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4,05

sur 4342 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
L'auteur a été parfaitement bien inspiré de choisir le président russe Vladimir Poutine comme personnage central de son premier roman, dont l'intérêt a été accru par l'actualité de la guerre en Ukraine. Succédant à une oeuvre déjà fournie d'essais écrits tant en italien qu'en français, cet ouvrage de fiction est censé présenter les confessions d'un certain Vadim Baranov (inspiré, dit-on, par un personnage réel), un imaginaire conseiller occulte proche de Poutine, confiées à un narrateur témoin lors d'une soirée confidentielle dans un manoir retiré non loin de Moscou.

Ce récit prolixe à la 1ère personne retrace non seulement la vie et le passé de Vadim Baranov, mais aussi l'histoire de la Fédération de Russie depuis la chute de l'URSS, et l'arrivée au pouvoir puis l'emprise progressive sur le pays et sur l'État de celui qui est nommé à dessein le Tsar dans le roman pour marquer sa filiation par rapport aux autocrates qui ont gouverné la Russie.

Les faits sont connus et rien de ce qui est narré ou révélé sur la personnalité et le projet de Poutine, sur les défaillances d'Eltsine ou la chute des oligarques qui s'étaient prodigieusement enrichis des dépouilles de l'URSS dans son sillage, rien n'est nouveau car tous ces éléments appartiennent au domaine public et ont été maintes fois analysés : l'auteur ne fait que s'appuyer sur cette abondante documentation.

Mais en se plaçant du côté des initiés et du conseiller qui a l'oreille du président tout puissant, l'auteur fait le choix d'analyser l'histoire et la politique comme faites essentiellement par des grands hommes ou en l'espèce des hommes « forts » (l'adjectif est utilisé sans modération), Ivan le Terrible, Pierre le Grand, Staline, et… Poutine, impitoyables, inflexibles, redoutables et éventuellement sous l'influence de conseillers imaginatifs et cyniques. Et d'ailleurs bien bavards lors de cette confession improbable… Tout cela ne va pas sans le culte du pouvoir et de l'argent, l'ostentation, la gloriole, le goût du luxe effréné ou éclectique, mais toujours prétentieux, que les protagonistes dénoncent d'un ton blasé pour mieux marquer leur supériorité.

Surtout cette conception de l'histoire uniquement fondée sur la personnalité décisive de quelques dirigeants ou potentats, et sur le mépris cynique des foules dont il faut entretenir la rage aveugle pour mieux les manipuler, les dominer et en tirer profit, suppose une étrange méconnaissance ou négation des fondements de la science historique moderne, ne citons pour mémoire que l'école des Annales, reposant sur des données démographiques, économiques, financières, monétaires, climatiques, etc. pour analyser les différents facteurs à l'oeuvre dans l'évolution d'un pays, d'une société. On a envie de dire « It's the economy, stupid ! » à l'auteur, dont on est atterré d'apprendre qu'il enseigne ces conceptions historiques passéistes aux étudiants de Sciences Po.

À cette vision superficielle et datée de l'histoire russe contemporaine correspond un style qui se veut digne des moralistes du XVIIème siècle – les La Rochefoucauld ou La Bruyère – écriture prodigue en maximes destinées à faire date mais dont le cynisme blasé masque à peine la prétention à tout savoir, à tout expliquer par les secrets des puissants, en oubliant l'essentiel, les données sociales brutes, pour se focaliser sur le mythe du grand homme et les arcanes de sa personnalité. Rien d'étonnant à ce que ce roman ait été couronné par la très conservatrice Académie Française.

Un ouvrage qui aurait pu être séduisant mais qui ne provoque que déception et agacement au fil de la lecture.
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Que dire ? On m'a survendu le Mage du Kremlin de Giuliano da Empoli. À sa sortie, il a fait un tabac : premier des ventes, épilogué dans toutes les librairies, conseillé par les librairies en manque d'inspiration. Bref, je ne compte plus les fois où ce roman a été critiqué, mis en avant sur la scène livresque.

Il m'a fallu du temps pour m'y mettre. Non pas par manque d'envie, mais parce que mon côté anticonformiste s'y refusait.

