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EAN : 9782372580465
216 pages
Taurnada Éditions (06/09/2018)
3.63/5   26 notes
Résumé :
Une petite fille aux étranges pouvoirs vient au monde. Autour d'elle, c'est l'Espagne du Moyen Âge, barbare autant que raffinée, à la fois religieuse et brutale, où la reine Isabelle la Catholique s'apprête à chasser tous les Juifs du royaume.
La petite Alma, celle qui parle avec Dieu, deviendra-t-elle le guide dont son peuple a besoin, ou bien sera-t-elle comme tant d'autres balayée par le vent mauvais de l'Histoire ?
L'épouvante se mêle au comique, l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (27) Voir plus Ajouter une critique
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A Bordeaux le quartier de la gare avait changé.
Les policiers du nouveau maire et ses camions de l'aube à eau pulsée avaient nettoyé la place de ses alcooliques violents et de ses prostituées espagnoles.
Le sexe tarifé avait été repoussé derrière la gare, de l'autre côté du pont de ferraille. Ces dames étaient bulgares désormais, poudrées à blanc, surveillées par des barbares de l'Est en 4x4. Quant aux clodos, nul ne savait ce qu'ils étaient devenus.
On s'était serré la main...

Cela commence ainsi, dans la préface de son ami, fidèle compagnon de ses aventures d'antan, Thierry Poncet. Une dernière rencontre, un dernier regard. Ce n'étaient pas des adieux, et pourtant, avec le temps, ce fut la dernière poignée de mains. Dès ces premières pages, j'ai cette émotion qui m'égorge la respiration, qui m'égratigne un peu plus l'âme, alma. Une préface poignante. Un dernier regard à la terrasse d'un café, qui aurait pensé que ce dernier geste recueillerait des adieux.

Chaleur andalouse, c'est dans ses ruelles étroites que je déambule à travers le cruel destin d'Alma, cette petite fille qui parle avec Dieu - et le pire, c'est que Dieu lui répond. Comme une communion entre deux êtres où les mots sont devenus inutiles voir dangereux, parce qu'en ce temps-là, il ne fait pas bon s'afficher avec Dieu, encore moins être une petite fille juive, car en ce temps-là, on sait bien que tous les maux viennent des juifs, cela se passe d'ailleurs de mots, puisqu'au mieux ce sont des gros mots qui se vilipendent à travers les rues frappées par le soleil d'Espagne et par les ordres de la reine Isabelle la Catholique. Qui dit soleil qui me tape à l'arrière de la cabeza, je sors mon remède, plantes médicinales à infuser dans de l'eau fraîche de source, trois glaçons, un Ricard dans mon verre, sans piscine, sans orgeat, la chasse aux juifs est le moindre mal de l'époque, et Alma, le dernier roman posthume de Cizia Zykë.

Cette légende du Moyen-Âge m'entraîne donc à travers le mal humain, les persécutions et les tortures de l'imagination fertile quand il est question de mal. Dieu dans tout ça ? S'il parle avec cette jolie petite frimousse blonde, ses dignes représentants ne prêchent guère l'amour, sauf pour les petits culs juvéniles de ses ouailles. Car l'amour est dans la sodomie semble enseigner les prêtres, c'est aussi cela l'initiation à la vie des jeunes garçons, le rite traditionnel pour franchir le monde des adultes. Finalement depuis 1492, la couleur du monde n'a pas changé, comme celle de mon verre anisé.

Entre quelques doses d'aventures, l'auteur que dis-je le conteur même se pose, met son histoire en pause le temps de nous interpeller. Oui, moi, toi, nous, directement. Il te questionne, je m'interroge, il se met en avant, me caresse dans le sens du poil pubien et remet ainsi du rythme et du souffle à cette épopée inquisitoriale. Des pensées égrainées dans la mouvance ironique et cynique. J'avoue, j'ai totalement kiffé ces digressions, plus que l'histoire en elle-même d'Alma, j'ai aimé ces incartades, juste le temps de remplir mon verre comme des interludes posées là, jusqu'après le point de la phrase précédente et me rafraîchir ainsi lorsque le liquide anisé, eau bénite d'hommes en bure, bite dure contre cul béni, parfume de mille senteurs ce délicat parfum de jasmin du jardin interdit.
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Tout d'abord, je tiens à remercier une nouvelle fois Joël et les éditions Taurnada pour leur confiance et l'envoi de ce service presse.

