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4,05

sur 4067 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Une plongée dans la proximité immédiate de Poutine, depuis son arrivée à la tête de la fédération de Russie à aujourd'hui. Une Fiction qui sonne juste par une analyse politique sous-jacente très pertinente. La mentalité russe est bien brossée, les protagonistes réels ou fictifs sont bien campés.
Le récit est bourré d'humour, la légèreté du ton fait passer le drame des évènements.
Mais sur la longueur on en vient à se poser des questions sur l'interprétation de certains événements, surtout quand elle prend la place d'une réalité forcément cachée. du coup, même s'il s'agit d'un roman, les prises de positions forcément subjectives qu'amène cette interprétation peuvent parfois créer une gêne. Toutefois, en recentrant l'intrigue sur l'humanité du principal personnage et ses émotions, le roman résout le mystère le hiatus du début... mais je n'en dis pas plus.

Sans aller jusqu'à rendre Poutine sympathique, en contextualisant son pouvoir dans l'histoire russe, on sort de cette histoire avec une image nettement moins négative du "Tsar"... était-ce le but ?
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Ma chronique sur cette lecture pourra paraître décousue mais comment parler de ce moment passé au Kremlin ?
Loin de mon terrain de jeu habituel (le polar), il m'arrive régulièrement de lire sur la société et même des essais ; en revanche, j'avoue éviter l'histoire contemporaine car je suis persuadée que les émotions viennent biaiser notre connaissance de l'histoire, d'autant plus dans le monde de l'image, de l'information immédiate dans lequel nous vivons.

Et pourtant... merci mon bibliothécaire pour cette recommandation.

Alors ce livre parle de la Russie, de la nostalgie d'un pouvoir soviétique fort, des changements de régimes, de l'avènement de Poutine, des rouages politiques (européens, américains, soviétiques mais aussi chinois) mais il parle aussi de sentiment d'appartenance, de la fierté d'hommes habitués aux rapports de force, à la guerre de l'image, du spectacle, des divergences de perception d'un chef d'état selon la nation, de manipulation mais aussi d honneur, de sacrifice, de marionnettes et marionnettistes.
Il parle de l'avenir de l'homme ou du moins de l'humanité car il parle des hommes. Il parle d'amour, de devoir, de filiation et d'héritage (pas de bien, mais de philosophie, de valeurs, de sécurité).

Je me suis laissée surprendre par ce début de roman qui commence comme une conversation entre deux internautes et se poursuit au coin d'une cheminée dans une demeure qui respire le faste d'antan de la nation russe avec ce soupçon d'indépendance.
Cette conversation qui nous apprend que toute stratégie à un prix, que la politique est un show et que nous sommes volontairement les spectateurs ...

Ce livre m a beaucoup fait réfléchir, laissé entrevoir des choses insoupçonnées, permis d'assouvir une curiosité sur le personnag Poutine.

