D'habitude, je ne lis pas à leur sortie les livres nommés pour des prix littéraires, Goncourt ou autres.
Mais cette fois-ci, j'ai eu envie de m'intéresser au Mage du Kremlin, curieuse d'en apprendre plus sur le pouvoir russe. J'ai trouvé la 4ème de couverture alléchante à ce sujet, en pleine actualité de guerre en Ukraine.
Étant nulle en histoire et en géopolitique, c'était l'occasion d'apprendre pour essayer de comprendre les enjeux de la Russie et de l'Europe de la finalité de la guerre (pas simple comme objectif !).
Giuliano da Empoli, conseiller politique, a utilisé ses talents dans son domaine pour écrire un roman qui est toujours en équilibre entre réalité et fiction.
Avec l'excuse d'une interview chez lui, Vadim Baranov (nom fictif) qui était surnommé le "mage du Kremlin" nous retrace son parcours. D'abord metteur en scène, puis producteur d'émissions de télé-réalité, il gravira petit à petit les échelons du haut pouvoir russe pour finalement devenir conseiller politique du tsar
Vladimir Poutine.
Bras droit du dirigeant pourtant solitaire et autoritaire, il sera un élément capital dans l'ascension de Poutine au sein de l'empire russe. Les mots du mage nous montrent à la fois son parcours propre mais aussi celui de Poutine.
Force de proposition, prêt à tout pour honorer son rôle, il ira même jusqu'à avoir carte blanche pour organiser les JO de Sotchi, qui doivent prouver en particulier à l'occident que la Russie n'a rien perdu de sa grandeur d'autrefois (et si elle pouvait remporter quelques médailles au passage, ça aiderait).
Véritable pièce de théâtre politique, jeu d'échecs entre l'occident et la Russie,
le Mage du Kremlin évoque certaines scènes restées en mémoire : le fou rire Eltsine/Clinton après un moment semble-t-il un peu trop arrosé, décrite comme une scène qui a fait honte à la Russie ; la rencontre Poutine/Merkel et surtout Merkel/labrador de Poutine, la chancelière allemande qui avait une peur des chiens (cynophobie) a fait la rencontre du molosse du tsar... amusé par la scène.
J'ai eu parfois du mal à continuer ma lecture car certains passages manquaient, à mon goût, d'actions.
Le style narratif, long monologue, y est sûrement pour quelque chose.
A défaut de m'avoir passionné, ce roman m'aura permis d'avoir des clés de lecture pour décrypter la guerre en Ukraine et l'ambition russe et de son tsar que je qualifierai de tsar d'assaut (j'ai osé ce jeu de mots), tant il est sur tous les fronts.
La frontière entre réalité et fiction étant étroite, il est donc compliqué de savoir quels passages relèvent de l'une ou l'autre, ce que j'ai trouvé dommage et surtout frustrant.