Et pour une fois, il avait raison.

Je m'attendais à mieux. Je pensais que le roman traitait en toile de fond le conflit russo-ukrainien, qu'il nous dressait le portrait d'une Russie fracturée, menée par un dirigeant ferme, dont la politique implacable s'abat sans ménagement sur le pays.

Je n'ai eu que des miettes, des parcelles d'informations qui m'ont laissée sur ma faim.

L'auteur se concentre principalement sur Vladimir, dont la vie demeure énigmatique. Par chance, le narrateur de l'histoire parvient à obtenir une entrevue privée avec celui qui oeuvrait dans l'ombre de Poutine.

Son témoignage nous révèle les coulisses de cette mystérieuse alliance, en commençant par sa trajectoire de vie.

Une trajectoire de vie qui n'en finit pas, hélas. 

On nous conte tout d'abord la vie de son grand-père, puis du père avant de s'attaquer au vif du sujet. 

Ce détour m'a perdue. Je n'arrêtais pas de me demander ce qui avait bien pu motiver l'auteur. Autrement dit, je m'interrogeais sur les enjeux de ce récit.

Je ne saurais vous le dire.

À partir de ce postulat, j'ai complètement décroché de ma lecture. Au bout d'une centaine de pages, j'ai déclaré forfait.

Le roman n'est pas mauvais en soi, mais il n'invente rien, ne bouscule pas les codes. Et puis, des récits de vie, j'en ai lu à la pelle, donc je commençais à saturer. Peut-être que je le relirai à une autre période pour donner une nouvelle chance à ce roman, mais pour l'instant, j'en resterai là.

Et vous ? Qu'en avez-vous pensé ?
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Vadim Baranov est une pieuvre, un personnage inatteignable et surtout impossible à cerner. Issu de l'ancienne aristocratie russe, celle qui a tout perdu après les révolutions, il a été théâtreux, puis producteur de télévision, avant de devenir un homme politique de l'ombre.

Depuis les coulisses de son appartement feutré, il raconte... La chute d'Eltsine, la découverte d'un remplaçant (un certain Poutine), le changement de dogme russe, les relations internationales, tout ce qui a fait le pouvoir russe d'aujourd'hui.

S'il utilise un personnage de fiction, ne vous y trompez pas, ce titre tient plus du document. Comme une histoire de la Russie moderne, comme un essai politique de Baranov, comme une biographie de l'homme le plus redoutable de son pays.

C'est érudit, circonstancié, minutieux, argumenté, point par point, intelligence contre intelligence.

C'est aussi parfois peu digeste, et pas toujours révolutionnaire. Même si plonger a ce point dans un esprit est tres intéressant, j'avoue avoir un peu décroché par moment...
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Le mage du Kremlin…Pas la peine de faire le pitch, il est partout ! Pendant l'été 2023, un ami dévorait ce bouquin. le pitch m'avait fortement intéressé. Dès sa sortie en poche, j'ai investi. Nous vivons actuellement une période compliquée pour l'achat d'une voiture : thermique, électrique, hybride ? En littérature, le thermique serait le roman, l'électrique serait le récit, mais l'hybride ce serait quoi ? ce serait « le mage du Kremlin ». C'est bien cela qui est gênant, ce n'est pas un roman, ni un récit. C'est un texte hybride. L'hybridation (pour continuer sur l'auto) apporte de l'information, mais perd le romanesque. le vrai souci est de savoir ce qui se cache derrière ce « roman ». l'âme slave, la poésie et la brutalité du peuple russe, son spleen permanent aussi. Il donne envie d'être suivi ce héros théâtreux parmi les politiques, mais qu'est ce qui est vrai là-dedans ? Poutine apparaît dans ce texte comme (le vrai maître tel mage c'est peut-être lui…et son image n'est pas écornée par le texte, au contraire). Eu égard au sujet traité qui reste grave, j'aurais personnellement préféré un « vrai Récit » qu'un pseudo roman. malgré tout le moment de lecture reste intéressant, et le bouquin a ses atouts. Vous aurez compris, pour ma part son principal atout/défaut est cette ambiguïté permanente qu'il génère.
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Une plongée au coeur du pouvoir russe.

