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4,05

sur 4067 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
On peut dire qu'il m'en aura fallu, du temps, pour découvrir cet incroyable roman qui connaît encore en librairie un succès à l'étonnante longévité, ce roman que beaucoup d'ailleurs pensaient voir couronné du Goncourt en fin d'année, mais qui s'est contenté du moins médiatique Grand prix du roman De l'Académie Française. C'est un roman réaliste, mais c'est avant tout et surtout une plongée passionnante dans l'histoire de Vadim Baranov qui participera à l'édification de Vladimir Poutine comme le nouveau Tsar de la Russie. le récit nous emmène dans les coulisses du Kremlin, aux côtés de cette éminence grise qui verra celui qu'on aurait pu considérer comme un pantin, échapper à tout contrôle. C'est édifiant, c'est passionnant, et c'est peut-être la meilleure chose à lire aujourd'hui pour comprendre les ambitions géopolitiques de Vladimir Poutine.

📖 le mage du Kremlin de Giuliano da Empoli a paru le 14 avril 2022 aux éditions Gallimard. 288 pages, 20€.

🔗 Service de presse de la librairie.
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A la fois un roman et une analyse politique lucide de l'histoire de la Russie et de la carrière de Poutine. Les réflexions sur la nature et les effets induits du pouvoir dépassent le stricte cadre de la Russie et invitent à la méditation sur le sujet. Un bon mix entre romanesque et histoire.
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"....la beauté de ce pays c'est que même si tu ne joues pas, tu cours les mêmes risques. Mettons que tu restes tranquille dans ton coin et gères tes affaires : tôt ou tard arrive un type qui va essayer de t'enlever ce que tu as." (P. 82)

Vadim Baranov, après avoir exercé d'autres métiers, est devenu le nouveau Raspoutine, le conseiller du nouveau Tsar de la grande Russie, le conseiller dans l'ombre de l'homme qui ne rit jamais...Poutine.....l'énigmatique Poutine.
Dans son ombre il a tout connu, tiré tant de ficelles, tant manoeuvré au profit de son mentor....
Le personnage de Baranov serait librement inspiré d'un autre personnage Vladislav Yuryevich Surkov, écarté du pouvoir depuis. En fait rien, ou presque rien n'est inventé, tout le roman semble s'appuyer sur des personnages réels sur des faits incontestables. Une fois entré dans le livre, difficile d'en sortir, impossible de le lâcher.
Machiavélique !
Tout est vrai, et mis en lumière , depuis l'ascension de cet ancien officier du KGB soviétique Poutine qui prit la direction du FSB, puis de la Russie , en passant par les attentats terroristes de Moscou en passant par la guerre en Tchétchénie, sans oublier les sous-mariniers du Koursk en 2000, que le pouvoir laissa s'asphyxier; en passant par les Jeux olympiques de Sotchi, l'annexion de la Crimée en 2014...et la sinistre actualité de guerre en Ukraine.
Bref, cet homme qui ne rit jamais, nous donne des sueurs froides. Mais il n'est pas le seul, loin de là...et quand certains chefs d'Etats se félicitent des relations qu'ils ont eu avec Poutine, nous sommes en droit de nous demander, s'ils n'ont pas été naïfs. le personnage qui ne sourit jamais est un grand manipulateur qui donne des sueurs froides au lecteur.
Ce n'est pas du billard à trois bandes...c'est pire.
Giuliano Da Empoli est certes un romancier qu'on lit avec plaisir, mais il fut également ancien conseiller de Matteo Renzi, quand ce dernier dirigeait l'Italie. Il a certainement cotoyé certains des personnages qu'il met en scène, certains de ces noms plus ou moins connus et parfois évoquées dans notre actualité ou dans le roman, Boris Berezovsky, Mikhaïl Khodorkovski, ou le groupe paramilitaire Wagner fondé par Evgeni Prigojine, sans oublier Limonov qui fit l'un des titres d''Emmanuel Carrère...
Sans oublier l'Ukraine et la Crimée.
"...La Russie s'est toujours faite comme cela, à coups de hache." (P. 134)
Bref, un titre troublant qui se lit comme un polar, qui informe et qui surtout inquiète le lecteur.....Qui m'a inquiété, car je me demande toujours comment l'Occident peut dompter un pays qui s'étend sur tant de méridiens, qui dispose dans son sous-sol de tant de richesses restant à découvrir.....et d'un dirigeant énigmatique...et si troublant, Et si manipulateur.
Bref un très beau moment de lecture.....inquiétant!
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Qui est celui que l'on surnomme le mage du Kremlin ? Qui susurait à oreille du Tsar ?