A la lecture du résumé, j'ai été intrigué par la période historique, ce roman se déroulant au Moyen-Age au coeur de l'Espagne. Et je n'ai pas été déçu car tout cela est vraiment très bien décrit : la vie et moeurs de l'époque, le quartier juif, l'inquisition et sans oublier les exécutions et autres tortures publiques : « L'esprit humain recèle d'insoupçonnables ressources quand il s'agit de faire du mal à son prochain.
Au sein de la docte confrérie des bourreaux de l'Histoire, ceux de l'inquisition espagnole en cette fin de XVe siècle figurent parmi les plus imaginatifs. On leur doit, par exemple, l'usage de l'inventive garrucha, une méthode de suspension des gens agrémentée de lourds poids de bronze qui, judicieusement pendus aux jointures des membres et à divers appendices, se révélaient propices à un lent arrachage de muscles.
Ou bien le délicieux potro, triangle de bois sur lequel la personne était à la fois empalée et écartelée. Deux effets en un, n'était-ce pas ingénieux.
Nous passerons sur des outils plus classiques et bien connus, tels que les poires d'angoisse, les brodequins, différentes lames à écorcher, trancher, découper en lanières, en cubes, ou à séparer les chairs muscle par muscle, et autres fers à brûler. »

Au coeur de tout cela, on suit le court et tragique destin d'Alma, une enfant qui prétend que Dieu lui parle. Vous pouvez vous imaginer qu'en cette période, il ne fait pas bon de tenir de tels propos.

Les personnages m'ont beaucoup plu et sont attachants malgré le fait que ce roman soit très court. L'intrigue est prenante et le roman se lit d'un trait. Ce qui m'a le plu rendu perplexe au départ, c'est la narration. Tel un conteur de rue de l'époque, l'auteur s'arrête, interpelle le lecteur, commente son récit. Pour moi ça a été un peu dérangeant dans les premières pages et puis ensuite, je me suis laissé prendre au jeu et j'ai aimé lire quelque chose de différent. « Mais allons, du courage !
Vous le savez bien, vous qui tenez cet ouvrage : l'épaisseur des pages s'est amoindrie à votre dextre. Les lecteurs avisés que vous êtes savent à ce signe que nous voilà en lice pour la dernière cavalcade.
Et je vous rappelle : la dernière des dernières, en ce qui me concerne, cette garce à la faux qui me guette, se livrant sur son laid visage osseux, à de plus en plus de grimaces impatientes.
Cavalcadons donc, les amis. Cheminons d'un pas vif vers cette fin qui nous attend. »

Bref, pas de coup de coeur pour ce roman mais une découverte intéressante d'un auteur que je ne connaissais pas et puis un beau voyage dans le temps.
Lien : https://missmolko1.blogspot...
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Je remercie chaleureusement les éditions Taurnada, et tout particulièrement Joël, pour leur confiance renouvelée en m'offrant l'opportunité de découvrir ce roman de Cizia Zykë.

Zykë et moi c'est une histoire commencée en 1985 avec la lecture de Oro (un livre que j'avais offert à mon père pour son anniversaire) ; plus exactement avant même d'entamer sa lecture c'est la photo en quatrième de couv' qui a fait tilt. Un costaud moustachu assis torse nu sur un transat, à sa gauche un flingue rangé dans son holster d'épaule, dans sa main droite un joint taille XXL et à son cou une chaîne en or ornée d'une magnifique pépite ! Rien que ça, ça m'a donné envie d'en savoir plus sur ce type.

Et la lecture du bouquin fut une sacrée claque ! Ce mec ose tout, ne respecte rien… Déjà à l'époque je ne respectais pas grand-chose… mais j'osais encore moins ! J'ai fait de ce bouquin, et surtout de Cizia Zykë, le sujet d'un exposé qui m'a valu une excellente note en cours de français malgré un sujet pas franchement politiquement correct. Et qui a valu au bouquin de faire le tour de la classe… sans jamais réintégrer son point de départ soit dit en passant !