J'attendais de lire ce livre depuis fort longtemps !

Vous l'aurez compris au titre : nous sommes ici plongés au coeur du pouvoir russe.
Nous découvrons le bras droit du pouvoir, celui qui orchestre (ou croit orchestrer) au côté de Valdimir Poutine.

Par ce roman, l'auteur, par ailleurs conseiller politique, nous offre accès à l' ambiance des coulisses d'un pouvoir qui nous echappe plus qu'aucun autre pour nos yeux d'occidentaux : le pouvoir russe.
Un monde à part avec ses codes et sa culture. Un monde si différent du nôtre.

L'auteur offre également en fin de roman une réflexion sur l'avenir du pouvoir en général. Son point de vue est glacial et glaçant mais néanmoins fort intéressant et pertinent.

Si je suis très heureuse d'avoir lu ce "roman" je dois avouer qu'il a été en deçà de mes attentes.

L'entrée en matière du roman est assez étrangement amenée et peut donner envie de s'arrêter à la page 30.

C'est domage car la suite est nettement plus captivante et le style agréable, notemment pour plusieurs formules et passages sur le pouvoir et la manipulation qui sont à retenir.

Pour faire simple, on découvre de manière sommaire la manière dont Poutine arrive au pouvoir jusqu'à son invasion de l'Ukraine par le biais du récit de celui qui fut son bras droit pendant un temps. Une forme de Raspoutine Poutinien.

Séduite par la plume et l'ambiance du roman, je n'ai en revanche pas eu le sentiment d'apprendre quelque chose de nouveau.

Ce roman sera parfait pour quelqu'un qui souhaite aborder le sujet "Poutine" mais si vous avez déjà quelques notions du fonctionnement du pouvoir en Russie et de la manière d'agir de Poutine vous resterez sur votre faim.
A cet égard, pour bien comprendre ce qui se joue actuellement et depuis plusieurs années, je vous recommande l'excellent essai " Dans la tête de Vladimir Poutine" de Michel Eltchanninoff.