J'avais peur avec les événements actuels de me sentir décalée dans mon approche mais ce ne fut pas le cas, au contraire j'en ressors grandie (ça peut paraître pretentieux) par la réflexion et l'apport d'éléments qui permettent de comprendre que rien n'est jamais blanc ou noir ...je repense à la poupée démembrée dont Baranov ne connaîtra jamais le nom et le prix de la stratégie que certains paient en silence.
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A l'Académie Goncourt, il y a eu un sérieux différend au sujet du roman "Le mage du Kremlin". Celui-ci n'a finalement pas été choisi. Pourtant, je viens de lire ce livre et j'ai été extrêmement impressionné. Ce n'est peut-être pas de la haute littérature; mais le texte est prenant, instructif et… inquiétant dans la situation géopolitique actuelle.
Le personnage nommé Baranov est directement inspiré par un personnage réel, Vladislav Iouriévitch Sourkov (né en 1964) qui fut un des bras droits de Vladimir Poutine, notamment lors de son installation au pouvoir. Hormis le changement de nom cité plus haut, tout parait conforme à une phase décisive de l'histoire de la Russie, depuis la chute du communisme jusqu'au conflit avec l'Ukraine. En Occident, on a gravement sous-estimé l'humiliation d'un empire arrivé à un état de déchéance. Une scène illustre cette évolution: le fou rire du président B. Clinton, devant B. Eltsine, colosse à moitié ivre et passablement ridicule. Une grande partie des Russes n'ont pas accepté cet effondrement. Et V. Poutine a surfé sur cette amertume, en s'engageant à « make Russia great again », si j'ose dire. Poussée jusqu'au bout, la logique implacable du nouveau "tsar" nous a conduit à la guerre. Certains pensent qu'aujourd'hui Poutine s'est enferré dans une situation impossible. Mais, comme le note Giuliano da Empoli: « La première règle du pouvoir est de persévérer dans les erreurs, de ne pas montrer la plus petite fissure dans le mur de l'autorité » (p. 226). le maître actuel du Kremlin a une emprise absolue sur la Russie et souhaite l'étendre à un glacis de pays voisins, qui redeviendraient des protectorats, comme au "bon vieux temps" de Staline et de Brejnev. J'avoue que, depuis que j'ai lu ce livre, j'ai peur, vraiment peur pour l'Ukraine, mais aussi pour toute l'Europe. La force brutale, le mépris abyssal pour la démocratie, le rejet de de la "décadence" occidentale et la stratégie de confrontation menacent notre prospérité et aussi nos valeurs essentielles.
Une chose est sûre: la lecture de ce roman - qui suit de très près la réalité historique - me permet de décrypter parfaitement l'histoire de la Russie pendant les trente dernières années. Ce livre est l'un des meilleurs que j'aie découverts depuis un an.
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Ce long monologue du conseiller politique du Tsar se dévore.
Non parce qu'on pourrait en apprendre davantage sur la chute de tel ou tel oligarque ou sur l'implacable comportement de Vladimir Poutine (encore que…), mais parce que l'auteur a su transcender les apparences, donner une finalité à l'irrationnel.
Certes, les propos de Vadim Baranov sont une fiction, mais qui colle à une réalité dérangeante, à un exercice du pouvoir qui nous est étranger.
A nous, qui ne sommes pas russes. Qui n'avons peut-être pas lu Zamiatine…ni Zinoviev (je vais relire Les Hauteurs Béantes ).
Les perspectives dévoilées par Baranov, metteur en scène de l'exercice d'un pouvoir sombre qui joue avec le chaos, sont terrifiantes.
Mais le sont-elles plus que la fascination exercée sur l'humanité par la « machine », les algorithmes, le stockage des éléments de nos petites vies?
On passe si vite du réseau social au contrôle étatique coercitif !
Ce roman est une profonde réflexion sur le pouvoir et sur l'humanité, sans l'ennui que distille généralement ce genre de sujet. Émaillé d'aphorismes que n'auraient pas reniés nos classiques de Saint Simon à La Bruyère
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Il y a deux semaines, je jouais avec des amis à un très bon jeu de mimes (« Olé Mains ! »).
Et puis est arrivé ce « mot » à mimer.
Mes amis étaient à fond dans leurs rôles.
Mais moi, j'étais plus occupée à rire qu'à comprendre les significations de leurs gestes.
J'avais sous mes yeux un mélange entre un ours et une personne faisant du Judo.
C'était donc…
Vladimir Poutine (évidemment, qui d'autre).

Et c'est là, qu'à une heure avancée de la nuit, je me suis rappelée, que, vraiment, je devais lire « Le Mage du Kremlin ».

J'ai donc ouvert ce livre, fidèle à ma promesse, quand bien même je l'avais prise à 1h du matin.
Et franchement ?
J'ai (presque) tout compris, alors que soyons honnêtes, je ne suis pas la personne la plus calée en géopolitique.
Et surtout, c'était passionnant.

J'ai lu une critique très dure qui disait que « ce livre ne vous apprendra rien, sauf si vous sortez d'un coma de vingt ans et que Poutine sonne alors pour vous comme un nom nouveau ».
Alors, il faudra que je vérifie avec mon médecin tout de même, mais je crois pouvoir avancer sans trop de risques que, même si on n'était pas dans le coma, on y apprend des choses très intéressantes.

Il y a deux semaines, je jouais avec des amis à un très bon jeu de mimes.
Ils ont aussi mimé « se brosser les dents ».
Mais ça, vraiment, j'ai eu beau me creuser la tête, ça ne m'a fait penser à aucune livre que je devais lire 🤔
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"Je n'avais pas fait autre chose dans la vie que de mesurer l'élasticité du monde, son inépuisable propension au paradoxe et à la contradiction. Maintenant, le théâtre politique qui prenait forme sous ma direction représentait l'accomplissement naturel d'un parcours".

Ainsi parle, sous la plume du romancier, l'homme que l'on appelait "le mage du Kremlin ou le Raspoutine de Poutine" sorte d'éminence grise, conseiller et metteur en scène de l'ombre et dont l'auteur orchestre ici la confession avec maestria. A travers ce récit, nous voici dans les coulisses du pouvoir et de l'histoire contemporaine de la Russie ; nous avons accès à l'envers du décor des événements qui se sont déroulés sous nos yeux depuis la pérestroïka et tout particulièrement à la montée en puissance de l'actuel président. Mais cet homme, Vadim Baranov, d'une intelligence tactique nourrie à l'aune des grands auteurs est autant stratège que poète. C'est ce qui rend certainement ce roman aussi fascinant. Ça et les éléments de décryptage qu'il nous offre sur la situation actuelle en Ukraine. Baranov vient d'une famille dont les membres ont tour à tour subi les différentes influences des changements politiques - un grand-père sous la révolution bolchévique, un père serviteur de l'URSS et déboussolé par le dégel et lui, Vadim, acteur de la société du spectacle qui a accompagné le changement. Remarqué par Poutine alors simple fonctionnaire que certains ont imaginé pouvoir contrôler en le poussant au pouvoir. Grave erreur que Baranov, lui n'a pas commise. Ce parallèle entre spectacle et politique est le fil rouge de ce récit qui montre avec force la manière dont quelques manipulateurs utilisent avec talent et cynisme la création d'images, de scènes et d'événements à leur profit. "Que dirais-tu de cesser de créer des fictions pour commencer à créer la réalité ?" fut la question qui décida de la nouvelle carrière de Vadim Baranov et qui l'entraîna bien plus loin qu'il ne l'aurait imaginé, au service du rétablissement de la verticalité du pouvoir.