Après Oro j'ai enchaîné avec Sahara et Parodie, qui remontaient à contre-courant le parcours hors norme (et surtout hors des sentiers battus de la bien-pensance universelle) de Cizia Zykë. Et puis je suis passé à autre chose, me promettant de prendre le temps, un de ces quatre, de m'intéresser aux romans du bonhomme… Et puis j'ai oublié (j'y pense et puis j'oublie… c'est bien connu), et puis Cizia nous a quittés à l'âge de 62 ans (au vu de la vie qu'il a menée et des excès en tout genre auquel il s'est adonné sans retenue on pourrait presque dire que c'est un exploit d'avoir tenu aussi longtemps).

Il y a quelques mois c'est le bouquin de Thierry Poncet, Zykë L'Aventure (lui aussi paru chez Taurnada), qui a rallumé la flamme et ravivé ma curiosité. Je me suis mis à la recherche des romans de Zykë ; mais une fois encore mon Stock à Lire Numérique et ses aléas auront raison de ma motivation…

C'est pourquoi la proposition de Joël arrivait à point nommé, cette fois plus moyen de procrastiner ! Je termine ce que j'ai en cours et je me lance !

Je crois que c'est la plus longue intro que j'ai jamais rédigée pour une chronique…

Trêve de digressions, revenons donc à nos moutons et à cette chère et tendre Alma.

Le roman s'ouvre sur une préface de Thierry Poncet, le complice, compagnon de voyage (et accessoirement de galères) et ami de Cizia Zykë. Préface dans laquelle il nous expose brièvement la genèse du projet Alma.

Premier constat : le roman est très court, mais, à la décharge de l'auteur, quand il a entrepris de l'écrire il savait d'ores et déjà que la Faucheuse viendrait bientôt lui réclamer son dû. Ce n'est pas moi qui le dis, c'est lui même qui nous l'explique dès les premières pages du roman.

(…) si aujourd'hui je prends la plume une ultime fois, c'est que je suis à la veille de mon dernier grand voyage. Alors, à propos de Dieu, je saurai plus vite que vous de quoi il retourne. le plus probable, même, est qu'à l'heure où vous lisez ces lignes, je suis en train de papoter avec Lui sur son nuage favori.

Second constat : le style narratif est pour le moins original. Cizia Zykë, le « conteur », comme il se qualifie lui même au fil des pages, s'adresse directement au lecteur. Je conçois que ça puisse surprendre, mais pour ma part je trouve que ça contribue à donner un certain cachet au roman ; d'autant qu'il le fait avec sa gouaille habituelle, mais aussi avec beaucoup d'humour et tout autant d'ironie (il est vrai que de nos jours le fanatisme religieux et le racisme n'ont plus cours).

Alma est donc une fable qui oppose à la folie et la connerie des hommes (pas tous, mais une grosse majorité tout de même) l'innocence de sa jeune héroïne. le ton décalé de Cizia Zykë et les chapitres courts rendent cette lecture des plus agréables (malgré une histoire bien sombre), mais l'on sent quand même que l'auteur s'est renseigné sur son sujet et que les dérives de l'Inquisition n'ont plus de secret pour lui.

L'esprit humain recèle d'insoupçonnables ressources quand il s'agit de faire du mal à son prochain.
Au sein de la docte confrérie des bourreaux de l'Histoire, ceux de l'inquisition espagnole en cette fin de XVe siècle figurent parmi les plus imaginatifs. On leur doit, par exemple, l'usage de l'inventive garrucha, une méthode de suspension des gens agrémentée de lourds poids de bronze qui, judicieusement pendus aux jointures des membres et à divers appendices, se révélaient propices à un lent arrachage de muscles.
Ou bien le délicieux potro, triangle de bois sur lequel la personne était à la fois empalée et écartelée. Deux effets en un, n'était-ce pas ingénieux ?
Nous passerons sur des outils plus classiques et bien connus, tels que les poires d'angoisse, les brodequins, différentes lames à écorcher, trancher, découper en lanières, en cubes, ou à séparer les chairs muscle par muscle, et autres fers à brûler.

On aimerait se prendre à rêver (sans trop y croire) d'un happy end au milieu de toute cette folie, mais l'auteur balaye rapidement nos espoirs en annonçant la couleur : tout ça ne peut que mal se terminer et se terminera donc mal (merci Monsieur Murphy).