Le narrateur le rencontre par hasard, après avoir cité Zamiatine dans un post sur un réseau social. Il écoutera toute une nuit le récit de Vadim Baranov, metteur en scène, puis producteur d'émission de télé-réalité avant de devenir l'éminence grise de Poutine.

J'ai aimé que l'auteur précise avant de commencer que son roman était inspiré de faits et de personnages réels à qui il a prêté une vie privée et des propos imaginaires. Il s'agit néanmoins d'une véritable histoire russe.

J'ai aimé la vision de Vadim sur la société russe et son fonctionnement, le choc de la fin de l'URSS, et le rapport si particulier à la patrie.

J'ai découvert que c'était Berezorvsky, un homme d'affaire et premier oligarque, qui était allé cherché Poutine à la FSB pour lui servir d'homme de paille. Mais il n'avait pas réellement vu l'homme sous le masque de l'espion, ce qui lui fut fatal.

L'auteur m'a fait voir une société et un Etat dominé par les passions et non par la raison.

J'ai trouvé les perspectives d'avenir de Vadim bien tristes, où l'homme imparfait sera supplanté par la machine pour surveiller son prochain (ceci-dit, cela est déjà le cas en Chine).

Un roman quelque peu politique qui explique les ressorts de la pensée russe excessive et sans logique.

Un éclairage passionnant sur les tragiques actualités.

Quelques citations :

Ils avaient grandi avec une patrie et se retrouvaient soudain dans un supermarché. (p.87)

Poutine est un tchékiste, Vadia : de la race la plus féroce, celle qui ne fume ni ne boit. Ce sont les pires parce qu'ils cultivent les vices les plus cachés. (p.131)

Le moteur primordial dont il faut tenir compte reste la colère. Vous, les Occidentaux bien-pensants, croyez qu'elle peut être absorbée. Que la croissance économique, le progrès de la technologie et, que sais-je, les livraisons à domicile et le tourisme de masse feront disparaitre la rage du peuple qui plonge ses origines même dans les racines de l'humanité. Ce n'est pas vrai : il y aura toujours des déçus, des frustrés, des perdants, à chaque époque et dans n'importe quel régime. Staline avait compris que la rage est une donnée structurelle. (…) C'est un des courant de fond qui régisse la société. (p.155-156)

deux choses que les Russes demandent à l'Etat : l'ordre à l'intérieur et la puissance à l'extérieur. (p.162)

Le risque que la troupe, au lieu de tirer sur la foule, se solidarise avec elle est l'éternelle menace qui pèse sur tout pouvoir. (p.270)

Mais Facebook est allé beaucoup plus loin. Les Californiens ont dépassé tous les rêves des vieux bureaucrates soviétiques. Il n'y a pas de limites à la surveillance qu'ils ont réussi à instaurer. (p.272)

L'image que je retiendrai :

Celle de la vieille bibliothèque dans laquelle discutent Vadim et le narrateur, avec un feu de cheminée et des fauteuils confortables, toutes choses qui auraient dû disparaitre avec les soviets.
Lien : https://alexmotamots.fr/le-m..
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Pendant des mois je n'ai pas eu très envie de lire ce livre, pensant y trouver une analyse un peu dure et sèche du pouvoir en Russie et peut-être ailleurs. Pourtant, il n'a pas arrêté de croiser ma route jusqu'à ce que je me dise qu'il devait y avoir une raison. Mes craintes avaient été vaines! Certes, il y a l'analyse, dure évidemment, mais pas trop sèche puisque ça reste un roman, assez facile et parfois plaisant à lire, si on peut s'exprimer ainsi pour un sujet aussi difficile. Elle est précise et terriblement vraisemblable, je dirais plutôt vraie et précise et je n'ai eu aucun mal à me mettre dans la peau du narrateur, et même à comprendre certains agissements du tsar, sans les approuver bien-entendu. Mais pour moi c'est aussi à cela que peut servir la littérature: à comprendre ce qui est hors de notre propre manière de voir les choses. Or, je ne suis ni Russe ni politicienne et si je suis révoltée, je peux très bien accepter qu'un Russe puisse ne pas avoir envie de devenir un serviteur de « l'Ouest », de notre économie et de notre manière de vivre. Après, les choses se compliquent, j'ai encore pu suivre la manière de penser mais ni celle d'agir ni les valeurs de Poutine, mais cela m'a permis de comprendre ce qui s'est passé et ce qui se passe encore là-bas, plus à l'est. Certes j'aurais apprécié un peu de répit par moments, car le roman est très dense, il n'y a aucun passage superflu, les événements se bousculent sans cesse, mais n'est-ce pas exactement ce qui se passe en politique? Alors merci à l'auteur pour son éclairage pointu et pourtant à la portée de tous les intéressés, et à tous ceux qui ont contribué à la parution du livre, hormis le tsar.
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Et tsar ira ...