Pour en revenir au Mage du Kremlin et pour conclure je dirais : agreable découverte mais sans révolution pour ma part.
J'ai découvert une plume et un style plutôt agréables mais sur le fond rien de fondamentalement nouveau.
Je n'ai pas eu le sentiment que j'en attendais : être une petite souris dans le bureau de Poutine au Kremlin.
Lien : https://lespetiteslecturesde..
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Je ne sais pas quoi penser de cet ouvrage ni quoi en dire. L'auteur choisit de faire raconter par son personnage (Baranov, nom d'emprunt) alias le mage du Kremlin ou l'éminence grise de Poutine son histoire au service du "Tsar" . Ce choix apporte à mon sens de la confusion. Cherchant à faire le lien entre les personnages cités dans le livre et les personnes réelles qui ont gravité ou gravitent encore dans les allées du pouvoir russe, je me suis souvent perdue entre réalité et fiction. Côté réalité, quelques évènements historiques, le parachutage de Poutine au sommet après Eltsine, sa montée en puissance en politique intérieure et à l'international, la mécanique et les méthodes du pouvoir "vertical", l'utilisation des fake news, l'élimination des "hommes Kleenex" après services rendus, le recours à des bandes armées prêtes à tout, bref rien qu'on ne sache déjà. Quelques anecdotes et quelques notes d'humour russe apportent un peu de légèreté. Coté fiction, une histoire d'amour sans intérêt avec le sujet, l'apparition d'une enfant salvatrice, une réflexion sur la fin de l'humanité et la prise de pouvoir des technologies créées à la base par l'armée, (robot, intelligence artificielle, GPS...)
Au final, devant les avis dithyrambiques et le prix décerné, je suis dubitative. Cet ouvrage ne figurera pas dans le top 10 de mes lectures 2024, c'est sûr.
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Pas évident de décrire le style de ce livre...c'est un roman parce que certains personnages n'existent pas, les dialogues sont inventés mais certains autres sont réels et les évenements les touchant le sont également. Ce n'est pas une histoire avec une intrigue et/ou un fil conducteur mais une succession d'événements marquants du règne de Poutine qui tentent de montrer comment ce dernier (dys)fonctionne. Pour ma part, j'ai eu du mal à rentrer dans le livre parce que la mise en place est longue et que je n'ai pas tout de suite compris où l'auteur nous emmenait. Passé ce cap, la lecture est plutôt intéressante et informative.
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Un conseiller de Poutine imaginaire raconte comment il fut recruté puis son ascension dans les coulisses du pouvoir absolu régi par les règles sans merci du KGB où l'exercice de la force est la seule règle pour conserver le pouvoir. Depuis la chute d'Elstine jusqu'à la guerre dans le Donbass en passant par la chute des oligarques et les jeux de Sotchi, l'auteur met en scène l'histoire récente en montrant comment Poutine a misé sur le sentiment d'humiliation consécutif à l'effondrement capitaliste de la fin des années 90 pour s'approprier le devoir de réhabiliter sans état d'âme le pouvoir autoritaire tel qu'exercé par Staline contre le peuple russe. C'est intéressant comme exercice, mais un peu artificiel et décevant. On n'apprend pas grand chose qu'on ne savait déjà : Poutine est un dangereux et froid psychopathe qui emmène dans son délire la Russie vers l'abîme.
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Une jolie langue et quelques belles formules, qui tombent souvent à plat, pour ce récit de l'ascension de Poutine, au coeur du pouvoir et en marge des relations géopolitiques. Les allusions subtiles à l'actualité des 20 dernières années ancrent le roman dans une réalité glaçante mais laisse le lecteur à bonne distance.
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Le mage du Kremlin.
L'éminence grise, ou noire, de Poutine pendant 15 ans, et puis évincé.
J'ai dû arriver à la presque centième page pour être intéressé par "l'histoire", et je me suis dit, "Enfin Poutine, que vais-je apprendre?". Je dirais "pas grand-chose".
Le regard froid, le cynisme de cette "personne", chaque jour qui passe, malheureusement, nous les rappelle.
Si on se souvient de son "entretien" avec Nicolas Sarkozy et comment en est ressorti l'ancien président français, sonné et groggy, rien d'étonnant de la tournure que prirent la suite des évènements.
Si on se remémore le spot de propagande" évoquant la signature de certains documents entre ce même "individu" avec des hommes d'affaires du pays et comment il se comporta avec l'un d'eux qui oublia de signer et à qui il demanda de "rendre" le stylo, - lequel a depuis disparu, si je ne me trompe pas- l'homme d'affaires, pas le stylo- , on a compris de quoi cet "homme" était capable.
L'incident du chien du "tsar" avec la chancelière allemande, paniquée, encore des images qui ont dû faire le tour du monde, a quelque peu rehaussé mon manque d'intérêt pour ce "roman", mais sans plus, m'attendant à quelques anecdotes peu ou pas connues et autres découvertes.
J'ai eu également l'impression que tous les personnages utilisaient le même langage, empli de sous-entendus, de litotes, de menaces à peine cachées, comme si cet aspect de la Russie et de ses "son" dirigeant, était la norme.
Mais quid du peuple russe, dont tout le monde attend le réveil, ou du moins le sursaut?
Certes il y a l'ambiance des dessous d'une certaine politique, politique de la terreur, de la peur qu'on entretient, de la manipulation également, des stratèges et surtout des stratagèmes, mais sans grande surprise en tant que lecteur.
Peut-être aussi, à mes yeux, un livre qui ne fait qu'accentuer le côté anxiogène des évènements quotidiens évoqués par la presse et les médias, les chaînes d'infos etc...
Il est vrai que la lecture aide, en principe, à nous évader et à nous éloigner d'une actualité et d'une réalité qui peuvent se montrer pesantes.
Avec ce livre, elle nous y englue, et trop, c'est un peu trop.
Commentaire pas très objectif, je veux bien l'admettre, mais c'est ce que j'ai senti et ressenti à cette lecture.

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