Une belle découverte que vous aurez bien du mal à lâcher une fois plongé dans sa lecture, et une belle rencontre avec Alma. Un grand merci à Thierry Poncet qui a permis à cet ultime roman de son ami de voir le jour plutôt que de croupir au fond d'un tiroir en l'état de manuscrit oublié.
Lien : https://amnezik666.wordpress..
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Ce livre est l'histoire d'un conteur. Il va nous emmener, comme en un dernier baroud d'honneur, en Espagne, en 1492. Ce n'est pas la découverte de l'Amérique qu'il va nous conter, non, ce sont les persécutions dont fut victime la communauté juive espagnole.
Oui, je sais que le roman s'appelle Alma, et qu'il nous conte aussi l'histoire de cette petite fille prise dans les tourbillons de l'histoire, une petite fille comme sans doute il en a eu plusieurs - mais différente, cependant, à cause du don qu'elle a reçu à la naissance.
Mais, pourtant, je reviens sans cesse à cette voix de conteur, qui sait bien que c'est la dernière fois qu'il peut nous parler :
"Maintenant, s'il vous plaît, hâtons-nous, j'ai encore nombre d'événements historiques à évoquer, pléthore de péripéties à penser, tombereaux de coups de théâtre à concocter, foison de souffrances à ciseler et, comme je vous l'ai déjà expliqué, ces temps-ci, ces derniers temps, par les temps qui courent, le temps m'est salement compté."
Oui, c'est un sentiment d'urgence drôle qui domine quand il apostrophe le lecteur et qu'il nous parle aussi d'une époque qui est si éloignée de la nôtre, n'est-ce pas ?
Ça vous paraît étrange, à vous, qui vivez au coeur de cette belle époque moderne où règne la tolérance universelle.
Où l'amour seul guide les relations entre les peuples.
Où il ne viendrait à l'esprit de personne l'idée absurde de détester son prochain en raison de sa religion.
Nous voici plongée dans la communauté juive, celle d'un petit village, d'abord, celle d'une grande ville ensuite, le dénominateur commun est pourtant le même : la persécution. Au centre, Alma, cette petite orpheline qui vit, heureuse, entourée de personnes qui ne demandaient qu'à vivre leur vie, leurs amours, leurs commerces, le plus ordinairement du monde, si ce n'est que d'autres personnes avaient décidé qu'ils étaient la cause de tous les maux, et qu'il fallait les éliminer. Ceux qui veulent le faire ne manquent pas non plus d'imagination :
L'esprit humain recèle d'insoupçonnables ressources quand il s'agit de faire du mal à son prochain.
Ce qui unit les personnages ? Comme le conteur, ils vont tous aller au bout du destin qu'ils ont choisi, comme Zacharia - même si ce n'est pas celui que l'on attendait.
Un conte enlevé, qui nous emmène aussi dans notre époque.
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Je remercie Joël ainsi que la maison d'édition Taurnada pour ce nouvel envoi. Je ne sais pas résister à l'un de leurs livres et même si pour le moment, j'ai beaucoup apprécié les précédents, celui-ci a été un véritable coup de coeur. La préface de Thierry Poncet est toujours un régal, tout autant que la lecture d'un de ces petits livres qui semblent ne pas payer de mine et qui pourtant nous en apprennent plus sur la nature humaine qu'un autre, et accessoirement sur Zykë.

1480, la naissance d'un ange dénommé Alma, au coeur de l'Espagne médiévale, dans la ville-dont-on-ignore-le-nom. Un an plus tard, sa famille juive, le peuple juif est exterminée de cette ville. Seule rescapée, elle est amenée à Séville chez une de ses tantes. La vie aurait pu y être paisible, si elle n'était pas juive dans un monde de chrétien qui se croit tout permis et si elle n'avait pas une ligne directe avec Dieu tout puissant. 1492, l'année où la traque est de nouveau en lice. L'année où il faut absolument bannir cette religion, tuer, violer, voler, piller ces gens qui ont une pensée différente. Les obliger à fuir. Mais Alma, elle, reste. Douze ans, c'est si jeune et pourtant sa tête est bien remplie, surtout d'une grande sagesse.