Ok jeu de mots pourri pour un livre d'une puissance simple.
On rentre dans un style épuré à la Cormac Maccartthy.
C'est cinglant, et derrière ces lignes on a l'impression que le regard vide de Poutine vous poignarde.
Je suis ni une PRO ni une ANTI du personnage, mais on ne peut lui enlever le sentiment de puissance et de folie chauvinisme qu'il inspire et que l'auteur fait transpirer à travers ces lignes.

Saisissant.
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Je me joins au choeur de l'armée babeliaute pour chanter les louanges du Mage du Kremlin. Ce livre réussit à capter quelque chose de notre époque et de ses basculements, ce qui en fait un livre important et utile à mes yeux. Même s'il n'est pas complètement dénué de défauts.

Giuliano Da Empoli parvient à nous éclairer sur l'histoire récente de la Russie, et plus intéressant encore, à sonder de l'intérieur ce pouvoir russe qui nous inquiète tant aujourd'hui. Ce pouvoir figure désormais l'adversité et l'altérité de nos vies occidentales, et dans cette opposition réciproquement élaborée avec et contre lui, un miroir de nos valeurs ou de nos illusions. Un miroir ambivalent en réalité, car il semble tantôt en donner un reflet inversé, tantôt un aboutissement extrême et diabolique : « la Russie est la machine à cauchemars de l'Occident. À la fin du dix-neuvième siècle, vos intellectuels ont rêvé la révolution. Nous l'avons faite. du communisme, vous n'avez fait que parler. Nous l'avons vécu pendant soixante-dix ans. Puis est arrivé le moment du capitalisme. Et même en cela, nous sommes allés beaucoup plus loin que vous. » (p;268) La Russie a poussé plus loin que nous la dialectique moderne/antimoderne, révolutionnaire/contrerévolutionnaire, et nous n'aimons pas reconnaître ce que nous y voyons : tout désaccord européen est fratricide, toute guerre européenne est une guerre civile...
Une des forces de ce livre réside pour moi dans le parti qu'il prend de laisser la parole au mage du Kremlin, mage et inspirateur du tsar et a posteriori avocat du diable Poutine. C'est ce mode narratif qui permet d'en apprendre sur l' "autre", autant que sur nous-mêmes, dans cette sorte de mise à l'épreuve paradoxalement salutaire de notre imaginaire.

Ce livre saisit quelque chose de l'esprit de notre époque étrange, qui joue à l'équilibriste entre un présentisme forcené et le retour de l'histoire, entre un culte hédoniste du confort et le retour de la violence et de la force brute. Une ère en somme, à l'image de Moscou - « indéchiffrable capitale d'une époque nouvelle dont personne ne réussissait à définir les contours ». Cette époque, ou cette inter-epoque, est marquée par le retour du refoulé, le retour de l'histoire ancienne, de ses blessures et frustrations enfouies. Ce passé est mobilisé par le Kremlin d'une façon qui n'est ni honnête ni moralement justifiable : Poutine instrumentalise l'histoire impériale Russe, d'Ivan le Terrible à Staline, il parle des Nazis Ukrainiens pour qualifier tout un peuple, il utilise la rage comme donnée structurelle de l'homme (p. 156, enfin je déforme : il parle de Staline dans ce passage). Il faut néanmoins reconnaître que cette convocation confère une ampleur à son discours et une assise à son pouvoir que ne parviennent pas à contrer nos démocraties engluées dans la mémoire courte. Il a compris aussi quelque chose, c'est que si l'on ne t'occupe pas de l'histoire, c'est l'histoire qui s'occupe de nous, donnant raison aux thèses Nietzschéennes sur l'Éternel Retour (et leur développement par Oswald Spengler). Et si les moyens employés peuvent nous paraître ésotériques : le mage du Kremlin, metteur en scène de la sombre énergie provenant du coeur de la forteresse, artisan d'une nouvelle transcendance de ce pouvoir... ce sont autant de leçons à notre rationalisme et à nos logiques parfois à courte vue, qui ne sont que d'un maigre secours lorsqu'il s'agit de comprendre ce qui se passe à l'autre bout de l'Europe (et une raison supplémentaire de s'inquiéter quant à la crise de légitimité du pouvoir de ce côté-ci)

