous fait languir, interrompt la narration, nous tient en haleine, nous attendons fébrilement la suite, nous voulons plonger encore et encore dans l'horreur et connaître la triste fin de la blondinette car tout comme lui,Cizia Zyké nous annonce d'emblée que l'enfant mourra à la fin du récit… Il y a de l'humour, une description du couple royal très drôle, des situations salaces, des serviteurs de Dieu qui font froid dans le dos. Oui, c'est terrible, sanglant, émouvant, ce fut ainsi, Zyké ne l'a pas inventé, il nous rappelle ce que l'homme a de pire et que l'homme est toujours capable du pire.

Je me lance dans la lecture de « Oro » et en passant je ne manquerais pas de lire Thierry Poncet, c'est au programme…
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Dernier roman de Cizia Zykë, Alma est comme son testament d'écrivain - décédé en 2011, nous livrant toute la richesse de son talent de conteur.
Précédé d'une préface écrite par Thierry Poncet qui fut un compagnon d'aventures de l'auteur, je vous invite à la lire avant le roman afin de découvrir les circonstances qui ont mené l'auteur à écrire ce conte et pour comprendre la personnalité de l'auteur qui sera le conteur d'Alma.

En effet, Alma est un conte, un conte cruel, certes, mais adouci par l'humour de l'auteur.

Nous suivons Alma, jeune fille juive, ayant miraculeusement échappé au massacre de sa famille dans la première année de sa vie et qui atterrit chez sa tante à Séville où elle évolue dans une communauté juive aimante.

Seulement, nous arrivons en 1492, année du décret de l'Alhambra, édit de l'expulsion des Juifs d'Espagne et le quotidien d'Alma et de ses proches va se retrouver totalement chamboulé, notamment avec l'arrivée du Grand Inquisiteur, Tomas de Torquemada.

Alma est une jeune fille avec d'étranges pouvoirs dont celui de parler avec Dieu et ce conte va nous raconter son parcours de sainte dans un monde d'horreurs et de violences.

Alma est un beau conte historique où l'horreur des faits se mêle à la légèreté du conteur. Une histoire bouleversante terriblement actuelle sur de nombreux points, narrée avec la plume talentueuse de l'auteur qui nous embarque dans un récit palpitant.

Une jolie découverte bien que glaçante que je vous invite à découvrir à votre tour :)


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