Pour ceux et celles qui ne connaissent pas la plume de l'auteur il peut y avoir un choc. Car il s'adresse à nous, petits lecteurs, pas comme on peut le lire dans d'autres livres, mais comme s'il nous parlais de vive voix. Zykë c'est un phénomène, dans le bon sens du terme. Il ne s'étale pas sur des détails insignifiants, même si par moment il nous entraîne dans des détails pour nous expliquer comment Alma a bien pu parvenir dans les bras de sa tante. C'est un conteur, il sait attirer/tirer l'oreille en un simple coup de crayon. Pouvoir nous embarquer dans une histoire dramatique sans pour autant plomber l'ambiance, enfin si un peu par moment, autrement on serait dans un humoristique. Bref, tout cela pour dire qu'il a le don inné ? de nous entraîner dans les profondeurs d'une Espagne où l'inquisition y fait loi.

Ah, l'inquisition ! Je ne sais pas si vous vous rappelez (non je n'y étais pas, quoique...) Ce magnifique moment où la religion s'amusait à démembrer des gens, ou les découpait, tortures et compagnie au programme pour tous ceux qui étaient différents : religion différente, sorcellerie (parce que c'est bien connue les sorciers et sorcières sont tous morts à cette époque), amour interdit (entre hommes, entre femmes), ou tout simplement parce que la tête ne revient pas à l'Inquisiteur suprême ! Bref, le contexte est posé, sans oublier que les juifs ont eu leur lot de malheur du début... jusqu'à la fin !

Comment un homme, un baroudeur, un aventurier si peu regardant des lois, s'amuse à écrire Alma ? C'est son dernier livre avant qu'il ne casse sa pipe. Un dernier hommage à ce qu'il est, était, un conteur né. Alma est une petite fille qui vit avec le sourire. Elle parle à Dieu, grand bien lui fasse, c'est son jardin secret, son moment à elle. Cela l'apaise, la rend plus belle. Et lorsque nous traversons les murs aux côtés de l'auteur, l'aura qui se dégage de sa petite personne est envoutante, à moins que ce ne soit juste la lumière de la lune qui l'encadre ? En plus d'être blonde aux yeux bleu, elle est gentille (OK, je l'ai déjà dis) et son sourire est emprunt de bonté. Son histoire n'a rien de simple dans un monde de brutalité elle est ce chocolat qui apporte la douceur.

La fin n'est pas une surprise, car avec l'auteur on était déjà au courant de ce qui lui arriverait, à elle et son peuple, par contre on espère que la fin ne sera pas celle que l'on imagine. Elle est bien pire que tout. C'est une fin de conte, celle de M'sieur Zykë. Pas besoin de faire de grands discours, il met juste assez pour nous faire pleurer dans les chaumières et laisser la honte faire son bonhomme de chemin dans les esprits les plus obtus. Alors 1492, promis nous ne parlons pas de la découverte de l'Amérique, ni même de Christophe Colomb. Celui-là, il n'était pas en Espagne, donc pas besoin de lui montrer plus d'ampleur qu'il n'a déjà eu. Par contre, l'Inquisiteur suprême (oui, je l'ai baptisé ainsi, tant pis pour lui) est important. C'est lui qui décide de tellement de choses qu'on se demande où sont les ficelles qu'il tient entre ses mains pour guider la royauté, le clergé et compagnie.

Il y a ces pointes de piques, ces moments où l'auteur s'adresse à nous avec un naturel déconcertant, sortant des vérités qui ne sont pas celles que nous pouvons croire. Penser que l'histoire ne répète pas les mêmes erreurs ? Cela serait idéal et dans un monde rempli d'idéaux il y aurait des licornes à chaque coin de rue. Sauf que ce n'est pas le cas. Les idéaux ne sont que des miettes perdues au fin fond de la pampa. Les erreurs se répètent sans cesse, c'est un cycle sans fin.

Bien entendu il y a bon nombre de personnages, mais à quoi bon s'y attarder, vu qu'entre les bons qui disparaissent du pays, ou disparaissent tout court et les méchants qui ne font que le mal (logique, hein !) En fait, ce n'est pas vrai, on s'attache forcément à certains d'entre eux. le hic, c'est qu'une fois au coeur de l'histoire on risque de souffrir, pour les raisons nommées au-dessus.