Fin connaisseur et conseiller politique lui-même, l'auteur nous offre une leçon qui ressemble à une partie d'échecs, met en lumière les différences entre les sociétés russes et occidentales et la façon dont cela brouille les perceptions de ceux qui ne possèdent pas ces éléments d'analyse. Cette complexité est néanmoins traitée de façon limpide et offre de passionnantes pistes de réflexion sur nos façons d'appréhender le pouvoir à l'aune de ce que l'on nous montre. Ainsi qu'un éclairage prospectif assez glaçant sur le rôle croissant de la technologie au service du pouvoir. Une lecture instructive et intelligente qui m'a passionnée de bout en bout.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Un livre incroyable, une histoire vraie qui nous embarque comme un roman à moins que ne soit l'inverse. Ici la fiction nous raconte la réalité de la montée au pouvoir de Poutine, une réalité qui dépasse la fiction et on ne ne sait plus qui est qui, ou plutôt on se pince on se dit c'est pas possible que cela soit vrai...
C'est un récit puissant comme un conte dramatique. C'est simple et terrifiant. Au-delà de l'histoire de la Russie c'est une invitation à côtoyer le pouvoir, la sensation de puissance jusqu'à l'isolement jusqu'à la folie solitaire. pour le reste tout a déjà été dit sur ce texte si bien écrit.
Quand je l'ai refermé je me suis dit je vais le relire et ce fut avec le même plaisir fasciné.
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A travers le dialogue entre intellectuel du premier cercle de Poutine et un journaliste, c'est toute une réflexion sur le pouvoir, la puissance de l'autorité et la fragilité des courtisans d'un monarque qui se dessinent.
D'une incroyable intelligence avec une superbe plume, ce livre est à mettre entre toutes les mains qui se questionnent sur ce qu'est l'âme Russe.
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Un livre très riche : histoire russe, décryptage de ce qui a amené au retour de l'austérité et du pouvoir de Poutine mais aussi comparaison et analyse des différences avec les Occodentaux. L'auteur crée une atmospshère extrêmement précise des différentes époques grâce au vocabulaire (argent, luxe, privilège, courtisan, trafic,...) ce qui permet d'accentuer les contrastes futurs et de décrypter les paradoxes avec la conception du peuple russe qui prône l'ordre, l'unité, la dignité et la grandeur de la Russie. Tout le long du livre, l'histoire russe montre que les gagnants deviennent les perdants selon les pouvoirs ( époque tsariste, ère soviétique ), qu'il règne un état permanent d'incertitude, alerte constante. Poutine a souhaité la fin du chaos et du paroxysme et pour se faire a su utiliser ces éléments pour arriver à ses objectifs, tout est manipulation, stratégie de propagande même les faiblesses des pouvoirs occidentaux sont utilisés. le but est d'éviter la désintégration de la Russie et répondre à l'humiliation de l'ingérence et hypocrisie des Occidentaux d'où l'entretien d'une certaine arrogance et crainte.
Ce roman est terrifiant, le cynisme des situations ôtent toute idéalisation possible, en politique tout est permis. La force du vocabulaire nous immerge complètement dans le récit.
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Le mage du Kremlin, c'est lui, Vadim Baranov : conseiller personnel de Vladimir Poutine, surnommé le Tsar, il l'assiste dans toutes ses activités politiques depuis le tout début de son règne à la tête de la Fédération de Russie. C'est même lui qui est allé dénicher ce fonctionnaire obscur, à la tête du FSB, dont il a fait l'homme le plus craint dans le plus grand état de la planète. Vadim Baranov, personnage fictif se mouvant au milieu de personnages tous bien réels, confie au narrateur tous les secrets de la politique menée au Kremlin, une politique jouant autant sur le hasard que selon des plans mûrement préparés, utilisant la force de l'adversaire pour le faire tomber selon les règles en pratique dans le judo, art martial dans lequel excelle le Tsar. Un docufiction écrit, et savamment écrit, par un fin connaisseur des activités de conseiller politique puisque que c'est son propre métier, et dans une langue française maniée à la perfection. On en apprend de belles sur les grands de ce monde et la folie de leur rapport au pouvoir. La partie finale, consacrée à la façon dont les réseaux sociaux et les sites internet voués à la soi-disant "libre expression" peuvent servir à la manipulation des masses, fait réellement froid dans le dos…
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