Toutes ces considérations sur le pouvoir, sur l'histoire, sur les instincts qui peuvent les régir - la rage, la force, le chaos - sont passionnantes et Giuliano Da Empoli est doté d'un regard saisissant sur ces questions. Si l'on peut relever malgré tout quelques défauts (le manque d'incarnation des personnages, la construction légèrement artificielle du dispositif narratif, le côté "best of" de l'énumération des épisodes récents de l'histoire, de Berezovsky à Limonov en passant par la rencontre Eltsine/Clinton ou Merkel vs. le Labrador de Poutine), la lecture du Mage de Kremlin rend plus intelligent et plus à même de comprendre quelques-uns des enjeux qui seront ceux du 21ème siècle, ça serait dommage de s'en priver.
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Nous sommes en 1999, à la fin de la présidence de Boris Eltsine, et dans le contexte de la fi du monde communiste, de l'émergence des oligarques et d'un capitalisme débridé en Russie. La population a perdu ses repères
Eltsine nomme alors un nouveau premier ministre totalement inconnu : Vladimir Vladimirovitch Poutine, chef du FSB (ex KGB) sous l'influence de Boris Berezowski, homme d'affaires et de médias, qui rêvait de manipuler le nouvel homme fort du pouvoir.
Ce roman est le récit de l'intérieur de la conquête et de l'exercice du pouvoir par Pourine par l'un de ses conseillers, Vadim Alexeievitch, fils d'un ancien dignitaire du régime.
Passionant, glaçant, éclairant !

« La seule qualité indispensable à un homme de pouvoir, c'est la capacité de saisir les circonstances. Ne pas prétendre les diriger, mais les saisir d'une main ferme. »
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Coup de coeur pour le mage du Kremlin, s'apparentant à la fois à un roman d'aventures et à une analyse politique de l'exercice du pouvoir par Poutine.Récit parfaitement écrit, très visuel, au rythme vif.
Le narrateur recueille les confidences de Vadia Baranov ancien conseiller du tsar , Poutine. Baranov a eu une enfance heureuse et ne nourrit aucun désir de revanche , ce qui en fait un conseiller désintéressé.
Vadia théorise sur la permanence de la recherche du privilège en Russie depuis le tsarisme . Il déroule les mécanismes de la soumission des élites et la disgrâce brutale .
Comme conseiller, «  le mage du Kremlin, le Raspoutine de Poutine « accompagne Poutine sur les points chauds . Et le tsar répète que l'imitation forcenée de l'occident dans laquelle la Russie s'est lancée à la fin des années 80 n'est pas la bonne voie, les Russes demandant à l'Etat deux choses, l'ordre a l'intérieur, la puissance à l'extérieur..,
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Un livre dont j'avais beaucoup entendu parlé. Je l'avais donc mis sur ma liste de Noël en 2022.

Après avoir fini Proust, Tokarczuk et leurs romans fleuves, j'ai eu envie d'une écriture plus directe et moins érudite. Effectivement je ne peux pas parler de légèreté quand ce roman évoque la montée de Vladimir Puttin.

Ce livre écrit en 2021 et publié en 2022 (covid oblige) juste avant la guerre en Ukraine permet de mieux comprendre ce qui s'est passé en Russie depuis Eltsine.

Il y a des analyses très fortes sur les mouvements populaires et comment certains arrivent à surfer sur ces mouvements.

La fin et ce mage qui a une sorte de rédemption avec sa fille n'est pas ce qui est le plus intéressant mais tout le reste est vraiment un livre qui peut aider à comprendre la situation russe.

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