Vous l'aurez compris, Zykë n'est pas un écrivain conventionnel et qu'est-ce que cela fait du bien de sortir des sentiers battus. Il a son style, son j'men-foutisme, sa manière de montrer que ce qu'il dit c'est vrai, le reste n'est que fioritures ! Un grand merci à Joël pour sa confiance renouvelée.

http://chroniqueslivresques.eklablog.com/alma-cizia-zyke-a148487608
Lien : http://chroniqueslivresques...
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Cadet d'une famille riche, il savait lire et écrire, ce qui lui avait valu la bénédiction d'occuper en son monastère la place de professeurs des novices. A ces jeunes garçons parvenus au seuil de l'adolescence, il enseignait les mystères des lettres et des mots, l’orthographe, la grammaire castillane, la calligraphie, les principes de base de l'enluminure et le plaisir d'être sodomisés par lui.
Dans sa bonté, en effet, le Tout-Puissant avait pourvu Fray Porcino de Malapalabria d'une verge longue et convenablement renflée du bout, mais fine et légèrement arquée, de ce fait idéalement adaptée aux juvéniles derrières au fond desquels il la plongeait.
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Je vous entends d'ici, mes aimées lecturantes, mes appréciés lecturants, et bien sûr, vous, mes adorées lecturantines !
Je sais ce que vous dîtes, pauvres petites âmes désolées.
Âmettes navrées.
Âminettes en perdition.
Comment en est-on arrivés là ?
Oui, comment ?
Car enfin, nous nous étions embringués dans une belle histoire, avec une jolie petite fille blonde, un sourire charmant, des yeux bleus...
Et voilà que, tout à coup, un inquisiteur a des visions démentes, une souveraine pissote, la peur envahit les rues et les chevaux défèquent sur les soldats !
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L'esprit humain recèle d'insoupçonnables ressources quand il s'agit de faire du mal à son prochain.
Au sein de la docte confrérie des bourreaux de l'Histoire, ceux de l'inquisition espagnole en cette fin de XVe siècle figurent parmi les plus imaginatifs. On leur doit, par exemple, l'usage de l'inventive garrucha, une méthode de suspension des gens agrémentée de lourds poids de bronze qui, judicieusement pendus aux jointures des membres et à divers appendices, se révélaient propices à un lent arrachage de muscles.
Ou bien le délicieux potro, triangle de bois sur lequel la personne était à la fois empalée et écartelée. Deux effets en un, n'était-ce pas ingénieux.
Nous passerons sur des outils plus classiques et bien connus, tels que les poires d'angoisse, les brodequins, différentes lames à écorcher, trancher, découper en lanières, en cubes, ou à séparer les chairs muscle par muscle, et autres fers à brûler.
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Le conteur, ici, se doit d'être objectif et de bien préciser que, dans le genre d'affaires que je viens de narrer, le souci principal de l'Église catholique, ses prélats et ses bourreaux, c'était la justice.
Au nom de cette justice, l'Église respectait certaines procédures envers ceux qu'elle considérait comme hérétiques : l'accusé était justement interrogé au moyen de justes tortures, avant le juste déroulement d'un juste procès à l'issue duquel la personne en question était justement brûlée.
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Oh combien noire est la nuit de la judéria !
Noire comme l’œil d'un corbeau, comme un fond de cave où nul n'a jamais allumé de chandelle, l'abysse d'un océan sous un ciel sans lune.
Noire comme le malheur lui-même.
Noire comme un naphte qui se serait répandu dans les ruelles, noyant chaque chaussée, chaque angle, chaque porche du flot de sa noirceur...
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Vidéo de Cizia Zykë
« Alma », la bande-annonce. L'ultime roman inédit de Cizia Zykë.
Une petite fille aux étranges pouvoirs vient au monde. Autour d'elle, c'est l'Espagne du Moyen Âge, barbare autant que raffinée, à la fois religieuse et brutale, où la reine Isabelle la Catholique s'apprête à chasser tous les Juifs du royaume. La petite Alma, celle qui parle avec Dieu, deviendra-t-elle le guide dont son peuple a besoin, ou bien sera-t-elle comme tant d'autres balayée par le vent mauvais de l'Histoire ? L'épouvante se mêle au comique, les destins s'enchevêtrent, aussi grandioses que pitoyables, dans un récit haletant, à la force d'une légende.
Roman disponible le 6 septembre 2018 (papier & numérique).
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